AccueilA B C D E F G H I J K L M N O ΠP Q R S T U V W X Y ZLiens

courriel

un mot au hasard

Dictionnaire d’argot classique
Argot classique
le livre


Facebook

Share

Russe-français
Russisch-Deutsch
Rusianeg-Brezhoneg
Russian-English
Ρώσικα-Ελληνικά
Russo-italiano
Ruso-español
Rus-român
Orosz-Magyar
Ruso-aragonés
Rusice-Latine
Французско-русский
Немецко-русский
Бретонско-русский
Französisch-Deutsch
Allemand-français
Блатной жаргон
Soldatensprachführer
Военные разговорники

Que

Que

d’Hautel, 1808 : Si j’étois que de vous. Pour, si j’étois à votre place.
Être toujours sur le que si, que non. N’être jamais du même avis que les autres ; être perpétuellement en contradiction.

Que c’est comme un bouquet de fleurs

France, 1907 : Celle expression, assez nouvelle, est employée ironiquement.

Monsieur Jésus aime des vierges,
Dans l’étoilement d’or des cierges,
Il en épouse tant et tant
Qu’il en devient mahométan !
Carmélites, Visitandines,
Augustines, Bénédictines,
Il en prend de toutes couleurs,
Ce joli roi des polygames,
De tous habits, de toutes gammes,
Que c’est comme un bouquet de fleurs !

(Gringoire)

Que les femmes fassent les femmes et non les capitaines

France, 1907 : Que des femmes restent dans le rôle assigné par la nature qui est de faire des enfants, de veiller aux soins du ménage, de diriger la maison et non les armées. De tous temps, certaines femmes ont voulu sortir de leur rôle et de tous temps elles ont excité les railleries des hommes ; aussi les dictons à ce sujet sont nombreux. En voici quelques-uns :

Femme qui parle comme homme et geline qui chante comme coq ne sont bonnes à tenir.
    La femme qui parle latin
    Ne vient pas à bonne fin.
Fol est qui se marie à femme sçavante.

Que t’ès

Boutmy, 1883 : Riposte saugrenue que les compositeurs se renvoient à tour de rôle, quand l’un d’eux, en lisant ou en discourant, se sert d’un qualificatif prêtant au ridicule. Donnons un exemple pour nous faire mieux comprendre. Supposons que quelqu’un dans l’atelier lise cette phrase : « Sur la plage nous rencontrâmes un sauvage… » un plaisant interrompt et s’écrie : Que t’ès ! (sauvage que tu es !). C’est une scie assez peu spirituelle, qui se répète encore dans les galeries de composition plusieurs fois par jour.

Qué vingo !

France, 1907 : Qu’il vienne ! Expression de défi du peuple de Marseille. On dit plus communément : Digués-li què vingo, dis-lui qu’il vienne, en accompagnant les mots d’un geste du pouce aussi indécent qu’expressif.

Quelconquerie

France, 1907 : Banalité, chose quelconque, événement ordinaire, œuvre médiocre. « Ce publiciste n’écrit que des quelconqueries. »

L’actualité a des caprices… Paresseuse, elle fait son choix parmi les événements, refusant sa réclame à tous ceux, sans souci de leur intérêt, qui comportent des enquêtes sérieuses et des informations précises. Par contre, des quelconqueries, voire des hypothèses, dont il est loisible de parler sans compétence, lui doivent une bonne presse.

(Joseph Caraguel)

Quelpoique

Delvau, 1866 : adv. Rien, — dans l’argot des voleurs.

Virmaître, 1894 : Rien (Argot des voleurs).

France, 1907 : Rien ; corruption de quel pouic.

Quelqu’un

Delvau, 1866 : s. m. Personnage, homme d’importance ou se donnant de l’importance. Se croire un quelqu’un. S’imaginer qu’on a de la valeur, de importance. Faire son quelqu’un. Prendre des airs suffisants. Faire ses embarras.

Quelqu’un (faire son)

Larchey, 1865 : Trancher du personnage.

Si madame fait un peu sa quelqu’une.

(Balzac)

France, 1907 : Faire ses embarras.

— Si Madame fait un peu sa quelqu’une.

(Balzac)

On dit aussi faire son quem.

