AccueilA B C D E F G H I J K L M N O ΠP Q R S T U V W X Y ZLiens

courriel

un mot au hasard

Dictionnaire d’argot classique
Argot classique
le livre


Facebook

Share

Russe-français
Russisch-Deutsch
Rusianeg-Brezhoneg
Russian-English
Ρώσικα-Ελληνικά
Russo-italiano
Ruso-español
Rus-român
Orosz-Magyar
Ruso-aragonés
Rusice-Latine
Французско-русский
Немецко-русский
Бретонско-русский
Französisch-Deutsch
Allemand-français
Блатной жаргон
Soldatensprachführer
Военные разговорники

Si

Si

d’Hautel, 1808 : Avec des si et des mais, on fait de belles choses. Signifie que si l’on avoit la connoissance de l’avenir, on se mettroit en mesure contre tous les évènemens.
On dit aussi, et dans le même sens, avec des si et des mais on mettroit Paris dans une bouteille.
Si tant est.
Pour, s’il est vrai, s’il est certain, assuré.
Il a toujours des si et des cas. Se dit par ironie, d’un homme qui trouve des difficultés, des obstacles dans les choses les moins difficiles.

Si bon cheval qui ne bronche

France, 1907 : Il n’est pas de sage qui ne soit sujet à commettre des fautes, puisque d’après les saints livres, le plus vertueux pèche sept fois par jour. Les Anglais ont le même dicton : It is a good horse that never stumbles! On dit aussi dans le même sens : Il n’est si bon charretier qui ne verse. Le saint-père le pape seul a le don d’infaillibilité, ce qu’a péremptoirement démontré Alexandre III, en couchant avec sa fille.

Si fortuna juvat

France, 1907 : Expression latine. Si la fortune favorise.

Si ma tante était un homme

Virmaître, 1894 : Cette expression est employée communément dans le peuple pour exprimer l’absence de la virilité de la femme :
— Si ma tante en avait elle serait colonel dans la garde nationale (Argot du peuple). N.

Si parva licet componere magnis

France, 1907 : S’il est permis de comparer les petites choses aux grandes. Locution latine tirée des Géorgiques de Virgile.

Si præstabis, non habebis

France, 1907 : Si tu prêtes, tu n’auras pas. Vieille maxime latine qui, pour être vieille, n’en est pas moins vraie. Elle était employée au moyen âge avec des additions suivantes : Si præstabis, non habebis ; si habebis, non tam bene ; si tam bene, non tam cito ; si tam cito, perdis amicum. Qui prête ne recouvre ; s’il recouvre, non tout ; si tout, non tel ; si tel, ennemi mortel. (Proverbe espagnol.) Les Anglais disent : The way to lose a friend is to lend him money. « Le moyen de perdre un ami est de lui prêter de l’argent. » Il est peu de personnes qui n’aient été à même de juger de la sagesse de ce conseil.

Si souhaits étaient vrais, pouilleux seraient rois

France, 1907 : Ce dicton, qui n’a pas besoin d’explication, a son équivalent dans toutes les langues. Les Anglais disent : If wishes were horses, beggars would ride. Si les souhaits étaient des chevaux, les mendiants les monteraient. Les Turcs : S’il suffisait de désirer pour obtenir, chaque fakir deviendrait pacha.

Si vis pacem para bellum

France, 1907 : Si tu veux la paix, prépare-toi à la guerre.

Siam

Hayard, 1907 : Marchand.

France, 1907 : Boutiquier ; argot des voleurs.

Siam (bataillon de)

France, 1907 : Groupe des vénériens à l’infirmerie de l’École polytechnique.

Il est rare qu’on sait à y soigner quelque affection grave, car l’École, située an sommet de la montagne Sainte-Geneviève, est parfaitement saine… Les malades que l’on y voit habituellement sont ceux qui ne sont pas soignés par les sœurs, mais par un infirmier appelé autrefois Siam, d’où le nom de bataillon de Siam donné à ce petit groupe.

(Albert Lévy et G. Pinet)

Siamois (frères)

France, 1907 : Les testicules.

Siamois (les)

Rigaud, 1881 : Testes, — dans le jargon des barrières. Allusion à l’accouplement, à l’inséparabilité des frères siamois. — La verte s’est cavalée chez les siamois, le clienbeau m’a collé vingt asticots en deuil, la gonorrhée s’est logée dans les parties, le médecin m’a fait poser vingt sangsues.

Siante

Halbert, 1849 : Chaise.

La Rue, 1894 : Chaise.

France, 1907 : Chaise, pour séante, du verbe seoir.

Sibérie

Boutmy, 1883 : s. f. Se dit de rangs situés à l’extrémité de la galerie et avec lesquels la chaleur n’a aucune espèce d’accointance. Dans quelques imprimeries, on donnait ce nom à un coin de l’atelier où les apprentis, personnages encombrants et plus spécialement affectés aux courses qu’à l’initiation de leur art, étaient relégués pour le tri du pâté. L’attrape-science, heureux de ne pas sentir là peser sur lui une surveillance constante, en profitait pour dévorer le moins de pâté possible et se livrer à toutes les malices que lui suggérait une imagination précoce. La bande joyeuse composait et jouait des drames inévitablement suivis de duels, où les épées, représentées par des réglettes, jonchaient de leurs débris le dessous des rangs. Mais tout, hélas ! n’était pas rose pour nos singes en herbe, et plus d’une fois les jeux se terminèrent par de terribles catastrophes. L’un d’eux ayant un jour chipé chez ses parents un mirifique jeu de piquet, quatre apprentis joyeux, quoique gelant dans leur Sibérie, se mirent à battre bravement les cartes. Ils se les étaient à peine distribuées, qu’ils furent pris d’une panique soudaine bien justifiée. On venait d’entendre le frôlement d’une robe qui n’était autre que celle de la patronne, laquelle n’entendait pas raillerie. Le plus avisé, ramassant vivement les pièces accusatrices, les jeta dans sa casquette, dont il se coiffa non moins vivement. Il était temps ! La patronne vit nos gaillards acharnés après la besogne qui semblait fondre sous leurs doigts. Aussi leur adressa-t-elle des paroles éloquentes de satisfaction. Mais, s’apercevant que l’un d’eux était couvert, et comme elle tenait au respect : « Dieu me pardonne, dit-elle, mais vous me parlez la casquette sur la tête. — Pardon, madame ! » dit l’interpelé. Aussitôt, le roi de pique, la dame de cœur et leur nombreuse cour dansèrent une sarabande effrénée et couvrirent le parquet, plus habitué à recevoir la visite de caractères en rupture de casse que celle de ces augustes personnages. Le jour même, nos quatre drôles avaient quitté la Sibérie et l’atelier. (Nous devons la définition de la Sibérie et les développements de cet article à M. Delestre, un des héros du drame… L’enfant promettait !)

