Delvau, 1866 : s. m. Genièvre, — dans l’argot des faubouriens, qui s’anglomanisent par moquerie comme les gandins par genre.
France, 1907 : Fausse eau-de-vie de baies de genièvre, que l’on fabrique en Angleterre avec des résidus de la distillation du whisky et aromatisé aux huiles de genièvre et de térébenthine. Le gin est la boisson ordinaire des femmes qui fréquentent les cabarets : c’est avec le gin qu’elles s’enivrent.
… Des pauvresses maigres à longues figures hâves et des gouges enluminées passent la tête et entrent. Elles avalent des potées de gin ou de bière, en silence, puis ressortent s’essuyant la bouche du revers de la main, ou du coin du tablier. Groupées, d’autres bavardent, essuyant des bouts de chansons ou des pas de gigue. Des jeunes de quinze ans et des vieilles de soixante hoquètent au même pot, et saoules de la même ivresse, hébétées, trébuchantes, sortent, se poussant, faisant place à d’autres, et ainsi jusqu’à minuit, l’heure où se vident les tavernes, où le publicain aidé du policeman pousse dans la rue, comme des paquets d’ordure, les clientes ivres-mortes.
(Hector France, Les Va-nu-pieds de Londres)
Fils du genièvre et frère de la bière,
Bacchus du Nord, obscur empoisonneur,
Écoute, ô gin ! un hymne en ton honneur.
(Auguste Barbier)
Laissons à l’Angleterre
Ses brouillards et sa bière !
Laissons-là dans le gin
Boire le spleen !
(Théodore de Banville)