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I

Ici

d’Hautel, 1808 : J’irai ces jours ici ; cette semaine ici. Solécismes, pour j’irai cette semaine-ci, ces jours-ci, etc.

Icicaille

Raban et Saint-Hilaire, 1829 : Ici, tout près de nous.

Icicaille, icigo

Larchey, 1865 : Voir Dardant, Go.

Icigo

M.D., 1844 : Ici.

Halbert, 1849 : Ici.

Delvau, 1867 : adv. Ici, — dans l’argot des voleurs. Ils disent aussi Icicaille.

Virmaître, 1894 : Ici. On dit aussi icicaille. Icicaille est un vieux mot français ; on le trouve en effet dans une édition du Jargon, imprimée à Troyes, de 1686 à 1711.

Icicaille est le théâtre
Du petit Dardant.

On avait attribué cet opuscule à Cartouche, le célèbre voleur, mais M. Marcel Schwob détruit cette légende. Il faut croire que les voleurs ont le respect de la tradition, puisque le mot icicaille est encore en usage (Argot des voleurs).

Rossignol, 1901 : Ici.

Icigo, icicaille

Rigaud, 1881 : Ici.

A icigo, il reconnut Brujon, qui était rôdeur de barrières et, à icicaille, Babet, qui, parmi tous ses métiers, avait été revendeur au Temple.

(V. Hugo.)

La Rue, 1894 : Ici.

Hayard, 1907 : Ici.

Idalgo

Rossignol, 1901 : Italien.

Idée

Delvau, 1867 : s. f. Petite quantité de quelque chose, solide ou liquide, — dans l’argot du peuple. Cette expression est de la même famille que scrupule, larme, soupçon et goutte.

Idée (une)

Larchey, 1865 : On dit une idée, ou un soupçon, ou un scrupule, ou une larme, pour dire quelques gouttes de liquide.

Idées

Delvau, 1867 : s. f. pl. Soupçons jaloux, — dans l’argot des bourgeoises. Se forger des idées. Concevoir des soupçons sur la fidélité d’une femme.

Idées (avoir, donner des)

Delvau, 1864 : Avoir, donner des envies de baiser.

Ces formes en tout sens trop longtemps regardées,
Dans son crâne embrasé font germer des idées.

Louis Protat.

Idiot

Delvau, 1867 : s. m. Aménité de l’argot des gens de lettres, qui l’adressent volontiers aux confrères qui leur déplaisent.

Idiotisme

Delvau, 1867 : s. m. Bêtise complète ; ânerie renversante.

Idole

d’Hautel, 1808 : C’est une vraie idole. Se dit par raillerie d’une personne sans esprit, insensible et froide ; d’une idiote.

Ignominie

Delvau, 1864 : Employé dans un sens obscène pour désigner la nature de la femme.

Et vous cachez en vain, belle Marie,
Ce que vos saints nomment l’ignominie.

Parly.

Ignorance

d’Hautel, 1808 : Ignorance crasse. Pour ignorance totale des plus simples connoissances, absurdité extrême.

Ignorantin

Fustier, 1889 : Frère des Écoles de la Doctrine chrétienne. On dit aussi Ignoramus.

Les ignoramus auxquels la plus grande partie des municipalités ont la faiblesse de confier l’enseignement de la jeunesse ouvrière…

(Anti-clérical, mai 1880.)

Il a été bien rincé

Larchey, 1865 : Il a été bien mouillé.

1808, d’Hautel.

Il a plu sur sa mercerie

Delvau, 1867 : Se dit — dans l’argot des gens de lettres et des rapins — d’une femme autrefois très avantagée par la Nature, et maintenant tout à fait désavantagée par la Vie. On connaît l’effet désastreux de la pluie sur les étoffes — sur les étoffes de satin principalement.

Il est de la boutique

Larchey, 1865 : Il fait partie de la maison de l’administration ou de la coterie.

Il est midi

Delvau, 1864 : Se dit d’un homme qui bande violemment, dont l’aiguille est tout à fait en l’air. — Il est six heures et demi se dit d’un homme qui ne peut plus bander et dont le membre flasque, incline piteusement vers la terre.

Il est midi !

Delvau, 1867 : Exclamation de l’argot des faubouriens, pour avertir quelqu’un qui parle d’avoir à se méfier des gens devant lesquels il parle. On dit aussi Il est midi et demi.

Il fera chaud

Larchey, 1865 : Jamais. Mot à mot : il fera un temps plus chaud que celui-ci.

C’est bien. Quand tu me reverras, il fera chaud.

Méry.

Il n’y a pas de bon dieu !

Delvau, 1867 : Phrase elliptique de l’argot du peuple, qui ne sent pas le fagot autant qu’on pourrait le croire au premier abord ; elle signifie simplement, dans la bouche de l’homme le plus en colère : « Malgré tout, je ferai ce que je veux faire, rien ne m’arrêtera. »

Il n’y en a pas !

Boutmy, 1883 : Réponse invariable du chef du matériel, du moins d’après le dire de MM. les paquetiers. Le chef du matériel est chargé, entre autres fonctions, de donner aux paquetiers la distribution et les sortes manquantes. On comprend qu’il soit assailli de tous côtés. On prétend que, d’aussi loin qu’il voit arriver vers lui un homme aux pièces, avant que celui-ci ait ouvert la bouche, il s’empresse de répondre à une demande qui n’a pas encore été formulée par ce désolant : Il n’y en a pas ! Dans quelques maisons, Il n’y en a pas ! est remplacé par derrière le poêle !