France, 1907 : Arrière-partie d’un atelier où l’on relègue les apprentis qui s’y trouvent généralement dans l’ombre et exposés an froid.

Sibiche et sibijoite

Merlin, 1888 : Cigarette. On dit aussi : une sèche.

Sibiche, sibigeoise, sibijoite

France, 1907 : Cigarette.

Sibigeoise

Fustier, 1889 : Cigarette.

Parmi eux, pas une pipe ; c’est trop commun ! La sibigeoise (cigarette), à la bonne heure.

(Humbert, Mon bagne)

Sibije

Rossignol, 1901 : Cigarette.

Sibijoite

Delvau, 1866 : s. f. Cigarette, — dans l’argot des marbriers de cimetière, parfois trop fantaisistes. Orpheline. Cigarette presque fumée.

Sibylle

d’Hautel, 1808 : C’est une vieille sibylle. Épithète injurieuse et de mépris qui se dit d’une vieille femme qui affecte de l’érudition, de la prétention à l’esprit.

Sic itur ad astra

France, 1907 : Ainsi l’on va aux astres, c’est-à-dire à l’immortalité, à la gloire. Locution latine tirée de l’Énéide de Virgile.

Sic nomen

Larchey, 1865 : Argent. — Latinisme dont la traduction libre est : C’est ainsi que je m’appelle. C’est-à-dire : Je n’ai pas besoin de nom, il me suffit de paraître pour être reconnu par tous.

Sic transit gloria mundi

France, 1907 : Ainsi passe la gloire du monde. Locution latine.

Sic volo, sic jubeo

France, 1907 : Je le veux et je l’ordonne ainsi. Locution latine.

Voltaire a dit que la langue française était une gueuse orgueilleuse. On peut dire, avec plus de raison, que la langue française est une mère arbitraire et despotique, n’écoutant ni raison ni logique, imposant sa loi à ces enfants comme elle l’a reçue de ses ancêtres, sans tenir aucun compte, ni des hommes, ni des lieux, ni des progrès faits par d’autres langues et n’ayant qu’une devise jupitéresque : Sic volo, sic jubeo.

(Alexandre Weill, Étude comparative de la langue française avec les autres langues)

Sic vos non vobis

France, 1907 : Ainsi vous non pour vous, c’est-à-dire vous travaillez, mais d’autres récolteront les fruits de votre labeur. Cette locution est tirée de Virgile.

Quant aux bons fricoteurs de l’allemanisme, ils passaient leur temps à tourner leurs pouces, en se faisant des « joues », comme on dit vulgairement, avec les indemnités péniblement gagnées par leurs camarades. Jamais le sic vos non vobis n’avait été plus effrontément mis en pratique.

(Rochefort)

Sicut decet

France, 1907 : Ainsi qu’il convient. Locution latine.

Pour l’acquisition du terrain et la construction des bâtiments, quelques pots-de-vin furent offerts et acceptés, sicut decet, et l’on fonda la colonie.

(François Coppée, Le Coupable)

Sidi

France, 1907 : Monseigneur. Mot arabe rapporté par les troupiers d’Afrique. La Sidi Brahim est une chanson militaire faite en mémoire des soldats massacrés près du village de ce nom, le 22 septembre 1845. En voici le refrain :

Si l’ennemi vers nous s’avance,
Marchons ! Marchons !
Mort aux ennemis de la France.

Sidonie

France, 1907 : Tête de carton ou de bois sur laquelle les modistes ajustent leurs chapeaux et les coiffeurs leurs perruques. Mannequin de couturière.

De toutes les personnes peu accoutumées à la vertu quotidienne, il n’y en a guère qui le soient moins que les vieilles ou jeunes dames qui, maquillées jusqu’a la ressemblance parfaite avec les sidonies des coiffeurs de banlieue et trainant des robes louées par la marchande à la toilette, où s’accrochent des diamants prêtés par l’entremetteuse, se promènent dans les promenoirs des music-halls ou des jardins où l’on danse.

(Catulle Mendès)

Siège

d’Hautel, 1808 : Voir deux cochers sur un siège. Voy. Cocher.

Siester

France, 1907 : Faire la sieste.

Siffle

Delvau, 1866 : s. f. Voix, — dans l’argot des voleurs.

Rigaud, 1881 : Bouche.

La Rue, 1894 : Voix. Bouche. Sifflet, gorge. Couper le sifflet, couper la gorge. Se rincer le sifflet, boire.

France, 1907 : Voix, bouche.

Siffler

d’Hautel, 1808 : Faire siffler la linote à quelqu’un. Le faire attendre en plein air ; lui faire croquer le marmot.
Il n’a qu’à siffler. Pour dire, il est obéi à la parole.
Il n’y a qu’à siffler et remuer les doigts. Pour dire, c’est une chose fort aisée.

Larchey, 1865 : Boire.

Il a sifflé pour dire : il a bu, parce que les lèvres ont à peu près le même mouvement.

Le Duchat, 1738.

Tiens, vieux chéri, siffle-moi ça, ça va te remettre.

E. Sue.

Delvau, 1866 : v. a. Dépenser. Avoir tout sifflé. Être ruiné.

Delvau, 1866 : v. a. et n. Boire ou manger, mais surtout boire, — dans l’argot du peuple, qui emploie ce verbe depuis plus d’un siècle, comme le prouvent ces vers d’une chanson du commencement du XVIIe siècle :

Lorsque je tiens une lampée
Pleine de vin, le long de la journée,
Je siffle autant que trois.

Rigaud, 1881 : Boire d’un coup, boire promptement.

La Rue, 1894 : Boire. Dépenser. Siffler au disque, attendre, se morfondre.

France, 1907 : Boire.

J’avais ma place réservée à une table de bois blanc dans l’angle de la grande salle commune, et je restais là à fumer pipe, en rêvassant, en regardant les gens du bourg qui, près de moi, sifflaient des bouteilles ou jouaient au billard.

