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Saint

Saint

d’Hautel, 1808 : Découvrir Saint-Pierre pour couvrir Saint-Paul. Ôter à l’un pour donner à l’autre ; commettre une injustice.
Faire la Sainte n’y touche. Faire l’hypocrite ; le tartuffe.
On dit, dans le même sens, C’est un petit saint de bois.
Saint-Crépin.
Tout ce qui constitue les outils d’un cordonnier ; comme on appelle Saint-Jean les outils d’un imprimeur ; tel que le composteur le tablier, la pointe, le visorium, le marteau, etc., etc. Figurément, le patrimoine d’un pauvre homme ; tout ce qu’il possède, synonymes de Saint-Frusquin, Voy. Frusquin.
Il ne sait plus à quel saint se vouer. Pour il ne sait plus quel parti prendre ; quel remède apporter à un mal.
On dit par ironie de deux personnes qui sont toujours ensemble, que c’est Saint-Roch et son chien.

Saint (lever l’offrande à un)

France, 1907 : Expression des campagnes du Centre venant de la coutume encore existante dans nombre de villages de porter l’argent d’une messe, pour une personne en danger de mort, à un saint qui passe pour guérir la maladie dont est atteint le moribond. Quand l’église où la chapelle du saint miraculeux n’est pas dans la localité où se trouve dans une localité trop éloignée, on lève l’offrande au saint, c’est-à-dire qu’on donne à un pauvre l’argent qu’on destinait à l’église, ce qui ne fait pas rire M. le curé.
Les dictons sur les saints sont très nombreux : en voici quelques-uns :

À chaque saint sa chandelle.
Il n’est si petit saint qui ne veuille sa chandelle.
À petit saint, petite offrande.
Comme on connait les saints, on les honore.
Ne savoir à quel saint se vouer.
Quand Dieu le veut, le saint ne peut.
Tel saint, tel miracle.
Le saint de la ville n’est point adoré (Nul n’est prophète en son pays).
Un saint de carême (Un homme qui se cache).

Saint (manger le)

France, 1907 : Faire la fête gastronomique en l’honneur d’un saint, ce qu’on appelle en Lorraine la fête du pot. Quand celle-ci tombe un jour de la semaine, on mange le saint le dimanche suivant. À l’exception de saint Nicolas, on ne fête aucun saint en semaine.

Saint Antoine (compagnon de)

France, 1907 : Cochon.

Sous les superbes harnais
Au bois ballade la diva
Peinturlurée ;
Elle rit à ce frais décor ;
Hier pourtant elle était encor
Dans la purée.
Mais il s’est enfui le guignon,
Et, grâce à certain compagnon
De saint Antoine
Qui l’idolâtre sans lapin,
Elle gagne aisément son pain
Et ton avoine.

(Semiane)

Faire comme de pourceau de saint Antoine, se fourrer partout. Dicton appliqué aux parasites et pique-assiettes et qui fait allusion aux cochons d’une grande abbaye du Dauphiné, l’abbaye de Saint-Antoine de Viennois, qui, une clochette au cou pour les faire reconnaitre, allaient vagabonder dans les villages voisins, entraient dans chaque maison pour y manger sans qu’on osât les chasser par respect du saint auquel ils étaient voués. On dit, dans le Midi, d’un individu qui va de tous côtés, par monts et par vaux : coureur comme le porc de saint Antoine. Voir Mal Saint-Antoine.

Saint Barnabé

France, 1907 : Ce saint a la spécialité des pluies. Soit avant sa fête, soit après, il amène les fortes ondées. Son camarade céleste Michel détient la même spécialité. Voir Saint Michel.

Saint Bélitrou

France, 1907 : Saint imaginaire du Midi dont la fête tombe le lendemain de toute fête locale, pour donner raison au proverbe : « Pas de fête sans lendemain. »

Saint Colomban (avoir l’haleine de)

France, 1907 : Posséder de vigoureux poumons. Ce dicton tombé en désuétude fait allusion à une légende que voici. Ce pieux personnage convoqua à un sermon les habitants de Zurich, sur les bords du lac de ce nom. Les Zurichois, prévoyant sans doute que ce serait long et ennuyeux, apportèrent de grandes cuves pleines de bière, afin d’écouter plus patiemment le sermon. Colomban indigné enfla ses joues et souffla sur les cuves qui éclatèrent aussitôt comme des bulles de savon !

Saint Cosme (boutique de)

France, 1907 : Officine de médecin. Saint Cosme exerçait la médecine et l’on disait de ceux qui allaient chez le médecin qu’ils heurtaient à la boutique de saint Cosme. Ce dicton est tombé en désuétude.

Saint de carême

Delvau, 1866 : s. m. Homme qui se fâche, hypocrite.

Saint Denaille

Delvau, 1866 : n. de l. Saint-Denis, — dans l’argot des voleurs.

France, 1907 : Saint Denis.

Saint Dome

Rigaud, 1881 : Tabac à fumer, — dans le jargon des ouvriers. C’est une abréviation de Saint-Domingue, la patrie du tabac.

