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V

V’lan

Fustier, 1889 : « Au temps où le Grand-Seize s’emplissait chaque soir, au café Anglais, d’une société qu’on ne remplacera pas, car les gens d’esprit d’alors ont été remplacés par des imbéciles, on avait trouvé mieux que pchutt. On disait de quelqu’un, homme ou femme, qui se distinguait par une attitude, par un parti pris, un laisser-aller, une originalité tranchée : Il a du v’lan ! Elle a du v’lan. C’était net, cassant, absolu. »

(Événement, 1883.)

Ce terme, abandonné depuis longtemps, vient de reprendre faveur.

Soirée dansante très réussie, très animée et très v’lan hier, chez la comtesse de L.

(Gil Blas, 1883.)

Va chercher un démêloir

Virmaître, 1894 : Se dit de quelqu’un qui parle d’une façon embrouillée ; on ne peut démêler ce qu’il veut dire (Argot du peuple).

Va de la bouche

Larchey, 1865 : Goinfre.

À ces va de la bouche tu faisais l’œil et te trouvais heureux.

Monselet.

Va donc !

Delvau, 1867 : Expression signifiant : « Va te promener ! tu m’ennuies ! » On dit aussi Va donc te laver ! ou Va donc te chier !

Va donc ! Va donc te promener !

Larchey, 1865 : « Eh ! va donc, grand fade. »

Ricard.

— V. allez donc.

Va t’asseoir sur le bouchon

Virmaître, 1894 : Quand un individu vous rase, on lui dit d’aller s’asseoir ; s’il insiste, on l’envoie s’asseoir sur le bouchon (Argot du peuple).

Va t’asseoir sur le bouchon !

Delvau, 1867 : Expression ironique qu’on emploie, — dans l’argot des faubouriens, — envers les gens que l’on veut congédier ou dont on veut se moquer. On dit aussi Va t’asseoir sur ma veste et ne casse pas ma pipe.

Va-de-la gueule

Rigaud, 1881 : Orateur, beau parleur, bavard, — dans le jargon du peuple. Le mot est du Père Duchêne l’ancien.

Va-de-la-gueule

Delvau, 1867 : s. m. Gourmand, — dans l’argot du peuple.

Va-de-la-lance

Delvau, 1867 : s. m. Ami de la gaudriole, en paroles et en action, — dans l’argot des faubouriens.

Va-nu-pied

d’Hautel, 1808 : Un va-nu-pied. Pour dire, un bélître, un malotru, un misérable, un vaurien.

Va-te-laver

Delvau, 1867 : s. m. Soufflet aller et retour, — dans le même argot [des faubouriens].

Va-te-laver (un)

Virmaître, 1894 : Soufflet. On emploie aussi celle expression pour envoyer promener un gêneur (Argot du peuple).

Va-te-laver, va t’faire panser

Rigaud, 1881 : Soufflet, coup de poing détaché en plein visage. — Décrocher un va-te-laver qui n’est pas piqué des vers.

Je lui ai flanqué un va t’faire panser sur l’œil.

(Randon.)

Vacarme

d’Hautel, 1808 : Charivari, tumulte, tapage, bruit, litigieux et extraordinaire.

Vachard

Fustier, 1889 : Paresseux, fainéant ; qui s’étend paresseusement comme une vache au lieu de travailler.

Vache

d’Hautel, 1808 : C’est une vache. Se dit injurieusement d’une femme dont l’embonpoint et trop volumineux. C’est du mot vache que l’on a fait le verbe populaire Avachir, épaissir à la manière des vaches.
Bon homme garde ta vache. Pour dire, prends garde à tes intérêts, à ce qui te concerne.
Il a pris la vache et le veau. Se dit d’un homme qui s’est uni à une femme qui a anticipé sur le sacrement de mariage.
Vache à lait. Personne à l’appui de laquelle on obtient toute espèce de considération, qui fournit à toutes les dépenses, à tout ce dont on a besoin.
La vache a bon pied. Pour dire cette personne est capable de soutenir tous les frais de l’entreprise.

Delvau, 1864 : Fille de la dernière catégorie, — par allusion à ses énormes tétons, sa seule beauté, et aussi à sa nonchalance de ruminante.

Comme on connaît les seins, on les honore.

(Vieux proverbe.)

Avoue, Zidore, que ta Fifine est une bonne vache, et une vache à lait encore.

Lireux.

Larchey, 1865 : Prostituée avachie. V. Blagueur.

Delvau, 1867 : s. f. Fille ou femme, de mauvaises mœurs, — dans l’argot du peuple. On dit souvent Prendre la vache et le veau, pour épouser une femme enceinte des œuvres d’un autre, — uxorem gravidam nubere.

Delvau, 1867 : s. f. Homme sans courage, avachi.

Rigaud, 1881 : Femme avachie. — Dans ce sens-là une vache peut être encore honnête. Les Italiens disent en parlant de ce genre de femmes : grossa vacca, ou grossa porca.

Rigaud, 1881 : Agent de la sûreté, — dans le jargon des voleurs.

Partout (à la prison de la Santé) on lit cette imprécation : Mort aux vaches ! Les vaches sont les agents de police.

(H. Cochin, Le Moniteur universel, du 13 fév. 1881.)

Fustier, 1889 : Qui se vend à la police, mouchard.

La Rue, 1894 : Femme de mauvaises mœurs. Homme vil, sans courage. Agent de police. Dénonciateur. Temps chaud, lourd, orageux.

Virmaître, 1894 : Expression fréquemment employée dans le peuple pour qualifier une femme qui se livre au premier venu. Dans le peuple, quand on a dit d’une femme : c’est une vache, il est impossible de rien dire de plus. Quand un homme épouse une femme enceinte, on lui dit :
— Tu prends la vache et le veau (Argot du peuple).

Virmaître, 1894 : Homme mou, bon à rien. Vache, quand il dénonce ses camarades ou travaille au rabais.
— Tu n’es qu’un cochon, tu passes ta vie à faire des vacheries (Argot du peuple).

Virmaître, 1894 : Sergent de ville ou agent de la sûreté. Dans les prisons, malgré les règlements et la surveillance active pour les faire observer, les détenus écrivent leurs pensées sur les murs. Les plus communes sont celles-ci :
— Mort aux vaches.
— Quand je serai désenflaqué, gare à la vache qui m’a fait chouette et qui m’a fait tirer un bouchon (Argot des voleurs). N.

Rossignol, 1901 : On désigne ainsi les agents de police. On voit fréquemment écrit sur les murs :

Mort aux vaches, on les pendra, les bourriques.

Hayard, 1907 : Tout agent de la police.

Vache (faire la)

Rigaud, 1881 : Paresser. Rester longtemps au lit ; se traîner d’un endroit à l’autre sans avoir le courage de rien faire.

Vache (tirer la)

Rigaud, 1881 : Faire aller le soufflet d’une forge, — dans le jargon des forgerons.

Vache à lait

Delvau, 1867 : s. f. Dupe qu’on ne se lasse pas de duper ; père trop faible qui ne se lasse pas de payer les dettes de son fils ; maîtresse trop dévouée qui ne se lasse pas de fournir aux dépenses de son amant.

Virmaître, 1894 : Homme riche, qui a le louis facile et que les tapeurs trayent jusqu’à extinction. Vache à lait : gogo qui souscrit à toutes les émissions véreuses sans se lasser jamais. Pour le souteneur, la marmite est une bonne vache à lait. Une affaire qui rend bien, qui rapporte beaucoup, sans risques et sans efforts, est une vache à lait. Allusion à la vache laitière qui est une fortune inépuisable (Argot du peuple).

Rossignol, 1901 : Une personne qui subvient aux besoins d’une autre est sa vache à lait.

Vache enragée

Rigaud, 1881 : Bœuf au naturel, bœuf bouilli, — dans le jargon des collégiens. (Albanès.) — Manger de la vache enragée, subir la misère, être très malheureux.

Vache qui pisse (il pleut comme)

Rigaud, 1881 : Il pleut à verse.

Vache, Veau

Rigaud, 1881 : Femme de mauvaise vie. Comme la vache et le veau, elle aime à se coucher ; son métier l’oblige à se coucher. La vache a, naturellement, plus d’expérience et partant plus de rides que le veau.

(la duchesse de Berry) est morte, la vache à panier. Elle est morte, il n’en faut plus parler.

(Correspondance de la princesse Palatine.)

Vacher

Delvau, 1867 : s. m. Homme mal élevé, — dans l’argot des bourgeois.

Fustier, 1889 : Paresser.

Virmaître, 1894 : Individu grossier en paroles ou en gestes.
— Il est grossier comme du pain d’orge, on dirait qu’il a été élevé derrière le cul des vaches.
Allusion aux vachers qui jurent toute la journée. (Argot du peuple).

Vacherie

Delvau, 1867 : s. f. Nonchalance, avachissement.

Rigaud, 1881 : Débit de liqueurs servies par des femmes, — dans le jargon des voyous, qui traitent sans façon « de vaches » les Hébés de caboulot.

La Rue, 1894 : Cabaret, brasserie de femmes.

Rossignol, 1901 : Brasserie où les consommateurs sont servis par des femmes. Faire une sottise à quelqu’un est aussi lui faire une vacherie.

Vacheries

Virmaître, 1894 : Saletés, cochonneries faites à quelqu’un. Prendre la femme d’un camarade et surtout la lui rendre, c’est une vacherie. Emprunter les effets d’un ami, les coller chez ma tante et ensuite laver la reconnaissance, c’est lui faire une vacherie (Argot du peuple). N.

Virmaître, 1894 : On nomme ainsi les brasseries où les consommateurs sont servis par des femmes. Le mot est juste, car elles sont de véritables vaches, pas à lait, par exemple (Argot du peuple). N.

Vacquerie (aller en)

Rigaud, 1881 : Sortir pour s’entretenir la main… au vol. C’est-à-dire aller vaguer en cherchant une bonne occasion.

Vade

Delvau, 1867 : s. f. Foule ; rassemblement, — dans l’argot des voleurs.

La Rue, 1894 : Foule.

Virmaître, 1894 : Foule, rassemblement. Synonyme de trèpe. Le camelot fait un vade pendant que des complices fabriquent les profondes des badauds (Argot des voleurs).

Hayard, 1907 : Foule, multitude.

Vadrouillard, Vadrouilleur, Vadrouilleux

Rigaud, 1881 : Noceur, bambocheur, crapuleux.

Vadrouille

Delvau, 1867 : s. f. Drôlesse ; fille ou femme de peu.

La Rue, 1894 : Basse prostituée. Aller en vadrouille, aller raccrocher dans la rue.

Virmaître, 1894 : Cette expression dans la marine signifie : brosse à plancher. Elle s’applique aux filles qui traînent dans les ports de mer (Argot des souteneurs).

Virmaître, 1894 : Faire une vadrouille, en pousser une. Vadrouiller : se déranger de ses habitudes, rôder dans des milieux auxquels on n’est pas habitué (Argot du peuple).

Vadrouille, Vadrouilleuse, Vadrouillarde

Rigaud, 1881 : Prostituée de bas étage : sale femme. C’est la sœur de la gadoue, de la gousse, — dans le jargon des voyous. Allusion à la vadrouille dont on se sert pour nettoyer l’intérieur d’un canot ; c’est un chiffon de laine emmanché au bout d’un bâton.

Les autres ne s’acharnent pas après leur proie avec l’âpreté de ces vadrouilleuses dégoûtantes.

(F. d’Urville, Les Ordures de Paris.)

Vadrouiller

Rigaud, 1881 : Faire la noce, s’amuser crapuleusement.

Rossignol, 1901 : Courir d’établissement en établissement est faire la vadrouille ; faire la noce est vadrouiller.

Hayard, 1907 : Faire la noce, tard, et en plusieurs endroits.

Vag

Hayard, 1907 : Vol.

Vagin

Delvau, 1864 : La nature de la femme, qui sert d’étui (vagina) à la grosse aiguille de l’homme.

Le Grec se sauve en Italie ;
Le morpion grimpe au vagin
D’une fillette assez jolie.

B. de Maurice.

Vague

Delvau, 1867 : s. m. Flânerie, Vagabondage. On dit aussi Coup de vague.

Delvau, 1867 : s. m. Promenade intéressée, — dans l’argot des filles et de leurs souteneurs. Envoyer une femme au vague. Lui faire faire le trottoir.

Rigaud, 1881 : Va-et-vient des filles sur la voie publique. — Lancer une gousse au vague, envoyer une femme faire le trottoir, — dans le jargon des voyous. — Se lâcher du vague, aller promener sur la voie publique.

La Rue, 1894 : Flânerie. Vol. Poche. Le va-et-vient des filles sur le trottoir. Du vague ! Non, rien. Coup de vague, vol à la flan. V. flan. Être au vague, préparer un vol.

Virmaître, 1894 : Les filles qui raccrochent donnent un coup de vague, elles font leurs affaires. Vaguer, promener au hasard, est une corruption du mot français vaquer (Argot des souteneurs).

Rossignol, 1901 : Vol. Commettre des vols est aller au vague.

Vague (coup de)

Larchey, 1865 : Vol à la flan. Son auteur est dans le vague sur le butin qu’il en pourra tirer.

Un soir que j’étais dans la débine. Un coup de vague il me fallut donner. Pour travailler j’mis au plan ma rondine, Et mes outils nous fûmes les déplanquer.

Bailly.

Vague (du) !

Delvau, 1867 : Rien ! Néant ! Terme de refus.

Vague (en pousser une)

Virmaître, 1894 : Synonyme d’arracheur de chiendent, aller au hasard, vaguement, avec l’intention de voler n’importe qui ou n’importe quoi (Argot des voleurs).

Vaguer

un détenu, 1846 : Voler. Aller au vague : aller au vol.

Delvau, 1867 : v. n. Sortir sans savoir avec qui on rentrera ; — dans l’argot des petites dames. On dit aussi Aller au vague.

Vaguer, aller en vacquerie, être dans le vacque

La Rue, 1894 : Sortir pour voler.

Vaillant

d’Hautel, 1808 : Il fait son vaillant, et il n’a pas le sou. Se dit d’un homme qui, sans fortune et sans moyens, veut se donner les tons d’un homme de qualité, et fait le pédant, le fat, le fanfaron.

Vain

Halbert, 1849 : Mauvais.

Vaine

Halbert, 1849 : Mauvaise.

Vaisseau

d’Hautel, 1808 : Dans un grand vaisseau on met ce qu’on veut, dans un petit ce qu’on peut. Néanmoins, un petit vaisseau est souvent bien moins embarrassant qu’un grand.

Vaisselle

d’Hautel, 1808 : Remuer la vaisselle. Exécuter quelqu’un par autorité de justice.
Prenez garde à votre vaisselle. C’est-à-dire, prenez garde à vous ; examinez bien ce que vous ferez dans cette affaire.

Merlin, 1888 : Décorations. — Lorsqu’un vieux soldat se met en grande tenue et porte toutes ses décorations, les loustics prétendent qu’il met sa vaisselle à l’air.

