France, 1907 : Appeler les choses par leur nom.
J’appelle un chat un chat et Rollet un fripon.
a écrit Boileau. Et Victor Hugo, dans ses Chansons des rues et des bois :
Ô fils et frères, ô poètes,
Quand la chose est, dites le mot.
Les Romains disaient : Scapha dicenda est, scapha scapham appellat. « Quand on parle d’un pot de chambre, il faut dire un pot de chambre. » Et les Grecs avec Socrate : « L’on doit nommer les choses comme la nature veut qu’on les nomme. » Les Anglais, et avec eux nombre de pudibonds hypocrites, sont d’un avis tout opposé. Mais on sait que ceux qui affectent tant la pudeur des mots ne le font que pour dissimuler qu’ils ne l’ont pas de la chose. Rougir de tout est loin d’être une preuve d’innocence. La véritable innocence est naïve et ne cache pas d’arrière-pensée.
Tout le monde connait le vers de Boileau cité plus haut, mais ce qui est peu connu, c’est l’influence que ce vers satirique clouant au pilori un procureur fripon exerça sur sa descendance. Les Rollet furent des lors exposés à toutes sortes de sarcasmes et un petit-fils ou un petit-neveu du procureur, qui avait été mousquetaire et obtenu une compagnie, fut obligé, à cause des insultes continuelles et, par suite, des duels que ce nom lui valait, de demander au roi l’autorisation de le changer.