(Fernand Vandérem)

Siffler au disque

Rigaud, 1881 : Se morfondre. Allusion à la manœuvre des mécaniciens des chemins de fer. Avait primitivement le sens restreint d’attendre de l’argent.

Virmaître, 1894 : Demander de l’argent à quelqu’un ; le solliciter d’ouvrir son porte-monnaie. Allusion au mécanicien qui siffle au disque pour demander l’ouverture de la voie (Argot du peuple).

France, 1907 : Attendre, demander principalement de l’argent ; allusion au mécanicien d’une locomotive qui siffle au disque pour demander passage.

— Rien à faire de cette femme-là… J’air sifflé au disque assez longtemps… Pas mèche… La voie est barrée. — Nous savons votre façon de siffler au disque, dit Christian, quand il eut compris cette expression passée de l’argot des mécaniciens dans celui de la haute gomme.

(Alphonse Daudet)

Siffler la linotte

Delvau, 1866 : v. a. Appeler sa maîtresse avec un cri ou un air convenus ; faire le pied de grue.

Rigaud, 1881 : Attendre dans la rue.

France, 1907 : Attendre vainement quelqu’un ; en autre terme argotique, faire le pied de grue.

Le peuple, au lieu de faire le pied de grue, s’est mis à siffler la linotte, parce qu’il n’ignore pas qu’on perd son temps et sa peine en voulant siffler cette bête évaporée.

(Émile Gouget)

Sifflet

d’Hautel, 1808 : Couper le sifflet à quelqu’un. Pour dire, le rendre muet et confus ; l’interdire, le mettre hors d’état de répondre.

Larchey, 1865 : Gosier. — Comparaison facile à deviner. Vidocq donne aussi siffle pour voix.

Qu’en te coupant le sifflet, quelqu’un délivre le royaume.

La Nouvelle Mazarinade, 1652.

Se rincer, s’affuter le sifflet : Boire.

Là, plus d’un buveur bon apôtre, Venait se rincer le sifflet.

Colmance, Ch.

Faut pas aller chez Paul Niquet Six fois l’jour s’affuter le sifflet.

P. Durand, Ch. 1836.

Delvau, 1866 : s. m. Gorge, gosier, — entonnoir à air et à vin. S’affûter le sifflet. Boire. On dit aussi Se rincer le sifflet. Couper le sifflet à quelqu’un. Le forcer à se taire, soit en lui coupant le cou, ce qui est un moyen extrême, soit en lui prouvant éloquemment qu’il a tort de parler, ce qui vaut mieux.

Rigaud, 1881 : Voix, gosier. — Couper le sifflet, tuer, interrompre, faire taire. Étonner au point de rendre l’interlocuteur muet. — Raboter le sifflet, brûler le gosier.

Hein ! ça rabote le sifflet ! Avale d’une lampée.

(É. Zola.)

Se rincer le sifflet, boire.

Merlin, 1888 : Canon. — Il en a tant soit peu la forme, et sa détonation peut être comparée à un sifflement gigantesque. L’un et l’autre servent, d’ailleurs, de signal de combat.

Rossignol, 1901 : Le cou.

Rossignol, 1901 : Habit de cérémonie.

Hayard, 1907 : Habit à queue de morue.

France, 1907 : L’habit noir, appelé ainsi à cause de la forme.

Derrière Harimina, formant un groupe sympathique, voici le père, en sifflet, la mère, en robe de velours à traine, les quatre demoiselles d’honneur, essaim bourdonnant de petites demi-vierges, aux grands yeux luisant de prometteuses précocités.

(Émile Blavet)

On dit aussi sifflet d’ébène.
Dans une invitation à un dîner de la Société nationale des professeurs de français en Angleterre, on lit ce nota bene :

N. B. — On est prié de ne pas endosser le « sifflet d’ébène », alias habit noir — evening dress, comme disent les Anglais.

France, 1907 : Cou, gosier, gorge. Se rincer le sifflet, boire. Couper le sifflet, égorger, guillotiner.

Les aminches et les gigolettes,
Ceux de Belleville et de la Villette,
Viendront nous voir couper le sifflet
Si ça leur fait pas trop d’effet.

(Sellier, dit le Manchot de Montmartre)

Se dit aussi pour surprendre, étonner ; même sens que couper la chique.

France, 1907 : Canon ; argot militaire.

Sifflet (avaler son)

France, 1907 : Mourir.

Sheffield avait d’excellentes raisons pour ne pas se soucier de prouver son identité, aussi, d’un revers de main, se débarrassa-t-il de l’agent ; mais le voyant porter son sifflet à ses lèvres, il le lui enfonça dans la bouche avant qu’il eût pu en tirer un couac, et si profondément que le malheureux ne put le recracher.
— Voilà, dit cyniquement Sheffield, ce qui s’appelle avaler son sifflet !

(Hector France, La Taverne de l’Éventreur)

Sifflet d’ébène

Rigaud, 1881 : Habit noir.

Virmaître, 1894 : V. Habit à queue de morue.

Siffleur

France, 1907 : Professeur de droit en chambre qui prépare les candidats aux examens.

On dit que Le Gendre qui n’est qu’un misérable siffleur, logé dans un galetas auprès de Notre-Dame, a tous les ans plus de récipiendaires que Bocage qui est un habile docteur.

Siffran

France, 1907 : Planche dont se servent les tailleurs pour presser les étoffes ; corruption de six-francs.

Il y avait une planche en noyer, dite siffran, dont les tailleurs se servent pour repasser les coutures et presser les étoffes.

(Aug. Macé)

Sig

France, 1907 : Pièce de vingt francs. Voir Sigue.

Après séance, aux bons larbins
Donne des sigs ou des rotins.

(Hogier-Grison, Pigeons et vautours)

Sig-de-bord

un détenu, 1846 : Chapeau.

Sigisbéisme

France, 1907 : Action de rendre des soins assidus à une femme, de se faire son cavalier servant ; de sigisbée, venu de l’italien cicisbeo.

Sigle

France, 1907 : Voir Sigue.

Signe

d’Hautel, 1808 : Il faut faire un grand signe de croix. Se dit par raillerie, pour marquer l’étonnement, la surprise que l’on éprouve de voir faire une chose à quelqu’un, ou de recevoir la visite d’une personne que l’on n’a vue depuis long-temps.
Signe. Indice, marque d’une chose. Ce mot est souvent employé par le peuple, pour seing (signature).