Vaisselle de poche

Delvau, 1864 : L’argent nécessaire en amour — la braise avec laquelle on chauffe les femmes.

Il a son charme, le métier de mac, surtout au point d’vue d’ la vaisselle de poche.

Lemercier de Neuville.

À des pouilleux si tu t’accroches,
Rappelle-toi qu’il t’en cuira
Car l’amour sans vaisselle de poches,
C’est du caca.

E. Debraux.

Larchey, 1865 : Argent. — On ne peut pas manger sans celle-là.

L’amour sans vaisselle de poche,
C’est du caca.

Debraux, 1832.

Delvau, 1867 : s. f. Argent, monnaie, — dans l’argot des faubouriens.

Rigaud, 1881 : Argent.

Virmaître, 1894 : C’est une vaisselle que les ouvriers aiment bien à casser, surtout les jours de Sainte-Flemme (Argot du peuple).

Valade

Raban et Saint-Hilaire, 1829 : Poche.

Clémens, 1840 : Poche.

un détenu, 1846 : Poche.

Halbert, 1849 : Poche.

Larchey, 1865 : Poche de derrière d’un habit. (Vidocq). — Du vieux mot avaler, descendre. La main descend dans la poche. V. Litrer.

Delvau, 1867 : s. f. Poche, — dans l’argot des voleurs. Sonder les valades. Fouiller les poches dans la foule. Le patois normand a le même mot pour signifier Blouse.

Rigaud, 1881 : Poche de redingote, de paletot, — dans le jargon des voleurs.

La Rue, 1894 : Poche. Bourse.

Virmaître, 1894 : La poche.
— J’avais caré deux sigues dans une valade de mon falzar, ma scie les a dénichés, je vais crapser de la pépie pendant tout le marqué (Argot des voleurs).

Hayard, 1907 : Poche.

Valades ou Vagues

Rossignol, 1901 : Les poches.

Valant

La Rue, 1894 : Pince à effraction.

Virmaître, 1894 : Pince à usage des cambrioleurs (Argot des voleurs). V. Monseigneur. N.

Hayard, 1907 : Pince de cambrioleur.

Valet

d’Hautel, 1808 : Il est insolent comme le valet du bourreau. Se dit d’un homme grossier, impertinent et sans éducation.
Je suis votre valet. Pour dire je vous salue, je m’en vais. On dit plus communément, je suis votre serviteur.
Faire le bon valet, le valet du diable. Faire plus qu’on ne commande, obéir d’une manière basse et servile.

Valet de cœur

Delvau, 1864 : Le greluchon d’une femme entretenue, — qui serait mieux, appelé valet de cul, puisqu’il doit être toujours à la disposition de sa maîtresse.

Rigaud, 1881 : Amant de cœur, — dans le jargon des vieilles filles entretenues.

Valetaille

d’Hautel, 1808 : Terme de mépris, pour dire toute la race des valets, des plus vils subalternes.

Valise

La Rue, 1894 : Fiacre.

Vallée

d’Hautel, 1808 : La vallée de Josaphat. Pour dire le gosier, la gorge.
Tout son bien est passé par la vallée de Josaphat. C’est-à-dire, a été dissipé en bonne chère, en repas somptueux.

Valoir

d’Hautel, 1808 : Il ne vaut pas une claque ; une pipe de tabac. Se dit de quelqu’un ou de quelque chose dont on ne fait nul cas.
Un bon averti en vaut deux. Pour dire qu’une leçon mise à profit, tient lieu de bien des préceptes.
Il vaut mieux sou, qu’il ne valoit maille. Se dit de quelqu’un qui s’est reformé en bien ; ou de quelque chose que l’on a sensiblement amélioré.
Cela vaut son pesant d’or. Pour dire est parfait, excellent ; d’une grande supériorité.
Et si madame vaut monsieur, monsieur vaut bien madame. Refrein satirique, qui veut dire que le mari ne vaut pas mieux que la femme ; on dit en bonne part, que deux époux sent égaux en richesses, et en qualités.
Il ne vaut pas ce que j’ai trouvé ce matin. Pour dire que quelqu’un est dénué de toute espèce de mérite.
Vaille que vaille. Pour, à tout hasard, tel qu’il est.

Valoir cher (ne pas)

Delvau, 1867 : Être d’un caractère désagréable, — dans l’argot des faubouriens.

Valoir le coup

Delvau, 1864 : Être passable. — Expression employée par l’homme, à l’égard de toute femme qui, n’étant pas belle, a cependant quelque chose qui plaît : — Elle vaut le coup, — c’est-à-dire : elle mérite qu’on la baise au moins une fois.

Valoir son pesant d’or

Delvau, 1867 : Se dit, — dans l’argot du peuple, — de toute bêtise un peu forte, de tout mensonge un peu violent.

Valoir son pesant de moutarde

Rigaud, 1881 : Expression employée pour apprécier, en riant, un propos idiot, une excentricité, line chose ridicule, une personne grotesque. — Il vaut son pesant de moutarde. Les gens tout à fait sans façon disent : Valoir son pesant de merde.

Valser

d’Hautel, 1808 : Au propre, danser une valse ; au figuré, se sauver, prendre la poudre d’escampette.

Larchey, 1865 : Courir. V. Cheval.

Delvau, 1867 : v. n. S’enfuir, ou seulement s’en aller. Faire valser quelqu’un. Le mettre brutalement à la porte.

Rigaud, 1881 : Décamper.

Virmaître, 1894 : Battre quelqu’un.
— Je vais te faire valser sans musique.
Ce qui arrive souvent le samedi de paye, quand le mari rentre au logis plus qu’éméché : il fait faire un tour de valse à sa ménagère si elle ronchonne (Argot du peuple).

Valser du bec

Fustier, 1889 : Avoir l’haleine fétide.

Valser, vaner

La Rue, 1894 : Partir, s’enfuir.

Valtreuse

Larchey, 1865 : Valise. — Valtreusier : Voleur de valise.

Delvau, 1867 : s. f. Valise, — dans l’argot des voleurs.

Rigaud, 1881 : Valise, — dans le jargon des camelots.

La Rue, 1894 : Valise. Malle. Valtreusier, voleur de valises.

Virmaître, 1894 : Valise. C’est un simple changement de finale (Argot du peuple).

Valtreusier

Delvau, 1867 : s. m. Voleur de valises.

Rigaud, 1881 : Voleur de malles.

Virmaître, 1894 : Voleur de valise. Ce vol est pratiqué sur une grande échelle dans les salles d’attente des gares de chemins de fer. Il est des plus simples : Le valtreusier a une valise à la main qui paraît gonflée ; pour compléter son apparence de voyageur, il porte une couverture de voyage. Il se promène ayant l’air indifférent, mais en réalité il guigne un voyageur assis à côté d’une valise respectable. Sans affectation, il s’assied à ses côtés et engage la conversation. Au moment de prendre un billet, le voyageur se dirige vers le guichet et laisse sa valise à la garde de son compagnon ; aussitôt celui-ci se lève, change de valise et s’en va tranquillement. Neuf fois sur dix, le volé ne s’aperçoit de la substitution qu’à son arrivée à destination : la valise ne contient en fait de linge que des cailloux (Argot des voleurs).

Vanage

Rigaud, 1881 : Piège. — Maquiller un vanage, amorcer une dupe en lui laissant gagner une ou deux parties, — dans le jargon des grecs.

La Rue, 1894 : Piège.

Vandale

Fustier, 1889 : Poche vide.

La Rue, 1894 : Poche béante.

Vaner

Delvau, 1867 : v. n. S’en aller, — dans l’argot des voyous.

Rigaud, 1881 : Se sauver.

Vaneur

Rigaud, 1881 : Poltron, fuyard, — dans le jargon des voleurs.

Vanité

d’Hautel, 1808 : Une once de vanité, gâte un quintal de mérite. Proverbe qui, malgré son exagération, n’en est pas mains d’une grande vérité.

Vaniteux

d’Hautel, 1808 : Pour dire, vain, glorieux, orgueilleux.

Vannage

Delvau, 1867 : s. m. Piège, amorce, — dans l’argot des voleurs. Faire un vannage. Allécher par un petit profit l’homme qu’on se réserve de dépouiller.

Virmaître, 1894 : Tendre un piège, amorcer un individu par des promesses alléchantes pour le duper plus facilement. M. Loredan Larchey dit que c’est une comparaison de l’escroc au meunier qui lâche un peu d’eau de sa vanne pour faire tourner le moulin (Argot des voleurs).

Vannage (faire un)

Larchey, 1865 : « Allécher par un petit profit l’homme qu’on se réserve de dépouiller. »

Vidocq.

Comparaison de l’escroc au meunier qui lâche un peu d’eau de sa vanne pour faire tourner le moulin.

Vanne

La Rue, 1894 : Mensonge. Complice.

Virmaître, 1894 : Mot cher aux camelots. Ils disent faire un vanne lorsqu’ils vendent un journal qui annonce une fausse nouvelle à sensation (Argot des camelots). N.

Rossignol, 1901 : Faire gagner quelqu’un à un jeu arnaqué est lui faire un vanne.

Hayard, 1907 : Tout ce qui est faux en général.

Vanné

Rigaud, 1881 : Harassé. — Ruiné.

Tous ces oisifs dangereux, décavés ou vannés qui sacrifient jusqu’à leur dernier sou pour s’afficher à la porte d’un café.

(F. d’Urville, Les Ordures de Paris, 1874)

La Rue, 1894 : Harassé. Ruiné.

Virmaître, 1894 : Avoir trop fait la noce et l’amour. Vanné : n’avoir plus rien dans le ventre, synonyme de vidé. Vanné par excès de travail (Argot du peuple). N.

Hayard, 1907 : Fatigué d’avoir nocé.

Vanneaux

La Rue, 1894 : Articles de réclame vendus à très bon marché et quelquefois au-dessous du prix coûtant.

Vanner

d’Hautel, 1808 : Pour, s’esquiver, s’échapper, s’enfuir ; se sauver à la sourdine.

Vanneur

La Rue, 1894 : Menteur.

Vanterne

un détenu, 1846 : Fenêtre.

Delvau, 1867 : s. f. Lanterne, — dans le même argot [des voleurs]. Vanterne sans loches. Lanterne sourde.

Rigaud, 1881 : Fenêtre. — Lanterne, — dans l’ancien argot, de l’espagnol vantana.Vanterne sans loches, lanterne sourde.

La Rue, 1894 : Fenêtre. Lanterne.

Virmaître, 1894 : Lanterne. Vanterne sans loches. A. D. M. Lorédan Larchey, d’après H. Monnier, dit que le vanternier, au lieu d’entrer par la lourde, préfère s’introduire par la fenêtre. Vanterne n’a jamais été une lanterne, pas plus que vanterne n’est une fenêtre. V. Venterne.

Hayard, 1907 : Fenêtre.

Vanternier

Rigaud, 1881 : Voleur qui, à l’exemple des amoureux de l’ancienne école, entre par la fenêtre.

Vapereau

Delvau, 1867 : s. m. Livre fort épais, — beaucoup plus fait pour servir de tabouret que pour être consulté, — dans l’argot des gens de lettres qui ne sont pas oubliés par l’auteur du Dictionnaire des Contemporains. On dit aussi Bottin.

Vase

La Rue, 1894 : Eau.

Vase étrusque

Delvau, 1867 : s. m. « Pot qu’en chambre on demande », — dans l’argot des romantiques.

Vase nocturne

Larchey, 1865 : Pot de nuit.

Mais un vieux taciturne Verse le contenu d’un vase nocturne.

Bailly, Ch., 1836.

Delvau, 1867 : s. m. Vase étrusque, — dans l’argot des bourgeois.

Vaser

Rigaud, 1881 : Pleuvoir. — La variante est : Tomber de la litharge, — dans le jargon des chiffonniers.

La Rue, 1894 : Pleuvoir.

Vaseux

Virmaître, 1894 : Paysan. Il est vaseux parce qu’il vit dans la vase quand il pleut (Argot du peuple). N.

Vasistas

d’Hautel, 1808 : Petite partie d’une porte ou d’une fenêtre qui s’ouvre à volonté. Mot presque toujours défiguré. Beaucoup de personnel disent, vagislas, pour vasistas.

Rigaud, 1881 : Monocle, — dans le jargon des voyous.

Bon, je retire ma provocation et mon vasistas.

(P. Mahalin, Les Monstres de Paris.)

Vate !

d’Hautel, 1808 : Interjection populaire dont on se sert pour démentir quelqu’un, ou pour montrer que l’on n’est pas de son avis.
Eh vate ! Pour, ce n’est pas cela ; tu ne sais ce que tu dis.

Vaten (donner une prébende à l’abbaye de)

La Rue, 1894 : Chasser, renvoyer.

Vaticanaille

Rigaud, 1881 : Tout ce qui prend le mot d’ordre à Rome est traité de Vaticanaille par les démocrates libres-penseurs, qui à leur tour sont traités de Républicoquins par la Vaticanaille. Ô courtoisie des partis politiques dans le pays le plus civilisé du monde !

Vatrine (grincher à la)

La Rue, 1894 : Voler dans un restaurant.

Vaudevillière

Delvau, 1867 : s. f. Cabotine, femme qui se fait engager sur un théâtre de vaudeville quelconque, non pour jouer, mais pour être vue et appréciée à sa juste valeur — comme fille égrillarde — par les habitués de l’orchestre, fins appréciateurs de l’an dramatique, surtout en cabinet particulier. Le mot a été créé par Jules Noriac.

Vaugirard

d’Hautel, 1808 : Village près Paris, où il y a un grand nombre de guinguettes.
On prononce vulgairement Vaugérard.

Vaurien

d’Hautel, 1808 : Terme de mépris. Fainéant, fripon, libertin.

Vautour

Larchey, 1865 : Propriétaire exigeant et dur. — Dès 1587, se trouve dans les Contes d’Eutrapel :

Vaultours que signifient ils autres que les avaricieux qui comme ces animaux sont aspres et désordonnément actifs a posséder les biens de ce monde per fas et nefas.

Fustier, 1889 : Grec. Tous les joueurs ont commencé par être d’honnêtes joueurs ; ils ont été pigeons avant d’être vautours.

(Henri IV, 1881.)

La Rue, 1894 : Grec. Malfaiteur. Propriétaire. Usurier.

Vautrer

d’Hautel, 1808 : Se vautrer. Pour dire, s’étendre tout de son long comme les veaux ; avoir des attitudes peu décentes.

Vautrer (se)

Delvau, 1864 : Faire l’acte vénérien.

Est-il honnête qu’un parent
Dessus sa parente se vautre ?

Théophile.

Veau

d’Hautel, 1808 : Des brides à veau. Coq à l’âne ; absurdités, raisons impertinentes et ridicules dont on amuse les sots.
Tuer le veau gras. Faire un régal extraordinaire pour témoigner la joie qu’on éprouve de revoir quelqu’un.
Un veau d’or. Un Midas ; un riche sans lettres ; un parvenu.
S’étendre comme un veau. S’étaler d’une manière incivile et souvent incommode aux autres.

