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Mettre

Mettre

d’Hautel, 1808 : Mettre les petits plats dans les grands. Se dit pour exprimer l’empressement que l’on met à recevoir quelqu’un.
Mets ça dans ta poche. Locution ironique qui se dit à quelqu’un qui s’est attiré des paroles pi quantes ou quelque mauvais traitement.
Mettre la charrue devant les bœufs. V. Bœuf.
Mettre son nez partout. Se mêler mal-à-propos, et par indiscrétion, de ce qui ne vous concerne pas, comme font ordinairement les curieux et les indiscrets.
Mettre le cœur au ventre, ou le feu sous le ventre. Voyez Feu.
Se mettre sur la friperie de quelqu’un. Signifie se mettre sur le compte de quelqu’un ; le maltraiter en actions et en paroles.
Se mettre sur son propre. S’endimancher, s’approprier.
Il a mis le doigt dessus. Pour, il a deviné juste.
Mettre tout en capilotade. N’épargner personne dans ses médisances, dans ses bavardages ; mettre tout en pièces.
Se mettre sur son quant à moi. Faire entendre par des paroles vaniteuses qu’on est au-dessus des gens qui vous entourent.
Se mettre en quatre pour quelqu’un. Lui rendre des services importans ; faire tout au monde pour l’obliger.
Mettre le pied clans la vigne du Seigneur. Pour, boire à excès, s’enivrer.
Mettre quelqu’un ou quelque chose au rang des oublis. Pour, perdre absolument le souvenir d’une promesse que l’on a faite à quelqu’un ; oublier totalement ce dont on s’étoit chargé.
Il ressemble aux chaudronniers, il met la pièce à côté du trou. Se dit de quelqu’un qui applique un remède à côté du mal, qui se méprend sur l’emploi de quelque chose.
Se mettre à la gueule du loup. Courir un grand danger, en voulant en éviter un petit ; se fier à un fourbe, à un hypocrite.
Mettre la main à la pâte. Mettre la main à l’œuvre ; se mêler des plus petits détails d’un ouvrage.
Mettre en presse. Emprunter, mettre en gage.
Mettre à quia. Pousser à bout, mettre à l’extrémité, réduire une personne à ne savoir que devenir.
Mettre in pace. Mettre en terre, inhumer ; emprisonner, enfermer.
Mettre les voiles au vent. Pour dire, se décharger le ventre ; faire ses besoins naturels.
Mettre quelqu’un en jeu. Le citer, le mêler sans son aveu dans une affaire.
Mettre les pieds dans tous les souliers. Essayer de tout ; se mêler dans toutes les affaires.

Mettre (le)

Delvau, 1864 : Introduire son membre dans la nature d’une femme.

Réveille-toi, petite gueuse ; je veux te le mettre encore une fois au moins.

La Popelinière.

Notre héros se forma vite…
Le mit-il, ou le lui mit-on ?
N’y eut pas d’affront.

Al. Pothey

Adam voulut le mettre :
Eve le sentit mettre.
Viens, bande-à-l’aise,
Vite, mets-le-moi.

Collé.

France, 1907 : Mot libre, pour chevaucher, se divertir avec une femme. Ce mot est équivoque et malicieux, car une personne laisse-t-elle tomber son busc ou son gant, on dit : « Mademoiselle, voulez-vous que je vous le mette ? »

(Le Roux, Dictionnaire comique)

Mettre à l’ombre

Delvau, 1866 : v. a. Mettre en prison, — dans l’argot du peuple. Tuer, — dans l’argot des voleurs.

Virmaître, 1894 : Aller en prison. En effet, on ne craint pas l’ardeur du soleil (Argot du peuple).

Rossignol, 1901 : Mettre en prison ou à la salle de police.

France, 1907 : Mettre en prison.

Le souteneur voleur pratique le vol au rendez-moi, lorsque sa marmite est fêlée : c’est la désignation de la fille dont il vit, et qui se trouve à d’ombre ou prisonnière pendant plusieurs semaines. Souvent, sa maîtresse, pour se rendre libre, ou changer de souteneur, le pousse à voler avec le secret espoir qu’il se laissera prendre.

(G. Macé, Un Joli Monde)

Surtout, pas de brusquerie ; il faut être poli avec les pochards et, au besoin, s’excuser de les avoir mis momentanément à l’ombre dans leur propre intérêt.

(G. Macé, Un Joli Monde)

Mettre à même

Delvau, 1866 : Tromper, — dans l’argot des faubouriens.

