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Perdre

Perdre

d’Hautel, 1808 : Prends garde de le perdre. Locution ironique et adversative pour faire entendre à quelqu’un qu’une chose ne s’accomplira pas selon qu’il le prétend ; qu’il se flatte d’une vaine espérance.
C’est le jeu de coquinbert, où qui gagne perd. Facétie qui se dit quand on perd par complaisance et quand l’occasion le demande.
Il ne faut pas laisser perdre les bonnes coutumes. Se dit par raillerie de quelqu’inclination vicieuse ; de quelque défaut dont on ne peut se déshabituer.
Se dit aussi en parlant d’une fête, d’une partie de plaisir qui arrive annuellement.
Quelle heure est-il ? — Il est l’heure perdue, la bête la cherche. — Réponse triviale et facétieuse que l’on fait à celui qui demande quelle heure il est.
Courir comme un perdu ; crier comme un perdu. Courir à toutes jambes, crier de toutes ses forces.
C’est du bien perdu. Se dit en parlant d’un prodigue auquel on fait des libéralités, et généralement de tout ce qu’on donne aux personnes qui ne peuvent ou ne savent pas en profiter.
Pour un de perdu cent de retrouvés. Se dit pour faire entendre que la perte qu’on a faite est de peu de valeur, qu’on peut la réparer facilement.

Perdre (le)

Larchey, 1865 : Perdre son pucelage.

Je l’ai perdu, s’écriait la jeune Perrette. De mon hymen, c’était le gage.

Gustave, Ch., 1836.

Perdre de vue

Rossignol, 1901 : Perpétuité.

Perdre la boussole

France, 1907 : Perdre la tête, divaguer. C’est par la boussole qu’on dirige les navires : la boussole perdue, le vaisseau devient un corps sans âme ou plutôt sans cervelle.

Perdre la clé de son dressoir

France, 1907 : Se trouver dans l’incapacité de sacrifier à Vénus.

Car mon mari, chaque soir,
Perd la clé de son dressoir.

(Ancien Théâtre Français)

Perdre la tramontane

France, 1907 : Perdre la tête, être déconcerté, ne plus savoir que faire.
Ce proverbe est évidemment antérieur à l’invention de la boussole (1362), que nous tenons des Arabes. On appelait tramontane l’étoile du nord, seul guide des anciens mariniers, transmontana, de trans, au delà, et montes, les monts, parce qu’elle paraissait aux yeux des marins de la Méditerranée, au delà des cimes des Alpes. Lorsque le pilote perdait cette étoile de vue, il n’avait plus rien pour diriger sa course et se trouvait égaré dans l’immensité jusqu’à ce qu’il la vit de nouveau briller à l’horizon.
Dans le langage des marins de la Méditerranée, tramontane était aussi le vent du nord ; celui du sud était le mijour ; celui du nord-est, le grec, du sud-est le siroc, appelé encore aujourd’hui siroco ; celui du sud-ouest le lebêche, et du nord-ouest le mistral.

Pour deux gouttes de marasquin
Et quatre de vin de Catane,
L’abbé, qui perd la tramontane,
Se conduit comme un Algonquin.
Il pince sous le casaquin
Lisette en l’appelant : Sultane !

(Catulle Mendès)

Perdre le goût du pain

Delvau, 1866 : Mourir, — dans l’argot du peuple. Faire perdre à quelqu’un le goût du pain. Le tuer.

France, 1907 : Mourir.

Perdre le la

France, 1907 : Perdre la mesure.

Je me rappelle avoir vu houler, rouler, sous mes fenêtres, à Arles, la veille ou l’avant-veille du départ des troupes, une retraite aux flambeaux échevelée et clamante. Les officiers étaient rentrés, pour n’avoir pas à sévir, laissant aux soldats la bride sur le cou. Et l’instinct s’était déchaîné, accéléré, avivé par les libations. La musique avait perdu de la, la foule avait perdu le pas, les têtes avaient perdu le nord.

(Séverine, La Libre Parole)

Perdre le Nord

Delvau, 1866 : v. a. Se troubler ; s’égarer ; dire des sottises ou des folies, — dans l’argot du peuple, qui n’a pas inventé pour rien le mot boussole. Autrefois on disait Perdre la tramontane, ce qui était exactement la même chose, tramontane étant une corruption de transmontane (transmoutanus, ultramontain, au-delà des monts, d’où nous vient la lumière).

Rossignol, 1901 : Celui qui perd la mémoire ou qui est déséquilibré perd le Nord. On dit aussi d’un individu atteint d’une maladie contagieuse : il a perdu le Nord, il est au Midi.