Il pleut

Virmaître, 1894 : Quand un étranger pénètre dans un atelier de compositeurs typographes, les ouvriers crient : il pleut pour avertir. Il pleut veut dire : silence. Ce mot est en usage chez les forains ; quand un pitre allonge par trop son boniment, le patron lui dit :
— Écoute s’il pleut (silence).
Il pleut est également un terme ironique, une façon de répondre négativement à une demande :
Prête-moi cent sous.
— Il pleut. (Argot du peuple). N.

Il pleut !

Delvau, 1867 : Terme de refus ironique, — dans l’argot des gamins et des ouvriers.

Delvau, 1867 : Exclamation de l’argot des typographes, pour annoncer la présence d’un étranger dans l’atelier. — Exclamation de l’argot des francs-maçons, pour s’avertir mutuellement de l’intrusion d’un profane dans une réunion.

Hayard, 1907 : Exclamation signifiant :

Attention, il y a du danger ; voici du monde !

Il pleut !

Boutmy, 1883 : v. unipers. Exclamation par laquelle un compositeur avertit ses camarades de l’irruption intempestive dans la galerie du prote, du patron ou d’un étranger. Dans quelques maisons, il pleut ! est remplacé par Vingt-deux. Pourquoi vingt-deux ? On n’a jamais pu le savoir.

Il tombera une roue de votre voiture !

Delvau, 1867 : Phrase souvent employée, — dans l’argot du peuple — à propos des gens trop gais ou d’une gaieté intempestive.

Il y a du pé

Halbert, 1849 : Il a du danger.

Il y faisait chaud

Larchey, 1865 : La bataille était rude.

Ah ! vous étiez à Wagram. — Un peu. — Il y faisait chaud, hein ! — Oui, qu’il y faisait chaud.

H. Monnier.

Allusion aux feux de l’artillerie et de la mousqueterie. — On emploie Chauffer dans le même sens.

Ça chauffe ! disait-on dans les groupes.

C. de Bernard.

Illico

Larchey, 1865 : De suite.

En se promettant bien de l’envoyer illico.

Balzac.

Latinisme.

Larchey, 1865 : Grog d’alcool, d’eau et de sucre en usage dans les pharmacies d’hôpital. — Allusion a un terme de formulaire.

Delvau, 1867 : adv. Sur-le-champ, tout de suite, — dans l’argot du peuple.

Delvau, 1867 : s. m. Potion improvisée, — dans l’argot des pharmaciens, qui composent ordinairement ce garus de teinture de cannelle, de sucre et d’alcool.

Illuminé et enluminé

d’Hautel, 1808 : On confond souvent ces deux mots, et l’on dit vulgairement des cartes illuminées pour enluminées. Les rues étoient enluminées pour illuminées.

Ilotier

Fustier, 1889 : Ce mot, dans le langage policier, désigne le gardien de la paix chargé de surveiller continuellement un certain nombre de rues, toujours les mêmes et qui forment, pour ainsi dire, les limites d’un îlot.

Il est clair qu’après le passage de l’îlotier en un point déterminé, ce point reste un certain temps dégarni.

(Petite République française, mai 1882.)

Image

d’Hautel, 1808 : Il est sage comme une image, collée à la porte d’un savetier. Se dit par plaisanterie d’un enfant qui, contre son ordinaire, reste calme et tranquille.

Delvau, 1867 : s. f. Lithographie, gravure, dessin, — dans l’argot des enfants et du peuple, ce grand enfant.

Imbécile (galon d’)

Larchey, 1865 : Galon de soldat de première classe. Il est donné a l’ancienneté et non au mérite. — On rencontre l’équivalent de ce mot dans les autres grades.

Il passa capitaine à l’ancienneté, à son tour de bête, comme il disait en rechignant.

About.

Imbécile à deux roues

Rigaud, 1881 : Vélocipédiste, — dans le jargon des voyous.

Imbiber (s’)

Delvau, 1867 : v. réfl. Boire, — dans l’argot des faubouriens.

Rigaud, 1881 : Boire. La variante est : s’imbiber le jabot.

Imbriaque

d’Hautel, 1808 : Un imbriaque. Homme à qui la passion du vin a fait perdre la raison.

Delvau, 1867 : s. f. Écervelé, excentrique, maniaque, — dans l’argot du peuple. A signifié autrefois Homme pris de vin. Nous ne sommes pas loin de l’ebriacus de Plaute.

Imiter

d’Hautel, 1808 : On dit au figuré, en parlant de quelqu’un qu’on a voulu imiter.
J’ai imité son exemple. Il faut dire pour bien parler, j’ai suivi son exemple.
Imiter un exemple ne se dit que dans le sens de se conformer à un modèle.

Immense

Rigaud, 1881 : Encore un mot très, trop même répandu dans le monde des gommeux et des gommeuses. Parle-t-on d’un acteur célèbre, voilà qu’il est immense. Tient-on un propos étonnant, c’est immense. A-t-on assisté à une fête charmante, c’était immense, etc., etc… — En signalant les néologismes à la mode en 1817, l’auteur des Lettres normandes s’exprime ainsi :

Le mot immense obtient aussi une grande vogue ; il n’est pas neuf, mais on le place d’une manière nouvelle. Nos journalistes disent d’un acteur qu’il a un talent immense ; nos jeunes gens du bel air disent, en parlant d’une femme : cette femme est accomplie, elle a un œil immense.