Voyez quel emblème !
Sa nièc’ d’Angoulême
Nous met tous à même !

dit une chanson de 1832.

Mettre à pied

Delvau, 1866 : v. a. Suspendre un employé de ses fonctions pendant plus ou moins de temps. Argot des bourgeois.

France, 1907 : Suspendre quelqu’un de son emploi, pour un temps déterminé. Cette locution nous vient des Romains, où le censeur retirait son cheval au chevalier qui tenait une conduite indigne de son rang. Cet usage fut conservé au moyen âge, mais il offrait un caractère ignominieux, car le chevalier dégradé ainsi publiquement était censé avoir vécu et l’on récitait sur lui l’office des morts. Dans les régiments de cavalerie, l’on punit en route les cavaliers qui blessent leurs chevaux ou les indisciplinés en les obligeant à suivre à pied la colonne.

Qui met-on à pied aujourd’hui ? Les cochers de fiacre qui ont été insolents, les employés qui sont inexacts, et généralement tous les pauvres diables qui ont trop de promptitude à faire valoir leurs droits et pas assez à remplir leurs devoirs. Cette mise à pied n’est que temporaire ; elle devient définitive en certaines circonstances et c’est alors une destitution. »

(Charles Nisard)

Mettre à poil (se)

France, 1907 : Se dévêtir complètement, se mettre dans le costume de notre premier père avant le péché.

Un peintre célèbre, que je ne nommerai pas pour ne pas effaroucher sa modestie, avait pris un modèle exquis, une charmante fille de seize ou dix-sept ans, encore très innocente. Charmé de sa beauté, il l’engagea vivement à poser pour le nu. Comme elle faisait quelque difficulté pour se déshabiller devant le peintre, qu’elle rougissait et tremblait, il lui dit pour l’encourager :
— Allons, ma petite, n’ayez pas peur, que diable !… Pour vous habituer, je vais me mettre aussi à poil !

Mettre à quelqu’un (le)

Delvau, 1866 : v. a. Le tromper ; lui conter des bourdes qu’il accepte pour des vérités, — dans l’argot des faubouriens.

Rigaud, 1881 : Tromper quelqu’un, mystifier quelqu’un.

France, 1907 : Le tromper, lui en faire accroire.

Mettre à table (se)

Delvau, 1866 : Être disposé à dénoncer ses complices ; être sur le point de faire des révélations, — dans l’argot des voleurs qui veulent manger le morceau.

Rigaud, 1881 : Trahir, dénoncer, — dans le jargon des voleurs.

La Rue, 1894 : Dénoncer. Trahir. Mettre à table. Donner une part.

France, 1907 : Commencer à avouer, dénoncer. Voir Moutonner. C’est généralement à table, au dessert, que ce font les coïncidences, les aveux.

Toute l’habileté de l’agent est de se montrer avec le malfaiteur un copain qui comprend très bien la situation et qui est à cent lieues de s’indigner des crimes commis par son convive.
Il n’inspirerait qu’une confiance relative à celui qu’il veut faire avouer, l’homme de police appartenant à l’armée du Salut, qui commencerait par dire :
« Malheureux, le crime que vous avez commis est infâme ! Demandez pardon à Dieu et aux hommes ! »
L’agent, tout au contraire, doit procéder avec un mépris complet de la morale.
— Eh bien, mon vieux, dit-il, pourquoi que tu ne dis pas la vérité ? C’est toi qui as fait le coup ! tout le monde le sait, et puis, tu n’en mourras pas ! Avoue donc, c’est bien plus malin ; il n’y a rien de meilleur pour les circonstances atténuantes. Allons, un peu de courage, mets-toi à table.

(Mémoires de M. Goron)

Mettre à toutes les sauces (se)

Delvau, 1866 : v. réfl. Faire tous les métiers pour gagner sa vie, — dans l’argot du peuple.

Mettre au chaud

Virmaître, 1894 : V. Rouscailler.

Rossignol, 1901 : Voir rouscailler.

Mettre au chaud (chercher à)

France, 1907 : Courtiser très activement une fille ou une femme pour le motif non platonique.

Mettre au fait (se)

Delvau, 1864 : Se déniaiser, s’habituer a l’homme en jouant des reins avec lui.

Tu as bien tort ; si tu nets mets pas au fait, ton mari te prendra pour une bête.

La Popelinière.

Mettre au fourgat

Bras-de-Fer, 1829 : Recéler.