Combien de gens ici-bas, sur la terre,
En voyageant ont visité le Midi ;
D’autres y sont nés, de leur pays sont fiers.
C’est là que trop souvent on m’a dit :
Il y a un autre Midi en France,
Que beaucoup de gens ne connaissent encore :
C’est l’hôpital où l’on voit la souffrance,
Qui est combattue par le docteur Ricord.

France, 1907 : Se tromper, s’égarer ; terme emprunté aux marins, comme perdre la boussole, la tramontane.

Tuant la raison et la rime,
Plein d’une sotte vanité,
Plus d’un auteur en vain s’escrime,
Croyant un jour être porté
Au sein de l’immortalité.
À chacun de ces faux poètes
Mon refrain s’adresse d’abord ;
Nous avons déjà trop de bêtes ;
Tu perds le nord !

(H. Parra, Le chansonnier philosophe)

Perdre sa clé

France, 1907 : Avoir la diarrhée.

Perdre sa clef

Fustier, 1889 : Avoir la colique.

Perdre ses bas

Delvau, 1866 : Ne plus savoir ce que l’on fait, par distraction naturelle ou par suite d’une préoccupation grave.

Virmaître, 1894 : Oublier.
— Tu perds donc tes bas, que tu manques au rendez-vous que tu m’as donné ?
— Prêtez-moi mille francs.
— Vous perdez donc vos bas, mon vieux ?
Ici le sens est ironique. On dit aussi :
— Tu fais dans tes bas.
Pour : Tu te moques de moi (Argot du peuple).

France, 1907 : Être distrait, ne plus savoir ce que l’on fait.

Perdre ses légumes

Rigaud, 1881 : Aller à la garde-robe, — dans le jargon des ouvriers.

France, 1907 : Faire sous soi. « Sa bouche d’égout est défoncée, il perd ses légumes. » Argot des voyous.

Perdre son bâton

Delvau, 1866 : Mourir, — dans l’argot des faubouriens, qui disent cela probablement par allusion au bâton, ressource unique des aveugles pour marcher droit.

France, 1907 : Être de mauvaise humeur ; argot des coulisses. D’après Alfred Delvau, cette expression daterait d’une pièce du Vaudeville, Le Sergent Mathieu, où débuta l’acteur Arnal. « Il s’était choisi, pour jouer son rôle, un bâton avec lequel il avait répété et auquel il paraissait tenir beaucoup. Malheureusement, le jour de la première représentation, au moment où il allait entrer en scène, impossible de retrouver le bâton magique ! Arnal est furieux et surtout troublé : il entre en scène, il joue, mais sans verve, — et l’on siffle ! »

Perdre son innocence

Delvau, 1864 : C’est-à-dire son pucelage, — bien après sa chasteté. — Baiser ou être baisée pour la première fois, au sortir du collège ou du couvent où l’on a fait ses études pour cela.

Enfin, ma pauvre âme aux abois
N’opposa que faible défense,
Et je perdis mon innocence
Dans l’épaisseur du bois.

A. Pécatier.

Perdre son latin

France, 1907 : Travailler inutilement à quelque chose, où n’y rien comprendre. « L’aventure me passe et j’y perds mon latin. » (Molière.) C’est-à-dire  : le latin que j’ai appris ne me sert de rien. « J’avais, dit le chevalier de Grammont, tellement le jeu dans la tête, que le précepteur et les régents perdaient leur latin en me le voulant apprendre. » « Être au bout de son latin », ne savoir plus que dire ni que faire.
L’expression perdre son latin est fort ancienne, car on la trouve dans un poème de la première moitié du XIVe siècle, époque où le latin était la langue courante des savants de tous les pays d’Europe :

En el mois de setembre, qu’été va à déclin,
Que cil oisillons gays ont perdu lore latin,
Vie de plaisir et mort de saint.
Le diable y perd son latin.

On dit aussi, mais plus rarement, perdre son allemand.

Ces êtres s’aimaient jadis,
Mais qui viendrait le leur dire
Ferait éclater de rire
Ces bouches du Paradis.
Bah ! le baiser, le serment,
Rien de tout cela n’existe :
Le myosotis tout triste
Y perdrait son allemand.

(Victor Hugo, Chansons des rues et des bois)

Perdre son temps et sa lessive (à dégraisser un vilain c’est)

France, 1907 : On a tort de se donner du mal pour essayer d’éduquer un sot ou un rustre ; non seulement on sème sur le sable, mais on ne récolte que désagréments.

Mais ma candeur est excessive ;
Je perds mon temps et ma lessive
Avec toi, Rommel. Dors en paix.
Je perds également des rimes
Excellentes, et pour des frimes :
Chante à l’âne, il te fait des pets.

(Raoul Ponchon)

Perdre un quart

Delvau, 1866 : v. a. Aller au convoi d’un camarade, — dans l’argot des tailleurs, qui, pendant qu’ils y sont, perdent bien toute la journée.


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