Quelqu’un avec la croix et la bannière (chercher)

France, 1907 : Expression employée à l’égard de ceux qui se font attendre. « Je vais aller vous chercher avec da croix et la bannière. » C’est une allusion à l’habitude qui existait jadis en certaines maisons religieuses d’aller en procession, croix, bannières et surtout le bénitier en tête, réveiller le dormeur qui manquait aux matines, afin de lui faire honte. On comprend le rôle que jouait le bénitier. Une bonne aspersion arrachait brusquement le paresseux à son sommeil. Cet usage existait encore à Bayeux en 1640, mais l’aspersion d’eau fraîche ne s’est pas arrêtée au XVIIe siècle, ni ne s’est confinée aux couvents.

Quelqu’un, quelque chose

d’Hautel, 1808 : Il fait bien son quelqu’un, ou son quelque chose. Se dit d’un parvenu, d’un présomptueux, qui s’en fait trop accroire, qui est dur avec les subalternes dont naguères il étoit l’égal.

Quelque chose de chaud

Delvau, 1864 : Sec, un vit ou un con ; liquide, le foutre qu’ils font en collaboration.

Lis’ que veux-tu qu’on t’apporte,
Des huîtr’s ou d’la têt’ de veau ?
— Non, non, ferme-nous la porte,
J’aime mieux quelque chos’ de chaud.

Ch. Colmance.

Quelque chose de court

Delvau, 1864 : Une courte, même quand elle est longue.

Tout le mond’ connaît bien l’aventure
Qui m’a fait rire si souvent :
Un certain paillard par nature,
D’une nonne prît l’habillement
Et s’en alla droit au couvent
Que d’victimes il aurait faites,
Si la mère abbess’ le même jour,
N’avait pas, grace à ses lunettes,
Vu qu’il portait quequ’chos’ de court.

Bapt. Lamome.

Quelque part

Larchey, 1865 : Derrière.

Je vais aller lui mettre un grain de sel quelque part.

P. de Kock.

Avoir quelque part : Être ennuyé au suprême degré. Synonyme d’en avoir plein le dos. Seulement cela se prolonge un peu plus bas.

Pour ce qui est de la rousse et du guet
Je les ai queuqu’part.

Cabassol.

Delvau, 1866 : Adverbe de lieux, — dans l’argot des bourgeois.

Delvau, 1866 : adv. L’endroit du corps destiné à recevoir des coups de pied, — dans l’argot du peuple. Avoir quelqu’un quelque part. En être importuné, — en avoir plein le dos.

France, 1907 : Le derrière. Les lieux d’aisances. Argot des bourgeois qui n’osent prononcer le mot propre.

Quelque part (aller)

Rigaud, 1881 : Aller sacrifier à Richer, — dans le jargon des petites filles.

Quem

Raban et Saint-Hilaire, 1829 : Fatuité, prétention. Faire son quem, se donner un genre, faire de l’embarras.

Quémander

Delvau, 1866 : v. a. et n. Mendier, au propre et au figuré. — dans l’argot du peuple, qui pourtant n’a pas lu les Aventures du baron de Fœneste.

Quémanderie

France, 1907 : Mendicité. « Il est possible, dit le comte Jaubert, que plus d’une localité appelée commanderie ne tienne pas ce nom de l’ordre de Malte, mais de quémanderie, par corruption dans la prononciation. »
Vu la pullulation des mendiants dans certaines campagnes, cette hypothèse n’a rien d’improbable.

Quémandeur

Delvau, 1866 : s. m. Mendiant.

Quémandeux

France, 1907 : Quémandeur, pique-assiette, mendiant.
M. Paulian s’est livré à une statistique sur les quémandeux qui harcellent les gens pour demander un emploi, se déclarant prêts à accepter n’importe quelle besogne. Sur 727 mis au pied du mur, 18 s’exécutèrent. Le meilleur moyen de se débarrasser d’un quémandeux, c’est de lui proposer du travail. On ne le revoit plus.

Queniente

Halbert, 1849 : Pas ou point.

France, 1907 : Que nenni ; argot des voleurs ; formé de que et de niente, en italien : néant, rien.

Quenolle

France, 1907 : Nom ancien du navet.

Quenotier

Rigaud, 1881 : Dentiste, — dans l’ancien argot. Aujourd’hui les voyous le nomment : Estourbisseur de clous de girofle, de chicots.