Mettre au pied du mur

France, 1907 : Pousser quelqu’un dans ses derniers retranchements, le mettre dans l’impossibilité de répondre, comme quelqu’un qui, placé entre un mur et son ennemi. doit s’avouer vaincu.

Mettre au rancart

France, 1907 : Mettre de côté.

C’est le vice capital de notre théâtre, de notre littérature romanesque, de faire consister l’existence dans un événement aussi mesquin que l’adultère. Non ! l’humanité n’est pas enserrée dans les jambes illicitement offertes d’une femme mariée et les êtres ne sont pas hypnotisés par la contemplation d’un organe placé au-dessous d’un nombril.
Il y a autre chose dans nos préoccupations que le rapport des sexes. Regardez autour de vous, interrogez-vous, lecteur, et demandez-vous si les questions du salaire, du pain quotidien, si le souci de l’avenir, l’éducation des enfants, si la santé, si même le jeu, la spéculation, l’ambition, et encore la politique, le patriotisme, la religion, si, pour quelques-uns, la littérature, l’art, si, pour le plus grand nombre, les affaires, le métier, la profession, le « business », ne tiennent pas plus de place dans l’existence, ne sont pas la « vie » cent fois plus que le déraillement conjugal dont cent auteurs, à côté de l’observation vraie et de l’humanité surprise dans sa sincérité, ont fait le pivot de toute action dramatique, le moule de toute action humaine, le ressort vital ? Quand mettrons-nous au rancart cette trop vieille catachrèse ?

(Jean de Montmartre)

Mettez au rancart, Miss, les évangiles,
Pour un idéal moins marmoréen,
Prenez pour appui des bras moins fragiles
Que les bras troués du Nazaréen.

(Gringoire)

Mettre au vert (se)

France, 1907 : Se ranger.

Monsieur l’Hiver se lève tard
À midi, sur le boulevard,
Il suit les filles, les oiselles ;
Et sous un parapluie ouvert,
Dans l’espoir de se mettre au vert,
Il parle d’amours éternelles.

(Auguste Marin, Femmes d’hiver)

Mettre aux champs quelqu’un

France, 1907 : L’inquiéter, le troubler, le provoquer, en un mot le faire venir sur le champ, le pré, le terrain, comme les troupiers disent aujourd’hui. Cette expression nous vient du moyen âge, où les appels sur le champ, c’est-à-dire les duels, faisaient fureur.

Quand c’était de seigneur à seigneur, dit Charles Nisard, ou de seigneur à abbé ou à évêque, les uns et les autres se mettaient aux champs avec leurs gens et le combat singulier était une mêlée. Les vassaux avaient beau se plaindre, résister, s’emporter, il fallait qu’ils marchassent et se missent aux champs. La civilisation moderne a réduit ces appels et en a simplifié les formalités. Aujourd’hui, l’offensé envois deux témoins prier poliment l’offenseur de vouloir bien venir se faire couper la gorge. Celui-ci vient, et, pour ne pas se laisser vaincre en politesse par celui-là, lui coupe la gorge le premier. Quelquefois aussi, il ne vient pas. Mais la première fois que l’offensé le rencontre, il se contente de lui caresser légèrement l’une et l’autre joue avec deux doigts, et l’honneur est satisfait.

(Curiosités de l’étymologie)

Mettre avec (se)

Larchey, 1865 : Vivre maritalement.

En se mettant avec Lise, le général aurait dû nous dire : J’ai ça et ça à payer ; il ne l’a pas dit, et ce n’est pas délicat.

Ricard.

Rigaud, 1881 : Vivre en état de concubinage.

Dernièrement, je rencontrai une belle actrice : elle me dit : Je cherche quelqu’un pour me mettre avec. Se mettre avec est l’expression consacrée dans le langage des coulisses.

(Paris-Comédien.)

France, 1907 : Vivre maritalement.

Mettre avec quelqu’un (se)

Delvau, 1866 : v. réfl. Vivre maritalement, — dans l’argot des ouvriers et des grisettes.

Mettre bien (se)

Delvau, 1866 : v. réfl. Ne rien se refuser, — dans l’argot du peuple, qui dit cela à propos de tout, excepté à propos de vêtements. Ainsi, en voyant quelqu’un boire beaucoup, il lui dira : « Tu te mets bien, toi ! »

Rigaud, 1881 : Avoir les moyens de se passer toutes ses fantaisies ; faire de la dépense.

