d’Hautel, 1808 : Si l’argent est rond, c’est pour mieux rouler. Manière d’excuser de folles dépenses, des prodigalités.
Rouler dur. Pour dire travailler fort, avec ardeur, avec zèle.
Rouler quelqu’un. Lui donner une roulance, se moquer de lui ; terme typographique.
Si cela continue il roulera bientôt voiture. Se dit d’une personne dont la fortune augmente chaque jour ; et souvent dans un sens tout à fait opposé.
Rouler carosse. Pour dire être fort riche, avoir un équipage, des chevaux à ses ordres.
Rouler sur l’or, sur l’argent. Pour dire être très-fortuné, avoir des coffres inépuisables.
Raban et Saint-Hilaire, 1829 : Aller d’un lieu à un autre, se promener.
Larchey, 1865 : Voyager. — Roulier est classique.
Larchey, 1865 : Battre, vaincre. — Mot à mot : rouler à terre.
Enfin je suis seul contre le gouvernement avec son tas de tribunaux et je les roule.
(Balzac)
Roulée : Vigoureuse correction.
Delvau, 1866 : v. n. Vagabonder, voyager, — dans l’argot du peuple. On dit aussi Rouler sa bosse.
Delvau, 1866 : v. n. Aller bien comme santé ou comme commerce. Ne s’emploie guère qu’à la troisième personne de l’indicatif présent : cela roule. C’est l’équivalent de : Cela boulotte.
Delvau, 1866 : v. a. Se moquer, lutter d’esprit et d’impertinences, — dans l’argot des gens de lettres. Se faire rouler. Avoir le dessous dans une affaire, dans une discussion.
Delvau, 1866 : v. a. Battre quelqu’un. Signifie aussi : Tromper, agir malignement.
Rigaud, 1881 : Vagabonder. — Tromper grossièrement.
On ne le roule plus aujourd’hui ; il n’est plus votre dupe, vous êtes sa victime.
(J. Vallès, Le Dimanche d’un jeune homme pauvre.)
Boutmy, 1883 : v. intr. Aller d’imprimerie en imprimerie.
La Rue, 1894 : Battre. Vagabonder. Se bien porter. Tromper, voler.
Rossignol, 1901 : Tromper, induire en erreur.
Je l’ai trompé, je l’ai roulé.
Rossignol, 1901 : Son adversaire à un jeu quelconque est le gagner.
France, 1907 : Tromper, duper.
Au 18 mars 1871, les bons bougres qui s’opposérent à la prise des canons et les soldats qui levèrent la crosse en l’air n’étaient pas, eux non plus, des gas farcis de socialisme. C’était des gas d’attaque, agissant sans trop savoir pourquoi ; parce que le gouvernement de Versailles les dégoûtait, parce qu’ils étaient furieux d’avoir enduré le siège et de s’être vus roulés par les généraux.
À ce moment-là, c’était des inconscients qui se révoltaient d’instinct.
(Le Père Peinard)
Voler. Se faire rouler, se faire voler.
Vous verrez à cette heure des parties fort animées dont les victimes ordinaires sont d’honnêtes commerçants, des pères de famille, des gens très raides et très circonspects dans les affaires ordinaires et qui, une fois assis à la table verte, perdent toutes leurs qualités de finesse, de prudence, de défiance même et se laissent rouler comme des enfants.
(Edmond Lepelletier)
Quand un naïf dans leurs mains tombe,
Il est plumé dans les grands prix,
Il faut qu’il casque, qu’il succombe,
Pour la bell’ dont il est épris ;
Par un habile maquillage,
Aux bons s’rins ell’s font avaler
Qu’ell’s possèd’nt encor leur… corsage…
Croyant l’avoir, ils s’font rouler.
(G. Chavanne)