Saint Hareng

France, 1907 : Surnom donné autrefois au hareng. « Dans le XVe siècle, il parut un petit poème sur la vie de saint Hareng, glorieux martyr, où, sous le voile d’une assimilation très hardie pour époque, où y donne des détails culinaires assez curieux sur le parti qu’on tirait alors de ce poisson :

Entre Boulogne et l’Angleterre
Fut pris le corps de saint Hareng
Qui souffrit plus que saint Laurent,
À Dieppe son corps fut porté,
Puis il fut mis en la fumée,
Pendu en guise de larron,
Et depuis mangé au cresson,
Au vinaigre, à la moutarde.
Tout est gracieux et courtois,
Qu’on le mange avec des pois ;
Et les bonnes gens de village
En font souvent de bon potage ;
C’est grand pêché que saint Hareng
Soit martyr aussi souvent.

(Aulagnier, Dict. des aliments et des boissons)

Saint Hubert (médaille de)

France, 1907 : Pièce de cinq francs.

Saint Jean (être de la)

France, 1907 : Être de mauvaise qualité. C’est de la saint Jean, ça ne vaut rien ; allusion à l’état lamentable dans lequel se trouvait saint Jean-Baptiste.

Saint Jean Bouche-d’or

Delvau, 1866 : s. m. Bavard qui, pour le plaisir de parler, ne craint pas de commettre des indiscrétions.

Saint Jean le Rond

Delvau, 1866 : s. m. Un des nombreux pseudonymes de messire Luc.

Saint Jean-Baptiste

Delvau, 1866 : s. m. Cabaretier, — dans l’argot du peuple, qui fait allusion à l’eau baptismale que l’on ajoute au vin pour le rendre digne d’être bu par des chrétiens.

Saint Jean-bouche d’or

France, 1907 : Homme éloquent, insinuant, flatteur, doreur de pilules ; allusion à saint Jean Chrysostome, en grec Bouche d’or.

Saint Lâche

Delvau, 1866 : s. m. Le patron des paresseux.

Saint Laze

Delvau, 1866 : Apocope de Saint-Lazare, prison de femmes, — dans l’argot des voyous.

Saint Luc

France, 1907 : Voir Oiseau.

Saint Mathurin (colique de)

France, 1907 : Folie. Saint Mathurin est devenu le patron des fous parce que l’on fait dériver son nom du grec mataios, qui signifie fou. « Il est fol, il doit une belle chandelle à saint Mathurin », dit Cyrano de Bergerac, dans le Pédant joué. Envoyer quelqu’un à saint Mathurin avait la même signification que l’expression moderne envoyer à Charenton, et l’on disait ironiquement que les fous étaient atteints de la colique de saint Mathurin.

Saint Michel (traquenard de)

France, 1907 : Le diable. Être monté sur le traquenard de saint Michel, c’est être emporté par le diable ; allusion au diable que l’archange de ce nom tient sous ses pieds. Saint Michel est préposé aux pluies, de concert avec Barnabé : « Pluye de saint Michel, soit devant, soit derrière, ne demeure au ciel », dit un vieux dicton. Voir Saint Barnabé. Autre dicton sur saint Michel :

À la Saint-Michel,
La bécasse tombe du ciel.

(Fin septembre viennent les bécasses.)

Saint Pansard

France, 1907 : Patron imaginaire des goinfres. Il était connu de Rabelais : « Aulcuns enfloyent par le ventre, et leur ventre leur devenoit bossu comme une grosse tonne. Et de cette race nasquit saint Pansard. » Dans le Midi, on appelle Saint Pansard au mannequin représentant le carnaval et qu’on va noyer le mercredi des Cendres. C’est aussi le sobriquet qu’on applique aux ventrus.

Saint Père

Delvau, 1866 : s. m. Tabac à fumer, — dans l’argot des marbriers de cimetière.

Saint Pierre (hardi comme un)

France, 1907 : Poltron. Allusion à la conduite de cet apôtre de Jésus qui renia trois fois son maître devant une servante.

Saint Pierre (oiseau de)

France, 1907 : Le coq. Il chante trois fois après le reniement du disciple couard.

Saint Rabouni

France, 1907 : Protecteur des épouses malheureuses et maltraitées, car il est doué par le Père Éternel de la vertu de rabounir, radoucir les maris cruels, jaloux, brutaux. Ce saint est fort invoqué par les vigneronnes des provinces du Centre dont les maris ne sont pas, paraît-il, des modèles de patience et de douceur.

On sait l’histoire plaisante de celle qui s’était bornée à prier saint Rabouny d’amender le sien, n’osant laisser aller son vœu plus loin. Comme elle vit mourir ce mauvais garnement peu de temps après, elle s’écria en pleurant… de joie : « Oh ! le bon saint ! le bon saint ! il accorde plus qu’on ne lui demande. »

(M. Guitard, Proverbes sur les femmes)

Saint Roch et son chien

France, 1907 : Se dit de deux personnes qu’on voit toujours ensemble, de deux amis inséparables. On sait que saint Roch est représenté avec un chien,

Saint Sacrement (et tout le)

Delvau, 1866 : C’est l’et cætera de l’argot du peuple : Il comprend tout — et une foule d’autres choses.