Mettre dans de beaux draps

Delvau, 1866 : v. a. Engager quelqu’un dans une affaire scabreuse, dans un mauvais pas, dans un danger quelconque. On dit aussi : Être dans de beaux draps.

Mettre dans la pommade

Delvau, 1866 : v. a. Gagner quelqu’un au jeu. Argot des faubouriens. Signifie aussi Tromper, jouer un tour.

Mettre dans le mille

Delvau, 1866 : v. a. Réussir dans une entreprise. Se dit aussi pour : Donner un coup de pied au derrière de quelqu’un.

Rigaud, 1881 : Réussir. — Toucher juste. — Allonger un coup de pied au cul d’un indifférent ou d’un ami.

Virmaître, 1894 : Réussir une affaire du premier coup. Terme usité chez les pédérastes : mille : podex (Argot du peuple).

Rossignol, 1901 : Avoir réussi dans une affaire, être tombé juste, c’est avoir mis dans le mille.

France, 1907 : Terme usité chez les pédérastes et qui se passe d’explication.

France, 1907 : Réussir du premier coup. Allusion au coup gagnant du jeu du tonneau qu’on obtient en lançant son palet exactement sur le numéro 1000.

Pour venir en aide aux nénés
Des petites mamans jolies ;
Pour apaiser des nouveaux-nés
Les soifs toujours inassouvies,
L’inventeur à mis dans de mille !

Mettre dans les fesses (se le faire)

Delvau, 1864 : Se faire enfiler.

L’ dimanche, au sortir de la messe,
Elles dis’t toutes, mais en vain :
Nicolas, mets-moi dans la fesse
C’ qu’est dans ton pantalon d’ nankin.

Darcier.

Mettre dans son sac

Delvau, 1866 : Recevoir des injures ou des coups sans y répondre ; encaisser des soufflets ou des sottises sans en donner reçu.

Mettre de l’eau dans son vin

Delvau, 1866 : v. a. S’humilier après avoir été arrogant ; reconnaître ses torts.

Mettre de plomb dans la tête

France, 1907 : Assagir. C’est aux têtes légères qu’on met du plomb, pour les rendre plus posées.

Ce sport, la loi le permet
D’après son enquête,
Aux ouvriers cela met
Du plomb dans la tête ;
Voilà pour les désœuvrés
Une cible offerte :
Messieurs les patrons, tirez !
La chasse est ouverte.

(Diatribe du docteur Akakia, La Petite République)

Mettre dedans

Larchey, 1865 : Tromper.

Il met les gabelous joliment dedans. On a descendu plus de vingt fois dans sa cassine, jamais on n’a rien trouvé.

E. Sue.

Serais-je pris pour dupe ! — Eh ben ! conv’nez que vous êtes d’dans.

Vadé, 1756.

Delvau, 1866 : v. a. Mettre en prison. Signifie aussi Tromper.

Rigaud, 1881 : Tromper. — Mettre en prison. — Sacrifier à Vénus, — dans le jargon des voyous.

La Rue, 1894 : Tromper. Emprisonner.

Rossignol, 1901 : Voir Mettre à l’ombre.

France, 1907 : Tromper, duper, induire en erreur ; se dit aussi pour emprisonner.

Que pensez-vous donc de la politique ? C’est l’art de mettre le peuple dedans… c’est l’art de mettre ses collègues dedans ; c’est l’art de mettre ses ennemis dedans, c’est l’art de mettre ses amis dedans. La politique, c’est l’art de rouler tout le monde. Il n’y a rien qui soit moins franc, il n’y a pas de duplicité, de mensonge, de fausseté comparable à la politique.

(Edgar Monteil, Le Monde officiel)

Le prévenu, très chic, monocle à l’œil.
— Enfin, Monsieur le juge, que peut-on bien me reprocher ?
— On vous reproche d’avoir abusé de votre situation pour ruiner un certain nombre de malheureux.
— Allons donc !
— Tous ceux qui ont affaire à vous, vous les mettez dedans…
— Vous aussi, Monsieur le juge !

(Tribunaux comiques)

Les yeux baissés et la jou’ rose,
C’matin, j’pris l’costum’ de ma sœur ;
L’mair’ ne s’aperçut pas d’la chose,
Et dam’, je profitai d’l’erreur !
Mais quand j’eus r’çu l’prix d’l’innocence,
Je m’disais en riant à plein’s dents :
C’que c’est tout d’mêm’ que la r’ssemblance,
Comme on peut mettr’ son mond’ dedans !

