AccueilA B C D E F G H I J K L M N O ΠP Q R S T U V W X Y ZLiens

courriel

un mot au hasard

Dictionnaire d’argot classique
Argot classique
le livre


Facebook

Share

Russe-français
Russisch-Deutsch
Rusianeg-Brezhoneg
Russian-English
Ρώσικα-Ελληνικά
Russo-italiano
Ruso-español
Rus-român
Orosz-Magyar
Ruso-aragonés
Rusice-Latine
Французско-русский
Немецко-русский
Бретонско-русский
Französisch-Deutsch
Allemand-français
Блатной жаргон
Soldatensprachführer
Военные разговорники

Prendre

Prendre

d’Hautel, 1808 : Il y en a qui prennent tout, mais lui ne laisse rien. Jeu de mots populaire. Voyez Laisser.
Vouloir prendre la lune avec les dents. Tenter des choses impossibles.
Prendre quelqu’un par le bec. Le convaincre par ses propres paroles.
Prendre quelqu’un la main dans le sac. Pour dire en flagrant délit, sur le fait.
Je ne sais quel rat lui a pris. Pour dire quel caprice, quelle humeur, qu’elle fantaisie.
Prendre quelqu’un pour un homme de son pays. C’est-à-dire pour un sot, un stupide, un imbécile.
Prendre Saint-Pierre pour Saint-Paul. L’un pour l’autre.
Prendre le tison par où il brûle. Prendre une affaire au rebours.
Prendre quelqu’un sans filet. Pour dire au dépourvu.
Prendre quelqu’un en grippe. Se mal prévenir contre quelqu’un sans pouvoir en donner une juste raison.
Fille qui prend, se vend ; fille qui donne s’abandonne. Signifie qu’une demoiselle doit se tenir sur ses gardes, ne faire aucun présent à un homme, et encore moins en recevoir.
Prenons que cela soit. Pour, supposons.
Prendre de la racine de patience. Faire de grands efforts pour ne pas s’impatienter ; montrer de la retenue dans une conjoncture désagréable.

Fustier, 1889 : Terme de turf. Parier. Prendre un cheval à 6 contre 1 en admettant que le pari soit de 10 louis, signifie : si le cheval perd, je vous donnerai 10 louis, s’il gagne vous me donnerez 60 louis.

Hayard, 1907 : Être frappé, prendre pour son rhume, prendre la pipe, la purge, la piquette, etc.

Prendre à carreau froid

France, 1907 : Faire un travail qu’un autre ne pourrait faire ; argot des tailleurs.

Prendre à la blague

France, 1907 : Ne pas prendre au sérieux, se moquer.

Prendre à la rigolade

France, 1907 : Ne pas prendre au sérieux.

Prendre au souffleur

Delvau, 1866 : Jouer son rôle le sachant mal, en s’aidant du souffleur. Argot des coulisses. On dit aussi : Prendre du souffleur.

France, 1907 : Ne pas savoir son rôle et jouer en s’aidant beaucoup trop du souffleur ; argot théâtral.

Prendre de bec (se)

Delvau, 1866 : v. pron. Se dire des injures, — dans l’argot des bourgeois.

Prendre des gants

Rigaud, 1881 : User de ménagements pour faire une observation ; se prend ironiquement. — Ne faut-il pas prendre des gants pour lui parler ?

Prendre des mitaines

Delvau, 1866 : v. a. Prendre des précautions pour dire ou faire une chose, — dans l’argot du peuple, qui emploie cette expression avec ironie. On dit aussi : Prendre des gants.

Prendre des mitaines, des gants

France, 1907 : Prendre des précautions pour dire ou faire un chose ; expression populaire.

Prendre des précautions

Delvau, 1864 : Se retirer précipitamment de la femme que l’on baise, au moment où l’on va décharger, afin de ne pas lui faire d’enfants.

Vivez donc de privations !
Prenez donc des précautions !

Béranger.

Prendre des ris à l’irlandaise

France, 1907 : Déchirer la voile à coups de couteau quand le vent est trop violent pour qu’on puisse la ployer. Terme de marine.

Prendre des temps de Paris

Larchey, 1865 : Signifie, au théâtre, préparer ce que l’on a à dire par une pantomime pour augmenter l’effet. Le mot a été inventé par des comédiens de province (Couailhac).

Delvau, 1866 : Augmenter l’effet d’un mot par une pantomime préalable, — dans l’argot des comédiens de la banlieue et de la province.