Saint Taupat

France, 1907 : Plaisanterie des catholiques sur les protestants : les premiers supposent que ceux-ci, assemblés un jour près d’un cimetière, voient une tête de mort rouler d’elle-même sur le sol ; ils crièrent : miracle ! une taupe en sortit. Alors le ministre aurait dit « Mes frères, nous n’avions pas de saints ; en voici un : ce sera saint Taupat. »

(P. Jonain, Dictionnaire du patois saintongeais)

Saint Thibaud de la loupe qui ne maudit ni n’absoud

France, 1907 : La Loupe est un bourg du département d’Eure-et-Loir qui jouit, ou du moins jouissait de cette singulière particularité que les miracles y sont inconnus. Le patron est saint Thibaud, et du 1er janvier à la Saint-Sylvestre il y chôme. On ne hui adresse point de vœux pour être heureux ou pour éviter d’être malheureux, parce que, de mémoire de paysans, il n’a jamais manifesté ni en bien ni en mal son influence dans la paroisse. De là naquit dans le Perche ce dicton appliqué à tous ceux qui ne peuvent être ni utiles ni nuisibles : Ils sont comme saint Thibaud de la Loupe, ils ne maudissent ni n’absoudent.

Saint Trottin

France, 1907 : Patron imaginaire que l’on donne dans le Midi aux excursionnistes.

Saint-Ambroise (mal)

France, 1907 : Jambes torses ou cagneuses ; on va présenter dans une chapelle dédiée à ce saint les enfants atteints de cette infirmité. Superstition du Béarn.

Saint-André (rêve de la)

France, 1907 : C’est une croyance populaire qui existe en Alsace et dans presque toute l’Allemagne que le 29 novembre, fête de saint André, la jeune fille verra pendant la nuit, en rêve, l’homme qu’elle doit épouser, si, avant de se mettre au lit, elle récite consciencieusement les versets suivants :

Aujourd’hui Saint-André
Dorment tous les gens,
Tous les gens vivant
Entre le ciel et la terre,
À l’exception de l’homme
Qui devra m’épouser.

 

Dans quelques provinces, la demoiselle pétrit un gâteau de farine, lui donne la forme humaine et le mange. Sa prière est pressante dans les vers qui suivent :
   Je vais entrer au lit,
   Saint André, je te prie,
   Laisse-moi voir mon bien-aimé,
   Qu’il soit jeune ou vieux,
   Laisse-moi le voir.
Nul doute qu’encouragée par son rêve, la jouvencelle n’aide à sa réalisation dans la mesure de ses moyens.

(Félix Regnault, Folklore)

On dit dans le Midi : À la Saint-André, tue le porc, attache de bœuf.

Saint-Breneux

France, 1907 : Homme malpropre.

Saint-Christophe de Pâques-fleuries

France, 1907 : Sobriquet que l’on donnait autrefois aux ânes, à cause du nom Christophe, qui signifie en grec Porte-Christ, On sait que Jésus fit son entrée triomphale à Jérusalem monté sur un âne, jour que l’Église célèbre par la fête des Rameaux ou Pâques fleuries.

Saint-ciboire

Rigaud, 1881 : Cœur, — dans le jargon des voyous.

Saint-Crépin

Delvau, 1866 : s. m. Outils de cordonnier, et, par extension, de toute autre profession.

Delvau, 1866 : s. m. Économies, peculium, — dans l’argot du peuple.

Rigaud, 1881 : Argent économisé. — Se prend souvent dans le sens de Saint-Frusquin. Porter tout son Saint-Crépin, porter tout ce qu’on possède.

Lorsque les garçons cordonniers vont de ville, en ville pour travailler, ce qu’ils appellent entre eux battre ta semelle, ils portent tous les instruments nécessaires à leur métier ; ils appellent cela porter tout leur Saint-Crépin.

(Fleury de Bellingen, Étymologie des Proverbes français.)

La Rue, 1894 : Économies. Outils. Prendre la voiture de Saint-Crépin, marcher.

France, 1907 : Économies ; biens. Même sens que saint-frusquin.

… Ils firent battre en ruine
Le château de Monsieur de Luyne,
Lesigny, qui le lendemain
Fut pris et tout son saint-crespin.

(Saint Julien)

France, 1907 : Bagage des ouvriers cordonniers qui, allant d’une ville a l’autre, portent leurs outils dans un sac de cuir. Le sac et le contenu sont appelés ainsi du nom du patron de la profession. Au figuré, le saint-crépin est tout le bien d’un cheminot, d’un pauvre homme qu’il porte au bout d’un bâton dans un mouchoir. On dit aussi dans le même sens le saint-frusquin. Voir ce mot.
Prendre la voiture de saint Crépin, aller à pied. Prison de saint Crépin, chaussures trop étroites. Voir Offre de Saint-Crépin.

Saint-Difficile

Delvau, 1866 : s. m. Enfant, et même grande personne faisant la dégoûtée à propos de la nourriture ou à propos d’autre chose. Argot des bourgeois et du peuple.

Saint-Dome

Hayard, 1907 : Tabac.

France, 1907 : Tabac ; abréviation de saint Dominique d’où le tabac nous est venu. On l’appelle aussi, mais à tort, Saindom.

Saint-domingue

Virmaître, 1894 : Tabac. Dans les prisons, par abréviation, on dit : Saint-Dome. Saint-Domingue, allusion au pays où prospèrent les plantations de tabac (Argot des voleurs). N.

