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Oreille

Oreille

d’Hautel, 1808 : Cela n’est pas tombé dans l’oreille d’un sourd. Pour dire qu’on a vivement relevé une parole piquante, qu’on y a riposté sur-le-champ.
Je suis sourd d’un oreille et n’entends pas de l’autre. Pour dire à quelqu’un que l’on ne consentira pas à ce qu’il demande, qu’on ne peut condescendre à ses désirs, que ses souhaits sont indiscrets.
Il n’entend pas de cette oreille-là. Se dit par ironie d’un homme avare, intéressé, qui a de la peine à payer ses dettes.
Les murs ont des oreilles. Voyez Muraille.
Cela lui entre par une oreille et lui sort par l’autre. Se dit d’un homme qui ne fait aucune attention à ce qu’on lui adresse ; qui méprise toutes les représentations qu’on lui fait.
Faire la sourde oreille. Faire semblant de ne pas entendre ce qu’on dit, n’y point avoir égard.
Corner aux oreilles de quelqu’un. Vouloir lui parler continuellement d’une affaire, vouloir le persuader, le forcer à vous entendre.
Frotter les oreilles à quelqu’un, ou lui donner sur les oreilles. Pour le corriger, le battre.
Les oreilles lui cornent. Se dit à quelqu’un qui croit entendre un bruit réel ; ou qui entend tout de travers.
Baisser l’oreille. Être humilié, mortifié ; être déchu d’une bonne condition.
Il a eu sur les oreilles. Se dit de quelqu’un qui a essuyé quelque perte ou quelque grande maladie.
Avoir la puce à l’oreille. Être inquiet, tourmenté, comme le sont les jaloux ; être occupé de quelque chose qui ôte le sommeil.
Secouer les oreilles. Signe négatif, pour faire entendre que l’on ne consent pas à ce qu’on exige de vous ; qu’on ne tient nul compte de quelque chose ; qu’on s’en moque.
Il sera bien heureux, s’il en rapporte ses oreilles. Pour dire qu’un homme qui s’est exposé à un grand péril, sera bien heureux s’il en revient sain et sauf.
Du vin d’une oreille. Pour dire excellent.
Du vin de deux oreilles. Pour dire détestable, parce qu’on secoue les deux oreilles en signe d’improbation.
Il lui a fait une oreille. Se dit par raillerie de quelqu’un que l’on soupçonne avoir coopéré à la naissance d’un enfant.
Être crotté jusqu’aux oreilles. Être fort mal dans ses affaires.
Gratter l’oreille à quelqu’un. Le cajoler, le flatter, pour en obtenir ce que l’on désire.
On dit aussi d’un homme inquiet et soucieux, qui n’a pas de mémoire, qu’il se gratte l’oreille.
Il est toujours pendu à ses oreilles.
Pour dire il le suit continuellement.
Se faire tirer l’oreille. Faire quelque chose de mauvaise grace ; se faire prier long-temps pour les moindres choses.
L’argent lui fait ouvrir les oreilles. Pour le rend attentif à quelque chose qu’il ne vouloit pas entendre ; le fait consentir à une proposition à laquelle il étoit sourd auparavant.
Lever l’oreille. Être orgueilleux de ses succès ; être fier de son bonheur.

France, 1907 : Nom de plusieurs champignons à chapeau adhérent par le côté, qui poussent soit sur le tronc, soit au pied des arbres dont il portent le nom, ou sur le bois en décomposition, au pied de quelque plante : oreille d’aloyard (de peuplier blanc), oreille de suie (de sureau), oreille d’ours, oreille de chardon, que les Provençaux et les Languedociens mangent à l’huile asaisonnée d’ail, de poivre et de sel : oreille de Judas.

Oreille (se faire tirer l’)

France, 1907 : Se faire prier ; consentir de mauvaise grâce à une démarche, à un acte, une obligation. Cette expression n’était autrefois nullement une métaphore, on tirait autrefois l’oreille des témoins pour leur rappeler la mémoire. Un article d’une loi romaine, dit Ch. Nisard, consacrait cette coutume bizarre. « Si tu veux, y est-il dit, qu’il se rende à ton appel, atteste-le ; s’il ne s’y rend pas, prends-le par l’oreille. » La loi ripuaire et une infinité d’autres chez les nations établies au-delà et en deçà du Rhin ont reçu des Romains cette même coutume, et l’ont maintenue en l’exagérant. Ainsi, on ne tirait pas seulement l’oreille aux démons, on leur tirait les cheveux et on leur donnait des claques par-dessus le marché.

Respecter de l’épousée
Les ineffables pudeurs,
Et te mettre à la croisée
Pour modérer les ardeurs ;
C’est une erreur sans pareille.
L’innocence, de nos jours,
Se fait peu tirer l’oreille
Quand il s’agit des amours.

(Gavroche)

Oreille à l’enfant (avoir fait une)

Rigaud, 1881 : Avoir fait, en collaboration, avec un ou plusieurs ce qu’il faut pour se croire le père d’un enfant.