Rigaud, 1881 : « Préparer ce que l’on a à dire par une pantomime vive et animée, pour en augmenter l’effet. C’est encore sauver son manque de mémoire par une pantomime. C’est Monvel qui, le premier, pour venir en aide à sa mémoire et attendre le souffleur, avait une délicieuse pantomime de petit-maître. Il secouait son jabot, arrangeait ses manchettes, etc. » (V. Couailhac, La Vie de théâtre.)

Prendre des vessies pour des lanternes

France, 1907 : Se tromper grossièrement ; croire des choses absurdes. « M. le curé essaye de nous faire prendre des vessies pour des lanternes. » Cette expression est fort ancienne. Rabelais l’employait : « Croyait que nues feussent poelles d’aerain, et que vessies feussent lanternes », dit-il en parlant du jeune Gargantua. On la trouve aussi dans la Farce de maistre Pierre Pathelin par Pierre Blanchut (XVe siècle) :

Me voulez vous faire entendant
De vecies qui ce sont lanternes.

Prendre du crottin

France, 1907 : Parier pour des chevaux qui ont en apparence le moins de chance ; argot des courses.

Prendre du fruit

Delvau, 1864 : Croquer la pomme, c’est-à-dire : se laisser baiser, devenir enceinte pour accoucher, — petit-être d’un melon.

Avec Lycas, l’autre jour,
La jeune innocente
A cueilli des fleurs d’amour ;
Mais trop imprudente,
Elle tremble d’avoir pris
Parmi les fleurs quelques fruits.

(Goguette du bon vieux temps.)

Prendre du souffleur

Rigaud, 1881 : Tout attendre du souffleur. Réciter son rôle avec l’aide incessante du souffleur, quand on l’a oublié ou qu’on n’a pas eu le temps de l’apprendre, — dans le jargon du théâtre. C’est-à-dire prendre les mots de la bouche du souffleur.

Prendre en filature

France, 1907 : Suivre, guetter, filer un malfaiteur ; argot des agents.

Prendre Jacques Déloge pour son procureur

France, 1907 : S’enfuir ; jeu de mot sur déloger. La fuite pour une personne menacée par la justice est encore le défenseur le plus sûr. « Cette expression, dit Francisque Michel, qui est encore usitée avec ces autres : prendre de la poudre d’escampette, lever le paturon, dire adieu tout bas, avait déjà cours au XIIesiècle.

Prendre la balle au bond

France, 1907 : Saisir l’occasion favorable comme un joueur qui saisit la balle lancée.

Prendre la barbe

France, 1907 : « La Saint-Jean d’hiver, la Saint-Jean d’été, la Saint-Jean Porte-Latine, le moment qui commence les veillées, celui qui les voit finir, sont autant d’époques où il est indispensable de prendre la barbe, c’est-à-dire de s’enivrer…

(Jules Ladimir, Le Compositeur typographe)

Prendre la chèvre

France, 1907 : Se mettre de mauvaise humeur, être en colère ; argot des typographes, qui disent aussi et surtout gober sa chèvre, gober son bœuf. Prendre sa chèvre est une vieille expression qu’on trouve dans le Cocu imaginaire de Molière.

D’un mari sur ce point j’approuve le souci,
Mais c’est prendre la chèvre un peu bien vite aussi,
Et tout ce que de vous je viens d’ouïr contre elle,
Ne conclut point, parent, qu’elle soit criminelle.

Prendre la mère au nid

France, 1907 : Marcher doucement sur la pointe des pieds pour surprendre quelqu’un. Ce dicton vient des braconniers ou des oiseleurs qui marchent sans bruit pour surprendre dans son nid la femelle sur ses œufs.

Prendre la mouche

France, 1907 : Se fâcher ; expression populaire. Prendre a ici le sens de recevoir : recevoir une piqûre de mouche ; en être importuné, irrité, ce qui au fond est s’irriter pour peu de chose, pour un motif futile.

Prendre la pipe

Rossignol, 1901 : Recevoir des reproches ou des coups.

Prendre la poudre d’escampette

France, 1907 : Se sauver, senfuir, du vieux verbe escamper, prendre les champs, qui vient lui-même de l’italien scampare, même signification ; on dit aussi : prendre la clef des champs.

Prendre la secousse

France, 1907 : Mourir.

Prendre la tangente

Larchey, 1865 : S’échapper. V. Absorption, Colle.

Delvau, 1866 : S’échapper de l’École, — dans l’argot des Polytechniciens.

France, 1907 : S’esquiver ; argot des polytechniciens.

Prendre la vache et le veau

Rigaud, 1881 : Épouser une fille-mère et reconnaître l’enfant.

France, 1907 : Épouser une fille-mère.

Prendre la vache par les … (ce que porte le taureau entier)

Virmaître, 1894 : Prendre les choses au rebours, commencer quelque chose par la fin (Argot du peuple).