Saint-Épissoir

France, 1907 : Fête des gabiers célébrée dans toute la flotte dans les premiers jours de janvier. L’épissoir est un petit poinçon dont se servent les gabiers pour aller à des hauteurs vertigineuses et par tous les temps larguer ou carguer les voiles. Ayant vainement cherché dans le calendrier un saint de leur profession pour célébrer sa fête, ils imaginèrent la Saint-Épissoir. D’après Paul Dhormois, ce seraient les gabiers de la Pénélope, frégate alors à l’ancre dans la rade de Fort-de-France (Martinique), qui, jaloux de voir les canonniers fêter la Sainte Barbe, eurent l’idée géniale de se donner un saint.

— Ah çà ! s’écria tout à coup Languidie, le plus ancien des quartiers-maîtres, pourquoi que nous n’aurions pas aussi notre fête, nous autres gabiers, qui sommes, sans nous vanter, un peu autre chose que de simples canonniers ?
— Est-ce que tu t’imagines qu’il y a un saint Épissoir, comme il y a une sainte Barbe ? répondit le chef de timonerie.
— Pourquoi pas ? Ce serait violent, par exemple, que l’épissoir ne pût pas avoir un patron aussi bien que le refouloir ou l’écouvillon ! Crois-tu que lorsque les saints du Paradis ont pris chacun un état sous leur protection, ils ont oublié le plus noble de tous, celui de gabier ?

(Paul Dhormois, Sous les Tropiques)

Saint-Étienne (miche de)

France, 1907 : Pierre, caillou, moellon ; allusion à la lapidation de ce saint.

Saint-Étui

France, 1907 : Nom que les dévotes donnent à la culotte de leur évêque.

La vieille dévote, lunettes au nez et aiguille en main, examinait gravement une vieille culotte de soie noire, dont la trame usée annonçait un grand service. Elle la maniait avec d’infinies précautions comme si elle touchait à un objet fragile et de haute valeur.
— Eh ! ma tante, lui dis-je, qu’est-ce que c’est que ça ?
— Ça ! — répliqua-t-elle avec indignation — Ça !… C’est le saint-étui de Monseigneur.

(Hector France)

Saint-Frusquin

Virmaître, 1894 : Lot d’objets ou de mobilier (Argot du peuple).

Rossignol, 1901 : Tout ce que l’on possède.

Pour déménager, j’ai mis tout mon Saint-Frusquin dans une voiture à bras.

France, 1907 : Vêtements, nippes et par suite avoir, fortune ; de frusques.

Le lendemain dans l’après-midi, la mère, accompagnée d’une autre de ses filles, amena ma squaw à mon tepee avec trois chevaux et son saint-frusquin. Elles nous préparèrent un lit en osier, mirent tout en ordre et se retirèrent. En ce moment, au dehors, avec quelques jeunes trappeurs, je trouvais à mon retour, à ma grande surprise, ma femme installée an logis.

(Hector France, Chez les Indiens)

Manger son saint-frusquin, dépenser son avoir.

J’étais, ma foi, trop bête
D’aimer ce libertin
Qui venait tête à tête
Manger mon saint-frusquin.
S’il me trouvait gentille,
D’autres aussi verront
Que je suis brave fille
Qui ne veut pas d’affront.

(Vadé)

Saint-Garbot (mal)

France, 1907 : Diarrhée. Cette expression vient d’une antique légende cauchoise où un évêque du nom de Garbot, en butte à la furieuse luxure d’une grande dame de l’époque, fut faussement accusé par ladite dame, dont les avances avaient été repoussées, d’avoir attenté à sa vertu. Le prélat fut mis à mort, mais pour se venger il donna la foire non seulement au mari de la nouvelle Putiphar, mais à tous les gens de Bayeux qui avaient applaudi à son exécution, d’où foireux de Bayeux.

Hé dea ! J’ai le mau Saint-Garbot ;
Suis-je des foireux de Bayeux ?
Les playes Dieu ! Qu’esse qui s’ataque
À men cul ?…

(La Farce de Pathelin)

Saint-Genou (mal)

France, 1907 : La goutte. Voir Mal Saint-François.

Saint-Georges

France, 1907 : Cavalier où tireur d’épée accompli. Allusion au combat que ce saint eut à soutenir contre un dragon qui désolait la Libye… à l’époque fabuleuse où il y avait des dragons !

Saint-Hubert

France, 1907 : Nom donné dans les campagnes du Centre aux charlatans qui promènent dans les foires, les marchés, des images de saint Hubert, et vendent en même temps des bagues, des médailles et des chapelets qui ont la vertu de préserver de la rage, la guérison de la rage étant, comme chacun le sait, la spécialité du patron des chasseurs. On dit indifféremment des Saint-Hubert ou des marchands de Saint-Hubert. Être de la confrérie de Saint-Hubert, c’est dire des mensonges, des hâbleries, les chasseurs étant accusés de dire rarement la vérité au sujet de leurs exploits cynégétiques. « Il est de la confrérie de Saint-Hubert, dit-on, il n’enrage pas pour mentir. »

France, 1907 : Grand parapluie de coton, parapluie campagnard et familial, appelé ainsi dans les campagnes du Centre parce qu’il ressemble aux immenses parapluies rouges sous lesquels s’abritent dans les marchés les marchands de bibeloterie religieuse, appelés Saint-Hubert.

