d’Hautel, 1808 : Pour dire échapper l’occasion, manquer son coup, ne pouvoir venir à bout de quelque chose. On le dit aussi en parlant d’une arme à feu dont l’amorce n’a pas pris.
Delvau, 1866 : v. a. Échouer dans une entreprise, manquer une affaire, — amoureuse ou autre. Argot du peuple. Rater une femme. Ne pouvoir réussir à s’en faire aimer après l’avoir couchée en joue.
Hayard, 1907 : Manquer une affaire.
France, 1907 : Manquer. Rater une affaire, une bonne occasion, une fête.
Voilà la fête que l’on rate,
Bourgeois, dis-moi si cela vaut
L’ennui de se fouler la rate ?
C’est usé, bête et pas nouveau.
Aussi, je me suis bien promis
De fuir le temple et ses prêtresses ;
N’avons-nous pas de bons amis
Dont les femmes sont nos maîtresses ?
(Jacques Rédelsperger)
Rater une femme, rester impuissant près d’elle. Rater l’avortement, accoucher en dépit des drogues et des pratiques criminelles.
Alors des parents en détresse
Au préfet content, gémissants,
Qu’un vieux monsieur fit sa maîtresse
De Nana qui n’a pas quinze ans,
On crie au feu, c’est la coutume,
Quand déjà la flamme est partout ;
L’enfant écuma le bitume,
Quand on s’aperçut tout à coup
De sa démarche irrégulière
Et de son ventre ballonnant :
Elle avait suivi la filière.
Sa mère dit : « c’est étonnant ! »
Mais l’enfant, que rien n’intimide,
Expliqua que, tout simplement :
« Il vous reste l’infanticide,
Si l’on rate l’avortement. »
(Pontsevrez)