Hayard, 1907 : Pièce de vingt francs.

Signe d’argent

Delvau, 1866 : s. m. Le stercus humain, — dans lequel il est bon de marcher, paraît-il, parce que cela porte bonheur.

Signe de la croix des pochards

France, 1907 : Émile Zola, dans l’Assommoir, donne l’explication de cette singulière expression :

Coupeau se leva pour faire le signe de la croix des pochards. Sur la tête il prononça Montparnasse, à l’épaule droite Ménilmontant, à l’épaule gauche la Courtille, au milieu du ventre Bagnolet et dans le creux de l’estomac trois fois Lapin sauté.

Signe du bélier

France, 1907 : Constellation qui préside au cocuage. Allusion aux cornes.

Celui que le guignon fit naître
Sous le signe ingrat du bélier,
Se tourmente pour mieux connaître
Ce qu’il ferait bien d’oublier…
Veut-il fuir des chagrins sans bornes ?
Qu’il change ses yeux pour des cornes,
À l’exemple de l’escargot !

(M. Guitard)

Signe, cigale

Rigaud, 1881 : Pièce d’or. Son chant est plus mélodieux que celui de la cigale.

La Rue, 1894 : Pièce de 20 fr. Demi-signe, dix francs.

Signer

d’Hautel, 1808 : Se signer. Pour dire, faire le signe de la croix.

Signer des orteils

Virmaître, 1894 : Le pendu, dans ses derniers tressaillements, agite les pieds (Argot du peuple).

Signer des orteils (se)

Delvau, 1866 : v. réfl. Se pendre ou être pendu, — dans l’argot du peuple, qui fait allusion aux derniers tressaillements des suicidés ou des condamnés.

Signer le rapport

France, 1907 : Voir Ordre.

Signifier en queue

France, 1907 : Argot d’avoué dont le passage suivant donne l’explication :

Comme on n’aurait pas le temps de transcrire une requête entière, l’avoué se contente de signifier à l’avoué de son adversaire une fin de requête ; puis, lorsque vient le moment de la taxe, si elle est requise, la pièce est fictivement rétablie après coup, et soufflée de manière à produire un chiffre de rôles proportionné a l’importance de l’affaire. C’est ce qui s’appelle, en argot d’étude, signifier en queue.

(Altaroche, L’Avoué)

Sigue

M.D., 1844 : Pièce d’or.

un détenu, 1846 : Pièce de vingt francs.

Halbert, 1849 : 20 francs.

Virmaître, 1894 : Pièce de vingt francs (Argot des voleurs).

France, 1907 : Pièce de vingt francs. C’est sigle qu’il faudrait dire, du nom d’une monnaie qui, chez les Grecs et les Romains, pesait deux drachmes et valait un quart d’once.

Pour eun’ thune a’r’tir’ son chapeau,
Pour deux thun’ a’r’tir’ son manteau,
Pour un sigue on la déshabille
À la Bastille.

(Aristide Bruant, Dans la Rue)

Boîte à sigues, gilet.

Sigue (double)

Halbert, 1849 : 40 francs.

Sigue (un demi)

Virmaître, 1894 : Pièce de dix francs (Argot des voleurs).

Sigue, sigle

Larchey, 1865 : Pièce d’or (Vidocq). Abrév. de cigale.

Silence

d’Hautel, 1808 : Silence ! notre chat danse. Dicton ironique et populaire, pour tourner en ridicule une personne qui affecte de recommander aux autres le silence, quoique ses occupations ne soient rien moins que sérieuses.

Delvau, 1866 : s. m. Audiencier, — dans l’argot des voyous, habitués de police correctionnelle ou de cour d’assises.

Rigaud, 1881 : Huissier-audiencier. (Fr. Michel.)

France, 1907 : Huissier audiencier. Allusion à son cri continuel.

Silo

France, 1907 : Les silos proprement dits sont des trous profonds creusés dans la terre où les Arabes renferment leurs graines. Dans les premiers temps des guerres d’Afrique, l’on s’est servi de ces trous pour y enfermer les soldats indisciplinés ou simplement punis lorsque ces silos, vidés au préalable, se trouvaient dans le voisinage des camps. Plus tard on en creusa spécialement l’usage de certains corps tels que les compagnies de discipline et les bataillons d’Afrique. On descendait le coupable dans le trou au moyen d’une échelle et on l’y laissait jusqu’à l’expiration de la peine infligée par le colonel ou même par un simple sous-officier.

La discipline des armées de mer est aussi sévère que celle des compagnies d’Afrique, et pèse sur des hommes qui n’ont jamais été condamnés. Huit jours de fers à fond de cale ne sont pas plus cruels que huit jours de fers dans les silos.

(Général Lewal)

Le silo, noir tombeau de forme circulaire,
Dans les camps africains, que l’on creuse sous terre,
Étroit à l’orifice et large dans le fond,
Humide, sale, obscur, implacable et profond,
Une trappe sinistre, une bouche béante
Qui saisit une proie et l’envahit vivante,
Un cercle ténébreux où l’homme jeté seul,
Semble un mur oublié, sans croix et sans linceul,
Car l’on vous y descend de la seule manière
Qu’en un sombre sépulcre on descend une bière !

(Léonce Fargeas, Le Silo)

Silos

Fustier, 1889 : Punition infligée aux soldats des compagnies de discipline.

Simagrée

d’Hautel, 1808 : Minauderie, grimace, afféterie ; manière d’agir ridicule et sotte.

Sime

Delvau, 1866 : s. f. Patrouille, — dans l’argot des voleurs.

Virmaître, 1894 : Patrouille. J’ai cherché en vain la raison de cette expression, elle n’a pu m’être expliquée, même par des récidivistes ; comme elle est usuelle, je la donne (Argot des voleurs).

Similia similibus curantur

France, 1907 : Les semblables sont guéris par les semblables ; maxime des homœopathes.

Simon

Larchey, 1865 : « La maison où les vidangeurs travaillent est appelée par eux atelier et le propriétaire de cette maison est appelé par eux Simon. » — Berthaud.

Delvau, 1866 : s. m. Propriétaire, — dans l’argot des ouvriers viveurs. Aller chez Simon. Aller « où le roi va à pied », — dans l’argot des bourgeoises.