Quenotte

d’Hautel, 1808 : Nom qu’on donne aux dents des petits enfans ; on ajoute encore quelquefois et à tort à ce diminutif l’adjectif petit, et l’on dit des petites quenottes.

Larchey, 1865 : Petite dent. V. d’Hautel 1808. V. Domino.

Ouvre la gargoine. Prends le bout de ce foulard dans tes quenottes.

E. Sue.

La Rue, 1894 : Dent. Quenottier, dentiste.

France, 1907 : Dent d’enfant et, par extension, dent en général.

Ne connaître jamais la circonstance heureuse
De la dèche battue avec une amoureuse
Qui montre, en éclatant d’un beau rire argentin,
Sous sa robe de laine une peau de satin,
Qui ne vous compte pas les baisers et grignote
Du pain dur, sans que ça lui casse une quenotte…

(André Gill)

Quenottes

Delvau, 1866 : s. f. pl. Dents, — dans l’argot des enfants. Ils les appellent aussi Louloutes.

Virmaître, 1894 : Les dents.
— Fais voir, mon petit ami, tes jolies quenottes (Argot du peuple).

Rossignol, 1901 : Dents.

Quenottier

Delvau, 1866 : s. m. Dentiste, — dans l’argot des faubouriens.

France, 1907 : Dentiste.

Quenouille

Delvau, 1864 : Le membre viril.

Lise y procède, et toute à la quenouille
Avec laquelle Eve nous a filés.

Grécourt.

Avec une autre quenouille,
Non, vous ne filerez pas.

Béranger.

Quéquette

Delvau, 1864 : Priape d’enfant, dans le jargon des bonnes et de mesdames les nourrices. Se dit aussi d’un priape peu viril.

Partout on lui fait bon accueil,
Elle a fait plus d’une conquête…
Cependant elle n’a qu’un œil,
Mademoiselle Quéquette.

Stan. Tostain.

France, 1907 : Nom que les enfants donnent à leur verge. Voir Quiquette.

Querelle d’Allemand

France, 1907 : Voir Chercher.

Querelle d’amants

France, 1907 : Querelle de peu de durée, brouille qui sera bientôt suivie de réconciliation. On dit généralement : Querelle d’amants, renouvellement d’amour.

Les querelles des amants sont comme les orages d’été qui ne font que rendre la campagne plus belle et plus verte.

(Pierre Darblay, Physiologie de l’amour)

Une querelle. Pourquoi ?
Mon Dieu ! Parce qu’on s’adore.
À peine s’est-on dit toi,
Que vous se hâte d’éclore.

(V. Hugo, Chansons des rues et des bois)

Querelle de chapitre

France, 1907 : Discorde, désunion. Le chapitre est l’assemblée que les religieux et les chanoines tiennent pour délibérer de leurs affaires, et les querelles y éclatent pour les plus insignifiantes vétilles, surtout quand il est questions d’argent. Les discussions, dit Le Roux du Lincy, étaient souvent très vives et dom Félibien rapporte, dans son Histoire de Paris, que les chanoines de Notre-Dame se battaient à coups de poings contre ceux de la Sainte-Chapelle.

Querelle de frères, querelle de diables

France, 1907 : Les frères, dans leurs querelles, mettent plus d’animosité et d’acrimonie que tous autres. Le vieux dicton se trouve dans Rabelais : ire de frères, ire de diables.

Quérimonie

France, 1907 : Plainte. Vieux français.

Folle est la quérimonie qui est contre le temps.

(Boville)

Queriquette

France, 1907 : Petite chose ; petit fragment.

Question

d’Hautel, 1808 : Ce n’est pas là la question. Pour, ce n’est pas ce qui pourroit empêcher cette affaire ; cela n’y feroit rien, etc.
Il ne faut pas le mettre à la question pour savoir ses secrets. Se dit par raillerie d’un homme qui se confie avec trop de facilité, d’un babillard, d’un indiscret.

Quête des œufs

France, 1907 : On appelait ainsi, dans le Midi, la coutume qu’avaient les enfants des villages d’aller de maison en maison, à l’approche de Pâques, quêter des œufs pour l’instituteur. Cette coutume est tombée en désuétude depuis l’amélioration du sort des instituteurs.

Quêter

d’Hautel, 1808 : Je vous conseille de vous faire quêter. Se dit d’un homme qui fait le pauvre, quoiqu’il soit riche.