Saint-Jacques (aller à)

France, 1907 : Faire une coquille ; argot des typographes qui font allusion à la coquille de ce nom. Prendre son saint-jacques, c’est, dans le même argot, demander son compte, quitter l’atelier. Voir Saint-Jean.

Saint-Jamais (à la)

France, 1907 : Formule de refus. Saint que l’on célèbre dans la semaine des quatre jeudis.

Saint-Jean

Delvau, 1866 : s. m. Signal, — dans l’argot des voleurs. Faire le Saint-Jean. Lever l’index et le médium pour avertir un complice.

Delvau, 1866 : s. m. Outils, vêtements, affaires, — dans l’argot des typographes. Emporter son Saint-Jean. S’en aller d’une imprimerie en emportant composteur, pinces, etc.

Rigaud, 1881 : Effets. — Outils ; c’est un synonyme de Saint-Frusquin.

Boutmy, 1883 : s. m. Ensemble des outils d’un compositeur. Ces outils, d’ailleurs peu nombreux, sont : le composteur de fer et le composteur de bois, les pinces, la pointe, aujourd’hui presque abandonnée, le visorium et la boîte à corrections. Prendre son saint-jean, quitter l’atelier.

Virmaître, 1894 : Signal convenu entre les voleurs pour avertir un complice. Ce signal consiste à lever l’index et le médium. On dit aussi d’un individu qui n’est pas à la hauteur pour faire quelque chose :
— Il est de la Saint-Jean (Argot du peuple). N.

Rossignol, 1901 : Voir Duce ou Envoyer le duce.

France, 1907 : Nom que les ouvriers typographes donnent à l’ensemble de leurs outils. Prendre son saint-jean, s’en aller, demander son compte, quitter l’atelier.

Saint-Jean (faire son petit)

France, 1907 : Faire l’innocent. Allusion au petit enfant qui figurait et figure encore en certains pays catholiques dans les processions de la Fête-Dieu. Faire le saint Jean,

Saint-Jean (mal)

France, 1907 : Mal caduc. Voir Mal Saint-François.

Saint-Jean porte-latine

France, 1907 : Fête des typographes. Elle n’est plus guère chômée, étant généralement et hebdomadairement remplacée par la Saint-Lundi.

Saint-Jean-Baptiste

France, 1907 : Marchand de vin qui baptise ses liquides.

Saint-Jean-le-Rond

France, 1907 : Le derrière.

— Je parie que tu ne me fouetteras pas, dit ma petite cousine, et, se tournant, elle troussa ses jupes et m’étala Saint-Jean-le-Rond.

(Les Propos du Commandeur)

Saint-Jean-Porte-Latine

Boutmy, 1883 : s. f. Fête des typographes. Elle tombe le 6 mai ; mais elle n’est plus guère chômée.

Saint-Joseph (mariage de la)

France, 1907 : La sotte avec le sot. Dicton du Béarn. « On marie ordinairement à la Saint-Joseph les filles qui ont eu la faiblesse de céder aux douces séductions de l’amour ; de là vient naturellement un préjugé défavorable contre toutes les femmes, même les plus vertueuses, qui se marient à une époque si redoutable pour leur réputation. » (V. Lespy et P. Raymond) On sait que le digne époux de la vierge Marie est le patron des cocus.

Saint-Jules

Hayard, 1907 : Partir sans payer.

Saint-Lâche

France, 1907 : Paresseux. Réciter la prière de saint Lâche, dormir.

Saint-Lago

Virmaître, 1894 : Abréviation de Saint-Lazare ; les filles disent également Saint-Laz. Quand elles sont dans cette prison, elles disent qu’elles sont à la campagne.
— Tiens, voilà six mois que l’on ne te voit plus ?
— J’étais en villégiature, je sors de ma campagne.
On sait ce que cela veut dire (Argot des filles).

Rossignol, 1901 : Abréviation de Saint-Lazare, prison pour femmes, rue du Faubourg-Saint-Denis, 107.

Hayard, 1907 : Saint-Lazare.

Saint-Lago, Saint-Lague

France, 1907 : Prison de Saint-Lazare.

Cette prison lamentable comporte plusieurs catégories de détenues et cependant la promiscuité y est générale.
Les grandes criminelles, avorteuses, empoisonneuses, voleuses y sont placées à côté de la jeune fille qu’une rafle a surprise.
Les vieilles prostituées, aux cyniques enseignements, y font la leçon aux recrues du vice. Il y a aussi à Saint-Lazare, et ce n’est pas le moins lamentable spectacle qu’offre cette sentine parisienne, une crèche avec des berceaux d’où partent des cris d’enfants.
La statistique révèle qu’il nait chaque année cinquante ou soixante enfants dans cet enfer.
La promiscuité si fâcheuse des diverses catégories de prisonnières se retrouve encore à l’hôpital. Les doyennes de la débauche, les femelles hideuses marquées de tous les stigmates de la maladie redoutée, s’y trouvent côte à côte avec des apprenties de la prostitution et des novices du dispensaire.