Rigaud, 1881 : Bourgeois, propriétaire de la maison où l’on vide les latrines, — dans le jargon des vidangeurs.

Simon (aller chez)

France, 1907 : Aller aux lieux d’aisances.

Simone (la)

Virmaître, 1894 : Vol à la tirelire. Ce vol est pratiqué par de faux vidangeurs. On nomme ces voleurs des simonneurs parce que ce truc fut inventé par un nommé Simon (Argot des voleurs).

Simoneur

France, 1907 : Escroc.

Simonner

La Rue, 1894 : Escroquer.

France, 1907 : Escroquer, tricher ; de simonie.

Simoun

France, 1907 : Voir Siroco.

Simple

Delvau, 1866 : s. et adj. Niais, dans l’argot du peuple, qui a un faible pour les roublards. Les Anglais ont la même expression : Flat, plat, — nigaud.

La Rue, 1894 : Dupe. Malfaiteur par occasion.

France, 1907 : Malfaiteur d’occasion qui ne connait pas encore les roueries du métier. C’est aussi la dupe à voler.

Simpliste

France, 1907 : Écrivain qui écrit naturellement en bon français sans chercher es phrases ronflantes et des mots inconnus, Partisan de la réforme simplifiée de l’orthographe.

Simve

M.D., 1844 : Homme de bonne foi.

Sinade

France, 1907 : Tabac à priser. Terreau.

Sinade, terreau

La Rue, 1894 : Tabac à priser.

Since

France, 1907 : Patrouille.

— Passe devant et allume si tu remouches la since ou la patraque.

(Mémoires de Vidocq)

Sinderesse

France, 1907 : Envie de mal faire.

Parmi ceux de la bande était certain voleur
Nommé le Fèvre, ayant jadis eu de l’honneur.
Il avait beau se voir de quoi vivre à son aise,
Il lui venoit parfois certaine sinderesse.

(Nicolas R. de Grandval, Le Vice puni)

Sine Cerere et Baccho friget Venus

France, 1907 : Sans Cérès et sans Bacchus, Vénus se gèle. Locution latine tirée de Térence, « Il faut bien boire et bien manger pour être vigoureux en amour. » Conseil aux amoureux transis. Vive l’amour après diner ! dit un dicton de nos pères.

Sine nomine vulgus

France, 1907 : Le vulgaire sans nom, la foule, le commun des mortels.

Sine qua non

Larchey, 1865 : La chose indispensable. — Sine qua non possumus s’entend ordinairement de l’argent.

L’entretien est le sine quâ non de l’élégance.

(Balzac)

France, 1907 : Argent. Locution latine, mot à mot : la chose indispensable, sans laquelle on ne peut rien. Voir Quibus.

Sine scandalo

France, 1907 : Sans scandale. Latinisme d’église. « Le gros vicaire couche avec ses plus jolies pénitentes sine scandalo, persuadé, comme Tartufe, que
le scandale du monde est ce qui fait l’offense,
Que ce n’est pas pécher que pécher en silence. »

Sinfe

un détenu, 1846 : Volé qui tient le voleur.

Singe

d’Hautel, 1808 : Payer en monnoie de singe, en gambades. Se moquer de celui à qui l’on doit, au lieu de le satisfaire. Ce proverbe vient de ce qu’autre fois les bateleurs qui montroient des singes, étoient obligés, pour tout péage, à l’entrée des villes, de faire danser leurs singes. ACAD.
Singe. C’est le nom que les imprimeurs à la presse donnent aux compositeurs qui ne font pour ainsi dire que copier le manuscrit, et pour se venger de ces derniers, qui les appellent ours.
C’est un vrai singe.
Se dit d’un homme qui imite avec trop d’affectation les gestes d’un autre homme.
Adroit comme un singe. Se dit d’un homme agile et industrieux.
Malin comme un singe. Se dit d’un enfant fort espiègle, très-avisé.

Halbert, 1849 : Chef d’atelier, le patron.

Larchey, 1865 : « En revanche, les ours ont nommé les compositeurs des singes à cause du continuel exercice qu’ils font pour attraper les lettres dans les cinquante-deux petites cases où elles sont contenues. » — Balzac.
Monnaie de singe : Grimace. V. Roupie.

Il la payait, comme dit le peuple en son langage énergique, en monnaie de singe.

(Balzac)

Delvau, 1866 : s. m. Patron, — dans l’argot des charpentiers, qui, les jours de paye, exigent de lui une autre monnaie que celle de son nom.

Delvau, 1866 : s. m. Ouvrier compositeur, — dans l’argot des imprimeurs.

Rigaud, 1881 : Patron. Nom donné primitivement par les peintres en bâtiment aux bourgeois qui les employaient, et, par extension, par tous les ouvriers à leurs patrons. Aujourd’hui ce sobriquet est trop connu pour qu’il soit employé en présence du patron ou’ du contre-maître. Dans la plupart des ateliers on choisit un sobriquet qui rappelle soit les mœurs, soit les habitudes, soit une infirmité du patron.

Rigaud, 1881 : Apprenti typographe.

Boutmy, 1883 : s. m. Ouvrier typographe. Ce mot, qui n’est plus guère usité aujourd’hui et qui a été remplacé par l’appellation de typo, vient des mouvements que fait le typographe en travaillant, mouvements comparables à ceux du singe. Une opinion moins accréditée, et que nous rapportons ici sous toutes réserves, attribue cette désignation à la callosité que les compositeurs portent souvent à la partie inférieure et extérieure de la main droite. Cette callosité est due au frottement réitéré de la corde dont ils se servent pour lier leurs paquets.

Les noms d’ours et de singe n’existent que depuis qu’on a fait la première édition de « l’Encyclopédie », et c’est Richelet qui a donné le nom d’ours aux imprimeurs, parce que, étant un jour dans l’imprimerie à examiner sur le banc de la presse les feuilles que l’on tirait, et s’étant approché de trop près de l’imprimeur qui tenait le barreau, ce dernier, en le tirant, attrape l’auteur qui était derrière lui et le renvoie, par une secousse violente et inattendue, à quelques pas de lui. De là, il a plu à l’auteur d’appeler les imprimeurs à la presse des ours, et aux imprimeurs à la presse d’appeler les compositeurs des singes.

(Momoro.)

Autrefois MM. les typographes se qualifiaient pompeusement eux-mêmes du titre d’hommes de lettres, et MM. les imprimeurs de celui d’hommes du barreau.