(Villemer-Delormel)

Mettre du beurre dans les épinards

France, 1907 : Améliorer une chose. « Ah ! mille dieux, serons-nous toujours assez andouilles pour attendre que la Providence gouvernementale mette du beurre dans les épinards ?
Pourquoi ne pas comprendre que tout ce qu’elle peut faire est un emplâtre sur jambe de bois ?

(Le Père Peinard)

Mettre du beurre dans ses épinards

Delvau, 1866 : v. a. Introduire un peu de gaieté dans sa vie ; avoir des chances heureuses.

Mettre du linge sur ses salsifis

Fustier, 1889 : Mettre des gants.

France, 1907 : Se ganter.

Mettre du noir sur du blanc

Rigaud, 1881 : Écrire, — dans l’argot des gens qui ne savent pas lire.

Qu’un jeune homme ait, dix ans, dans le fond d’un collège,
Mis du noir sur du blanc, il semble que le roi
Soit chargé de son sort, et lui doive un emploi.

(C. Bonjour, Le Protecteur et le Mari, acte 1, sc. VI.)

Mettre du pain dans le sac de quelqu’un

Fustier, 1889 : Lui faire son affaire ; le battre, le tuer.

Mettre du papier dans sa sonnette

Virmaître, 1894 : V. Affaler son grelot.

France, 1907 : C’est le conseil que les ouvriers donnent à leurs ménagères trop bavardes, mais le conseil est rarement suivi.

Mettre en appétit

Delvau, 1864 : Exciter l’ardeur vénérienne.

Chevaucher trois ou quatre coups ne fait que mettre en appétit ; il faut continuer tant qu’il y en a, pour nous donner du passe-temps.

Mililot.

Il n’est rien qu’une femme trouve plus mauvais que quand l’homme la met en appétit, sans la contenter.

Bonaventure Desperriers.

Mettre en brasserie (se)

Fustier, 1889 : Servir dans une brasserie.

Cédant à des suggestions funestes, elle se mit en brasserie, c’est l’expression consacrée.

(F. Sarcey : XIXe siècle, 1881.)

Mettre en brindezingue (se)

Virmaître, 1894 : Faire la noce. Être dans les brindezingues : être pochard (Argot du peuple). N.

Mettre en bringue

Delvau, 1866 : v. n. Mettre en morceaux, briser.

Virmaître, 1894 : Mettre en morceaux, briser. A. D. Bringue, signifie femme maigre, l’expression est donc fausse. Mettre en bringue, est synonyme de brindezingue (Argot du peuple). N.

France, 1907 : Briser.

Mettre en dedans

La Rue, 1894 : Forcer une porte.

Mettre en dedans (la)

Rigaud, 1881 : Forcer une porte, — dans le jargon des voleurs.

Mettre en œuvre

Delvau, 1864 : Faire l’acte vénérien.

Elle manda secrètement le fils d’un cordonnier, son voisin, et le fit venir en l’étable des chevaux de son père, et le mît en œuvre comme les autres.

(Les Cent Nouvelles nouvelles.)

Et à la vérité, on en met de bien pires en œuvre.

(T. des Accords.)

Et en disant cela, il la mit en œuvre.

D’Ouville.

Mettre en pâte

Delvau, 1866 : v. a. Renverser un ou plusieurs paquets en les transportant ou en imposant, — dans l’argot des typographes. On dit aussi Tomber en pâte.

Virmaître, 1894 : Les compositeurs lient les paquets de caractères avec une ficelle. Quand le paquet est mal lié ou que le bout de la ficelle est emprisonné, le metteur en pages met le paquet en pâte, c’est-à-dire que les caractères se mélangent et qu’il faut recomposer. Quand, dans le paquet, Il y a des lettres qui ne sont pas du corps, ou que le paquet n’a pas été assez mouillé, en le déliant, si les lettres tournent, on appelle cela : faire un soleil (Argot d’imprimerie). N.

France, 1907 : Renverser plusieurs paquets de composition ; argot des typographes.

À cette dernière et brillante transformation de son idée, le rêveur n’y tient plus, il fait un mouvement comme pour prendre la coupe, et dans ce mouvement, sa composition, retenue par une simple ficelle, tombe avec bruit et se met en pâte, c’est-à-dire que toutes les lettres sont éparpillées, mêlées, amalgamées, répandues dans une confusion horrible.

(Jules Ladimir, Le Compositeur typographe)

Mettre en plan

Larchey, 1865 : Rester en gage chez un restaurateur jusqu’à l’acquittement de sa note.