Aujourd’hui, nous disons simplement : « Un tel est immense. » C’est au vaudevillisme moderne qu’on doit cette nouvelle interprétation.

Immeuble

Delvau, 1867 : s. m. Maison, — dans l’argot des bourgeois.

Immortel

Delvau, 1867 : s. m. Académicien, — dans l’argot ironique des gens de lettres, qui savent très bien que l’Institut est un Léthé. Les quarante immortels. Les quarante membres de l’Académie à tort dite Française.

Impair

Delvau, 1867 : s. m. Insuccès, fiasco, — dans l’argot des artistes.

La Rue, 1894 : Insuccès. Maladresse.

Virmaître, 1894 : Commettre un impair : se couper dans un interrogatoire et dire ce qu’il ne faudrait pas. Faire un impair à quelqu’un, c’est lui manquer de respect. Impair : commettre une faute, se tromper dans l’appréciation de la valeur d’une affaire. Aller un peu trop de l’avant, c’est commettre un impair (Argot du peuple). N.

Rossignol, 1901 : Se tromper, indélicatesse.

Nous ne sommes plus, des amis, depuis qu’il m’a fait un impair.

Impair (faire un)

Hayard, 1907 : Une bêtise.

Impavide

Delvau, 1867 : adj. Impassible, que rien ou personne n’émeut. J’ai employé cette expression il y a quatre ou cinq ans, quelques-uns de mes confrères l’ont employée aussi, — et maintenant elle est dans la circulation.

Impayable

d’Hautel, 1808 : Il est impayable. Pour il est tout-à-fait plaisant ; c’est un drôle de corps.

Delvau, 1867 : adj. Qui est d’une haute bouffonnerie, d’un caractère extrêmement plaisant, — dans l’argot du peuple, qui emploie ce mot à propos des choses et des gens.

Delvau, 1867 : adj. Etonnant h force d’exigences, ennuyeux à force de caprices, — dans l’argot de Breda-Street.

Impératrice

Rigaud, 1881 : Impériale d’omnibus, — dans le jargon du régiment. Pourquoi « impératrice » ? — Simplement pour avoir l’occasion de placer un déplorable jeu de mots quand on grimpe sur l’impériale.

Impératrice (faire l’)

Fustier, 1889 : Le français ne bravant pas l’honnêteté dans les mots, il est impossible de traduire ici cette locution fort usitée chez les non-conformistes. Aux lecteurs trop curieux, je rappellerai les singulières relations de Julia et Pompée, et les renverrai, les lecteurs, à un ouvrage aussi curieux que rare : Centuria librorum absconditorum. pp. 404 et circa.

Impère

Delvau, 1867 : s. f. Apocope d’impériale, — dans l’argot des faubouriens.

Impériale

Larchey, 1865 : Bouquet de poils plus grand que la mouche et moins grand que la bouquine.

Il avait six pieds six pouces, L’impériale au menton.

Festeau.

Impossible

d’Hautel, 1808 : À l’impossible nul n’est tenu. Signifie qu’il ne faut pas exiger des gens au-delà de leurs moyens.

Larchey, 1865 : Impossible à figurer.

Avec son col exorbitant et ses lunettes impossibles.

Delvau.

Delvau, 1867 : adj. Extravagant, invraisemblable à force d’être excentrique. — Argot des gens de lettres.

Impot

Halbert, 1849 : Automne.

Impressionnisme

Rigaud, 1881 : École de peinture ultra-réaliste qui, sans nul souci du dessin et de la composition, prétend produire des impressions, et ne produit que de mauvaises impressions sur le public.

Impressionniste

Rigaud, 1881 : Peintre ultra-réaliste. Les impressionnistes ou impressionnalistes ne peignent que l’impression. Ils jettent quelques tons sur la toile sans s’occuper ni de l’harmonie des couleurs, ni du dessin, ni du reste. Leurs œuvres ressemblent à des esquisses informes. C’est l’indication, ce n’est pas le tableau.

Chose singulière ! Duranty qui tient à ce qu’on a appelé, depuis Champfleury, l’école du réalisme, ne comprend pas toujours la peinture de Manet. Faut-il en conclure que, malgré ce qu’on pourrait penser, réalistes et impressionnistes ne regardent pas avec les mêmes yeux ?

(Maxime Rude.)

Impromptu

d’Hautel, 1808 : Un impromptu fait à loisir. Se dit par raillerie d’une pièce de vers à laquelle on a travaillé pendant long-temps, et que l’on donne comme impromptu.

Impuissance

Delvau, 1864 : Impossibilité où se trouve un homme de bander ; soit par suite de maladies, soit pour s’être trop masturbé dans sa jeunesse, soit par un vice de conformation quelconque. C’est ce qui arrive à Encolpe (dans le Satyricon) lorsque étendu sur l’herbe, dans les bras de l’aimable libertine Circé, et au moment où il lui entr’ouvre les cuisses pour introduire son braquemart, d’ordinaire plus gaillard il est trahi par une faiblesse subite et trompe l’attente de la belle courtisane à qui le cul démange d’impatience. Un auteur moderne, qui s’est probablement rappelé ce passage de Pétrone, fait dire, à un poète qui ne bande pas, par une fille qui bande fort :

Est-ce du mépris ou de l’impuissance ?
Est-tu pédéraste ou castrat, voyons ?
Un pareil état m’excite et m’offense :
Descends de mon lit, ou bien rouscaillons !