Virmaître, 1894 : Patron. Presque tous les corps de métiers, à l’exception des chapeliers, nomment leur patron un singe. Singe, ouvrier compositeur. Ce n’est pourtant pas dans un atelier de typographie qu’il faut chercher des grimaces (Argot du peuple).

Rossignol, 1901 : Patron.

Hayard, 1907 : Patron.

France, 1907 : Viande de conserve ; argot militaire.

Comme de coutume au régiment le 14 juillet on nous a fait faire ripaille. Les grands chefs avaient ordonné à nos sacrés capitaines de bien nourrir leurs hommes.
Ah ! ils nous ont bien nourris !
Un de ces gradés n’a rien trouvé de mieux que de nous faire bouffer du singe.
Tu dois penser que ça ne doit pas être fameusement ragoûtant. Il s’en faut ! C’est de la bidoche qui a au moins cinq ans de magasin et qui, peut-être, est en conserves depuis six ou huit ans…, sinon plus !

(Le Père Peinard)

France, 1907 : Sobriquet donné autrefois aux ouvriers typographes à cause des gestes saccadés qu’ils font en levant la lettre. Ce mot a été remplacé par celui de typo.

France, 1907 : Petite fille ou femme laide, chétive, disgracieuse.

— Conment ! ce petit laideron que j’ai accueillie par charité, cette horreur que je suis forcé de voir chaque jour à ma table, qui a déjà apporté chez moi une maladie contagieuse… cette petite guenon, amenant le vice chez nous, est la cause de la mort de ce pauvre garçon… L’imbécile ! un singe comme ça !

(A. Bouvier, La Grêlée)

France, 1907 : Patron, directeur, chef, maître quelconque. Ce sobriquet est général, il est passé des ouvriers, des domestiques, aux employés de magasins et de bureaux.

France, 1907 : Dessin d’imitation ; argot des polytechniciens.

Le singe imite tout ce qu’il voit faire, de là le mot singe employé pour désigner le dessin d’imitation… Les uns dessinent d’après les estampes, d’autres le paysage, d’autres des chevaux ; une section occupe un petit amphithéâtre réservé à la bosse ou à l’étude du modèle vivant. Ces différents genres de dessin sont ce qu’on appelle le singe mort, le jodot, les zèbres et le singe vivant.

(Albert Lévy et G. Pinet)

anon., 1907 : Patron.

Singe (patenotres de)

France, 1907 : Grimaces. Voir Monnaie de singe.

Singe à rabat

France, 1907 : Magistrat ; argot des voleurs.

Singe botté

Delvau, 1866 : s. m. Homme amusant, gros farceur, dans l’argot des bourgeoises.

Singe bottée

France, 1907 : Homme comique, amusant, quelque peu ridicule ; argot populaire.

Singe de la rousse

Rigaud, 1881 : Officier de paix, — dans le jargon des voleurs.

France, 1907 : Officier de paix ; argot des voleurs.

Singe en Afrique (aller chercher un)

Merlin, 1888 : Partir pour les compagnies de discipline.

Singe, singesse

La Rue, 1894 : Patron, patronne. Faire le singe, attendre.

Singeresse

France, 1907 : Maîtresse de maison, femme du maître, du patron ; argot populaire.

Singeries

Delvau, 1866 : s. f. Grimaces, mines hypocrites, comédie de la douleur, — dans l’argot du peuple, qui n’aime pas les gens simiesques.

Singesse

Rigaud, 1881 : Patronne, femme du patron. — Prostituée, — dans le jargon des femmes du monde.

Single

Rossignol, 1901 : Pris de boisson.

Singleurs

Virmaître, 1894 : Les doigts (Argot du peuple). V. Salsifits.

France, 1907 : Les doigts ; argot des voleurs.

Singulier pistolet

Delvau, 1866 : s. m. Homme bizarre, original, qui ne fait rien comme tout le monde, part quand il faudrait rester, et reste quand il faudrait partir.

Sinqui

Halbert, 1849 : Cela.

Sint ut sunt, aut non sint

France, 1907 : Qu’ils soient tels qu’ils sont, ou qu’ils ne soient pas. Paroles prononcées par le général des Jésuites Laurent Ricci, au pape Clément XIV qui voulait exiger des modifications dans les statuts de l’ordre.

Sinve

Larchey, 1865 : Dupe. — Corruption du mot simple. — V. Affranchir, Rifle.

Delvau, 1866 : s. m. Homme simple, imbécile, bon à duper, dans l’argot des voleurs. Quelques lexicographes de la rue affirment qu’on écrit et prononce sinvre. Affranchir un sinve. Faire d’un paresseux un voleur, ou d’un débauché un escarpe.

Rigaud, 1881 : Simple, niais.

La Rue, 1894 : Simple, niais. Dupe, victime. Asinver, abêtir.

Virmaître, 1894 : Bonne tête, bon à fabriquer. Synonyme de pante argoté. Affranchir un sinve : rendre un imbécile, canaille et voleur. Il n’y a souvent pas grande besogne à faire (Argot des voleurs).

Rossignol, 1901 : Voir pantre.

Hayard, 1907 : Homme naïf.

France, 1907 : Crédule, simple, dupe. Faire le sinve, avoir peur.

— L’ami, m’a-t-il dit, tu n’as pas l’air brave. Ne va pas faire le sinve devant la carline.

(Victor Hugo)

Sinverie

Rigaud, 1881 : Niaiserie.

Sinverie, sinvinerie

France, 1907 : Niaiserie.

Sinves (des)

Halbert, 1849 : Des simples.

Sinvine

France, 1907 : Niaise.

Sinvinerie

Delvau, 1866 : s. f. Niaiserie.

Sinvre

Raban et Saint-Hilaire, 1829 : Niais, idiot. Faire le sinvre, faire la bête.

Bras-de-Fer, 1829 : Bête.

Sioner

Clémens, 1840 : Assassiner.

Sioniste

France, 1907 : Nom que se donnent les juifs qui aspirent à reconstituer le royaume de Sion, c’est-à-dire à restituer dans son intégrité la nationalité hébraïque.