France, 1907 : Mettre en gage. Plan est un vieux mot indiquant une prestation ou redevance, que le seigneur exigeait de son vassal pour se dédommager de l’abandon de certains droits. La mise en plan d’un fonds était donc l’abandon de ce fonds, un gage échangé contre un avantage déterminé. La différence de cette expression avec son sens actuel est que le dépositaire du gage recevait une somme pour ce gage, tandis qu’aujourd’hui il la paye. Ne pas confondre mettre en plan avec laisser en plan, qui signifie quitter, abandonner. « Il a mis sa montre en plan. Il a laissé sa femme en plan. »

Charivari !
Pour qui ?
Pour Grosjean
Qui a laissé sa femme en plan.

(Coutumes provinciales)

Mettre en quatre (se)

Delvau, 1866 : v. réfl. Montrer du zèle pour quelqu’un ou pour quelque chose, — dans l’argot des bourgeois.

Mettre en rang d’ognons (se)

Delvau, 1866 : Se placer les uns derrière les autres, — dans l’argot du peuple. On disait autrefois d’un homme, qu’il se mettait en rang d’ognons quand il se plaçait dans celui où il y avait des gens de plus grande condition que lui.

Mettre en rang d’oignons (se)

France, 1907 : Se placer les uns derrière les autres. Les forcenés de recherches étymologiques ont découvert une singulière origine à cette expression pourtant si naturelle. Voici ce qui est écrit en leurs doctes livres : « Un sire de la Fontaine, baron d’Oignon et seigneur de Vaumoise, était grand maitre des cérémonies sous Henri II, François II, Chartes IX et Henri III. Lorsqu’il présidait aux fêtes publiques, il répétait si souvent ce cri : « Serrez les rangs ! » qu’il se fit remarquer par ce tic. En rapprochant la possession de sa baronnie d’Oignon avec l’idée des oignons qu’on serre les uns contre les autres, on forma le proverbe. »

Mettre en suage

Bras-de-Fer, 1829 : Chauffer les pieds.

Mettre l’andouille au pot

France, 1907 : Accomplir l’acte vénérien.

Mettre la charrue devant les bœufs

France, 1907 : Commencer une chose par la fin.

Mettre la clef sous la porte

Virmaître, 1894 : Se sauver, déménager furtivement. Se dit communément d’un commerçant qui, ne faisant pas ses affaires, abandonne sa boutique (Argot du peuple).

Mettre la clef sous la porte, sous le paillasson

France, 1907 : Quitter furtivement son domicile… pour n’y plus rentrer.

— Voilà, dit-il. L’homme est beaucoup moins intéressant qu’on ne vous l’avait dit… D’abord, il n’est pas marié… il vit avec une ouvrière, maritalement… depuis une dizaine d’années… Je n’ai pas compris si la femme a quitté son mari pour suivre Picard, ou si c’est ce mari qui avait mais, la clef sous la porte…

(Hugues Le Roux)

Mettre la clef sous le paillasson

Virmaître, 1894 : V. Mettre la clef sous la porte.

Mettre la main à la pâte

Delvau, 1866 : Aider à un vol et participer à ses bénéfices.

Mettre la main au feu (en)

France, 1907 : Avancer une chose dont on est certain, ou dont on croit être certain.
Vieux souvenir de la barbarie de nos pères. Du VIe au XIIIe siècle, où un concile de Latran mit fin à cette superstition, les gens accusés ou simplement soupçonnés d’un crime étaient obligés, pour se justifier, soit de saisir un fer rouge, soit de placer leur main dans les flammes. Si la main sortait intacte de l’épreuve, l’accusé était déclaré innocent.
On essayait l’innocence par trois manières : le duel ou jugement de Dieu, l’eau ou l’huile bouillante, ou le feu ardent, dans la confiance que Dieu protégeait l’innocent et le préservait de tout mal. À quelques-uns on présentait un gantelet de fer rougi à blanc et l’accusé devait y plonger son bras jusqu’au coude. Un chroniqueur du XIIIe siècle raconte comment un pauvre diable, accusé de je ne sais quel délit, sut se dispenser de cette redoutable épreuve. Il répondit qu’il était prêt à ganter le terrible engin si l’archevêque revêtu de son étole voulait le lui remettre en main. Le prélat déclina de remplir cet office et convint, avec l’accusé, que l’usage venait des barbares et qu’il ne fallait pas tenter Dieu.
En dit que Cunégonde, femme de l’empereur Henri de Bavière, ayant été accusée l’adultère, offrit de se disculper en marchant pieds nus sur des socs de charrue ardents. L’empereur en fit disposer douze et la vertueuse princesse ayant marché sur onze s’arrêta sur le douzième et, là, fit un petit discours affirmant que jamais homme n’avait attenté à sa vertu !
On dit aussi : Je n’en voudrais pas pour tenir un fer chaud, pour : je n’en voudrais pas répondre.