Delvau, 1864 : Gourgandine, fille de la dernière catégorie, — sans doute par allusion à sa chair fadasse, plus adipeuse que musculée, plus lymphatique que sanguine, qui ne donne pas le moindre appétit.

Un soir, à la barrière,
Un veau
Tortillait son derrière
Bien beau.

Vachette.

O vous, jeunes étudiants,
De veaux si vous êtes amants,
Craignez, craignez fort la vérole.

A. Watripon.

Larchey, 1865 : Jeune fille de joie, condamnée au rôle futur de Vache. V. ce mot.

Je rencontre à la barrière Un veau (bis).

Chanson populaire.

Delvau, 1867 : s. m. Jeune fille qui a des dispositions pour le rôle de fille. Argot des faubouriens.

Delvau, 1867 : adj. Paresseux, nonchalant, — dans l’argot du peuple. Il ne fout pas croire l’expression nouvelle. Galli socordes et stultos vituli nomine designare soliti sunt, dit Arnoult de Féron dans son Histoire de France. Et Régnier, dans sa satire à Mottin, dit de même :

Ce malheur est venu de quelques jeunes veaux
Qui mettent à l’encan l’honneur dans les bordeaux.

Merlin, 1888 : Voir Azor.

Virmaître, 1894 : Toute jeune fille qui n’a pas grand chemin à faire pour devenir vache. Il existe à ce sujet une vieille chanson qu’il serait impossible de citer en entier :

Un jour, à la barrière,
Un veau,
Un veau,
Tortillant du derrière.
Fort beau,
Fort beau.
Je la … sur parole.

Neuf jours plus tard, le camarade était au Midi (Argot du peuple).

Virmaître, 1894 : Femme de barrière, rôdeuse de caserne (Argot des voyous).

Hayard, 1907 : Femme publique.

Veau morné

Halbert, 1849 : Femme ivre.

Rigaud, 1881 : Femme ivre. Morné est pour mort-né. (L. Larchey.)

Vécu

Delvau, 1867 : adj. Arrivé, véridique, — dans l’argot des gens de lettres. Roman vécu. Roman qui est l’histoire réelle de quelqu’un.

Vécu (avoir)

Larchey, 1865 : Avoir expérimenté la vie.

Il savait tant de choses, il avait vécu.

La Cassagne.

Delvau, 1867 : Avoir joyeusement dépensé sa vie à boire, à manger, à aimer, etc., — dans l’argot des bourgeois.

Vécu (c’est)

Rigaud, 1881 : C’est étudié sur le vif ; c’est senti, compris pour avoir vécu, dans le milieu où l’action s’est passée, — en terme d’artistes et d’hommes de lettres.

Vécule

Halbert, 1849 : Voiture.

Vedette

Larchey, 1865 : « Qu’est-ce que la vedette ? C’est la faveur toute spéciale de voir son nom imprimé en caractères trois fois plus gros que celui de ses camarades. Les administrations théâtrales n’accordent cette faveur qu’aux acteurs et actrices qui font recettes. »

Montépin.

Delvau, 1867 : s. f. Nom imprimé en caractères très gros, sur une affiche de théâtre, — dans l’argot des coulisses. Être en vedette. Avoir son nom en tête d’une affiche comme acteur plus important que les autres.

Véhicule

Halbert, 1849 : Voiture de remise.

Veille

d’Hautel, 1808 : Pâté de veille. On appelle ainsi un petit régal que l’on fait le premier soir que l’on reprend la chandelle dans les ateliers ; ce qui est ordinairement à la Notre-Dame de septembre.

Veiller au grain

Delvau, 1867 : v. n. Surveiller ses domestiques quand on est maître, ses ouvriers quand on est patron, afin qu’il n y ait pas de détournements et de gaspillage. Argot des bourgeois.

Rigaud, 1881 : Surveiller avec soin, Pour un patron, c’est veiller à ce que chacun soit à son ouvrage, à ce que tout marche bien et économiquement. — Pour une fille, c’est faire en sorte de n’être pas flouée.

Veilleuse

Rigaud, 1881 : Estomac, — dans le jargon des voleurs. — Veilleuse à sec, estomac qui crie famine.

La Rue, 1894 : Pièce d’un franc. Elle éclaire modestement. La pièce de 5 fr. est la bougie.

Veinard

Delvau, 1867 : s. et adj. Homme heureux en affaires ou en amour, — dans l’argot des faubouriens.

Virmaître, 1894 : Homme qui a de la chance. Il a de la veine, tout lui réussi. Il a trouvé une bonne veine, tout lui réussira. Il existe un vieux proverbe à ce sujet :
— Qui voit ses veines, voit ses peines (Argot du peuple). N.

Rossignol, 1901 : Celui qui a de la chance est un veinard, il a de la veine.

Hayard, 1907 : Qui a de la chance.

Veinard, veinarde

Rigaud, 1881 : Heureux, heureuse. Celui, celle qui a de la veine ; mot très usité parmi les joueurs.

Veinarde

Delvau, 1867 : adj. et s. Drôlesse qui a du succès en hommes sérieux. Argot de Breda-Street.

Virmaître, 1894 : Fille qui a la main heureuse et tombe sur des michés qui se fendent généreusement (Argot des filles).

Veine

d’Hautel, 1808 : Il n’a pas de sang dans les veines. Pour dire, il est dénué de courage, de fierté.
Il n’a veine qui y tende. Pour dire, il ne démontre aucune inclination, aucun penchant, aucun goût pour cela.

Larchey, 1865 : Heureuse chance.

Une chose qui invite surtout les grisettes à descendre dans la rue, ce sont les histoires de veines étonnantes que leur narrent les vieilles femmes.

Les Pieds qui r’muent, 1864.

Delvau, 1867 : s. f. Chance heureuse, bonheur imprévu, — dans l’argot du peuple.

Véler

Larchey, 1865 : Accoucher.

Un beau jour la mère s’aperçut qu’elle était grosse… elle ne fut pas mal habile ; elle trouva à qui donner la vache et le veau.

Tal. des Réaux.

Vêler

Delvau, 1867 : v. n. Accoucher.

Rigaud, 1881 : Accoucher, — dans le jargon des voyous pour qui toutes les femmes sont des vaches.

Vélin

Rigaud, 1881 : Femme, dans le jargon des ouvriers. — Arrangemaner, secouer son vélin, battre sa femme. — Les variantes sont : Tortue, baleine et bourdon, ce dernier pour désigner une femme bavarde.

La Rue, 1894 : Femme.

Velléités (avoir ou se sentir des)

Delvau, 1864 : Avoir envie de baiser une femme quand on est homme, ou de se faire piner par un homme quand on est femme.

Ma chère amie, mes velléités sont passées : vous voudrez bien attendre qu’elles reviennent. Pour l’instant, laissez-moi dormir.

J. Le Vallois.

Velo

Larchey, 1865 : Postillon. — Velose : Poste aux chevaux. (Vidocq). — Du vieux mot Veloce : Vite. V. Roquefort.

Vélo

Delvau, 1867 : s. m. Postillon, — dans l’argot des voleurs.

Rigaud, 1881 : Postillon. Abréviation de véloce.

Virmaître, 1894 : Postillon. Vient de véloce, poste aux chevaux. Nos vélocipédistes modernes qui portent une cravache et des éperons pour ressembler à quelqu’un, ignorent certainement ce vocable ancien (Argot des voleurs).

Vélocipédiste

Virmaître, 1894 : Imbécile à deux roues (Argot du peuple).

Velours

d’Hautel, 1808 : Habit de velours, ventre de son. On a pendant long-temps appliqué ce quolibet aux habitans des bords de la Garonne ; mais il ne faut pas aller si loin, et les bords de la Seine nous offrent des nuées de fats, de pédans et de petits maîtres, à qui l’application en convient à plus justes titres.
Jouer sur le velours. Jouer sur son gain, des entreprises sur ce que l’on a gagné.

Halbert, 1849 : Cuir.

Delvau, 1867 : s. m. Tapis, — dans l’argot des joueurs de cartes. Éclairer le velours. Déposer son enjeu sur le tapis. Je n’ai pas besoin d’ajouter que ce velours est en cuir ou en drap, en n’importe quoi, — excepté en velours.

Delvau, 1867 : s. m. Liaison dangereuse, abus fréquent et intempestif des s dans la conversation. Argot des bourgeois.

Rigaud, 1881 : Pataquès. — Le velours est un cuir grammatical, mais un cuir doux. — Ainsi je suis t’été n’est pas un velours ; c’est un cuir bel et bien. Donnez-moi z’en, est un velours.

Rigaud, 1881 : Liqueur douce. — Un petit verre de curaçao, d’anisette, de crème de moka, c’est un velours sur l’estomac.

Rigaud, 1881 : Crepitus ventris.Lâcher un velours, sacrifier à crepitus ventris.

Il lâche tout bonnement en douceur un léger velours.

(Le Père Duchêne)

Le velours se produit dans le monde avec une certaine timidité mélancolique et rappelle les sons filés de la flûte. (Ceci pour les gens qui aiment la précision.)

Velours (c’est du)

La Rue, 1894 : C’est bon, excellent.

Velours (faire du)

Rigaud, 1881 : Jouer le bon apôtre, chercher à amadouer, — dans le jargon des voleurs. Mot à mot : faire patte de velours.

Velours (jouer sur le)

Rigaud, 1881 : Jouer avec l’argent du bénéfice.

Fustier, 1889 : Cette expression fait aussi partie de l’argot du turf.

En Angleterre, les grandes écuries ont presque toutes une personne de confiance qui s’occupe spécialement des paris à faire sur leurs chevaux. Ces spécialistes ont besoin d’aides, car si l’on donne de gros ordres, il faut qu’ils soient exécutés simultanément dans les divers cercles de Londres. De cette façon, on écréme le marché dans une matinée et quand le cheval sur lequel on fonde des espérances arrive en bon état au poteau, on peut le rendre à une cote très inférieure et, de cette façon, gagner beaucoup en ne risquant guère. C’est ce qu’on appelle en argot du turf : jouer sur le velours.

(Charivari, avril 1884.)

Véloze

Delvau, 1867 : s. f. Poste aux chevaux.

Rigaud, 1881 : Poste aux chevaux.

Velu (c’est)

Rigaud, 1881 : C’est distingué, c’est remarquable, — dans le jargon des écoles. Par allusion au poil du menton, le rêve de la jeunesse lycéenne. (L. Larchey)

Vénard

Larchey, 1865 : Ayant la veine.

C’est un trésor que cette fille-là. Est-il assez vénard !

1860, À bas le Quartier latin !

On doit écrire veinard.

Vendanger

d’Hautel, 1808 : Il vendange tout à son aise. C’est-à-dire ; il pille, il vole avec audace, sans craindre la surveillance, le contrôle.

Vendangeuse d’amour

Delvau, 1864 : Fille ou femme qui a pour unique occupation de vendanger l’amour et de tirer de la meule de son pressoir assez d’argent pour ne pas être obligée de faire autre chose ; sa grappe est sans cesse écrasée à coups de pine, et le jus qui en sort nous grise.

Ces femmes…….
Sont des vendangeuses d’amour.
Lorsque des vignes de Cythère
On revient, c’est au petit jour,
À pas pressé, avec mystère.

A. Delvau.

Mets à profit sa négligence,
Et sans alarmes jusqu’au jour,
Viens vendanger en son absence
Des fruits de plaisir et d’amour.

Parny.

Delvau, 1867 : s. f. Drôlesse — bacchante moderne — qu’on rencontre souvent ivre dans les Vignes de Cythère. J’ai créé l’expression il y a quelques années : elle est aujourd’hui dans la circulation.

Vendeur

d’Hautel, 1808 : Vendeur de tout, marchand de rien. Locution ironique que l’on applique à un courtier, a un homme qui fait toutes sortes de commerce, sans posséder aucune des marchandises dont il trafique.
Il est fait comme un vendeur de cochons. Pour dire extrêmement mal vêtu, déguenillé ; on dit aussi dans un sens beaucoup plus étendu ; il est fait comme un brûleur de maisons.

Vendeur de chair humaine

Delvau, 1867 : s. m. Agent de remplacement militaire, — dans l’argot du peuple.

Vendeur de fumée

Delvau, 1867 : s. m. Homme qui fait de grandes promesses et qui n’en tient aucune. Se dit aussi de tout Rêveur, de tout poète, de tout abstracteur de quintessence.

Vendôme

Fustier, 1889 : « Il est défendu (à Nouméa) de jouer à des jeux de hasard. Cependant, toutes les nuits, dans l’une de ces chambrées, on joue le vendôme, sorte de lansquenet spécial. »

(Nouvelle Revue, 1er avril 1884.)

Vendôme (avoir astiqué la colonne à la gourmette)

Merlin, 1888 : Fumisterie de loustic s’adressant à un bleu.

Vendre

d’Hautel, 1808 : Il seroit bon à vendre vache foireuse. Se dit par raillerie, d’un homme ridiculement sérieux.

Delvau, 1867 : v. a. Trahir quelqu’un. Vendre la mèche. Dévoiler un secret, ébruiter une affaire.

La Rue, 1894 : Trahir.

Vendre sa fleur

Delvau, 1864 : Se laisser dépuceler par un monsieur qui en a les moyens.

Ces ouvrièr’s au gent minois
Qu’on voit parfois,
En tapinois,
Vendre leur fleur jusqu’à cent fois par mois.

Émile Debraux.

Vendre ses guignes

Delvau, 1867 : v. a. Loucher, guigner de l’œil.

Vendre son piano

Delvau, 1867 : v. a. Jouer de façon à faire pleurer les spectateurs, — dans l’argot des coulisses, où Bouffé (rôle de Pauvre Jacques) a laissé des souvenirs et des traditions. Par extension, dans la vie réelle, on dit d’une Femme qui pleure hypocritement : Elle vend son piano.

Vendredi

d’Hautel, 1808 : Tel vendredi, tel dimanche. Dicton superstitieux qui signifie que quand il pleut le vendredi, il ne fera pas beau le dimanche : le hasard confirme cependant quelquefois ce proverbe.

Vendu

Delvau, 1867 : s. m. Remplaçant militaire, — dans l’argot du peuple, qui attache à ce mot un sens extrêmement méprisant.

Venelle (enfiler la)

Rigaud, 1881 : Fuir en tremblant. Vieille expression française. On la trouve dans la chronique bordeloise de Gaufreteau.

Lesquels gagnèrent la venelle, de peur d’être capturés.

La Rue, 1894 : Prendre la fuite.

Vénérable

Delvau, 1867 : s. m. Premier officier dignitaire d’une loge, — dans l’argot des francs-maçons.

Delvau, 1867 : s. m. Un des nombreux pseudonymes de messire Luc, — dans l’argot du peuple.

Venette

d’Hautel, 1808 : Pour peur, frayeur, effroi, souleur.
Il a eu une fière venette. Pour, il a eu terriblement peur.

Halbert, 1849 : Peur.