On nous reproche, disent les sionistes, de ne pas avoir de patrie, d’être des étrangers dans les pays que nous habitons, où nous subissons des lois que vous n’avons pas toujours faites et qui, en certains lieux, sont des lois d’exception contre nous. Hé bien ! ayons une patrie ! La prophétie disant que nous resterons dispersés ne vaut pas plus, devant la raison humaine, que celle qui assure que le temple ne sera pas rebâti. Réunissons-nous et faisons-la mentir…
À vrai dire, je ne crois guère à la réussite du projet des sionistes. Ils pourraient, à la rigueur, fonder une colonie juive, s’administrant librement sous la loi de Moïse. Mais ceci ne serait que la reprise et le développement de l’entreprise patronnée par le baron de Hirsch au profit des juifs persécutés en Roumanie on en Russie. Quant à reconstituer d’un coup une nationalité, les conditions économiques et politiques de notre temps paraissent s’y opposer. De plus, sans parler de certaines divisions qui existent, assez profondes, parait-il, entre les diverses « nations juives », — les juifs portugais, par exemple, ressemblent peu aux juifs polonais ou de la vallée du Danube, — l’idée sioniste me parait arriver trop tard. Sa raison d’être, c’est que les juifs — c’est là le terrain sur lequel on s’est placé au congrès — ne sont pas devenus les nationaux de leurs pays d’élection. Ceci n’est pas vrai partout. Ce n’est même vrai que dans un certain nombre de pays où, du fait de leur situation exceptionnelle, les juifs, même assez nombreux, n’ont pas la puissance financière que voudrait une grande entreprise. On trouverait en Russie bien des israélites prêts à aller chercher une nouvelle patrie. Mais auraient-ils les ressources nécessaires pour l’essayer ? Dans presque tous les autres pays d’Europe, en France, en Angleterre, en Allemagne, les israélites sont riches et, par cette richesse même, se sont assimilés à la nation au milieu de laquelle elle fut créée.

(Nestor, Écho de Paris)

Sionneur

France, 1907 : Assassin. Voir Scionneur.

Les sionneurs sont ceux qui, après minuit, vous attendent au coin d’une rue, vous abordent le poing sur la gorge en vous demandant la bourse ou la vie.

(Mémoires de M. Claude)

Siphon

France, 1907 : Tête ; argot populaire.

Selon l’époque, ceux qui ont des idées dans le siphon, — les galeux d’où vient tout le mal, changent de nom, — rien que de nom ! Dans le temps, les Rouges et les Partageux ont été des monstres rudement à la mode. Aujourd’hui, c’est le tour aux anarchos.

(Père Peinard)

Siphon (faire)

Fustier, 1889 : Argot du peuple. Vomir.

Sir

France, 1907 : Titre que les Anglais donnent aux baronnets et qui doit toujours être suivi du prénom, sir Charles Dilke, sir Walter Scott, à l’encontre du titre lord qui précède directement le nom, lord Salisbury, lord Byron. Dans la conversation ou la correspondance, on appelle sir toute personne à qui l’on s’adresse ; ce mot signifie alors simplement Monsieur, mais il n’est jamais suivi du nom de la personne. Nos voisins se moquent beaucoup de l’ignorance de certains de nos journalistes qui, dans le compte rendu de réunions publiques, gratifient du titre de sir de simples artisans : sir Bertrand, menuisier ; sir Patachon, cordonnier.

Sirandane

France, 1907 : Rébus, devinette ; mot créole mauricien. Ainsi : « Moi connais une mamzelle qui manze ses tripes et boit son sang. — Une lampe. » Autre sirandane : « Mamzelle est là-haut sur le cimin, tout le monde qui passe embrasse sa bouce. Qui ça ? — La fontaine. »

Sirène

Delvau, 1864 : Fille publique qui cherche à attirer l’homme en chantant, — pour le faire chanter a son tour.

Sirène de la gare Saint-Lazare

France, 1907 : On appelait ainsi des prostituées faisant partie d’une bande de malfaiteurs qui, vers 1875, rôdaient autour de la gare Saint-Lazare et attiraient les voyageurs dans des coupe-gorge où ils étaient dépouillés.

Sirène de moulin (chanter comme une)

France, 1907 : Chanter comme une ânesse.

Siroco

France, 1907 : Nom donné sur les côtes de la Méditerranée à un vent violent du sud-est. C’est le même vent qui souffle dans le désert et que les Arabes appellent simoun. Siroco est une corruption de l’italien seiroco.

Les fiers petits coquelicots
Sont plus jolis qu’ils ne sont braves,
Les brises et les sirocos
Fripant leurs costumes suaves,
En feront vite des épaves.

(Maurice Vaucaire)

Sirop

Delvau, 1866 : s. m. Vin, — dans l’argot des faubouriens, qui ont l’honneur de se rencontrer avec Rabelais : « Après s’être bien antidoté l’haleine de sirop vignolat, » dit l’immortel Alcofribas Nasier. Avoir un coup de sirop de trop. Être ivre.

Rigaud, 1881 : Vin. — Un coup de sirop.

Sirop (coup de)

France, 1907 : Commencement d’ivresse.

Sirop d’alfa

Merlin, 1888 : Absinthe.

Sirop de baromètre

Rigaud, 1881 : Eau. Variante : Sirop de grenouilles.

France, 1907 : Mercure administré aux victimes de la Vénus malsaine.

Sirop de crapule

France, 1907 : Eau-de-vie.

Sirop de giberne

Merlin, 1888 : Pour sirop de Gibert.

Sirop de grenouille

France, 1907 : Eau.

… Sur ma table, en face de moi, est une bouteille de forme ordinaire. Elle est remplie d’un liquide incolore, inodore, insipide, pour parler le langage des chimistes, qui vous ferait l’effet d’être purement et simplement ce qu’une petite dame française me disait l’autre jour être appelé du sirop de grenouilles.

(Hector France, Les Mystères du Monde)

Sirop de l’aiguière

France, 1907 : Eau.

Sirop de macchabée

Virmaître, 1894 : Allusion aux gens qui se noient. Ils sirotent bien malgré eux l’eau de la rivière (Argot des voleurs).

Sirop de navet

Delvau, 1864 : Le sperme, par allusion à la forme du navet et à sa couleur.

Sans donner l’temps qu’ell’ réfléchisse,
J lui r’passe, afin qu’a s’ rafraîchisse,
D’la liqueur du nœud conjugal
Et l’ sirop d’ navet pectoral.

(Chanson anonyme moderne.)

Sirop de parapluie

France, 1907 : Eau.