Impuissant (être)

Delvau, 1864 : Ne pas ou ne plus pouvoir bander en l’honneur du sexe auquel nous devons la suprême jouissance — et la plus horrible maladie.

Fi de l’amour banal
Que l’homme ivre ou brutal
Nous donne en grimaçant
Quand, par hasard, il n’est pas impuissant.

Joachim Duflot.

Impure

Delvau, 1864 : À la fin du XVIIIe siècle, on donnait ce nom aux filles entretenues qui aimaient à se pavaner en public. Le mot est encore dans la circulation.

C’est une impure
Presque aussi sûre
Que ces belles
Demoiselles
Là !

Collé.

Delvau, 1867 : s. f. Femme entretenue, — dans l’argot des vieux galantins, qui ont conservé les traditions du Directoire.

In naturalibus

Delvau, 1867 : En chemise, ou nu.

Inacostable

d’Hautel, 1808 : Qui a l’abord rude et grossier, que l’on ne peut aborder.

Incarné

d’Hautel, 1808 : C’est un diable incarné. Pour dire un très-méchant homme ; se dit aussi par plaisanterie en parlant d’un enfant vif et pétulant.

Incartade

d’Hautel, 1808 : Incartade, insulte commise par indiscrétion, par étourderie ou excès de familiarité.
Le peuple dit écartade.

Incommode

Delvau, 1867 : s. m. Réverbère, — dans l’argot des malfaiteurs, ennemis-nés des lumières.

Rossignol, 1901 : Réverbère.

Incomparable

d’Hautel, 1808 : C’est un incomparable. Nom donné aux jeunes gens qui parlent d’une manière ridicule, et qui se font remarquer par une mise et un ton affectés.

Incomplet

d’Hautel, 1808 : C’est un être incomplet. Se dit par raillerie d’un homme incommodé de quelqu’infirmité ; d’un petit homme sans moyens, tant au physique qu’au moral.

Incongru

d’Hautel, 1808 : Incivil, impoli ; ignorant, grossier, sans expérience.

Incongruité

d’Hautel, 1808 : On appelle ainsi une grossièreté ; une chose indécente, incivile.
Lâcher une incongruité. Se permettre des discours injurieux ; donner l’essor à un mauvais vent.

Delvau, 1867 : s. f. Ventris crepitus, ou Ructus, — dans l’argot des bourgeois, qui oublient que leurs pères éructaient et même crépitaient à table sans la moindre vergogne. Faire une incongruité. Crepitare veleructare. Dire une incongruité. Dire une gaillardise un peu trop poivrée, — turpitudo verborum.

Inconnobré

Rigaud, 1881 : Inconnu, — dans le jargon des voleurs.

Inconoblé

Rossignol, 1901 : Inconnu, pas encore connu. On dit plutôt : je ne suis pas conoblé.

Inconobré

Delvau, 1867 : s. et adj. Inconnu, étranger, — dans l’argot des voleurs.

La Rue, 1894 : Inconnu.

Virmaître, 1894 : Inconnu ou étranger. On dit aussi : inconnu au bataillon (Argot des voleurs).

Inconséquence

Delvau, 1867 : s. f. Infidélité galante, — dans l’argot de Breda-Street, où le manque de probité en amour est naturellement considéré comme péché véniel.

Inconséquent

Larchey, 1865 : « Lorsque, dans le monde, une jeune dame n’a pas très-bien su étendre le voile par lequel une femme honnête couvre sa conduite, là où nos aïeux auraient rudement tout expliqué par un seul mot, vous, comme une foule de belles dames à réticences, vous vous contentez de dire : Ah ! oui, elle est fort aimable, mais… — Mais quoi ? — Mais elle est souvent bien inconséquente. » — Balzac.

Inconséquente

Delvau, 1867 : s. f. Femme qui change souvent d’amants, soit parce qu’elle a la papillonne de Fourier, soit parce qu’ils n’ont pas la fortune de M. de Rothschild.

Inconvénient

Delvau, 1867 : s. m. Infirmité, — dans l’argot du peuple. Avoir l’inconvénient de la bouche. Mériter cette épigramme de Tabourot à Punaisin :

Tu t’esbahis pourquoy ton chien,
Les estrons de sa langue touche :
Se peut-il pas faire aussi bien
Qu’il lesche ta lèvre et ta bouche ?

Avoir l’inconvénient des pieds. Suer outrageusement des pieds.

Incroyable

d’Hautel, 1808 : C’est un incroyable. Sobriquet donné aux jeunes gens du grand monde, à cause du fréquent usage qu’ils font de ce mot, et de la manière affectée avec laquelle ils le prononcent. En effet, à chaque chose qu’on leur dit, ils répondent constamment : c’est incoyable !

Delvau, 1867 : s. m. Le gandin du Directoire. On prononçait Incoïable.

Incurable (portier des)

Rigaud, 1881 : C’est sous cette dénomination qu’on désignait, en 1835, le balcon du Théâtre-Français.

C’est là que se réfugie l’opposition ultra classique des vieux amateurs.

(Jacques le souffleur, Dict. des coulisses, 1835.)

Indécences (dire ou faire des)

Delvau, 1864 : Tenir des propos gaillards, avoir la parole leste et même ordurière. — Baiser avec des raffinements ignorés des simples mortels, en levrette, à la paresseuse, en cuisses, en tétons, etc.