Larchey, 1865 : Peur. — Vient du vieux mot venne, vesse.

Dire que j’ai vendu à 61 fr. 25. Ah ! j’ai eu la venette.

De Leuven.

Il a eu une fière venette ; il a eu terriblement peur.

1808, d’Hautel.

Delvau, 1867 : s. f. Peur. Avoir une fière venette. Avoir une grande peur. Docteur Venette. Poltron fieffé.

Rigaud, 1881 : Peur. — Avoir la venette, avoir une fameuse venette.

Veniernier

Clémens, 1840 : Voleur qui grimpe la nuit aux croisées.

Venin

d’Hautel, 1808 : Il a jeté tout son venin. Pour dire le feu de sa colère, de son emportement est passé.

Venir

d’Hautel, 1808 : Tant que vous irez et viendrez, les chemins ne seront pas sans vous. Se dit par raillerie à un laquais, qui se plaint des commissions qu’on lui donne.
Le mal vient à cheval, et s’en retourne à pied. C’est-à-dire avec vitesse, et ne s’en va que bien lentement.
Venir à rien. Pour diminuer, perdre son embonpoint, son éclat.
À tout venant beau jeu. Signifie que l’on est disposé à tenir tête, à résister à tout ce qui se présentera.

Venir au fait, aux prises etc.

Delvau, 1864 : Baiser, — qui est la conclusion naturelle de toutes les minauderies de la femme et de toutes les cajoleries de l’homme.

Mais cependant, quand ce vient au fait, elles éprouvent le contraire.

Mililot.

Une jeune beauté s’étant rendue amoureuse d’un jeune homme bien fait, lui donna tant de libertés qu’ils en vinrent à l’abordage.

D’Ouville.

Qu’avec l’abbesse un jour venant au choc.

La Fontaine.

Il parle trop, dit Émilie,
Et jamais il ne vient au fait.

Daillant De La Touche.

C’est assez parlementé,
Il faut en venir aux prises.

(La Comédie des chansons)

Le valet de là-dedans s’amouracha d’elle et elle de lui, de sorte qu’ils en vinrent aux prises.

D’Ouville.

La belle, quand ce vint aux prises, fit ouf.

Tallemant des Réaux.

A peine lui donna-t-il le temps de se recoucher pour en venir aux prises.

(La France galante.)

Il la baisa pour en avoir raison,
Tant et si bien qu’ils en vinrent aux prises.

La Fontaine.

Oh ! monsieur, je vous remercie, nous en venons tous les deux, le clerc et moi.

B. Desperriers.

Il lui demande si elle est en résolution d’en venir aux prises.

Ch. Sorel.

Venir au rapport

Delvau, 1867 : Se dit — dans l’argot des bourgeois — de tout ce qui provoque l’éructation.

Venne

Halbert, 1849 : Honte.

Vent

d’Hautel, 1808 : Reprendre son vent. Pour dire, reprendre haleine.
Lâcher un vent, un vent coulis. Pour commettre une incongruité ; lâcher un mauvais vent.
Autant en emporte le vent. Se dit de quelque chose dont on fait peu de cas.
Jeter la plume au vent. Aller, marcher au hasard.
Cela lui ressemble comme un moulin à vent. Se dit pour ridiculiser une comparaison qui n’est pas vraisemblable.
Il s’en est allé plus vite que le vent. Manière hyperbolique de dire, qu’un homme s’est sauvé à toutes jambes.
Mettre flamberge au vent. Ferrailler, tirer l’épée.
Il vend du vent et de la fumée. Se dit d’un charlatan qui n’a d’autre science que ses discours, et dont les remèdes sont sans efficacité.
Humer le vent. Croire indistinctement à toutes les nouvelles.

Delvau, 1867 : s. m. Ventris flatus male olens. Moulin à vents. Podex.

Vent (du) !

Delvau, 1867 : Terme de refus, — dans l’argot des faubouriens. On dit aussi Du vent ! De la mousse !

Vent dessus, vent dedans (être)

Delvau, 1867 : Être en état d’ivresse, — dans l’argot des marins.

Venter

d’Hautel, 1808 : On ne peut empêcher le vent de venter.
On dit aussi ; quelque vent qui vente. Pour dire quelque vent qu’il fasse.

Venterne

Clémens, 1840 : Croisée.

Larchey, 1865 : Fenêtre. — Elle donne accès au vent. — Venternier : Voleur s’introduisant par les fenêtres d’une maison (Vidocq). — V. Pieu.

Delvau, 1867 : s. f. Fenêtre par où passe le vent, — dans l’argot des voleurs. Doubles venternes. Lunettes.

Virmaître, 1894 : La fenêtre (Argot des voleurs).

Rossignol, 1901 : Fenêtre.

Venterne (la)

M.D., 1844 : La fenêtre.

Venterne (vol à la)

Halbert, 1849 : Vol par la fenêtre.

Venterniens

Halbert, 1849 : Voleurs qui escaladent les fenêtres.

Venternier

Delvau, 1867 : s. m. Voleur qui s’introduit dans les maisons par la fenêtre au lieu d’y entrer par la porte.

Venternier (le)

Virmaître, 1894 : Le venternier est une variété du cambrioleur avec cette différence toutefois qu’au lieu d’entrer par la lourde il entre par la venterne. Le venternier opère généralement dans les chambres situées aux étages supérieurs ; il grimpe sur les toits et entre dans les chambres par les fenêtres à tabatières. Ces voleurs sont nombreux (Argot des voleurs).

Ventouse

Virmaître, 1894 : V. Venterne.

Ventre

d’Hautel, 1808 : Se serrer le ventre. Pour se passer de manger.
Un ventre à tous grains. Homme qui mange de tout, que les alimens les plus lourds ne peuvent incommoder.
Il n’a pas deux paroles dans le ventre. Voyez Paroles.
Tout fait ventre. Maxime des gens peu propres et peu délicats sur le manger.
Parler du ventre. Avoir la voix sourde et caverneuse ; c’est ce que de nos jours, on appelle l’art du ventriloque.
Il n’a pas six mois dans le ventre. Pour dire il n’ira pas loin, il mourra bientôt.
Tant que le cœur me battra dans le ventre. C’est-à-dire, tant que j’aurai souffle de vie.
Bouder contre son ventre. Jeuner contre son appétit ; refuser par orgueil ce que l’on désire, ce que l’on souhaite intérieurement.
Ventre saint-gris ! Juron ordinaire du Grand Henry.
Demander pardon ventre à terre. Faire des soumissions, indignes d’un homme de bien.
Être sujet à son ventre. Aimer la bonne chère, faire, comme on dit, un dieu de son ventre.
Manger à ventre déboutonné. C’est-à-dire, en franc épicurien.

Ventre (avoir dans le)

Larchey, 1865 : Être capable de.

Ce petit Lucien n’avait que son roman et ses premiers articles dans le ventre.

Balzac.

On retrouve cette locution en Orient avec le sens de Penser.

Personne, même son ministre le plus intime, ne sait « ce que le maître a dans le ventre, » pour me servir d’une locution habituelle à Harar.

Revue britannique. Premiers Pas dans L’Afrique Orientale, par Burton, année 1856.

Ventre (se brosser le)

Rigaud, 1881 : Ne pas avoir de quoi manger.

Ventre bénit

Delvau, 1867 : s. m. Bedeau, chantre, sacristain, — dans l’argot du peuple, qui suppose à tort que les gens d’église se nourrissent exclusivement de pain bénit.

Ventre d’osier

Delvau, 1867 : s. m. Ivrogne.

Fustier, 1889 : Homme maigre. On dit aussi sac d’os.

Ventre de ma mère (c’est le)

Delvau, 1867 : Expression du même argot [du peuple] signifiant : Je ne retournerai plus dans cet endroit, je ne me mêlerai plus de cette affaire.

Ventrée

Delvau, 1867 : s. f. Réfection copieuse. Se foutre une ventrée. Se donner une indigestion.

Rigaud, 1881 : Repas plantureux. — Se flanquer, s’administrer, se coller une ventrée, faire un repas plantureux.

Ventres (gros)

Merlin, 1888 : Voyez Gros frères.

Ventriloque

Delvau, 1867 : s. et adj. Crepitator et même emittens ventris flatum.

Ventrouiller

Delvau, 1867 : v. n. Ventris flatum emittere.

Ventru

Delvau, 1867 : s. m. Député du centre, satisfait, — dans l’argot des journalistes libéraux du règne de Louis-Philippe.

Vénus populaire (la)

Delvau, 1864 : La fille de trottoir, qui ne demande que deux francs pour un voyage à Cythère.

Amour, empoisonne mes sens.
Et toi, Vénus la populaire,
A toi mon hymne et mon encens.

A. Barbier.

Ces rustiques Vénus qui font les innocentes.

Ant. Méray.

Faut t’voir valser, comm’ t’es vive et légère ;
Tous les garçons, disiont d’ toi dans le pays,
Qu’ t’es t’un’ vraie nymphe, un’ Vénus potagère.
J’n’en bois ni mange et j’n’en dors point les nuits.

Ad. Porte.

Nous avons eu depuis : la Vénus aux carottes.

Ver

d’Hautel, 1808 : Tirer les vers du nez à quelqu’un. L’engager finement dans une conversation, à dessein de savoir son secret, sa pensée.
On l’écrasera comme un ver. Pour dire qu’on viendra facilement à bout de quelqu’un.
C’est un misérable ver de terre. C’est-à-dire, un bélître, un pleutre, un homme de néant.

Ver (tuer le)

Larchey, 1865 : « Boire de l’eau-de-vie ou du vin blanc ; libation matinale, désignée par le dicton tuer le ver. »

Murger.

V. Brouillard. — Ver rongeur : Voiture prise à l’heure pour faire des visites qu’on abrège dans le but d’avoir moins à payer au cocher.

La lorette arrive en cabriolet et dit en entrant : Docteur, prêtez-moi donc de quoi renvoyer mon ver rongeur.

M. Alhoy, 1840.

Ver coquin

Delvau, 1867 : s. m. Caprice, fantaisie, hanneton, — dans l’argot du peuple, qui parle comme écrivait Régnier :

… Mon vice est d’être libre,
D’estimer peu de gens, suivre mon ver coquin,
Et mettre au même taux le noble et le faquin.

a dit le vieux Mathurin.

Ver rongeur

Delvau, 1867 : s. m. Voiture de remise ou de place à l’heure, — dans l’argot des petites dames.

Rigaud, 1881 : Voiture à l’heure. — Avoir un ver rongeur à la porte.

Rossignol, 1901 : On dit d’un fiacre que l’on a pris à l’heure : J’ai un ver rongeur.

Ver-coquin

d’Hautel, 1808 : Vertige, fantaisie, caprice.

Ver-rongeur

Virmaître, 1894 : Un fiacre. Lorsqu’on le fait attendre longtemps à la porte d’une maison, l’heure s’écoule ; au moment de le payer, il ronge le porte-monnaie (Argot du peuple).

Verbe (solir sur le)

Larchey, 1865 : Acheter à crédit (Vidocq). — Mot à mot : acheter sur parole.

Verbiager

d’Hautel, 1808 : Parler d’une manière prolixe, caqueter à qui mieux mieux ; discourir longuement sur de très-petits sujets.

Verbiageur

d’Hautel, 1808 : Celui qui parle beaucoup pour ne rien dire, ou du moins rien de bon.

Verdoucee, verdouse

La Rue, 1894 : Pomme. Verdure. Prairie. Verdouzier, pommier. Jardin. Voleur de légumes.

Verdouces

Clémens, 1840 : Pommes.

Verdouse

M.D., 1844 : Salade.

Halbert, 1849 : Pomme, prairie.

Rigaud, 1881 : Fruit. — Verdousier, verdousière, fruitier, fruitière.

Verdousier

Halbert, 1849 : Pommier, jardin.

Verdouzier

anon., 1827 : Jardin.

Raban et Saint-Hilaire, 1829 : Jardin.

Bras-de-Fer, 1829 : Jardin.

Véreuse

Merlin, 1888 : Pour vareuse.

Véreux

d’Hautel, 1808 : Un cas véreux. Pour dire une mauvaise affaire.
On dit aussi d’une personne suspecte, d’une mauvaise créance, qu’elle est véreuse.

Rigaud, 1881 : Individu sous la surveillance de la haute police, — dans le jargon des voleurs.

Véreux (chignon)

Rigaud, 1881 : Fausse natte, faux chignon grossièrement fabriqué.

Véreux, se

Delvau, 1867 : adj. Homme d’une probité douteuse ; chose d’une honnêteté problématique.

Verge

d’Hautel, 1808 : Donner des verges pour se fouetter. Fournir des armes contre soi-même.

Delvau, 1864 : Le membre viril, — avec lequel on fouette le ventre des vierges ; virga, virgo.

Il souhaitait qu’il pût abattre sa faim en se frottant le ventre tout ainsi qu’en se frottant la verge, il passait sa rage d’amour.

Brantôme.

L’académicien dit : mon vit. Le médecin : Ma verge….

L. Protat.

Verger de cypris

Delvau, 1864 : Le pénil, autrement dit la motte de la femme, où « le fruit d’amour rit aux yeux. »

Lors elle lui donna
Je ne sais quoi qu’elle tira
Du verger de Cypris, labyrinthe des fées.

La Fontaine.

Vergette

d’Hautel, 1808 : Vous faut-il une vergette ? Demande ironique, que l’on fait à quelqu’un, lorsqu’il a été surpris par la pluie, et que ses habits sont tout mouillés.

Vergne

anon., 1827 : Ville.

Raban et Saint-Hilaire, 1829 : Ville.

Bras-de-Fer, 1829 : Ville.

Clémens, 1840 : Ville.

Halbert, 1849 : Ville.

Larchey, 1865 : Pays. V. Bigorne.

J’ai roulé de vergne en vergne pour apprendre à goupiner.

Vidocq.

Delvau, 1867 : s. f. Ville, — dans l’argot des voleurs. Deux plombes crossent à la vergne. Deux heures sonnent a la ville.

Rigaud, 1881 : Ville. — Vergne de Miséricorde, ville d’un mauvais rapport au point de vue du vol.

La Rue, 1894 : Ville.

Virmaître, 1894 : Pays ou ville. Vidocq dit :
— J’ai roulé de vergne en vergne pour apprendre à goupiner.
A. Delvau dit :
— Deux plombes crossent à la vergne (deux heures sonnent à la ville) (Argot des voleurs).

Vergogne

Halbert, 1849 : Colère.

La Rue, 1894 : Colère.

Vergue (une)

M.D., 1844 : Une ville.

Vérité

d’Hautel, 1808 : Toute vérité n’est pas bonne à dire. On ne ressent que trop souvent la justesse de cette maxime.
Dire à quelqu’un ses vérités. Le réprimander sur ses défauts.

Verjus

d’Hautel, 1808 : C’est verjus vert, et vert verjus. Pour, c’est positivement la même chose.
Elle est aigre comme verjus. Se dit d’une personne qui a l’humeur acariâtre et revêche.
Cela n’a ni sauce ni verjus. C’est-à-dire, n’a ni goût ni saveur.