(Edmond Lepelletier)

Voir Saint-Laze.

Saint-Lambert

France, 1907 : Un vieux dicton est attaché au nom de ce saint :

C’est aujourd’hui la Saint-Lambert,
Qui quitte sa place la perd.

« Cela se dit, écrit Oudin dans ses Curiosités françaises, en se mettant à la place d’un qui se lève de dessus sa chaise. »

Saint-Laze (confrérie de)

France, 1907 : Monde de la prostitution.

Saint-Longin

France, 1907 : Nonchalant. Voir Longis.

Saint-Lou

France, 1907 : Saint Leu dont la fête tombe le 1er septembre, temps où commencent les veillées dans les campagnes, d’où le dicton villageois :

À la Saint-Lou
La lampe au clou.

Saint-Lundi

Delvau, 1866 : s. f. Jour choisi chaque semaine par les ouvriers pour aller ripailler aux barrières et dépenser en quelques heures le plus clair de leur gain, celui que la ménagère attend toujours en vain pour faire « bouillir la marmite ». Fêter la Saint-Lundi. Se griser — et même se soûler.

France, 1907 : Saint que l’on fête au cabaret, surtout lorsqu’on a déjà fêté le dimanche.

Saint-Main (demoiselle de)

France, 1907 : Galeuse.

Saint-Malo (revenir de)

France, 1907 : N’avoir pas de mollets. Voici le fait qui a donné lieu à ce dicton. À une certaine époque, sans doute pour économiser la dépense des chevaliers du guet, les échevins faisaient lâcher pendant la nuit de gros chiens qui se chargeaient de la police de la ville, en mordant les mollets des noctambules ou des attardés. Une cloche prévenait les habitants, et les honnêtes bourgeois et les gens paisibles n’avaient qu’à rester chez eux. On connait la chanson de Désaugiers sur Monsieur Dumollet.

Bon voyage. Monsieur Dumollet,
À Saint-Malo débarquez sans naufrage ;
Bon voyage, Monsieur Dumollet,
Et revenez si le pays vous plait.

Saint-Marceaux

Delvau, 1866 : s. m. Vin de Champagne, — dans l’argot des gens de lettres qui veulent faire une réclame à la maison de commerce de M. de Saint-Marceaux, riche viticulteur d’Épernay.

Saint-Martin (à chaque porc sa)

France, 1907 : La mort vient pour tout le monde : allusion à l’usage de tuer les cochons à la Saint-Martin, époque où ils sont suffisamment engraissés. Voici quelques dictons sur la fête de ce saint qui tombe en novembre :

Saint Martin boit le bon vin
Et laisse l’eau courre au moulin.
  À la Saint-Martin,
  L’hiver en chemin.

À la Saint-Martin,
Faut gouster le vin,
Nostre Dame après,
Pour boire il est près.

Il résulte de ces vieux dictons que saint Martin est devenu le patron des ivrognes. Voir Mal Saint-Martin.
Un proverbe rural dit : L’arc-en-ciel à la Saint-Martin vaut mieux le soir que le matin.

Saint-Mathieu

France, 1907 :

À la Saint-Mathieu,
Le pinson dit adieu.

(Dicton campagnard)

Saint-Nicolas de village (faire le)

France, 1907 : Se parer de ses plus beaux atours. On sait que c’est le patron des enfants qui, dans les provinces de l’Est spécialement, attendent de lui des jouets, le 6 décembre, jour de sa fête, comme ils en attendent à Noël.

Saint Nicolas, bon vieillard à face rose et à barbe blanche, s’en est allé, cette nuit, par les grand’routes, suivi de son âne docile qui ploie sous une lourde charge de jouets et de bonbons. Saint Nicolas est vêtu d’or et de soie, une mitre incrustée de pierres précieuses enserre ses cheveux gris, et sa main gantée de violet et baguée d’émeraude tient ferme encore une crosse de bois précieusement sculptée… Il est très beau, saint Nicolas.

(Clément Vautel, L’Événement)

Saint-pair

un détenu, 1846 : Tabac.

Saint-Père

Virmaître, 1894 : Tabac à fumer (Argot des voleurs).

Rossignol, 1901 : Tabac.

Hayard, 1907 : Tabac.

Saint-Petit

France, 1907 : En donner sur ou par le Saint-Petit, n’en donner que très peu. On dit aussi le Saint-Peu. Expression du Centre.

Saint-Pierre-aux-Bœufs (paroissien de)

France, 1907 : Homme grossier, paltoquet.

Saint-Prix (confrérie de)

France, 1907 : Clan des hommes mariés. Jeu de mot sur pris.

Saint-Quentin (beyeurs de)

France, 1907 : Sobriquet donné aux habitants de cette localité ; beyeur signifie curieux.

Saint-Rémi, perdreaux sont perdrix (à la)

France, 1907 : Cette fête tombe le 1er octobre, par conséquent les perdreaux qui éclosent généralement vers le milieu de mai sont devenus perdrix.

Saint-Sacrement (porter en)

France, 1907 : Tenir quelque chose raide et droit.