Quetés

France, 1907 : Abréviation de que tu es ; façon des typographes de terminer la phrase d’un camarade qui débine un autre camarade. « J’ai rencontré, commence l’un, cet idiot… — Quetés ! ajoute immédiatement l’autre. »

Quette

France, 1907 : Abréviation de casquette ; argot du Borda.

Quette ! Quette ! tel est le cri impératif qui accueille celui d’entre les nouveaux élèves se présentant devant ses anciens la tête couverte de sa casquette. Petite brimade bien innocente, ayant pour objet de faire comprendre aux fistots la dose de respect que les anciens exigent d’eux.

(Histoire de l’École navale, par un ancien officier)

Queue

d’Hautel, 1808 : Faire la queue. Duper, fripponner sur un marché ; signifie aussi railler, persiffler quelqu’un, l’entraîner à de fausses démarches.
Il n’est pas cause si les grenouilles manquent de queue. Se dit d’un homme dénue de finesse, et dont la bonhomie approche de la bêtise.
Il est adroit de ses mains comme un cochon de sa queue. Se dit par raillerie d’un homme qui est d’une gaucherie, d’une maladresse extrêmes dans tout ce qu’il fait.
Faire des queues aux zéros. C’est-à-dire friponner dans un compte, donner une grande valeur aux chiffres qui n’en ont qu’une médiocre.
Aller à la queue loup loup. Se dit en parlant des enfans qui vont pour s’amuser à la file l’un de l’autre.
Cela viendra, la queue de notre moineau est bien venu. Dicton très-usité, et qui a pour but d’encourager une personne dans une entreprise qui offre de grandes difficultés.
Tirer le diable par la queue. Vivre misérablement, avoir bien de la peine à gagner son existence.
S’en retourner la queue entre les jambes. C’est-à-dire, être honteux, confus de n’avoir pas réussi dans une affaire.
Quand on parle du loup, on en voit la queue. Se dit de quelqu’un qui arrive dans le moment où l’on parle de lui.
À la queue gît le venin. Se dit lorsqu’on redoute la fin d’une affaire, quoiqu’elle se soit montrée sous des auspices favorables.
Il n’y a rien de plus difficile que la queue. C’est-à-dire qu’en toute chose, la fin semble le plus difficile.
On l’a pris par la tête et par la queue. Pour dire on l’a examiné de tous les côtés.
Commencer le roman par la queue. Ne pas suivre l’ordre naturel dans un récit.
Vous n’en verrez ni queue ni oreille. Se dit des choses qui sont absolument perdues.
Se fouetter avec une queue de renard. Vivre délicatement, et feindre de se mortifier.
Il a la queue roide. Locution usitée parmi les marchandes de macreaux ; pour dire, que leur poisson est frais.
Il n’en est pas resté la queue d’un ou d’une. Pour exprimer qu’il n’est rien resté, d’une chose quelconque.
On dit aussi en refusant quelque chose à quelqu’un. Tu n’en auras pas seulement la queue d’une.

Delvau, 1864 : Un des noms du membre viril, fréquemment employé — sans qu’il soit besoin d’expliquer pourquoi, tant le mot est imagé.

Mademoiselle, ma queue est assez levée pour votre service.

D’Ouville.

Je suis comme les poireaux, j’ai la tête blanche et la queue verte.

Tallemant des Réaux

Messire Jean, je n’y veux point de queue !
Vous l’attachez trop bas, messire Jean.

La Fontaine.

L’académicien dit : mon vit. Le médecin : Ma verge. Le curé : mon membre. Une putain : La queue…

L. Protat.

Je viens revoir l’asile où, dans les jours mauvais,
J’exerçais librement les fiertés de ma queue.

A. Glatigny.

Delvau, 1866 : s. f. Reliquat de compte, — dans l’argot des débiteurs. Faire une queue. Redevoir quelque chose sur une note, qui arrive ainsi à ne jamais être payée, parce que, de report en report, cette queue s’allonge, s’allonge, s’allonge, et finit par devenir elle-même une note formidable.

Delvau, 1866 : s. f. Infidélité faite à une femme par son amant, ou a un homme par sa maîtresse Faire une queue à sa femme. La tromper en faveur d’une autre femme.