Vermicelles

Rigaud, 1881 : Veines. — Avoir du raisiné dans les vermicelles, avoir du sang dans les veines.

Tu es sans raisiné dans les vermicelles.

(Balzac.)

La Rue, 1894 : Veines.

Vermichel

Larchey, 1865 : Veine. — Allusion de forme. — V. Raisiné.

Vermichels

Delvau, 1867 : s. m. pl. Les veines du corps, — dans le même argot [des voleurs].

Vermillon

Delvau, 1867 : s. m. Anglais, — dans le même argot [des voleurs].

Verminard, Vermineux

Rigaud, 1881 : Homme de néant. (Jargon des écoles.)

Vermine

d’Hautel, 1808 : Terme injurieux et de mépris, pour dire la plus vile populace, la canaille, la lie du peuple.

Larchey, 1865 : Avocat (Vidocq). — Mot à mot : vivant sur le corps des prévenus.

Delvau, 1867 : s. f. Avocat. — dans le même argot [des voleurs].

Delvau, 1867 : s. f. La populace, — dans l’argot des bourgeois.

Virmaître, 1894 : Avocat. Les voleurs ont raison, les avocats sont des vermines qui rongent encore plus que les huissiers (Argot des voleurs).

Vermois

Halbert, 1849 : Sang.

Delvau, 1867 : s. m. Sang, — dans l’argot des voleurs.

Vermois, vermeil

Rigaud, 1881 : Sang, — dans le jargon des voleurs.

La Rue, 1894 : Sang.

Vermoise

Delvau, 1867 : adj. De couleur rouge.

Vermoisé

Halbert, 1849 : Rouge.

Verni (être)

Hayard, 1907 : Avoir de la chance.

Vérole

Delvau, 1864 : Maladie vénérienne, plus commune aujourd’hui que jamais, pour laquelle il y a à Paris un hôpital spécial, l’hôpital du Midi.

Cent escoliers ont pris la vérole avant que d’être arrivés à leur leçon d’Aristote la Tempérance.

Montaigne.

Si j’ suis paumé, j’enquille aux Capucins,
Ricord guérira ma vérole.

Dumoulin.

Vingt couches, autant de véroles,
Ont couturé son ventre affreux,
Hideux amas de tripes molles
Où d’ennui baille un trou glaireux.

Anonyme.

Delvau, 1867 : s. f. Syphilis, — dans l’argot du peuple, qui parle comme écrivait Marot :

Il mourut l’an cinq cens et vingt
De la verolle qui lui vint.

On dit aussi Grosse vérole, pour la distinguer de l’autre — la Petite vérole.

Véroleuse

Delvau, 1867 : s. f. Fille ou femme de mauvaise vie, qui s’expose à donner ce qu’elle est exposée à recevoir.

Véronique

Rigaud, 1881 : Lanterne, — dans le jargon des chiffonniers.

La Rue, 1894 : Lanterne.

Verrat

d’Hautel, 1808 : Il écume comme un verrat. Se dit d’un homme qui se laisse emporter aux excès de l’emportement et de la colère.

Verre

d’Hautel, 1808 : Choquer le verre. Pour dire choquer, porter une santé.
Si son cul eût été de verre, il eût été cassé. Se dit par moquerie de ceux qui se laissent tomber fréquemment.

Verre de montre

Delvau, 1867 : s. m. Le derrière de l’homme, — dans l’argot des faubouriens. Casser le verre de sa montre. Tomber sur le derrière.

Verre en fleurs (donner un beau)

Fustier, 1889 : Donner de belles cartes à son adversaire.

Cette locution n’a cours que dans les tripots et parmi les joueurs qui les fréquentent. « Je vous ai relevé par un beau verre en fleurs, » c’est-à-dire que je vous ai distribué de belles cartes pour vous donner du courage, vous allumer, vous faire augmenter votre enjeu.

(Befot : Le Roi des Grecs.)

Verreur

Clémens, 1840 : Celui qui trompe.

Verrou

d’Hautel, 1808 : Il le fait aller comme un verrou. Se dit de quelqu’un sur lequel on exerce une grande autorité.

Vers

d’Hautel, 1808 : Des vers à cul. Manière incivile et burlesque de designer de mauvais vers.

Verser

d’Hautel, 1808 : Versez ? Mot de commandement en usage dans les cafés de Paris ; pour dire apportez du café, versez du café à cette personne.

Verseur

Delvau, 1867 : s. m. Garçon chargé de verser le café aux consommateurs.

Verseuse

Fustier, 1889 : « Il fréquente les établissements dits cafés à femmes, où les garçons sont remplacés par des demoiselles appelées verseuses. »

(Frondeur, 1880.)

Versigo

Delvau, 1867 : n. de l. Versailles, dans l’argot des voleurs.

Versigot

Rigaud, 1881 : Versailles.

La Rue, 1894 : Versailles.

Versionnaire

Larchey, 1865 : Personnage composant en version latine, pour les candidats bacheliers plus riches que savants. C’était un métier dont plusieurs condamnations ont dû dégoûter les amateurs.

Delvau, 1867 : s. m. Humaniste qui, pour vivre, compose en version latine pour les candidats bacheliers dont la bourse est mieux garnie que la cervelle.

Vert

Delvau, 1867 : s. m. Froid, — dans l’argot des voleurs. Il fait vert. Il fait froid.

Vert (se mettre au)

Rigaud, 1881 : S’asseoir à une table de jeu, — dans le jargon des grecs.

Vert en fleur (monter le)

Rigaud, 1881 : Tendre un piège.

Vert-de-gris

Rigaud, 1881 : Domestique de charlatan à carrosse. — Surnom du joueur d’orgue de Mengin, devenu le surnom des accompagnateurs ordinaires de MM. les arracheurs de dents.

Merlin, 1888 : Autrefois, un officier de place.

La Rue, 1894 : Huissier. Domestique de charlatan. Verre d’absinthe. Commandant de place. Officier sévère.

Vert-de-gris (un)

Rigaud, 1881 : Un verre d’absinthe.

Verte

Delvau, 1867 : s. f. Verre d’absinthe, — dans l’argot des absintheurs. Heure où la verte règne dans la nature. Cinq heures du soir.

Rigaud, 1881 : Absinthe. Allusion à la couleur de l’absinthe. Un verre de verte.

La Rue, 1894 : Absinthe. Gonorrhée.

Verte (elle est) celle-là !

Merlin, 1888 : Voyez vieux.

Verte (la)

Rigaud, 1881 : Gonorrhée, — dans le jargon des voyous.

Virmaître, 1894 : L’absinthe. Quatre heures, c’est l’heure de la verte. Allusion de couleur (Argot du peuple).

Hayard, 1907 : L’absinthe.

Vertigo

d’Hautel, 1808 : Rat, lubie, boutade, caprice, fantaisie.

Delvau, 1867 : s. m. Lubie, caprice, — dans l’argot du peuple, à qui les gens fantasques semblent justement atteints de vertige, qu’au XVIe siècle on prononçait vertigue.

Vertu

Delvau, 1867 : s. f. Femme vertueuse, — ou affichant un grand rigorisme de conduite.

Vertu naufragée

Virmaître, 1894 : Jeune fille qui ne pourrait plus être couronnée rosière, même laïque ; sa vertu a fait naufrage sur le gazon ou ailleurs (Argot du peuple). N.

Vertubleu

d’Hautel, 1808 : Espèce d’interjection, ou plutôt de jurement, qui marque la surprise, l’étonnement, l’impatience.

Verver

anon., 1827 : Pleurer, crier.

Raban et Saint-Hilaire, 1829 : Pleurer, crier.

Bras-de-Fer, 1829 : Pleurer, crier.

Delvau, 1867 : v. n. Pleurer, — dans l’argot des voleurs.

Rigaud, 1881 : Pleurer, — dans le jargon des voleurs.

Virmaître, 1894 : Pleurer (Argot des voleurs).

Verver, server

La Rue, 1894 : Pleurer.

Verveux

Delvau, 1867 : s. m. Crinoline, — dans l’argot des paysans des environs de Paris, qui trouvent une ressemblance entre ce filet à cerceaux et cette jupe à cage.

Vésicatoire

d’Hautel, 1808 : Beaucoup de personnes prononcent à tort Vessicatoire, comme on dit vessie.

Vespasienne

Larchey, 1865 : Chaise percée couverte qu’on promenait vers 1840 dans les rues de Paris.

La Vespasienne Parisienne
À l’observateur arrêté
Offre asile et commodité.

Festeau.

Vespasiennes

Delvau, 1867 : s. f. pl. Water-closets montés sur essieux, qui circulaient dans Paris vers les premières années du règne de Louis-Philippe. Ce nom leur avait été donné en souvenir de l’empereur romain qui spéculait sur toutes les gadoues de son empire. Encore une chose que M. Louis Festeau n’a pas failli à chanter :

La Vespasienne
Parisienne
A l’observateur arrêté
Offre asile et commodité.

Vessard

d’Hautel, 1808 : Peureux, lâche, poltron, homme timide et pusillanime.

Delvau, 1867 : s. m. Poltron, homme sans énergie, — dans l’argot des faubouriens.

Rigaud, 1881 : Poltron.

Vesse

d’Hautel, 1808 : Mauvais vent, incongruité qui sort du derrière sans bruit.
Il crie pour une vesse de travers. C’est-à-dire pour la moindre chose ; se dit par raillerie d’un homme minutieux, criard, susceptible, ridicule à l’excès, qui fait tapage ; qui s’emporte pour la plus légère faute.
Une vesse de vigneron le grise. Se dit d’un mauvais buveur, d’un homme qui perd la raison au premier verre de vin.

Larchey, 1865 : Peur. On connaît son action sur les intestins. — Connu en 1808.

Delvau, 1867 : s. f. Peur. Avoir la vesse. Avoir peur.

Rigaud, 1881 : Attention ! — dans le jargon du collège. — C’est l’exclamation que poussent les écoliers pour prévenir leurs camarades de l’arrivée du maître d’étude. (L. Larchey)

La Rue, 1894 : Peur. Employé comme exclamation il signifie : attention ! Colle ! Pet ! ont le même sens.

Virmaître, 1894 : Peur. Lâcher une vesse : péter sournoisement. Vesser : un pet mou (Argot du peuple).

Vesse, Vestige

Rigaud, 1881 : Peur. Coquer le vestige, effrayer, — dans le jargon des voleurs.

Vesser du bec

Delvau, 1867 : v. n. Avoir l’haleine « pire que cade », — dans l’argot des faubouriens, plus cyniques que l’Aventurier Buscon. C’est plus grave, c’est-à-dire plus désagréable que le leve peditum reproché par Catulle à Libon dans une de ses épigrammes In Cæsaris cinædos.

Vessie

d’Hautel, 1808 : Terme bas, ignoble et figuré, dont on se sert pour désigner une vile prostituée.
On lui feroit croire que des vessies sont des lanternes. Manière exagérée de dire que quelqu’un est d’une simplicité d’esprit, d’une crédulité extrême.
J’aimerois autant qu’il me donnât d’une vessie par le nez. Pour dire, il m’impatiente avec ses bassesses, ses louanges outrées ; je n’en fais nul cas.

Delvau, 1867 : s. f. Fille ou femme de mauvaises mœurs.

Virmaître, 1894 : Femme avariée, grasse à lard (Argot du peuple). Allusion aux vessies de graisse que l’on vend à la foire au jambon. Il existe une chanson à ce sujet, elle n’est pas des plus propres. La voici comme document :

Catau, catau, catau,
Vessie, pourriture et charogne,
Catau, catau, catau.
Vessie, pourriture et chameau.

Vestale

Delvau, 1867 : s. f. Desservante du Dieu des Jardins. On disait autrefois Vestale de marais.

Veste

Larchey, 1865 : « Je crois que le filou qui compterait trop sur cette robe ne remporterait qu’une veste. Vous savez que veste est synonyme d’insuccès. »

H. Monnier.

Delvau, 1867 : s. f. Échec honteux, Waterloo de la vie bourgeoise ou littéraire auquel on ne s’attendait pas, — dans l’argot des gens de lettres et des comédiens.
M. Joachim Duflot fait dater cette expression de la pièce des Étoiles, jouée au Vaudeville, dans laquelle l’acteur Lagrange, en berger, faisait asseoir mademoiselle Cico sur sa veste pour préserver cette aimable nymphe de la rosée du soir, ce qui faisait rire le public et forçait le berger à reprendre sa veste. Mais il y a une autre origine : c’est la Promise, opéra-comique de Clapisson, dans lequel Meillet chantait au 1er acte, un air (l’air de la veste) peu goûté du public ; d’où cette expression attribuée à Gil-Pérez le soir de la première représentation : Meillet a remporté sa veste.
Ramasser ou remporter une veste.
Échouer dans une entreprise, petite ou grande. — Se faire siffler en chantant faux ou en jouant mal. — Écrire un mauvais article ou un livre ridicule. On dit aussi Remporter son armoire, depuis le 13 septembre 1865, jour de la première représentation à la salle Hertz des prétendus phénomènes spirites des frères Davenport.

Rigaud, 1881 : Le contraire de la réussite, — dans le jargon des acteurs. — Remporter sa veste, ne pas réussir.

Virmaître, 1894 : Remporter une veste. Avoir compté sur un succès et faire un four complet. Se dit d’une pièce mal accueillie au théâtre, d’une opération ratée, en un mot de tout insuccès (Argot du peuple).

Rossignol, 1901 : Une chose qui ne réussit pas est une veste. Une mauvaise pièce de théâtre est une veste. L’artiste lyrique qui quitte la scène sans succès a remporte une veste. Le pécheur qui n’a pas pris de poisson remporte une veste.

Veste (remporter une)

La Rue, 1894 : Essuyer un échec. Retourner sa veste, changer d’opinion.

Hayard, 1907 : Manquer une affaire.

Vestige

un détenu, 1846 : Légumes de prison et de gargotte.

Rigaud, 1881 : Vivacité, vitesse.

La Rue, 1894 : Vivacité. Peur.

Hayard, 1907 : Haricots, pitance de prison.

Vestiges

Delvau, 1867 : s. m. pl. Légumes, — dans l’argot des voleurs.

Virmaître, 1894 : Légumes que mangent les prisonniers. Dans le peuple, on dit d’un passif qui pratique depuis longtemps :
— Tu perds tes légumes.
Dans les prisons :
— Tu perds tes vestiges.
Cette explication suffit (Argot des voleurs).

Rossignol, 1901 : Légumes secs.

Vestiges (les)

Halbert, 1849 : Les légumes.

Vestiges, vestos

Rigaud, 1881 : Légumes secs, — dans le jargon des prisonniers. Allusion à la conduite des légumes secs dans leurs rapports avec messire Gaster.

La Rue, 1894 : Légumes (haricots, pois…). Vesto de la cuisine. Agent de la préfecture.

Vesto

Rigaud, 1881 : Petite vesse.