Une grande gaillarde d’une trentaine d’années, blonde et grasse, dont le visage régulier gardait quelque finesse sous l’empâtement des traits, bombait un buste opulent, sanglé dans une cuirasse de satin noir, et portait en saint-sacrement, coiffée comme d’un casque d’une forêt de cheveux roux rutilants, une tête encore jolie…

(André Desroches, L’Éternelle Illusion)

Saint-Sévère (anglais de)

France, 1907 : Sobriquet donné aux habitants de cette ville de l’Indre, depuis qu’ils firent cause commune avec les Anglais au XIVe siècle.

Saint-Vincent-de-Paul

Virmaître, 1894 : Les ramasseurs de mégots. Ils sont les Saint-Vincent-de-Paul des orphelins qui traînent devant les terrasses des cafés (Argot du peuple).

Sainte (herbe)

France, 1907 : Absinthe, dont herbe sainte est la corruption. « Les Berrichons, dit le comte Jaubert, ont de la tendance à sanctifier les herbes qu’ils supposent douées de quelque vertu ; ainsi ils disent la sainte Oseille pour la centaurée ; le sainfoin est pour eux le saint Foin ; l’absinthe l’herbe sainte, etc. »

Sainte Ange (cheveux de la)

France, 1907 : Filandres qui voltigent dans l’air à l’automne. On les nomme aussi fils de la Vierge ou jetons de Marie.

Sainte blessure

France, 1907 : Nom donné par les âmes poétiques et tendres aux menstrues.

Toutes ces honnestes dames et candides Agnès qui, chaque mois, pour peu qu’il y eût du retard dans l’éclosion de leur sainte blessure, étaient saisies de terreurs folles et se precipitaient de çà de là, par bandes furtives et tremblantes théories, chez tous les médecins et toutes les matrones de la capitale.

(Albert Cim, Demoiselles à marier)

On dit aussi, pour qu’il n’y ait pas de méprise : sainte blessure féminine.

Et voilà que soudain une inquiétude, vague d’abord, puis obsédante et terrible, surgissait dans son esprit, une épouvante folle s’emparait d’elle : cinq semaines, six semaines, deux mois s’écoulaient, aucune gouttelette rouge n’apparaissait, la sainte blessure féminine s’entrebâillait et ne transsudait point.

(Albert Cim, Demoiselles à marier)

Sainte Canaille

France, 1907 : Le peuple.

Ancien ministre des travaux publics et toujours habile financier, celui-ci, depuis un quart de siècle au moins, volait tel qu’un vautour et plumait tous les oisillons qui lui tombaient entre les serres et sous le bec : à présent sénateur, ce pillard, ce goulu, ce brigand, siégeait au palais du Luxembourg, au milieu des Pères conscrits, et celui-là, naguère marchand de vins et déclaré plusieurs fois en faillite, ayant été depuis, nonobstant, décoré de la Légion d’honneur et même élu député, tempêtait à la chambre basse, composée de non moins de nullités et de fripons que la haute, et dirigeait trois ou quatre feuilles vénales vendues successivement à tous les chefs de parti : radicaux, opportunistes et réactionnaires.
Sans cesse ils me soupiraient la même litanie en m’offrant, avec une louable émulation, un des millions qu’ils avaient extorqués à la sainte canaille.

(Léon Cladel, La Juive errante)

Sainte Catherine

France, 1907 : Patronne des vieilles filles.

De nombreuses saintes Catherine objets de la vénération des fidèles, aucune n’ayant eu d’époux sur la terre, c’était, naturellement, aux jeunes filles qu’était dévolu le soin de coiffer les images de ces vierges saintes, et par une petite altération de la logique, en prenant l’effet pour la cause, car ce n’est pas parce que l’on coiffe sainte Catherine que l’on ne se marie pas, mais bien parce que l’on n’est pas mariée qu’on la coiffe.

Voir Coiffer.

Sainte Chiette

France, 1907 : Propre à rien, personne incapable de rien faire. S’applique aux deux sexes.

Sainte Espérance

Delvau, 1866 : s. f. La veille de la Sainte Touche.

France, 1907 : Veille de la Sainte touche.

Sainte Mousseline

Delvau, 1866 : s. f. Une sainte de la création de Victorien Sardou (La Famille Benoiton), et qu’invoquent aujourd’hui, par genre, les mères de famille qui suivent les modes de la morale comme elles suivent les modes… de la Mode. Voici donc l’oraison que murmurent à cette heure de jolies lèvres parisiennes : « Ah ! Mousseline, blanche Mousseline, des mères ingrates qui te devaient leurs maris t’ont reniée pour leurs enfants ! Sainte Mousseline, vierge de la toilette, sauve nos filles qui se noient dans des flots de dentelles ! » Amen !

France, 1907 : Robe en mousseline blanche.

Sainte Nitouche

France, 1907 : Fausse prude, femme ou fille qui fait la discrète, la réservée, la sage, qui s’effarouche du mot et se complait à la chose ; littéralement, sainte n’y touche.

La petite dévote n’en pouvait mais. Elle versait dans tous les coins toutes les larmes de son corps, d’autant qu’en fille qui veut rattraper le temps perdu elle avait, dès la première semaine, fait son choix parmi les plus ardents postulants. Une douzaine pour le moins se trouvaient à son goût, et elle aspirait malgré ses airs de sainte nitouche, friande des seules sucreries apostoliques, à croquer à l’occasion de plus succulentes dragées.