Delvau, 1866 : s. f. Escroquerie, farce de mauvais goût, carotte. Argot des soldats. Faire sa queue. Tromper.

Rigaud, 1881 : La suite d’un parti politique, les figurants exaltés d’un parti, ceux qui le compromettent.

La Rue, 1894 : Infidélité faite par un homme à sa femme, ou par une maîtresse à son amant, et réciproquement. Escroquerie. Carotte.

Virmaître, 1894 : Faire une queue à sa femme : la tromper avec une autre et réciproquement. On fait également une queue à un fournisseur, en achetant chez son concurrent. Laisser une queue : ne donner qu’un acompte sur une dette. Se tirer la queue, se… battre (Argot du peuple).

France, 1907 : Reliquat de compte. Laisser une queue, partir sans régler entièrement ce que l’on doit à un fournisseur.

France, 1907 : Membre viril.

En commençant le récit de ces aventures, plus d’un a dit : « L’auteur prend le roman par la queue. » Quand cela serait, je n’aurais fait que ce que font tous les jours vos dames…

(Louis Randal, Un pot sans couvercle)

En la queue et en la fin
Gist de coutume le venin.

(Trésor des sentences)

France, 1907 : Journal qui contient les mêmes matières qu’un autre avec un titre différent.

À Bruxelles, plus d’un journal quotidien compte de quatre à cinq queues, c’est-à-dire qu’il transforme son titre en conservant la même matière de texte on à peu près, er sert ainsi plusieurs catégories d’abonnés.

(Le Figaro)

France, 1907 : Infidélité en amour. Faire une queue, c’est tromper son mari ou sa femme, son amant ou sa maîtresse. On dit plus généralement faire des queues. « Tourne-toi, Monsieur, que je vous fasse une queue », dit une Belge à son protecteur.

— Si tu t’imagines qu’il se gêne pour flanquer des coups de sabre dans le contrat !… Tiens, pas plus tard que cette nuit, il me mitonne une queue plus longue que celle de la Porte-Saint-Martin, depuis qu’on y joue les Chevaliers du brouillard…

(Paul Mananx, Le Megg)

On appelle aussi, dans l’argot musical, faire une queue, une note ou un accord qu’un choriste ou un instrumentiste maladroit fait entendre après tout le monde à la fin de l’exécution d’un morceau d’ensemble.
Couper la queue à son chien, se faire remarquer par des excentricités ; allusion à Alcibiade, le menin du sage Socrate, qui, pour faire parler de lui dans Athènes, employa se procedé.
Faire la queue, attendre à la porte d’un théâtre. Fouiller les poches de ceux qui attendent l’ouverture.

Queue (faire la)

Larchey, 1865 : Escroquer. V. Perruque.

Giromont finissait de compter son argent et disait : le scélérat m’a fait la queue.

E. Sue.

Faire la queue : Tromper.

Il faut se contraindre et vous avez un fameux toupet si vous parvenez à lui faire la queue.

Phys. de la Chaumière. 1841.

Queue : Infidélité galante.

Je connais un général à qui on a fait des queues avec pas mal de particuliers.

Gavarni.

Queue romantique : Jeu de mots altérant le sens raisonnable de la phrase. Murger a ridiculisé cet exercice dans sa Vie de Bohème. Dès 1751 paraissait une Histoire du prince Camouflet qui peut passer pour un recueil complet de ces stériles tours de force. C’est de là que datent « je le crains de cheval, — sous un beau ciel de lit bassiné, » etc.
Ruban de queue : « Comme ces grandes routes ruban de queue de quatre ou cinq lieues de long qui rien qu’à les voir toujours toutes droites, vous cassent les jambes. » — E. Sue.
Queue-rouge : Paillasse grotesque dont la perruque est nouée par un ruban rouge.

Le public préfère généralement le lazzi au mot et la queue-rouge au comédien.

De la Fizelière.

Queue de rat : Tabatière dont le couvercle de bois était soulevé par une longue et étroite lanière de cuir.

Une de ces ignobles tabatières de bois vulgairement appelées queues de rat.

Ch. Hugo.

Queue de renard : Trace de vomissement. V. Renard.

Rigaud, 1881 : Tromper en matière de payement.

Queue (faire une)

Rigaud, 1881 : Pour une femme, c’est tromper son mari ou son amant, par hasard. — Faire des queues, tromper son mari ou son amant par habitude. — Pour un homme marié ou en puissance de maîtresse, c’est courir les filles.