Indécrotable

d’Hautel, 1808 : Il est indécrotable ; d’une humeur indécrotable. Se dit d’un homme capricieux, brusque, grossier et fantasque ; toujours mécontent et de mauvaise humeur.

Indécrottable

Delvau, 1867 : adj. Incorrigible, — dans l’argot des bourgeois.

Index

Boutmy, 1883 : s. m. Décision de la Chambre syndicale des ouvriers typographes qui interdit aux sociétaires de travailler dans telle ou telle maison, par suite d’infraction de la part du patron aux règlements acceptés. Les imprimeries à l’Index sont celles où le travail n’est pas payé conformément au Tarif. Les ouvriers typographes qui consentent à y travailler sont désignés sous le nom de sarrasins.

Index (travailler à l’)

Rigaud, 1881 : Travailler à prix réduit, — dans le jargon des ouvriers, qui montrent au doigt les gâte-métiers.

Indicateur

Rigaud, 1881 : Espion, mouchard ; terme technique de la préfecture de police.

La compagnie des allumettes emploie un certain nombre d’individus à surveiller les concurrents de son privilège ; elle a des indicateurs, etc.

(Petit journal, du 2 août 1877.)

Indienne

Fustier, 1889 : Vêtements, effets. Argot des voleurs, « De quoi ! de quoi ! il va me fusiller mes indiennes ! Veux-tu laisser ça ou je te mets une pouce. »

(Humbert : Mon Bagne.)

La Rue, 1894 : Vêtements. Effets.

Indigent

Rigaud, 1881 : Voyageur d’impériale d’omnibus, — dans le jargon des cochers de fiacre, qui professent le plus profond mépris pour les gens qui vont en omnibus.

Indigestion

d’Hautel, 1808 : On dit par raillerie d’un homme qui parle beaucoup trop, qu’il aura une indigestion de paroles.

Individu

d’Hautel, 1808 : Avoir soin de son individu. Prendre des soins minutieux de sa personne ; se dorlotter à la manière des femmes.

Induire

Rigaud, 1881 : Par abréviation pour induire en erreur.

J’ai été bien aise de voir que le citoyen Zola nous avait induits.

(La petite Lune, 1879.)

Industrie

d’Hautel, 1808 : Chevalier d’industrie. Celui qui vit d’intrigue, d’expédient ; parasite, écornifleur de dîners.

Inexpressible

Larchey, 1865 : Pantalon.

Au sortir des bancs du collège, où nous avions usé, tous deux, pendant huit mortelles années, ce que la pruderie anglaise exprime par inexpressible.

Mornand.

Delvau, 1867 : s. m. Pantalon, — dans l’argot des Anglaises pudiques, qui est devenu celui des gouailleurs parisiens.

Infante

Delvau, 1864 : Maîtresse, femme aimée — les infantes, filles puinées des rois d’Espagne et de Portugal, étant supposées belles.

Qu’en dites vous, amies, qu’en dites vous, infantes,
Dont les trous sadinets vivent bien de leurs rentes ?

(Recueil de poésies françaises)

Aux petits oignons, mon infante !

Lemercier de Neuville.

Delvau, 1867 : s. f. Maîtresse, — dans l’argot des troupiers. Les infantes étant les filles puînées des rois d’Espagne et de Portugal, sont supposées belles, et l’on sait que tous les amants jouent volontiers de l’hyperbole a propos de leurs maîtresses : ils disent « mon infante » comme ils disent « ma reine ». Une couronne leur coûte moins à donner avec les lèvres qu’une robe de soie avec les mains.

Rigaud, 1881 : Maîtresse d’un jour, femme que l’on courtise, — dans le jargon des sous-officiers.

Infanterie (entrer dans l’)

Rigaud, 1881 : Être enceinte.

Infatuer

d’Hautel, 1808 : Être épris de sa personne ; et non effatuer, comme on ne cesse de le dire.

Infect

Larchey, 1865 : Laid. — L’infection n’est prise qu’au figuré.

Viens-tu voir la petite nouvelle ? — Pardieu ! et si elle n’est pas trop infecte, nous l’emmenons à la Maison-d’Or.

Ces Petites Dames, 1862.

Delvau, 1867 : adj. Détestable, mal écrit, — dans l’argot des gens de lettres qui disent cela à propos des articles ou des livres de ceux de leurs confrères qu’ils n’aiment pas, à tort ou à raison.

Delvau, 1867 : adj. Peu généreux, — dans l’argot des petites dames, pour qui ne pas regarder à la dépense c’est sentir bon, et n’avoir pas d’argent c’est puer.

Rigaud, 1881 : Laid, détestable. — Individu infect, œuvre infecte.

Infectados

Rigaud, 1881 : Cigare d’un sou.

Inférieur

Delvau, 1867 : adj. Qui est indifférent ; qui semble peu important. Argot des faubouriens. Cela m’est inférieur. Cela m’est égal.

Rigaud, 1881 : Personne, chose dont on se soucie fort peu. Ça m’est inférieur, ça m’est égal.

Infirme

Delvau, 1867 : s. et adj. Imbécile, — dans l’argot du peuple et des gens de lettres. Jouer comme un infirme. Jouer très mal.

Rigaud, 1881 : Maladroit. Ouvrier qui gâche l’ouvrage, qui ne fait rien qui vaille.

Ils sonnèrent tant bien que mal, ces infirmes, et les gens accoururent au tapage.