(Hector France)

Sainte Patience

France, 1907 : Jeu de mot employé par ceux qui ont affaire à un fâcheux, un importun, un bavard qui s’empare de leur personne et de leur temps. Quand le sang-froid va les abandonner, ils s’écrient : Sainte Patience, priez pour moi !

Sainte Solange (cousin de)

France, 1907 : Nom donné dans le Berry aux pèlerins de la grande solennité religieuse qui se fait annuellement à la chapelle de sainte Solange, près de Bourges. Comme ces estimables crétins prétendent obtenir de la sainte ce qu’ils lui demandent, on dit qu’ils sont ses cousins. « Saint Janvier de Naples, observe le comte Jaubert, a aussi ses parentes, vieilles femmes du peuple qui le gourmandent quand le prétendu miracle annuel de ce saint se fait trop attendre. » La superstition et la bêtise sont de tous les pays. C’est le vrai cosmopolitisme.

Sainte Touche

France, 1907 : Le jour des appointements, de la paye, des gages, Argot populaire.

À toutes les fins de mois régulièrement, tous les jours de Sainte Touche, on apercevait, à la sortie du bureau, Mme Varney, embusquée au tournant de la rue, ou devant la façade du Crédit, ou même jusque sous la voûte de la grand’-porte, et prête, comme une tigresse à l’affût de sa proie, à se précipiter sur sa fille, l’entraîner bien vite à l’écart et lui explorer les poches.

(Albert Cim, Demoiselles à marier)

C’est Saint’ Touche, ô brave ouevrier,
Viv’ment approche, on va t’payer :
— Y a pas gras, — L’gringale, l’loyer,
L’épicière… I’s’tape l’fruitier !
Et pour aller chez l’cordonnier,
Les pauv’ loupiots pourront s’fouiller.

(Paul Paillette, Tablettes d’un lézard)

Sainte-Nitouche

Delvau, 1866 : s. f. Fille ou femme qui « fait sa sucrée » ou « sa Sophie », — dans l’argot du peuple, qui sait à quoi s’en tenir sur les « giries » des bégueules. Les ouvriers anglais disent de même : to sham abram (jouer l’innocence patriarcale, feindre la pudeur révoltée). Cette expression s’est employée jadis en parlant d’un Homme timide, mou, irrésolu, en amour comme en autre chose :

Il estoit ferme de roignons.
Non comme ces petits mignons
Qui font la Saincte Nitouche,

dit Mathurin Régnier.

Sainte-Plaque

Rossignol, 1901 : Voir plaquer.

Sainte-Touche

Delvau, 1866 : s. f. La fin du mois, — dans l’argot des employés. La fin de la quinzaine, — dans l’argot des ouvriers.

Boutmy, 1883 : s. f. Jour de la banque. Cette expression, usitée presque exclusivement parmi les personnes attachées au Bureau, n’est pas particulière aux typographes ; elle appartient plutôt au langage des employés.

Merlin, 1888 : Le prêt.

Rossignol, 1901 : Jour de la paye. Le samedi est Sainte-Touche pour les ouvriers.

Hayard, 1907 : La paye.

Sainte-Touche (le jour de la)

Virmaître, 1894 : La paye de chaque semaine ou de fin du mois. La Sainte Espérance est la veille de la Sainte-Touche. C’est une sainte bien fêtée par les ouvriers (Argot du peuple).

Saints (vomir les diables et manger les)

France, 1907 : Vieux dicton appliqué aux dévotes qui, anges à l’église, sont généralement furies à la maison ; après avoir mangé le saint en compagnie de M. le curé, elles vomissent le diable sur la tête le leur mari.

Saints de glace

France, 1907 : On appelle ainsi saint Mamert, saint Pancrace et saint Servais dont les fêtes tombent les 11, 12 et 13 mai, jours auxquels il se fait spécialement dans le centre de la France et en Allemagne des froids qui ne sont pas de saison.
Les météorologistes expliquent ainsi les intempéries dans cette période lunaire qui commence en avril et finit en mai :

Chaque année la terre, dans le parcours de son vaste orbite autour du soleil, passe par deux points critiques : les saints de glace et l’été de la Saint-Martin (novembre-décembre et avril-mai).
Lorsque la terre est à l’extrémité de cet axe oblique correspondant à l’été de la Saint-Martin, elle reçoit, comme le ferait un réflecteur, toutes les tiédeurs du rayonnement solaire.
Mais quand elle est à l’autre extrémité, là où demeurent les saints de glace légendaires, par une combinaison céleste spéciale, il se rencontre entre la terre et le soleil un paquet de pulvéries, de nébuleuses, de quelque matière cosmique, d’astéroïdes, peut-être, qui forme écran entre notre planète et notre grand calorifère. Alors ce sont, dès que le ciel est clair, les abaissements de température, les gelées nocturnes, les accidents variés, que redoutent si fort, et à si juste titre, les agriculteurs, et dont on dit, faute de mieux, afin de tâcher d’en prendre son parti : « C’est la lune rousse ! »


Argot classique, le livreTelegram

Dictionnaire d’argot classique