Mettre la puce à l’oreille

Delvau, 1866 : v. a. Inquiéter quelqu’un par une fausse nouvelle. C’est l’alicui curam et angorem animi creare des Latins.

France, 1907 : Inquiéter quelqu’un par une nouvelle désagréable ; éveiller son attention.

Mettre la table pour les asticots

Delvau, 1866 : Mourir, — dans l’argot des voyous.

Mettre la tête à la fenêtre

Delvau, 1866 : v. a. Être guillotiné, — dans l’argot des voleurs.

Virmaître, 1894 : Condamné à mort qui passe la tête dans la lunette (Argot des voleurs).

Mettre le chien au cran du repos

Delvau, 1866 : Dormir, — dans l’argot des soldats.

Mettre le cœur sur carreau

Rossignol, 1901 : Vomir.

Mettre le foutre à la bouche de quelqu’un

Delvau, 1864 : L’exciter à la fouterie par des discours libertins, par des images obscènes, ou par des attouchements polissons.

Ingrat ! tu m’as mis le foutre à la bouche !
J’allais presque entrer dans le paradis !

(Parnasse satyrique.)

Mettre le moine

Delvau, 1866 : v. a. Passer un nœud coulant au pouce du pied d’un soldat pendant son sommeil, et tirer de temps en temps la corde par petites secousses : les contorsions douloureuses qu’il fait, sans se réveiller, sont très drôles, au dire des troupiers farceurs. Au XVIe siècle on disait Bailler le moine.

Mettre les bâtons

France, 1907 : Courir.

Mettre les bouchées doubles

Virmaître, 1894 : Se dépêcher de faire quelque chose. Synonyme de manger un morceau sur le pouce, à la hâte. Cette expression est employée pour tout ce qui est fait précipitamment (Argot du peuple).

Mettre les jambes en l’air

Rossignol, 1901 : Faire tomber quelqu’un en se battant, c’est lui mettre les jambes en l’air ; on dit aussi faire une partie de jambes en l’air, ce qui veut dire rouscailler.

Mettre les petits plats dans les grands

Delvau, 1866 : v. a. Se mettre en frais pour bien recevoir ses invités, — dans l’argot des bourgeois.

France, 1907 : Se mettre en frais pour bien recevoir.

À table, car il était bien près de midi quand j’avais mis le pied hors du lit, le repas fut plein d’entrain — nous avions pour convive un de nos amis qui allait partir le jour même en province, et l’on avait mis les petits plats dans les grands pour le bien traiter.

(Sutter-Laumann, Histoire d’un Trente sous)

Mettre les pieds dans le plat

Delvau, 1866 : Ne conserver aucun ménagement, ne prendre aucune précaution, ni garder aucune mesure en parlant ou en agissant. Argot du peuple.

France, 1907 : Parler ou agir sans retenue, sans ménagement.
M. John Lemoine, l’académicien, dans un parallèle entre Jonathan et John Bull, a écrit du premier : « Il est un peu casseur d’assiettes, il met les pieds dans de plat. »

Mettre les points sur les i

France, 1907 : Expliquer clairement, minutieusement une chose.

Il leur avait mis les points sur les i. C’était un bon coup, d’une exécution très facile. Il connaissait très bien les lieux. L’escalade pouvait se faire aisément par ici, le mur extérieur est peu élevé à cet endroit. Puis, on passe par là, contre les écuries, à pas de loup ; on fait le tour de la maison. L’entrée principale est là, par devant. Avec une pince-monseigneur et trois ou quatre rossignols, on est maître de la position.

(Yveling Rambaud, Haine à mort)

Mettre les pouces

France, 1907 : Céder, se soumettre, s’avouer vaincu.
Sous l’empire romain, dans les combats de gladiateurs, lorsque l’un des combattants était vaincu, il était d’usage que le peuple et les vestales présents dans le cirque demandassent sa grâce en levant le pouce ; si, au contraire, on voulait qu’il fût mis à mort, on baissait le pouce.
Domitien exigea que ce fût le gladiateur lui-même qui s’avouât vaincu et demandât la vie en élevant le pouce de la main droite. Celui qui ne faisait point le signe exigé était aussitôt achevé par le vainqueur.