Vestos

Rossignol, 1901 : Haricots.

Vésuve (faire son)

Fustier, 1889 : Faire des manières, des embarras ; poser.

Plantin, rappelle-toi que le vol conduit aux plus grandes fautes et même au vice ! — Plantin : Fais donc pas ton Vésuve !…

(Petit Journal.)

Vésuver

Fustier, 1889 : Donner largement, libéralement.

Tu as un nourrisseur qui te vésuve des jaunets quand tu lui dis : Mon Prince.

(Huysmans : Sœurs Vatard.)

Vésuvienne

Delvau, 1867 : s. f. Femme galante. L’expression date de 1848, et elle n’a pas survécu à la République qui l’avait vue naître. Les Vésuviennes ont défilé devant le Gouvernement Provisoire ; mais elles n’auraient pas défilé devant l’Histoire si un chansonnier de l’époque, Albert Montémont, ne les eût chantées sur son petit turlututu gaillard :

Je suis Vésuvienne,
À moi le pompon !
Que chacun me vienne
Friper le jupon ?

Vétir

d’Hautel, 1808 : Vêtu comme un ognon. Pour dire empaqueté ; couvert d’une manière ridicule ; avoir beaucoup d’habits les uns sur les autres à la manière des frileux.
Vêtu comme un moulin à vent. C’est-à-dire à la légère ; habillé en toile.

Veule

Delvau, 1867 : adj. des deux g. Mou, paresseux, lâche, — dans l’argot du peuple, qui emploie ce mot depuis des siècles, comme le prouvent ces vers de Gauthier de Coinci :

Mais tant iert plains de vaine gloire
Tout iers fiers, cointes et veules,
Qu’il sembloit bien qu’en ses esteules
Eust trové tout le païs.

C’est sans doute une antiphrase, de volo, vouloir, avoir volonté : volo, volvis, volui.

Veuve

Larchey, 1865 : Guillotine. — Elle voit mourir tous les hommes couchés sur sa planchette.

Dis-moi, menin de monseigneur le bourreau, gouverneur de la veuve (nom plein de terrible poésie que les forçats donnent à la guillotine)…

Balzac.

On appelle encore la guillotine de toutes sortes de petits noms : Fin de la soupe, Grognon, la Mère au bleu (au ciel), la dernière bouchée etc., etc.

V. Hugo.

Rigaud, 1881 : Corde, — dans l’ancien argot. (V. Hugo.)

Fustier, 1889 : Non conformiste qui se prête… aux plus bizarres exigences.

La Rue, 1894 : Corde. Guillotine. Épouser la veuve, être guillotiné.

Veuve (la)

Delvau, 1867 : La guillotine, — dans l’argot des voleurs qui se marient quelquefois avec elle sans le vouloir. Épouser la veuve. Être guillotiné.

Rigaud, 1881 : Guillotine, — dans l’argot classique des voleurs. — Épouser la veuve, être guillotiné. — Crosser chez la veuve, monter sur l’échafaud.

Virmaître, 1894 : La guillotine (Argot des voleurs).

Rossignol, 1901 : Guillotine. Le guillotiné épouse la veuve.

Hayard, 1907 : La guillotine.

Veuve Chapelle (la)

Rigaud, 1881 : La dame de pique, — dans le jargon des joueurs de baccarat, ainsi baptisée du nom d’un joueur. D’après une superstition de joueurs de baccarat, la dame de pique est connue pour porter la guigne.

Veuve d’un colonel mort à Waterloo… d’un coup de pied dans le cul

Rigaud, 1881 : Veuve pour rire. Femme qui se prétend veuve d’un officier supérieur.

Veuve j’en tenons (être logé chez la)

Rigaud, 1881 : Être enceinte. — L’expression date de 1739. Elle est d’ailleurs démodée.

Veuve Poignet

Delvau, 1864 : La main qui sert à branler, — la première maîtresse des jeunes gens, comme le médium est le premier amant de toutes les femmes.

Pour l’apaiser, je n’avais qu’une main :
Je m’en servis pour écumer sa bile.
Veuve Poignet, sans vous, qu’aurais-je fait ?
Mais avec vous, c’était chose facile.

Anonyme.

La Rue, 1894 : L’onanisme.

Rossignol, 1901 : La main.

Veuve poignet (en soirée chez la)

Virmaître, 1894 : V. Bataille des Jésuites.

Veuve Poignet (la)

Delvau, 1867 : L’onanisme, — dans l’argot du peuple. Épouser la veuve Poignet. Se livrer à l’onanisme.

Rigaud, 1881 : Exercice de l’onanisme.

Veuve Rentrée (la)

Rigaud, 1881 : Vendeur pour le compte duquel un objet est resté aux enchères, — dans le jargon des commissaires-priseurs. L’objet non vendu rentre chez le marchand ou en magasin. — La variante est : Monsieur Dufour.

Vexer

d’Hautel, 1808 : Vexer quelqu’un. Le railler, l’opprimer, le tyranniser.
Être vexé. Pour être contrarié, tourmenté, éprouver un mécontentement intérieur.

Vézon

Delvau, 1864 : Fille publique — dans l’argot des voleurs.

Mon père est maquereau, ma mère était vézon.
Moi j’ai reçu le jour sous les toits d’un boxon.

Louis Protat.

Vezouiller

Rigaud, 1881 : Sentir mauvais, par allusion à l’odeur de certain vent interne.

La Rue, 1894 : Puer.

Vézouiller

Delvau, 1867 : v. n. Puer, — dans l’argot des faubouriens. Vèzouiller du bec. Avoir une haleine à la Paixhans.

Vi

Virmaître, 1894 : Voici ce que dit Mathurin Régnier :

Le violet tant estimé
Entre vos couleurs singulières.
Vous ne l’avez jamais aimé
Que pour les deux lettres premières.

À la prison de St-Lazare, une fille atteinte d’une maladie épouvantable, était incarcérée à l’Infirmerie. La sœur l’exhortait à changer de vie ; elle lui citait des exemples de conversions absolument édifiantes. La malade, impatientée, lui répondit :
— Ma sœur, il est trop lard pour changer de vie, il fallait me dire cela quinze jours plutôt ; je ne serais pas ici (Argot du peuple).

Viande

d’Hautel, 1808 : De la viande à gens soûls. Alimens peu substantiels, peu solides : tels que les asperges, les concombres, et tout autre légume de ce genre.
On dit aussi dans un sens tout-à-fait semblable, de la viande creuse.
Montrer sa viande. Montrer des objets que la pudeur et la modestie prescrivent de dérober soigneusement aux regards.
Un mangeur de viande apprêtée. Un paresseux, un fainéant, qui aime à se divertir aux dépens des autres.

Delvau, 1864 : Femme publique.

Je vais connaître cette maison et savoir quelle viande il y a à son étal, à cette boucherie-la.

Lemercier de Neuville.

Delvau, 1867 : s. f. La chair, — dans l’argot du peuple. Montrer sa viande. Se décolleter excessivement, comme font les demoiselles du demi-monde dans la rue et les dames du grand monde aux Italiens. Ce n’est pas d’aujourd’hui que l’on emploie cette expression froissante pour l’orgueil humain. Tabourot, parlant du choix d’une maîtresse, disait il y a trois cents ans :

Une claire brune face
Qui ne soit maigre ny grasse,
Et d’un gaillard embonpoint,
Ne put ny ne picque point :
Voilà la douce viande
Qu’en mes amours je demande.

Rigaud, 1881 : La chair humaine. Montrer sa viande, se décolleter. — Cacher sa viande, cacher un sein qu’on ne saurait voir.

Cache donc ta viande que je mange mon pain !

(É. Zola.)

La Rue, 1894 : Le corps humain, la chair. Soigner sa viande, se bien nourrir, avoir soin de soi.

Virmaître, 1894 : Chair. A. Delvau trouve que cette expression est froissante pour l’orgueil humain. Pourquoi donc ? Est-ce que la chair humaine n’est pas de la viande au même titre que celle de n’importe quel animal ? Quand une femme a une belle carnation, rose, fraîche, c’est un hommage que lui rend le langage populaire en disant :
— Ah ! la belle viande, on en mangerait.
C’est assez rare en cette fin-de-siècle, pour que ce mot soit accepté comme une louange et non comme une grossièreté (Argot du peuple).

Rossignol, 1901 : Chair humaine. Celui qui tombe ramasse sa viande.

Viande (montrer sa)

Larchey, 1865 : Se décolleter. — Traité dès 1808.

Viande (ramasser sa)

Rigaud, 1881 : Se ramasser. — Quand un voyou voit tomber quelqu’un, il ne manque pas de dire : « Ramasse ta viande ».

Viande à canon

Rigaud, 1881 : Soldat. — En temps de guerre le canon en fait une grande consommation. Sous le premier Empire, alors que la gloire coûtait à la France des monceaux de cadavres entassés sur les champs de bataille, on appelait les soldats : de la chair à canon.

Viande dans le torchon (se coller la)

Rigaud, 1881 : Se coucher, — dans le jargon de MM. les voyous.

Viande de l’homme (la)

Delvau, 1864 : Son membre, dont les femmes sont si friandes et qu’elles mettent si volontiers cuire dans leur four avec son jus.

Mais sans un bon morceau de viande,
Fille a toujours le ventre creux.

Marcillac.

Ainsi que l’a dit un grand saint,
A l’homme s’il faut du bon vin,
A la femme il faut de la viande.

A. Watripon.

Pour moi, je ne suis point friande
De tout ce gibier que l’on vend,
Ne m’importe quelle viande
Pourvu qu’elle soit du devant.

Théophile.

Tu n’ me l’ mettras pas, Nicolas,
Je n’aime que la viand’ fraîche.

J.-E. Aubry.

Viande de morgue

Rigaud, 1881 : Personne qui commet des imprudences. Vagabond, coureuse sans feu ni lieu.

Le marinier Lausard lui cria même ; Viande de morgue, rangez-vous donc !

(Liberté, du 25 août 1877.)

Viande de seconde catégorie, Basse viande

Rigaud, 1881 : Femme dont les chairs sont bouffies et molles.

Viatique

Fustier, 1889 : « Littré appelle viatique l’argent qu’on donne aux religieux pour leurs dépenses de voyage. Enlevez les religieux, expulsez-les, remplacez-les par des joueurs et vous aurez la véritable signification du mot en langage monégasque. »

(Revue politique et littéraire, 1882.)

Viatique vert

Fustier, 1889 : Absinthe.

Le commandant Monistrol se versant, au moment d’expirer, le viatique vert.

(Th. de Banville.)

Viauper

Rigaud, 1881 : Pleurer, pleurer comme un veau.

La Rue, 1894 : Pleurer (comme un veau).

Virmaître, 1894 : Oublier fréquemment le chemin de l’atelier pour viauper chez les marchands de vins.
— Que fait la fille ?
— Ah ! ne m’en parle pas ; elle viaupe avec Pierre et Paul.
Mot à mot : viauper, faire la vie.
Faire la vie à quelqu’un, c’est lui faire une scène désagréable.
Lui rendre la vie dure, c’est le tourmenter, lui refuser à manger, être cruel (Argot du peuple).

Vice

d’Hautel, 1808 : Il n’a qu’un vice. Métaphore ironique pour dire qu’un homme les possède tous.
C’est un vice de clerc. Pour dire une faute d’écriture.

Delvau, 1867 : s. m. Imagination ; ingéniosité ; astuce, — dans l’argot du peuple, qui sait que l’intelligence est un don souvent fatal. Avoir du vice. Être très malin, — c’est-à-dire sceptique en amour, en amitié, en politique et en morale. On dit aussi : Avoir du vice dans la toupie.

Vice (aller au)

Rigaud, 1881 : Aller chez une fille de joie.

Vice (avoir du, montrer du)

Delvau, 1864 : Avoir l’esprit tourné vers les choses de la fouterie ; avoir pratiqué l’homme quand on est femme, la femme quand on est homme.

Tout jeune, il montra bien du vice,
Quand, perdu dans une forêt,
Au lieu du sein de sa nourrice,
Il se tétait le flageolet.

Al. Pothey.

Vice (avoir du)

Larchey, 1865 : Être ingénieux.

A-t-il du vice, ce mâtin de Couturat.

De Goncourt.

Nonore, un petit avorton de femme qui a la réputation d’avoir du vice.

Ces Dames.

Rigaud, 1881 : Avoir de la malice.

La femme qui a un peu de vice, s’émancipe tôt ou tard de la tutelle d’une maîtresse de maison et travaille pour son compte.

(E. de Goncourt.)

Vice (en avoir)

Virmaître, 1894 : Roué qui la connaît dans les coins.
— On ne me la fera pas, j’ai trop de vice.
Cela est la cause d’un mauvais calembourg par à peu près :
— Les serruriers sont les ouvriers les plus malins du monde, parce qu’ils ne manquent jamais de vis (Argot du peuple).

Vice-race

Halbert, 1849 : Vicaire.

Vice-Versailles

Rigaud, 1881 : Vice-versa. Jeu de mots par à peu près.

Vicelot

Delvau, 1867 : s. m. Petit vice, défaut peu grave.

Virmaître, 1894 : Gavroche qui a tous les vices en germe ; il est trop jeune pour qu’ils soient développés. Dans les ateliers, on dit du gosse :
— Il est si vicelot qu’il en remontrerait à père et mère (Argot du peuple).

Vicieux (être un)

Delvau, 1864 : Ne songer qu’aux choses de la fouterie.

Qu’est-ce donc qui vous prend ?… Vous êtes donc aussi un vicieux !

Tisserand.

Victoire

d’Hautel, 1808 : Crier victoire. S’enorgueillir, se glorifier, faire le fanfaron, se trop prévaloir de quelque succès.

Larchey, 1865 : « Quant à la chemise, c’est au marché Saint-Jacques, chez Mlle Victoire, qu’ils (les chiffonniers) vont la chercher. Ils l’appellent du nom de la marchande, une victoire. Elle leur coûte dix sous ; quelquefois moins, jamais plus. »

Berthaud.

Delvau, 1867 : s. f. Chemise, — dans l’argot des chiffonniers, qui ont voulu consacrer ainsi le souvenir d’une marchande du faubourg chez laquelle ils se fournissaient.

Virmaître, 1894 : Chemise. Ce mot n’est pas employé, comme le dit A. Delvau, pour consacrer le souvenir d’une marchande qui fournissait les chiffonniers.
— Victoire ! J’ai enfin pu gagner de quoi m’acheter une limace pour balancer celle que je porte depuis six mois (Argot des chiffonniers).

Victoria

Delvau, 1867 : s. f. Voiture découverte à quatre roues, — dans l’argot des cochers. C’est une façon de milord.

Vidange

Delvau, 1867 : s. f. Accouchement, — dans l’argot des voleurs. Largue en vidange. Femme en couches.

Virmaître, 1894 : Accouchement.
— Ma femme est en vidange.
Mot à mot : elle se vide.
Elle est en vidange, car il faut qu’il se passe quelques semaines avant de la remplir à nouveau (Argot du peuple). N.