Prendre le chemin de décampe

France, 1907 : Se sauver précipitamment ; expression populaire.

Prendre le collier de misère

Delvau, 1866 : v. a. Se mettre au travail, — dans l’argot du peuple, qui prend et reprend ce collier-là depuis longtemps. Quitter le collier de misère. Avoir fini sa journée et sa besogne et s’en retourner chez soi.

Virmaître, 1894 : Aller travailler. L’établi est bien un collier de misère, c’est même un collier de force, car l’ouvrier ne peut le lâcher, il subit ce carcan jusqu’à la tombe. Ce qui fait dire quand l’un d’eux meurt :
— Il a quitté le collier de misère (Argot du peuple).

Prendre le crachoir

France, 1907 : Prendre la parole.

— Monsieur Spencer, dis-je, si vous avez fini votre sermon, permettez-moi de prendre un moment le crachoir.

(Hector France, Chez les Indiens)

Prendre le cul d’une femme

Delvau, 1864 : Lui pincer les fesses ; lui introduire le doigt entre les fesses ; et par-dessous ses vêtements, soit dans le con, soit dans le cul.

Femme rit quand on lui propose
De lui prendre un instant le cul.

(Chanson anonyme moderne.)

Prendre le déduit

Delvau, 1864 : Faire l’acte vénérien.

Elle se jeta à son col, et le mena dans sa chambre où il prit le déduit avec elle.

D’Ouville.

M’a dit que vous veniez sitôt qu’il fera nuit
Coucher avecques elle, et prendre le déduit.

Trotterel.

Il estimait que rire et prendre le déduit avec sa femme en temps sec lui était contraire.

B. Desperriers.

Prendre le Pirée pour un homme

France, 1907 : Être d’une ignorance crasse. Allusion à la fable du Singe et du Dauphin.

Il n’a faut que des études sommaires ; il a appris le grec dans les tripots et perdu, dans les boudoirs, le peu de latin que l’alma parens lui a appris ; il se croit athénien parce qu’il a des goûts d’artiste : ses familiers le disent de Béotie ; sans hésiter il prendrait le Pirée pour un homme ; il ne parle pas, il n’écrit pas, mais il est né avec le sens et le flair du journalisme. Je ne sais s’il aime les truffes, mais il a le nez pour les découvrir. Ce nez-là ! million ! million ! Villemessant était de cette race et il a laissé des héritiers.

(Albert Dubrujeaud)

Prendre le premier conseil d’une femme et non le second

France, 1907 : Ce dicton est commun à presque toutes les nations. « Take your wife’s first advice, and not her second », disent les Anglais, qui ont traduit presque littéralement le nôtre, en précisant le sens général de femme en celui d’épouse. Les femmes, en effet, comme l’affirme l’adage italien, ont la sagesse prime-sautière et la réflexion folle. Avec moins de logique dans les idées que l’homme, elles le surpassent dans la vivacité de l’intuition, ayant, comme le disait Montaigne, l’esprit prime-sautier. Suivant le proverbe espagnol, « l’avis d’une femme est peu de chose, mais est fou celui qui ne le sui pas ». Les Allemands, moins galants, ont émis cet axiome : « Le blé semé en été et le conseil d’une femme tournent bien… une fois en sept ans. »

Prendre le train d’onze heures

Rigaud, 1881 : Farce de troupiers. Cette farce consiste à administrer à la victime une promenade nocturne dans son lit, lequel est traîné par de facétieux voisins au moyen de cordes à fourrages. Cette brimade a encore reçu le nom de « rouler en chemin de fer ». Le soldat qui a fait suisse est sûr qu’il prendra le train d’onze heures ; mais il n’y a qu’un bleu, un conscrit, qui, ignorant les usages du régiment, puisse commettre un si grand délit.

Prendre provende

France, 1907 : Vieille expression pour exprimer l’œuvre d’amour. On disait aussi prendre charnelle liesse, prendre pâture, prendre ses ébats.

Blaise le magister, le marguillier Lucas
M’ont juré sur leur conscience,
Que quand tu voulais prendre avec eux les ébats,
Tu les faisais payer d’avance.

Prendre quelque chose à la blague

Fustier, 1889 : S’en moquer ; la tourner en ridicule.

C’est dans le pauvre peuple qu’on l’a prise (une pièce de théâtre) tout d’abord à la blague.

(F. Sarcey.)

Prendre ses draps

Fustier, 1889 : Prendre le chemin de la salle de police. Argot des élèves de l’École Saint-Cyr.