(L. Cladel, Ompdrailles.)

Influencé (être)

Fustier, 1889 : Être légèrement ivre.

Ingénue

Delvau, 1867 : s. f. Jeune fille innocente et persécutée par les séducteurs auxquels elle résiste vertueusement — tant que dure son rôle : la toile baissée, c’est différent. Argot des coulisses. Cet emploi commence à disparaître des théâtres et des pièces comme trop invraisemblable et par conséquent ridicule. Les actrices aiment mieux jouer les travestis.

Ingliche

Delvau, 1867 : s. m. Anglais, — dans l’argot des faubouriens, qui prononcent à peu près bien ce mot, mais qui l’écriraient probablement très mal. Ils disent aussi Inglichemann (Englishman).

Inglichmann

Larchey, 1865 : Anglais.

Avec ça que l’amiral l’avait fait habiller en inglichmann.

L. Desnoyer.

Ingriste

Larchey, 1865 : Peintre de l’école d’Ingres.

À vous Lehmann, Ziegler, Flandrin, Romain, Cozes et autres ingristes.

Ch. Blanc.

Delvau, 1867 : s. m. Peintre qui fait gris comme M. Ingres et exagère la sécheresse et la froideur de couleur de ce maître. Argot des artistes et des gens de lettres.

Rigaud, 1881 : Peintre de l’école d’Ingres, qui sacrifie tout au dessin. — Peintre qui fait gris, — en terme de peintres. — Peinture monochrome.

Ainsi devant le portrait bleu de M. Amaury-Duval et bien d’autres portraits de femmes ingristes ou ingrisées.

(Baudelaire, Salon de 1846.)

Ingurgiter

Delvau, 1867 : v. a. et n. Boire, ou manger, avaler, — dans l’argot du peuple. Ce verbe, que n’oseraient pas employer les gens du bel air, est un des mieux formés et des plus expressifs que je connaisse : ingurgitare, — qui évoque naturellement le souvenir du fameux ingurgite vasto, cet abîme goulu où disparurent les Lyciens, les fidèles compagnons d’Enée. On dit aussi S’ingurgiter quelque chose.

Ingurgiter son bilan

Delvau, 1867 : Mourir, — dans l’argot des commerçants.

Innocent

d’Hautel, 1808 : Les innocens, pâtissent pour les coupables. Voy. Coupables.
Innocent. Pour, sot, idiot, homme qui ne voit pas plus loin que son nez.

Inodores

Larchey, 1865 : Latrines. — V. Calme.

Fournier aux inodores Présente le papier.

Revue anecdotique.

Delvau, 1867 : s. m. pl. Waterclosets, — dans l’argot des bourgeois.

Inquiétudes

Delvau, 1867 : s. f. pl. Démangeaisons, — dans l’argot des faubouriens. Avoir des inquiétudes dans le mollet. Avoir une crampe.

Inquiétudes dans les jambes (avoir)

Rigaud, 1881 : Avoir envie d’administrer un coup de pied au derrière de quelqu’un ; le prévenir charitablement de l’envie qu’on a.

Insecte

Rigaud, 1881 : Toute sorte de volaille et de gibier depuis l’oie jusqu’à la mauviette.

Fustier, 1889 : Gamin.

Inséparable

Virmaître, 1894 : Cigare à sept centimes et demi. Petites perruches. Femmes qui s’aiment (Argot du peuple). V. Accouplée.

Inséparables

Fustier, 1889 : Cigares qui se vendent quinze centimes les deux ; les débitants n’en délivrent pas moins de deux à la fois.

Cela lui permet, l’aristo, de fumer orgueilleusement des inséparables de choix.

(Dix-neuvième siècle, avril 1885.)

Insinuant

Delvau, 1867 : s. m. Apothicaire, — dans l’argot des voleurs, qui ont voulu détrôner M. Fleurant.

Rigaud, 1881 : Apothicaire, infirmier.

Virmaître, 1894 : Pharmacien. Malgré l’invention du docteur Eguisier, qui permet avec le petit appareil que l’on sait, d’opérer seul, le mot insinuant est resté pour caractériser le pharmacien, descendant de l’apothicaire Flutencul, qui insinuait la canule de la seringue dans le derrière du malade (Argot du peuple).

Insinuante

Rigaud, 1881 : Seringue.

Insipide

d’Hautel, 1808 : C’est insipide. Pour, c’est ennuyeux, désagréable ; locution qui exprime l’ennui, le mécontentement, et que les olibrius et les avantageux ont continuellement à la bouche.

Insolpé

Delvau, 1867 : adj. et s. Insolent, — dans le même argot [des voleurs].

Rigaud, 1881 : Insolent, changement de la dernière syllabe.

La Rue, 1894 : Insolent.

Insoumise

Virmaître, 1894 : Fille en carte qui s’affranchit volontairement de la visite sanitaire imposée par le règlement. Les insoumises sont très nombreuses à Paris et forment la majeure partie du personnel de la prostitution (Argot des filles). N.

Rossignol, 1901 : Fille qui se prostitue, mais qui n’est pas inscrite sur les registres de la police des mœurs.

Inspecter les pavés

Virmaître, 1894 : Fille qui raccroche à la flan (au hasard). Elle espère voir surgir des clients (Argot des filles). N.

Inspecteur des pavés

Rigaud, 1881 : Flâneur. — Ouvrier, commis sans place et qui cherche une place, en amateur, en flânant.