Mettre les voiles

France, 1907 : Courir ; argot des gens de mer.

Mettre quelqu’un à toutes les sauces

Rigaud, 1881 : Employer quelqu’un à toute sorte de besogne.

Mettre sous bande

Rigaud, 1881 : Ensevelir, — dans l’argot des communautés religieuses.

Mettre sous le linge (se)

Delvau, 1864 : Se glisser entre deux draps pour y faire l’amour.

Je n’ai pas été plutôt arrivé qu’elle m’a sauvé au cou avec ardeur, et que ; s’apercevant que je bandais, et raide, elle s’est mise immédiatement sous le linge, ou nous avons joué des reins avec enthousiasme.

J. Le Vallois.

Mettre sous presse

Delvau, 1866 : v. a. Mettre en gage.

Mettre sur le dos

France, 1907 : Attribuer à quelqu’un une faute qu’il n’a pas commise. Se décharger sur autrui d’un méfait.

Je veux parler de l’épisode
Où la fille chaste, oh ! combien !
Cache un enfant dans sa commode !
C’est vécu… c’est tout à fait bien !
Et cette mère de famille
Qui, surprise par son époux,
Met tout sur le dos de sa fille,
Afin d’apaiser le jaloux !

(Jacques Rédelsperger)

Mettre sur le dos (se)

Delvau, 1864 : Se placer pour être baisée, afin da faire avec un homme la bête à deux dos.

Sur le dos nonchalamment
Tout recevez votre amant ;
Pas le moindre mouvement,
Autant, ma foi,
Sentir ta femme auprès de soi.

Béranger.

Mettre sur les dents

Delvau, 1866 : Épuiser, fatiguer, éreinter quelqu’un.

Mettre sur les fonds de baptême (se)

Virmaître, 1894 : Quand le nourrisseur de poupard a mal renseigné ses complices et qu’ils sont dans une position difficile, pour se sauver et n’être pas paumés marrons :
— Ils sont sur les fonds de baptême (Argot des voleurs).

Mettre sur les fonts du baptême (se)

Delvau, 1866 : Se mettre dans une position difficile, embarrassante, compromettante. Argot des voleurs.

Mettre tous ses œufs dans le même panier

Delvau, 1866 : Confier toute sa fortune à un seul banquier ; aventurer tout ce qu’on a dans une entreprise. Argot des bourgeois.

France, 1907 : Placer tous ses fonds dans une même affaire, tout son argent à la même banque. Faire dépendre d’une seule entreprise son sort. N’avoir qu’une corde à son arc.

Un vieux proverbe a dit que l’homme sage
Dans un panier ne met pas tous ses œufs.

(Lebrun)

Mettre une épingle à sa cravate

Virmaître, 1894 : S’enfiler un demi-setier (Argot du peuple). N.

France, 1907 : Boire un demi-setier ; argot populaire.

Mettre une épingle à son col

Rossignol, 1901 : Manger. Boire un verre de vin est aussi mettre une épingle à son col.

Mettre une femme à mal

Delvau, 1864 : La baiser, — ce dont elle se trouve ordinairement très bien.

Il avait mis à mal toutes les femmes qu’il avait entreprises.

Richelet.

Mettre une femme dans la circulation

Delvau, 1864 : La forcer — après l’avoir frappée à son effigie — à avoir tout le monde pour amant. Séduire une jeune fille, lui faire un enfant, et l’abandonner, c’est la jeter.

Mettre une gamelle (se)

Rigaud, 1881 : Se sauver de prison. Allusion à la vitesse avec laquelle détale un chien à la queue duquel on a attaché une casserole.

Mettre une homme en état

Delvau, 1864 : Le préparer, par un pelotage savant, à l’accomplissement de son devoir d’homme.

C’est dans ce moment-là, pour le mettre en état
Et pouvoir arriver à quelque résultat,
Qu’il faut de son métier connaître les roueries
Et n’être pas novice en polissonneries.

Louis Protat.

Mettre une pouce

Fustier, 1889 : Frapper, battre.

De quoi, de quoi, il va me fusiller mes indiennes (me voler mes vêtements). Vas-tu laisser ça ? ou je te mets une pouce.

(Humbert, Mon bagne)

Mettre une robe de soie pour voyager la nuit

France, 1907 : Faire le bien en cachette.


Argot classique, le livreTelegram

Dictionnaire d’argot classique