Queue d’un chat (pas la)

Delvau, 1866 : Solitude complète.

Queue de cervelas

La Rue, 1894 : Promenade à la file dans le préau des prisons.

Hayard, 1907 : Promenade de prisonniers.

France, 1907 : Promenade à la file, dans le préau des prisons.

Queue de cervelas (faire la)

Virmaître, 1894 : Promenade dans les promenoirs des prisons (Argot des voleurs). V. Dévidage.

Queue de la poêle (tenir la)

Rigaud, 1881 : Avoir la responsabilité d’une affaire. Avoir la direction d’une maison.

France, 1907 : Avoir la direction d’une affaire.

J’boulott’rais bien, j’aurais d’la moelle
Si j’pouvais t’nir la queu’ d’la poêle.

C’est aussi se trouver dans une situation embarrassante, car, dit Guy Patin, il n’y a pas de plus empêché que celui qui tient la queue de la poêle ; il est plus difficile de conduire une affaire que d’en parler ou de la contrôler.

Queue de la vache

France, 1907 : Poignée du soufflet de forge ; argot des arts et métiers.

Tu tourneras la meule ; tu tireras la queue de la vache.

(A. Roos)

Queue de morue

Rigaud, 1881 : Habit.

Il donna un coup de poing dans son tuyau de poêle, jeta son habit à queue de morue, et jura sur son âme qu’il ne le remettrait de sa vie.

(Th. Gautier, Les Jeunes France)

Rossignol, 1901 : Habit.

France, 1907 : Habit noir.

Hier, selon ma coutume,
Toute seule avec mon chien,
Je flânais sur le bitume,
Dans un honnête maintien,
Soudain, au bout de la rue,
Je vois sortir d’un coupé
Un homme en queue de morue…
Ciel ! mon voisin d’à côté !

(Jules Célès)

Queue de pie

France, 1907 : Habit noir ; allusion aux pans qui offrent quelque ressemblance avec une queue de pie.

Mon gendr’, pour la cérémonie,
A voulu s’ach’ter un chapeau,
Lâcher l’habit noir à queue de pie,
La cravat’ blanche et les gants d’peau.

(E. Carré)

Queue de poêle

France, 1907 : Têtard, allusion à sa forme offrant une certaine ressemblance avec la poêle à rire.

Queue de poireau

Delvau, 1866 : s. f. Ruban de Saint-Maurice et Lazare, lequel est vert. Argot des faubouriens.

France, 1907 : Ruban de la croix du Mérite agricole. C’était autrefois celui des saints Maurice et Lazare, à cause de la couleur verte.

Queue de poisson (finir en)

France, 1907 : Finir mal, d’une façon insignifiante ou maladroite. Certains articles bons au début se terminent en queue de poisson. C’est aussi un morceau de musique se terminant trop brusquement.

Queue de rat

Delvau, 1866 : s. f. Tabatière en écorce d’arbre s’ouvrant au moyen d’une longue et étroite lanière.

Delvau, 1866 : s. f. Bougie roulée en corde, — dans l’argot des bourgeois.

Merlin, 1888 : Crinière de casque dont les crins deviennent rares.

France, 1907 : Tabatière de bois dont on tire le couvercle au moyen d’un petit cordon de cuir.

Au dîner (c’que l’vin vous fait faire !
Voyez un peu si j’suis distrait !)
Mathieu m’demand’ la poivrière,
Au lieu d’y passer c’qui voulait,
J’y tends ma queue d’rat qu’était pleine ;
Aussi distrait qu’moi, v’là Mathieu
Qui met l’tabac dans sa julienne.

(E. Carré)

Couper une queue de rat, voler une bourse.

France, 1907 : Bougie mince roulée en corde

Queue de renard

Larchey, 1865 : Longue trace de vomissement.

Un homme sans éducation qui a fait une queue de renard dans le plat de son voisin.

Cabarets de Paris, 1821.

Delvau, 1866 : s. f. Témoignages accusateurs d’un dîner mal digéré. Argot du peuple.

France, 1907 : Vomissement qui laisse une longue et épaisse traînée.

Queue de veau

France, 1907 : Sobriquet donné à la ville de Brie-Comte-Robert.