Inspiré

Virmaître, 1894 : Le front (Argot des voleurs). N.

Inspiré (l’)

Hayard, 1907 : Le front.

Institutrice

Rigaud, 1881 : Maîtresse d’une maison de tolérance, — dans le jargon du peuple.

Instruite (être bien)

Delvau, 1864 : Connaître à fond les divers moyens de faire jouir les hommes et de se foutre d’eux — tout en se laissant foutre par eux.

Je connais sur tout cela des femmes bien instruites.

La Popelinière.

Elle de se coucher, et lui de vous l’instruire.

Vadé.

Un jour elle trompa la vigilance de nos gouvernantes, et nous nous instruisîmes.

Diderot.

Instrument

Delvau, 1864 : Le membre viril, ou la nature de la femme.

Jamais pire homme je ne vis !
Et je crains bien votre instrument.

(Ancien théâtre français.)

La soudain sans attendre plus
Je lui happe son instrument,
Et je lui lave doucement.

(Farces et moralités.)

Et ci a l’instrument grand et gros, de la longueur du bras.

(Les cent nouvelles nouvelles.)

Touche du moins, mignonne frêtillarde,
Sur l’instrument le plus doux en amour.

Theophile.

Il lui dit qu’il savait jouer d’un autre instrument qui ravissait bien davantage.

Ch. Sorel.

Et puis pensez que l’instrument
Il faudra bien que l’on me prête.

(Farces et moralités.)

D’une on dit qu’elle ayme Hutin,
Et a l’instrument compassé
Comme un houseau de biscaïen,
Quand a le ventre deslacé.

G. Coquillard

Monsieur l’officier condamna la pauvre fille à prêter son beau et joli instrument à son mari.

Bonaventure Desperriers.

Insurgé de Romilly

Delvau, 1867 : s. m. Résultat probant de toute bonne digestion. Synonyme de factionnaire, sentinelle, etc. Cette expression date de 1848 et est due à une historiette grasse rapportée par le Corsaire de cette époque.

Interlope

Delvau, 1867 : s. et adj. Qui appartient au monde de la galanterie, — où les smugglers des deux sexes fraudent sans cesse la Morale, la Pudeur et même la Préfecture de police. Le monde interlope. La Bohème galante.

Interloquer

Delvau, 1867 : v. a. Confondre, stupéfier, humilier, — dans l’argot du peuple.

Intermittente

Virmaître, 1894 : Femme qui fréquente par intervalle irrégulier, suivant les besoins de son ménage, les maisons de rendez-vous ; elle est toujours servie comme nouvelle aux étrangers (Argot des filles). N.

Interroger le pantalon d’un homme

Delvau, 1864 : Porter les yeux sur son paquet, pour savoir ce qu’il pense, s’il est en état de baiser ou non.

Urinette, qui a interrogé son pantalon : À quoi bon, puisque tu n’es pas prêt ?

Lemercier de Neuville.

Interviewer

Fustier, 1889 : Encore un mot d’importation anglaise qui joue chez nous le double rôle de verbe et de substantif. Il signifie selon le cas, interroger, questionner ou reporter, courriériste. Ex. :

Félicie L… est passée de vie à trépas, sans accompagnement de chroniqueur. Aucun reporter n’est allé interwiever la regrattière d’en bas, ou la repasseuse du cinquième.

(L. Chapron.)

Je vous dérange, mademoiselle, mille excuses ! Blowitz, interwiever… le grand interwiever Blowitz… C’est ma spécialité de tirer les vers du nez aux personnalités en vue.

(P. Ferrier.)

Intime

Larchey, 1865 : Claqueur — C’est un intime pour le théâtre.

Adolphe allait en intime au Théâtre de Madame.

Cinquante mille voleurs de plus à Paris, Paris 1830, in-8.

Delvau, 1867 : s. m. Applaudisseur gagé, — dans l’argot des coulisses.

Rigaud, 1881 : Un autre genre de billet (de théâtre) est appelé intime. Celui-là est donné gratis par le chef (de claque) au conscrit qui fait ses premières armes. Quand la pièce nouvelle est jouée, le subordonné remet son billet ou intime au chef, qui le vend à son profit.

(Petit dict. des coulisses.)

Par extension, le claqueur a reçu le nom d’intime.

La Rue, 1894 : Claqueur au théâtre.

Intransigeant

Rigaud, 1881 : Républicain pur, qui ne transige pas avec ses opinions extrêmes. Tout comme bien d’autres, les intransigeants d’aujourd’hui deviendront des réactionnaires le joui’ où ils seront à la tête du gouvernement. Ils attendront la sortie des opportunistes pour se jeter sur les contre-marques. — Sous le titre de : L’Intransigeant a paru le 14 juillet 1880 un journal avec M. Henri Rochefort pour rédacteur en chef.

Introuvable

Rigaud, 1881 : Urinoir public en forme de rotonde et dont l’accès n’est pas précisément facile à découvrir. On les a également appelés les « tourne-autour ». L’introuvable est le successeur direct du rambuteau.

Invalide

Delvau, 1867 : s. m. Ancienne pièce de quatre sous, — dans l’argot du peuple.

Rigaud, 1881 : Pièce de quatre sous. (Fr. Michel.) Fausse pièce de monnaie.

Invalide du pont des Arts

Rigaud, 1881 : Académicien.

Invalo

Delvau, 1867 : s. m. Apocope d’Invalide, — dans l’argot des faubouriens.