France, 1907 : Se dit d’un homme qui a partagé avec un ou plusieurs autres les faveurs d’une femme devenue ensuite mère et qui, par conséquent, peut revendiquer une partie de la paternité de l’enfant.
Faire des enfants par l’oreille. Façon de procréer racontée aux enfants par les parents et à laquelle, au-dessus de six ans, les petites filles ne croient plus. On connait ce couplet des Raretés de Lamotte-Houdard :

Une fille de quinze ans,
D’Agnès la pareille,
Qui croit que les enfants
Se font par l’oreille…

Cette expression bizarre vient sans doute d’un vieux noël populaire où il est dit que la Vierge conçut par l’oreille, d’où cette épigramme :

Sitôt qu’eut parlé Gabriel,
La Vierge conçut l’Éternel
Par une divine merveille,
L’Archange ainsi le lui prédit.
Et de là peut-être a-t-on dit
Faire des enfants par l’oreille.

On lit dans un vieux chant d’église :

Gaude, Virgo, Mater Christi,
Quæ per aurem concepisti.

« Réjouis-toi, Vierge, mère du Christ, qui a conçu par l’oreille. »

Oreille fendue

Rossignol, 1901 : Un fonctionnaire ou magistrat que l’on met en demeure de faire valoir ses droits à la retraite, a l’oreille fendue.

Oreilles (dormir sur les deux)

France, 1907 : Dormir profondément et avec confiance, à l’inverse des animaux qui ont toujours une oreille tendue pendant leur sommeil pour y recevoir les bruits annonçant l’approche de quelque danger.
Quelques étymologistes, Ch. Ferrand entre autres, affirment que deux oreilles est une corruption de deux oreillers ; je le croirais volontiers, car je ne vois guère le moyen de dormir sur les deux oreilles à la fois.
D’un autre côté, M. L. Martel, dans son Recueil des Proverbes français, donne l’explication suivante :

Cette expression est une mauvaise traduction d’un proverbe latin correspondant : in utramvis aurem dormire, « dormir sur celle des deux oreilles que l’on veut », c’est-à-dire, dormir aussi bien couché sur le côte gauche que sur le côté droit, et les Romains appliquaient l’expression à un homme débarrassé de toute crainte, de tout souci. Le français n’ayant pas de mot pour rendre, sous une forme brève, l’adjectif qui signifie en latin : n’importe lequel des deux, l’a traduit par les deux, ce qui présente une impossibilité physique et un sens absurde.

Nous sommes du même avis.

Oreilles de chien

France, 1907 : Un des sobriquets donnés aux petits jeunes gens appartenant à la jeunesse, dite dorée, du Directoire.

Au commencement de l’an III, quand les patriotes furent écrases et qu’il n’y eut plus qu’à piétiner sur les vaincus, les crevés sortirent de leurs trous et promenèrent dans les sections leurs faces blêmies par la débauche et la peur, cette peur implacable du lâche et du corrompu ; ils se joignirent aux petits émigrés cachés chez les filles, aux élégants de contrebande travestis en aristocrates sous le sobriquet de jeunesse dorée… et toute cette canaille élégante régna sur Paris, au nom de la modération et du bâton plombé, assommant les patriotes quand ils étaient vingt contre un, et fouettant leurs femmes, aux applaudissements des nymphes… Dès cette époque, et bien avant déjà, la petite coterie s’était renforcée de l’élément plébéien dans une forte proportion ; car les petits du bourgeois ont toujours aimé jouer au gentilhomme. Cette coalition forma ce bataillon de singes qu’on a tour à tour nommés : muscadins, jeunes gens, jeunesse dorées, cadenettes, peignes retroussés, incroyables, merveilleux, oreilles de chien, et, sous le Directoire, pourris (ce mot-ci est bien aussi pittoresque que les nôtres).

(Louis Combes, Curiosités révolutionnaires)

Oreilles de chien (cheveux en)

France, 1907 : Cheveux qui tombent de chaque côté du visage, coiffure à la mode sous le Directoire. Ceux qui la portaient furent baptisés de ce nom.

Dans sa jeunesse, Napoléon était fort maigre, avait le teint olivâtre, la figure longue, les yeux couverts, portait les cheveux coupés en oreilles de chien, enfin tout l’ensemble de sa physionomie n’était rien moins qu’agréable.

(Anecdotes sur la cour et la famille de Napoléon Bonaparte, Londres, 1818)

Oreilles me tintent (les)

France, 1907 : On parle de moi. Il arrive que l’on entend parfois dans l’oreille un son extérieur, un petit bruit semblable à une cloche. La superstition populaire attribue ce bruit à des propos tenus sur votre compte par des personnes éloignées, superstition venue en droite ligne des Romains. Si c’est l’oreille droite qui tinte, les propres sont favorables ; ils sont le contraire si c’est la gauche. Une autre croyance populaire venue également des Romains est qu’un mouvement rapide et involontaire de l’œil droit annonce la vue prochaine d’une personne chère.


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