Vide

d’Hautel, 1808 : Charger à vide. Locution dont les cochers se servent pour dire qu’on les a pris sur place, n’ayant personne dans leur voiture.

Vidé (être)

Rigaud, 1881 : Être ruiné. — Ne plus produire rien qui vaille, dans le jargon des hommes de lettres. Variante : Ne plus rien avoir dans le ventre.

Je lis ses chroniques… C’est d’un toc !… Il n’a rien dans le ventre, ce garçon-là.

(A. Dreyfus, La Vie moderne, du 24 avril 1879.)

Robinet est vidé.

(Id. Ibidem.)

Vider

d’Hautel, 1808 : Vider les pots et les verres. Pour dire faire ripaille ; boire avec excès.

Fustier, 1889 : Assommer, tuer.

On dut s’interposer ; la mère Teston perdant toute mesure, ne parlait de rien moins que de le vider. (Huysmans : Sœurs Vatard.)

La Rue, 1894 : Assommer. Tuer.

Vider (se)

Delvau, 1867 : v. réfl. Mourir, — dans l’argot des faubouriens.

Vider le plancher

Delvau, 1867 : v. a. S’en aller de quelque part, — dans l’argot du peuple.

Virmaître, 1894 : S’en aller.
— Mon p’tit, ça ne marche plus, tu vas vider le plancher (Argot du peuple).

Vider sa poche à fiel

Virmaître, 1894 : Soulager son cœur, dire tout ce que l’on pense sans ménager ses expressions (Argot du peuple). N.

Vider son panier à crottes

Virmaître, 1894 : Satisfaire un besoin. Il est aussi agréable de vider son panier que de l’emplir (Argot du peuple).

Vider son petit porteur d’eau

Virmaître, 1894 : Expression employée dans les couvents par les jeunes filles, pour dire qu’elles ont un petit besoin à satisfaire (Argot du peuple). N.

Vider un homme

Delvau, 1867 : v. a. Le ruiner, — dans l’argot des petites dames.

Virmaître, 1894 : Il y a plusieurs manières de le vider. On lui vide son porte-monnaie. On le vide en le surmenant. Une maîtresse amoureuse le vide, et quand il rentre au domicile conjugal, sa femme peut le fouiller… et elle aussi (Argot du peuple). N.

Vidourser

Virmaître, 1894 : Terme employé dans les ateliers pour qualifier un peintre qui ne se préoccupe, en peignant son tableau, ni du ton ni de la perspective. Il le vidourse, il le lime, il le lèche. Allusion à la fameuse expression : Il est poli comme un vi d’ours. De là : vidourser (Argot des artistes). N.

Vie

d’Hautel, 1808 : Il n’a pas pour deux liards de vie. Signifie, il est d’une très foible complexion ; il est continuellement malade, valétudinaire, cacochyme.
Faire une belle vie ; une vie d’enragé. Criarder, quereller continuellement ; vivre ensemble comme chien et chat.
Vie de cochon, courte et bonne. C’est-à-dire vie débauchée et crapuleuse, dont on abrège les momens par ses dérèglemens.
Une vie de Bohême. Vie de misérable ; de bandit, de réprouvé.
Il me fait enrager ma vie. Pour, il me contrarie, m’impatiente, m’excède.
Cacher sa vie. Avoir une conduite secrète et mystérieuse.
Faire la petite vie. Se livrer au libertinage, à la débauche.
Être de grande vie. Pour être d’une grande dépense ; vivre dans le luxe et l’éclat.
Faire vie qui dure. Mener joyeuse vie, ne pas penser aux maux à venir.

Vie (faire la)

Delvau, 1867 : S’amuser plus que la morale et la santé ne le permettent ; se débaucher, les femmes avec les hommes, les hommes avec les femmes.

Vie (faire une)

Larchey, 1865 : Faire tapage. — Faire la vie :

Mener une vie débauchée.

d’Hautel.

Vie de chien

Delvau, 1867 : s. f. Conduite déréglée, crapuleuse. Faire ou Mener une vie de chien. Vivre dans le désordre et le vagabondage. Les Anglais ont la même expression, dans le même sens : to lead a dog’s life. On dit aussi Faire une vie de polichinelle.

Vie de patachon

Virmaître, 1894 : Mettre les petits plats dans les grands. Mener la vie à grandes guides. Faire une vie de bâtons de chaises. Mot à mot : faire une vie de chien, comme si la vie n’avait pas de lendemain (Argot du peuple). N.

Vie de polichinelle (faire une)

Virmaître, 1894 : Avoir une conduite déréglée, se saouler, courir la gueuse, se battre ; en un mot, mener une vie désordonnée. On sait que le polichinelle du guignol lyonnais est le type parfait du bambocheur (Argot du peuple). N.

Viédase

d’Hautel, 1808 : Terme injurieux et grossier, qui signifie poltron, vaurien, ignorant. Ce mot dans l’origine signifioit figure d’âne.

Viédaser

d’Hautel, 1808 : Ne faire rien qui vaille, se battre les flancs, s’amuser à la moutarde.

Rigaud, 1881 : Faire traîner un ouvrage en longueur, travailler avec nonchalance. (XVIIe et XVIIIe siècles.)

Vieille

Larchey, 1865 : Vieille eau-de-vie. — Vieux de la vieille :

Vieux soldat de la vieille garde ; le vieux de la vieille comme on dit.

Balzac.

Ma vieille : Mon vieil ami.

Eh bien ! Raoul, ma vieille, comment que ça va.

Jaime.

L’emploi de ce féminin a sans doute paru plus tendre. On dit aussi vieux. V. Ému, Cocarde. — Vieux : Amant d’un âge mûr. V. Monsieur.

Delvau, 1867 : s. f. Eau-de-vie qui devrait avoir cent sept ans et qui n’a que quelques mois.

Rigaud, 1881 : Mère, — dans l’argot du peuple.

Rigaud, 1881 : Eau-de-vie vieille, vieux cognac.

Vieille (elle est)

Rigaud, 1881 : La plaisanterie, l’histoire est vieille, connue.

On me dit : madame est au bain. Je dis : elle est trop vieille celle-là !

(Th. Barrière et Lambert Thiboust, Les Jouisses de l’amour.)

Vieille (ma)

Delvau, 1867 : s. f. Expression de tendresse banale employée entre hommes, — je me trompe, entre cabotins.

Rigaud, 1881 : Terme d’amitié. C’est-à-dire vieux de la vieille garde, ancien camarade, — dans le jargon des cabotins. — Un vieux pilier de café m’a assuré que le mot était employé par allusion à la vieille eau-de-vie, que les habitués aiment beaucoup ; d’où quelqu’un pour qui on a de l’affection ou simplement de la sympathie devient « votre vieille ».

Apollon, Épicure et le sultan Belboula se succèdent en s’appelant ma vieille.

(Monselet, Acteurs et actrices.)

Bientôt le café fut plein… il y avait des renommées, même des gloires… hommes et femmes s’appelaient ma vieille, ma petite vieille. C’est courant, et il y a longtemps que cela dure.

(L. Veuillot, Les Odeurs de Paris.)

Vieille culotte de peau

Delvau, 1867 : s. f. Général en retraite, — dans l’argot des troupiers.

Rigaud, 1881 : Officier en retraite. Officier émérite qui a conservé dans la vie civile les habitudes militaires.

Vieille garde

Rigaud, 1881 : Vieille courtisane. (H. Meilhac.) Celle-là se rend et ne meurt pas.

La Rue, 1894 : Femme galante âgée.

Vieille médaille

Delvau, 1867 : s. f. Vieille femme usée par le frottement de la vie. Argot des faubouriens.

Vieille peau

Virmaître, 1894 : Expression méprisante employée dans le peuple, même vis-à-vis d’une personne jeune. On dit d’un vieillard qui se donne des allures juvéniles :
— C’est un jeune homme dans une vieille peau.
Vieille peau
signifie aussi : vieille putain (Argot du peuple).

Vieillerie

d’Hautel, 1808 : Pour dire des guenilles ; des idées usées et rebattues, des lieux communs.

Vieillesse

d’Hautel, 1808 : Ce sera mon bâton de vieillesse. C’est-à-dire, c’est lui qui me soutiendra dans ma vieillesse, qui me consolera dans mes afflictions, qui me soulagera dans mes infirmités.

Vieillisseuse

Fustier, 1889 : « J’ai fait la connaissance d’une vieille femme qui exerce aujourd’hui la profession de vieillisseuse… nos boulevards, vous le savez, sont sillonnés de petites marchandes d’amour que leur extrême jeunesse expose souvent aux indiscrétions de la police… A l’aide de certains onguents, elle (la vieillisseuse) parvient à donner aux traits trop tendres des gamines l’expression d’un visage de 18 à 25 ans. »

(Figaro.)

Vielle

d’Hautel, 1808 : Long comme une vielle. Pour lambin, longis, traînard, paresseux, musard, homme excessivement nonchalant.

Viellot, vieillotte

d’Hautel, 1808 : Cet adjectif est plus usité au féminin qu’au masculin ; il se dit particulièrement d’une femme petite et ramassée, dont les traits annoncent la vieillesse et un âge avancé.

Vierge

Delvau, 1864 : Fille qui n’est pas encore devenue femme, c’est à-dire dont le vagin n’a pas encore été habité par un membre viril, — mais dont l’imagination a été hantée par mille visions lubriques.

Non, je n’appelle pas vierge une jeune fille
Qui donne des cheveux à son petit cousin,
Ou qui, chaque matin, se rencontre et babille
Avec un écolier dans le fond du jardin.

Alph. Karr.

Je veux mourir, si je me souviens d’avoir jamais été vierge ! dit Quartilla à Encolpe, — et beaucoup de femmes pourraient en dire autant.

Vierge de comptoir

Delvau, 1867 : s. f. Demoiselle de caboulot, — dans l’argot ironique du peuple, qui ne se doute pas qu’il a emprunté ce mot à John Bull : Bar-maids, disent les Anglais à propos des mêmes Hébés.

Vieux

d’Hautel, 1808 : C’est un jeune homme avec un vieux visage. Se dit par moquerie pour faire entendre qu’un homme est plus âgé qu’il ne veut le paroître.
J’en suis las comme d’une vieille morue. Voy. Morue.
Se faire vieux. Parvenir à un âge avancé, vieillir.
Vieux comme Hérode, comme les rues. C’est-à-dire connu depuis nombre de siècles, depuis temps immémorial. Se dit aussi pour se railler d’un homme très-avancé en âge.
C’est de la vieille drogue ; de la vieille mercerie. Se dit pour abaisser la valeur de quelque chose.
Des contes de vieilles. C’est-à-dire des récits qui ne méritent aucune croyance.
C’est du vieux jeu. Pour ces contes, ces tours sont connus, on n’y croit plus, on ne s’y laisse plus attraper.

Delvau, 1867 : s. m. Amant en cheveux blancs ou gris, et même sans cheveux, — dans l’argot des petites dames. Avoir son vieux. Être entretenue.

Rigaud, 1881 : Amant sérieux, à lunettes, ventru, riche, et frisant la cinquantaine.

Rigaud, 1881 : Père, — dans le jargon des ouvriers. — Le vieux se décatit joliment.

Vieux ! (c’est)

Merlin, 1888 : Réponse à celui qui cherche à vous monter le coup, et qui peut se traduire de cette façon : À d’autres ! je la connais ! Elle est verte signifie encore : c’est raide, épatant, incroyable.

Vieux (se faire)

Delvau, 1867 : S’ennuyer, attendre plus qu’il ne faudrait ; rester longtemps quelque part. Argot du peuple.

Rigaud, 1881 : Attendre quelqu’un avec impatience ; se tourmenter. Les variantes sont : Se faire viocque, se faire antique.

C’est rasant… C’est que je me fais vieux.

(La Vie moderne, 2 août 1879.)

Merlin, 1888 : S’ennuyer, trouver le temps long.

La Rue, 1894 : Se tourmenter, s’ennuyer.

Vieux comme les rues

Delvau, 1867 : adj. Extrêmement vieux. On dit aussi Vieux comme Mathieu-salé, — par corruption de Mathusalem, un patriarche.

Vieux jeu

Delvau, 1867 : s. m. Méthode classique, procédé d’autrefois pour faire des chansons, des vaudevilles, des romans. Argot des gens de lettres.

Vieux meuble

Delvau, 1867 : s. m. Vieillard, personne impotente, bonne à mettre au rancart de la vie.

Vieux monsieur (le)

Delvau, 1864 : L’homme qui entretient une femme, pour le distinguer du jeune — ou des jeunes — qu’elle entretient elle-même.

C’était par un temps pluvieux,
Nos bell’s n’avaient pas leurs vieux.

A. Watripon

Celle-là, sur un lit nonchalamment couchée,
Par un vieux cupidon était gamahuchée.

L. Protat.

À son âge, on n’a plus d’amour…
— Oui mais on a plus d’un caprice.
Quand mon fils est par trop méchant,
Tu sais comment je le corrige,
— Eh ! mais c’est ainsi, justement
Que j’entretiens le sentiment
De ce vieux monsieur qui m’oblige.

(Chanson anonyme moderne.)

Toinette, fraîche dondon,
Chantait ainsi son martyre,
Pensant à son vieux satyre…
Tout en plumant un dindon.

J. Poincloud.

Vieux style

Delvau, 1867 : s. m. Se dit de toute chose démodée, de tout procédé tombé en désuétude, de toute idée arriérée, etc.

Vieux tison

Delvau, 1867 : s. m. Galantin, vieillard amoureux.

Vif

d’Hautel, 1808 : Un portrait tiré au vif. Pour dire d’une ressemblance parfaite, fait d’après nature.

Vif-argent

d’Hautel, 1808 : Il a du vif-argent dans les pieds. Se dit en plaisantant d’un homme turbulent, qui ne peut rester en place.

Rigaud, 1881 : Argent comptant, — dans le jargon des voleurs. Au XVIe siècle, solder argent vif, voulait dire payer comptant. (Bovillè.)

Vigne

d’Hautel, 1808 : Quand nous serons morts, fera les vignes qui pourra. Pour dire qu’on se met peu en peine de ce qui se fera quand on ne sera plus.
On dit aussi d’un homme qui est ivre, et qui déraisonne : il est dans les vignes du seigneur.

Delvau, 1864 : Une femme que l’on peut planter, cultiver, pour y grappiller tout à son aise, avec les mains — et la queue.

Et dans la vigne du seigneur
Travaillant ainsi qu’on peut croire.

La Fontaine.

Vignes (être dans les vignes du seigneur)

Virmaître, 1894 : Être pochard. Dans le peuple, on dit d’un homme qui est toujours entre deux vins :
— Il ne peut plus boire ; il est saoul avec un pet de vigneron.
L’expression : être dans les vignes, est très vieille et usitée en Bourgogne (Argot du peuple).

Vignes (être dans les)

Larchey, 1865 : « On dit d’un homme ivre : Il est dans les vignes du Seigneur. »

1808, d’Hautel.

C’est pas être un homme que d’être toujours dans les vignes.