Rigaud, 1881 : Invalide.

Virmaître, 1894 : Invalide. Il est à remarquer que l’argot moderne a une tendance à transformer la finale de la plupart des expressions : sergent, sergot, mendiant, mendigot ; Saint-Lazare, Saint-Lago, etc.
Ce procédé est des plus simples ; il suffit de couper le mot et d’ajouter le suffixe o : invalide, invalo (Argot du peuple). N.

Hayard, 1907 : Invalide.

Inventaire

d’Hautel, 1808 : Confondu avec éventaire. Voy. Éventaire.

Inventer

d’Hautel, 1808 : Il n’a pas inventé la poudre. Se dit d’un homme peu intelligent ; d’un lourdeau, qui n’est capable d’aucune idée ingénieuse.

Invisible

d’Hautel, 1808 : On dit qu’une chose a passé par l’invisibilium, pour dire qu’elle est demeurée invisible ; qu’elle a été perdue ; volée, saccagée.

Invite

Delvau, 1867 : s. f. Apocope d’Invitation, — dans l’argot des joueurs de whist.

Delvau, 1867 : s. f. Apocope d’Invitation. — Argot des faubouriens. Faire une invite à l’as. Solliciter quelqu’un de vous offrir quelque chose.

Inviteuse

Fustier, 1889 : Fille qui sert dans les brasseries.

L’inviteuse, c’est l’agente provocatrice du consommateur.

(Citoyen, avril 1882.)

Ipéca (le père)

Merlin, 1888 : Le docteur ; — en raison du remède fréquemment employé à l’infirmerie (l’ipécacuana). On dit aussi abréviativement : Le père Péca.

Ipécacuana

d’Hautel, 1808 : Racine dont on se sert en médecine.
Le peuple fait une espèce d’anagramme des deux premières syllabes de ce mot, et prononce épicacuana.

Ire-tu picte ce luisant ?

Halbert, 1849 : As-tu bu aujourd’hui ?

Irlande (en) !

Delvau, 1867 : Obliquement, à droite ou à gauche, — dans l’argot des gamins, qui emploient cette expression en jouant au bouchon ou aux billes.

Iroquois

d’Hautel, 1808 : Parler comme un iroquois. Bredouiller ; parler d’une manière inintelligible. C’est aussi un sobriquet injurieux ; et, dans ce sens, iroquois équivaut à sot, rustre, ignorant, imbécile.

Delvau, 1867 : s. m. Imbécile, — dans l’argot du peuple, qui ne respecte pas assez les héros de Cooper. S’habiller en iroquois. D’une manière bizarre, extravagante. Parler comme un iroquois. Fort mal.

Isolage

Delvau, 1867 : s. m. Abandon. — dans l’argot des voleurs.

Rigaud, 1881 : Abandon. — Isoler, abandonner, — dans l’ancien argot, du vieux mot asoler.

Isolée

Virmaître, 1894 : Fille publique qui travaille seule dans les rues, loin de son quartier, et qui n’a pas de souteneur. L’isolée fait les bureaux d’omnibus, les jardins publics, les églises et les cimetières. (Argot des filles).

Isoler

Delvau, 1867 : v. a. Abandonner.

La Rue, 1894 : Abandonner.

Israélite

d’Hautel, 1808 : C‘est un bon israélite. Pour dire, un homme franc et loyal, dénué de malice et de finesse.

Italgo

Hayard, 1907 : Italien.

Italique

Boutmy, 1883 : adj. Penché, tortu. Il a les jambes italiques, il est bancal. Le sens de ce mot vient, sans contredit, du caractère dit italique, qui est penché.

Italique (avoir pincé son)

Rigaud, 1881 : Marcher penché, ne pas marcher droit par suite d’ivresse, — dans le jargon des typographes, par allusion au caractère dit italique.

Italo

Virmaître, 1894 : Abréviation d’Italien (Argot du peuple).

Itou

d’Hautel, 1808 : Mot paysan qui signifie, aussi, pareillement, également.
Et moi itou. Pour, et moi pareillement.

Itrer

Halbert, 1849 : Avoir.

Delvau, 1867 : v. a. Avoir, — dans le même argot. C’est un verbe irrégulier. Ainsi : Ire-tu picté ce luisant ? (As-tu bu aujourd’hui ?).

Rigaud, 1881 : Avoir, posséder, — dans l’ancien argot.

La Rue, 1894 : Avoir. Posséder. Itres-tu picté, ce luisant ? As-tu bu aujourd’hui ? V. Gitrer.

Ivoire

Delvau, 1867 : s. m. Les dents, — dans l’argot des faubouriens. Faire un effet d’ivoire. Rire de façon à montrer qu’on a la bouche bien meublée. Les voyous anglais disent de même : To flash one’s ivory.

Ivrogne

d’Hautel, 1808 : Un serment d’ivrogne. Promesse à laquelle on ne peut ajouter foi.

Ivrogner

d’Hautel, 1808 : Fréquenter les cabarets ; gobelotter ; faire débauche de vin.

Ivrogner (s’)

Delvau, 1867 : v. réfl. Avoir des habitudes d’ivrognerie, — dans l’argot du peuple.

Ivrognesse

d’Hautel, 1808 : C’est une ivrognesse. Se dit insolemment d’une femme qui s’adonne au vin ; qui s’enivre fréquemment.


Argot classique, le livreTelegram

Dictionnaire d’argot classique