Le bazof court le long des lits secouant de la phrase sacramentelle : Prenez vos draps, les malheureux qui n’ont pas eu le temps de rapporter leurs matelas.

(Maizeroy : Souvenirs d’un Saint-Cyrien.)

France, 1907 : Aller à la salle de polices argot des saint-cyriens. L’élève puni emporte à la salle de police les draps de son lit.

Prendre ses ébats

Delvau, 1864 : Faire l’acte vénérien.

Cette putain ne manque pas,
Car la nuit prenant ses ébats
Avecque lui dedans sa couche.

Théophile.

Quand, dans nos amoureux combats,
Nous aurons pris nos ébats,
Nous dormirons au bruit des eaux.

(La Comédie des chansons.)

Ayant assez de loisir pour prendre leurs ébats ensemble à une autre heure.

Ch. Sorel.

C’est de cette façon que Blaise et Péronnelle
Prirent ensemble leurs ébats.

La Fontaine.

Blaise le magister, le marguillier Lucas
M’ont juré sur leur conscience,
Que quand tu voulais prendre avec eux tes ébats,
Tu les payais toujours d’avance.

F. Bertrand.

Prendre ses invalides

Delvau, 1866 : v. n. Se retirer du commerce, — dans l’argot des bourgeois.

Prendre ses jambes à son cou

Delvau, 1866 : Courir.

Prendre ses jambes à son coup

France, 1907 : S’enfuir.

Manière de courir pas commode du tout,

dit une vieille chanson.

— Vous faites, en me quittant, comme les poltrons qui prennent leurs jambes à leur cou et se sauvent sans se retourner.

(Félicien Champsaur, Le Mandarin)

Les Anglais disent : aller cou et talons ensemble.

Prendre son café

Larchey, 1865 : Rire, se moquer.

Ah ! fusilier, vous voulez prendre votre café

Bertall.

Prendre son café aux dépens de quelqu’un

Delvau, 1866 : Se moquer de lui par parole ou par action.

Prendre son plaisir

Delvau, 1864 : Faire l’acte vénérien.

Qui, pour la voir et fraîche et belle,
A pris son plaisir avec elle
Trois ans entiers.

J. Grévin.

Lui, se voyant libre, ne manqua point à prendre son plaisir.

D’Ouville.

Mais pourtant, petit cœur, quand vous m’eussiez laissé prendre un peu mon plaisir.

Trotterel.

Elle était dans les bras de Chastel avec qui elle avait pris son plaisir au son du luth.

Ch. Sorel.

Prendre un bain de fagots

France, 1907 : Être brûlé vif.

Prendre un billet de parterre

Delvau, 1866 : v. a. Tomber sur le dos, — dans l’argot facétieux du peuple.

France, 1907 : Tomber ; jeu de mot.

Prendre un homme au saute-dessus

Delvau, 1864 : Arrêter un pédéraste, quand on est pédéraste soi-même, et de plus chanteur (V. ce mot), au moment où il se déboutonne et s’apprête à socratiser, ou à alcibiadiser, selon qu’il est actif ou passif.

Après avoir provoqué à la débauche celui qui a eu le malheur de les aborder, ils changent tout à coup de ton, le prennent, comme ils disent, au saute-dessus, et se donnant pour des agents de l’autorité, le menacent d’une arrestation…

A. Tardieu.

Prendre un pinçon

Delvau, 1866 : v. a. Se laisser pincer le doigt entre deux pierres ou deux battants.

Prendre un plat

Virmaître, 1894 : V. Rouscailler.

Rossignol, 1901 : Lorsqu’il fait chaud on prend un plat de chaleur, ou il en fait un plat. Prendre un plat veut aussi dire rouscailler.

Prendre un rat par la queue

Rigaud, 1881 : Couper une bourse, — dans l’ancien argot.

France, 1907 : Voler une bourse.

Prendre une culotte

Rossignol, 1901 : Se saouler.

France, 1907 : S’enivrer.

Un poivreau que le culte de Bacchus a plongé dans la plus grande débine, se fit renvoyer de son atelier. Par pitié, ses camarades font entre eux une collecte… Notre poivreau revient une heure après complétement ivre.
— Vous n’êtes pas honteux de vous mettre dans un état pareil avec l’argent qu’on vous avait donné pour vous acheter un vêtement !
— Eh bien ! répondit l’incorrigible ivrogne, j’ai pris une culotte.

(Eugène Boutmy)

France, 1907 : Perdre au jeu.

Quelle folle gavotte !
Quand tu prendras, marmot,
Ta première culotte…
Mais pas dans un tripot.

(Alfred Marquiset, Rasure et Ramandous)


Argot classique, le livreTelegram

Dictionnaire d’argot classique