Sirop de vessie

France, 1907 : Urine ; argot militaire.

Or, à ce moment même, une scène bizarre se passait sous les yeux des dragons, et attirait l’attention des officiers.
Maître Bastringue, après avoir flairé curieusement le pantalon de son maître, ne s’était-il pas avisé de lever l’aileron, et d’injecter ledit vêtement de certain liquide que, dans leur langage imagé, les troupiers appellent sirop de vessie.

(Théodore Cabe)

Siroter

d’Hautel, 1808 : Gobelotter, faire débauche de vin ; grenouiller, lamper, ivrogner.

Larchey, 1865 : Boire.

Son bonheur était d’aller siroter le vin à dix de la Courtille.

Ricard.

Delvau, 1866 : v. n. et a. Nettoyer à fond la tête de quelqu’un, la bien peigner, friser et pommader. Argot des coiffeurs.

Delvau, 1866 : v. a. Boire plus que de raison. Signifie aussi Boire à petits coups.

Rigaud, 1881 : Coiffer, friser et pommader avec soin, — dans le jargon des coiffeurs.

Rigaud, 1881 : Boire à petits coups. Savourer ce qu’on boit.

France, 1907 : Boire. Siroter une négresse, boire une bouteille de vin.

Ils étaient vieux. Ils étaient deux :
Elle, était simplement sa bonne,
Lui n’avait servi que Bellone,
Ils étaient encore amoureux.
Le vieux aimait à siroter
Et souvent, la nuit, après boire,
L’ancien ne pouvait plus chanter victoire !

(Aristide Bruant)

Siroter le bonheur

Delvau, 1866 : v. a. Être dans la lune de miel. Argot des faubouriens.

Siroteur

Delvau, 1866 : s. m. Ivrogne.

Siroteur, siroteuse

Rigaud, 1881 : Celui, celle qui boit à petits coups, qui déguste ce qu’il boit.

France, 1907 : Ivrogne, ivrognesse ; argot faubourien.

Sisez-vous

France, 1907 : Asseyez-vous.

Sisez-vous donc dessus ces bancs.
Cheminaux, vieux conteux d’sornettes,
Courandiers, j’ons du bon p’tit vin,
Traineurs de peill’s et de besaces,
Mèn’-tout, va-nu-pieds, grands flandrins,
Venez vous couleurer la face.

(Hugues Lapaire, Noël berriand)

Sit nomen

France, 1907 : Argent. Cette expression vient des anciennes pièces de cinq francs à l’effigie de Louis XV et de Louis XVI, qui portaient au revers autour de l’écu fleurdelisé la devise : Sit nomen Domini benedictum.

Sit pro ratione voluntas

France, 1907 : Que ma volonté serve de raison. Locution tirée de Juvénal et qu’on applique au despotisme, où a une impérieuse volonté.

Sit tibi terra leves !

France, 1907 : Que la terre te soit légère. Locution latine à l’adresse des morts tirée de Martial.

Sitrin

Halbert, 1849 : Noir.

France, 1907 : Noir.

Sitron

Halbert, 1849 : Aigre.

Sivage

France, 1907 : Vol de poules.

Sive

Rigaud, 1881 : Poule.

France, 1907 : Poule ; vieux mot, du romain chiveli.

Siveur

France, 1907 : Voleur de poules.

Six

Larchey, 1865 : Chandelle de six à la livre.

Voyons que j’allume ce bout… Tiens, vous usez des six, Plumet, c’est comme moi.

Ricard.

Delvau, 1866 : s. f. Une des six chandelles dont se compose un paquet d’une livre. Brûler des six. N’employer que ces chandelles-la.

Six broqué !

France, 1907 : En route ! Partons ! argot des voleurs.

Six et trois font neuf

Rigaud, 1881 : Boiteux. Allusion à l’allure inégale des boiteux dont les pas semblent marquer des nombres différents.

France, 1907 : Boiteux.

Six francs

Rigaud, 1881 : Planche à repasser à l’usage des tailleurs.

Six-francs

Delvau, 1866 : s. m. Outil de bois sur lequel on repasse les habits, — dans l’argot des tailleurs.

Six-quatre-deux (à la)

Delvau, 1866 : adv. Sans soin, sans grâce, à la hâte, — dans l’argot des bourgeois.

Rigaud, 1881 : À la diable, en un clin d’œil.

Elle se cambra sur sa chaise, les yeux brillants de la conversion qu’elle venait d’opérer à la six-quatre-deux, le temps de pousser un ainsi soit-il.

(Hennique.)

France, 1907 : Sans soins, négligemment. Ouvrage fait à la six-quatre-deux. « Le brouillon, pour qui l’ordre est chose secondaire, est censé compter n’importe comment au lieu d’énumérer les nombres rationnellement. » Telle est l’explication que donne M. L. Esquieu dans l’Écho du public.

Shakespeare, — qui passe pour ne pas avoir été une tourte — jouait ses pièces à la six-quat’ deux ; quasiment sans décors.

(Le Père Peinard)

Sixième

France, 1907 : Haute casquette de soie noire comme en portaient, il y a quelques années, les souteneurs, et qu’on appelait aussi casquette à trois ponts.

Sixième dessous

France, 1907 : État complet de misère ou de prostration.

Sixième sens

France, 1907 :

Au lendemain de la révolution de Février, les caricatures représentaient toujours Victor Censidérant, qui était un ardent fouriériste, pourvu d’une queue longue et souple comme celle du singe, avec un œil au bout. Pourquoi ? Parce que Fourier avait annoncé que l’homme, aujourd’hui très incomplet, mais éternellement perfectible, acquerrait, par la suite des temps, un sixième sens. On riait beaucoup de cette prophétie, vers 1850, et l’amusant crayon de Cham avait symbolise le sixième sens par cet œil au bout de cette queue.
Mais, après tout, l’idée de Fourier est-elle si folle ? S’il a voulu dire — et c’est probable — que l’homme, dans quelques milliers d’années, différerait autant de nous que nous différons de l’anthropoïde du globe primitif, et que ses cinq sens, infiniment plus subtils et plus délicate que les nôtres, le rendraient très supérieur à l’homme actuel, il n’y a là, vraiment, aucune absurdité, mais quelque chose comme une théorie avant-courrière de celle de Darwin.

(François Coppée)


Argot classique, le livreTelegram

Dictionnaire d’argot classique