Queue de vin

France, 1907 : Mesure et jauge de Dijon content deux muids ou poissons.

Le muid contient deux fillettes ; la fillette neuf setiers, le setier huit pintes ; par ainsy la queue contient 288 pintes.

(Coustumes générales)

Queue leu leu (à la)

France, 1907 : À la suite l’un de l’autre. Marcher à la queue leu leu. Leu est le vieux français pour loup.

Non content d’insulter les accusés, de leur prodiguer ces épithètes de « misérables », de « bandits » qui font partie du bagage oratoire, il s’est livré à une débauche de sentimentalité et de religiosisme digne de Joseph Prudhomme. On a entendu défiler à la queue leu leu tous les clichés accoutumés : « le doigt de la Providence », « la justice de Dieu », « la violation des lois divines et humaines », et le procureur a couronné ce beau morceau par la plus grotesque des invocations au « feu du ciel. »

(Émile Richard)

Queue rouge

Delvau, 1866 : s. f. Jocrisse, homme chargé des rôles de niais, — dans l’argot des coulisses. Signifie aussi Homme qui se fait le bouffon des autres, sans être payé par eux.

Queue-leu-leu (à la)

Delvau, 1866 : adv. L’un après l’autre, en s’entre-suivant comme les loups.

Queue-rouge

France, 1907 : Jocrisse, paillasse de foire ; allusion à la perruque rouge à queue que portent ces artistes.

Queues

Delvau, 1866 : s. f. pl. Phrases soudées ensemble à la queue-leu-leu, — dans l’argot des typographes, dont c’est le javanais. Un échantillon de ce système de coquesigruïtés, que l’on pourrait croire moderne et qui est plus que centenaire, sera peutêtre plus clair que ma définition. Quelqu’un dit, à propos de quelque chose : « Je la trouve bonne. » Aussitôt un loustic ajoute d’enfant, puis un autre ticide, puis d’autres de Normandie, — t-on — taine — ton ton — mariné — en trompette — tition — au Sénat — eur de sanglier — par la patte — hologie — berne — en Suisse — esse — vous que je vois, etc., etc., etc. Lesquelles coquesigruïtés, prises isolément, donnent : Bonne d’enfant, — infanticide, — cidre de Normandie, — dit-on, — ton taine ton ton, — thon mariné, — nez en trompette, — pétition au Sénat, — hure de sanglier, etc.

Queues (faire une ou des)

Delvau, 1864 : Tromper son amant avec un autre homme, lorsqu’on est femme ; trahir sa maîtresse pour une autre femme, lorsqu’on est homme.

Ah ! oui, je sais… c’est pour l’autre jour, avec ta madame Machin, que vous avez été à Meudon me faire des queues.

Henry Monnier.

Queuiste

France, 1907 : Individu qui s’assure d’une place à la porte d’un théâtre, y fait queue et vend cette place à un retardataire.

Il y a les queuistes de profession pour qui la place tenue est un gagne-pain… choisir dans la queue est encore une science difficile, les toutes premières places ne sont pas forcément les meilleures. Les plus courues sont celles où l’on peut s’appuyer, s’asseoir, les encoignures, les pas de portes, les bornes… N’est pas queuiste qui veut.

(Richepin, Le Pavé)

Queulotteil

France, 1907 : Ouvrier flâneur et maladroit.

Queulotter

France, 1907 : Passer son temps à des riens, baguenauder, bricoler.

France, 1907 : Culotter.

Queumeu

France, 1907 : Crème composée de lait, d’œufs et de farine dont, dans le Bassigny, on recouvre les tartes. (Arthur Dagain)

Queupe

France, 1907 : Bout de planche : pales vosgien.

Queussi-queumi

d’Hautel, 1808 : Pour dire ni bien ni mal, cahin caha ; absolument de même.

Queuter

La Rue, 1894 : Se mettre à la queue.

France, 1907 : Jouer au billard.

Mais, le soir et les jours suivants, ils le revoyaient immuablement sereins, mouillant son absinthe et queutant comme si nulle calamité ne lui était survenue.

(Camille Lemonnier)

France, 1907 : Faire la queue, se mettre à la file.

Queutif

Hayard, 1907 : Ardent en amour.

Queuveuille

France, 1907 : Litière ; palois vosgien.


Argot classique, le livreTelegram

Dictionnaire d’argot classique