Balzac.

Vignette

Rigaud, 1881 : Figure, — dans le jargon des typographes. — Piger la vignette, être distrait, regarder voler les mouches au lieu de travailler.

Boutmy, 1883 : s. f. Visage. Piger la vignette, Regarder. V. Piger.

Vigousse

Fustier, 1889 : Vigueur, entrain.

Ça ne va pas, mais ça ne va pas du tout aujourd’hui… pour amour de Dieu, Mesdames et Messieurs, un peu de vigousse, donc !…

(De Goncourt : La Faustin.)

La Rue, 1894 : Vigueur, entrain.

Vilain

d’Hautel, 1808 : Vilain comme lard jaune. Lâdre, intéressé à l’excès, d’une avarice sordide.
Content comme un vilain. Voyez Content.
À vilain, vilain et demi. Imitation du proverbe, à trompeur, trompeur et demi, pour dire qu’il faut être lâdre avec ceux qui le sont.
Un vilain rhume. Pour dire un gros rhume, un rhume dangereux.
Une vilaine. Pour, dire une courtisane, une femme de mauvaise vie, une prostituée.

d’Hautel, 1808 : Il n’est chère que de vilain. Signifie que quand un avare se met en dépense de traiter quelqu’un, il le fait souvent avec une grande profusion.

Vilain merle

Virmaître, 1894 : Homme laid.
— Tu vas te marier avec ce vilain merle-là ; tu pourras chanter au roi des oiseaux : tu auras un beau merle au cul.
Vilain merle :
méchant homme, bilieux, fielleux, qui veut du mal à tout le monde (Argot du peuple).

Vilainement

d’Hautel, 1808 : Pour beaucoup, en quantité. Le peuple se sert fréquemment de cet adverbe par exagération, pour donner plus de poids à son discours.

Vilebrequin

d’Hautel, 1808 : Outil qui sert à percer le bois : on dit vulgairement Virebrequin.

Vilipender

d’Hautel, 1808 : Dénigrer, décrier quelqu’un, ternir sa réputation, le diffamer dans le monde.

Ville

d’Hautel, 1808 : La ville est bonne. Se dit quand on a à traiter une personne inattendue ; pour faire entendre que l’on trouve facilement ce que l’on désire dans la ville ; que sa venue ne cause aucun dérangement dans la maison.

Villois

Larchey, 1865 : Village (Vidocq). — vieux mot. V. Rebâtir.

Delvau, 1867 : s. m. Village, — dans l’argot des voleurs.

Villois (un)

M.D., 1844 : Un village.

Vilon

Halbert, 1849 : Poète de prison.

Vilquets

La Rue, 1894 : Rideaux.

Viltouze (la)

Hayard, 1907 : La Villette.

Vin

d’Hautel, 1808 : Du vin de Brignolet. Pour dire de fort mauvais petit vin.
Être entre deux vins. Être à moitié gris, sans cependant perdre tout-à-fait l’usage de la raison.
Faire du vin de Nazareth. Signifie rendre le vin par le nez ; ce qui se fait quand on avale de travers, ou que l’on rit en buvant.

Vin blanc (marchand de)

Rigaud, 1881 : Moutard dont la culotte laisse passer par derrière un pan plus ou moins long de chemise plus ou moins blanche. — D’un moutard ainsi accoutré, l’on dit « qu’il vend du vin blanc. »

Vin chrétien

Delvau, 1867 : s. m. Vin coupé de beaucoup trop d’eau. — dans l’argot du peuple, assez païen pour vouloir boire du vin pur.

Vin d’une oreille

Delvau, 1867 : s. m. Bon vin. Vin de deux oreilles. Mauvais vin.

Vinaigre

d’Hautel, 1808 : Sûre comme du vinaigre. Pour dire très-acide, très-âpre, très-dur.
Ce n’est pas aussi sûr que du vinaigre. Quolibet populaire, pour dire qu’une chose n’est pas aussi certaine qu’on le croit.
Donner du vinaigre. C’est une malice que les écoliers se font réciproquement au jeu de la corde, et qui consiste à agiter tout-à-coup fortement la corde, en lui donnant plus de tension, de manière que celui qui saute est obligé de faire de grands efforts pour en suivre tous les mouvemens, à fin de n’en pas recevoir le choc, ou de suspendre la partie.
Habit de vinaigre. Habit trop mince, trop léger pour la saison.

Vinaigre (crier au)

La Rue, 1894 : Crier au secours. Se fâcher.

Vinaigre (du) !

Delvau, 1867 : Exclamation de l’argot des enfants, garçons et petites filles, lorsqu’ils sautent à la corde, afin d’en accélérer le mouvement. Grand vinaigre ! Le superlatif de la vitesse.

Vinaigre des quarante voleurs

Delvau, 1867 : s. m. Acide acétique cristallisé, — dans l’argot des bourgeois. Historiquement, ce devrait être Vinaigre des quatre voleurs.

Vinaigre des quatre négociants

Rigaud, 1881 : Acide acétique. — On disait autrefois, vinaigre des quatre voleurs.

Vinaigrette

Fustier, 1889 : Argot des voyous et des malfaiteurs. La vinaigrette est cette voiture, peinte en vert foncé, que nous avons vu circuler par les rues et qui va prendre dans les différents postes de police, pour les conduire au Dépôt près la Préfecture, les personnes qui, après avoir été arrêtées, sont retenues par le commissaire de police ou le chef de poste.

La Rue, 1894 : Le fourgon cellulaire. Correction vigoureuse.

Vinasse

Fustier, 1889 : Vin.

Virmaître, 1894 : Mauvais vin fabriqué avec du bois de campêche. Se dit communément quand le marchand de vin a eu la main trop lourde pour mouiller le vin (Argot du peuple).

Rossignol, 1901 : Vin.

Hayard, 1907 : Mauvais vin.

Vingt-cinq franco-jourien

Delvau, 1867 : s. m. Représentant du peuple, — parce que payé vingt-cinq francs par jour. Le mot date de 1848 et de Théophile Gautier.

Vingt-cinq francs par tête (à)

Delvau, 1867 : adv. Extrêmement, remarquablement, — dans l’argot des faubouriens. Rigoler à vingt-cinq francs par tête. S’amuser beaucoup. S’emmerder à vingt-cinq francs par tête. S’ennuyer considérablement.

Vingt-deux

Clémens, 1840 : Épée, couteau.

M.D., 1844 : Un poignard.

un détenu, 1846 : Couteau.

Halbert, 1849 : Un couteau.

Delvau, 1867 : s. m. Poignard, — dans l’argot des voleurs. Jouer du vingt deux, Donner des coups de poignard.

Rigaud, 1881 : Poignard, — dans l’ancien argot.

Merlin, 1888 : Couteau, — de l’argot parisien.

La Rue, 1894 : Poignard.

Virmaître, 1894 : Couteau. Jouer la vingt-deux, donner des coups de couteau. Vingt-deux : les deux cocottes. Vingt-deux : quand le compagnon placé le plus près de la porte voit entrer le proie dans l’atelier de composition, il crie :
— Vingt-deux ! Synonyme d’attention. Quand c’est le patron, il crie :
— Quarante-quatre ! En raison de l’importance du singe, le chiffre est doublé (Argot d’imprimerie). N.

Rossignol, 1901 : Couteau.

Hayard, 1907 : Couteau.

Vingt-deux !

Hayard, 1907 : Attention !

Vingt-huit jours

Fustier, 1889 : Soldat faisant la période d’exercice exigée de ceux qui font partie de la réserve de l’armée active, parce que cette période dure vingt-huit jours. On dit aussi réservoir.

Vioc

un détenu, 1846 : Vieux.

Delvau, 1867 : s. m. Vieux, — dans le même argot [des voleurs].

Rossignol, 1901 : Vieux.

Mon dabe devient vioc, il a près de soixante piges.

Vioc, oque

Hayard, 1907 : Vieux, vieille.

Vioch

Virmaître, 1894 : Vieillard. Vieux galantin qui se croit toujours jeune, qui se maquille comme une vieille roue de carrosse pour faire croire que le bon Dieu l’a oublié et qu’il n’a pas neigé sur sa chevelure… quand il a des cheveux (Argot des filles). N.

Viochard

Virmaître, 1894 : Fauteuil. Allusion au fauteuil dans lequel s’accroupissent les vieillards devant un bon feu, en attendant que la carline vienne frapper à la porte (Argot des voleurs). N.

Viocque

Delvau, 1867 : s. f. Vie débauchée, — dans le même argot [des voleurs].

Rigaud, 1881 : Vie, — dans le jargon des voleurs.

Rigaud, 1881 : Vieux.

La Rue, 1894 : Vieux. Vie.

Violet

d’Hautel, 1808 : Il est violet. Se dit d’un homme qui est sujet aux emportemens, et que la colère suffoque.

Violon

Delvau, 1864 : Membre viril, — instrument qui fait danser les femmes et les filles.

Je jouais si vivement
En c’moment,
Qu’fatiguant mon bras,
J’ai pour ses appas,
Tant j’mettais d’action,
Rompu mon vi (ter) olon.

Laurent.

Larchey, 1865 : « On appelle violon à Paris une prison que chaque section a dans son enceinte pour enfermer ceux qu’on arrête la nuit et qui sont le lendemain transférés dans une maison d’arrêt. »

Almanach des Prisons, 1795.

Delvau, 1867 : s. m. Partie d’un corps de garde réservée aux gens arrêtés pendant la nuit et destinés à être, soit relâchés le lendemain, soit conduits à la Préfecture de police. L’expression a un siècle de bouteille. Sentir le violon. Être sans argent. Argot des voleurs.

Boutmy, 1883 : s. m. Grande galée en bois ou en métal.

Virmaître, 1894 : Cellule du poste de police. Vieux jeu de mots qui date du temps où c’était l’archer qui vous conduisait au violon (Argot du peuple).

Virmaître, 1894 : Les serruriers, pour percer des petits trous, se servent d’un foret emmanché dans une bobine pour l’activer ; ils ont une tige d’acier flexible, garnie d’un fil d’archal, ils appuient le pivot du foret sur une plaque de fer assujétie sur l’estomac ; cette plaque se nomme conscience, la tige d’acier se nomme un archet. Par le va et vient du foret, l’ouvrier joue un air de violon (Argot du peuple). N.

Hayard, 1907 : Cellule de poste de police.

Violon (jouer du)

Raban et Saint-Hilaire, 1829 : Scier ses fers.

Violon (le sentir)

Virmaître, 1894 : Un individu sans le sou, sans domicile, vagabond, sent le violon (Argot du peuple).

Violon (sentir le)

Rigaud, 1881 : Sentir la misère.

Violoné

Rigaud, 1881 : Misérable.

La Rue, 1894 : Misérable.

Vioque

Clémens, 1840 : Vie.

Larchey, 1865 : Vieux. — Corruption de mot. — V. Flacul. Vioque : Vie.

Quelle vioque je ferais avec mon fade de carle.

Balzac.

Virer

La Rue, 1894 : Changer. Vire ton brac sur ton masque, Change ton nom sur ton passeport.

Virevoustes

d’Hautel, 1808 : Corruption de virevolte, tour et retour fait avec vitesse ; autrefois on disoit virevousses.

Virgule

Larchey, 1865 : Cicatrice. — Allusion de forme.

Un’balle m’rase le front. Ça m’a fait une virgule.

Le gamin de Paris ch. 184.

Delvau, 1867 : s. f. Barbiche, — dans l’argot du peuple. Signifie aussi Cicatrice.

Delvau, 1867 : s. f. Trace que les faubouriens se plaisent à laisser de leur passage dans certains lieux.

Rigaud, 1881 : Ponctuation excrémentielle qui tapisse les murs de certaines latrines publiques. Essais de peinture impressionniste tentés par les voyous sur les murs de ces établissements.

Virmaître, 1894 : Béranger explique ce mot :

Ah ! prions Dieu pour ceux qui n’en ont guère.
Ah ! prions Dieu pour ceux qui n’en ont pas.

Virgule : allusion à la forme ; ce n’est ni guère, ni pas, c’est un peu, comme on dit dans le peuple :
— Pas de quoi faire déjeuner le chat. (Argot du peuple). N.

Virmaître, 1894 : Dans presque tous les lieux d’aisances des maisons populeuses et des ateliers, il y a au mur des virgules qui sont autant de signatures des cochons qui y passent. Ce qui a inspiré à un rimeur d’occasion :

Vous qui venez ici soulager vos entrailles,
Léchez plutôt vos doigts que de salir les murailles.

(Argot du peuple). N.

Viro

La Rue, 1894 : Ivre. La tête à l’envers.

Vis

La Rue, 1894 : Cou.

Virmaître, 1894 : Serrer la vis à quelqu’un, c’est l’étrangler. Opération qui n’a rien d’agréable à subir au point de vue physique. Au point de vue moral non plus, car serrer la vis à un individu, c’est l’étrangler au point de vue de l’existence. Être dur, injuste, ne rien jamais trouver de bien de ce que fait un individu, c’est lui serrer la vis (Argot du peuple).

Vis-à-vis

d’Hautel, 1808 : Au vis-à-vis de moi. Manière triviale, qui signifie à mon égard.

Larchey, 1865 : Un des deux couples nécessaires pour danser le quadrille.

Le vis-à-vis de ces deux danseurs était non moins ignoble.

E. Sue.

Visage

d’Hautel, 1808 : Un visage de plâtre. Pour dire une mine fardée, plâtrée de blanc et de rouge.
Visage de prospérité. Un visage enjoué, bien, rempli, et frais.
Cela ne paroit pas plus que le net au milieu du visage. Pour dire que quelque chose que l’on cherche à cacher, est très-ostensible.
Le gros visage. Le postérieur, le derrière.
Un visage à cracher contre. Une figure laide, revêche et rebutante.
Trouver visage de bois. Se dit, lorsqu’on a été pour visiter quelqu’un ; et qu’on n’a trouvé personne.

Visage à culotte

Rigaud, 1881 : Vilain visage digne de figurer dans un pantalon.

Visage cousu

Delvau, 1867 : s. m. Homme très maigre, — dans l’argot du peuple.

Visage de bois

Larchey, 1865 : Porte fermée.

Fontenay Coup-d’Épée n’en fit que rire, et il retourne, mais il trouve, comme on dit, visage de bois.

Tallemant des Réaux.

Delvau, 1867 : s. m. Porte fermée.

Virmaître, 1894 : Se casser le nez contre une porte fermée. Éprouver une déception à laquelle on ne s’attendait pas. Aller dîner en ville et ne trouver personne : visage de bois. On dit également : rester en figure (Argot du peuple).

Rossignol, 1901 : Aller chez quelqu’un et n’y trouver personne est trouver visage de bois.

Visage de bois flotté

Delvau, 1867 : s. m. Mauvaise mine, figure pâle, allongée. L’expression a des ancêtres :

Je ne suis pas un casse-mottes,
Un visage de bois flotté :
Je suis un Dieu bien fagotté,

a dit d’Assoucy.

Visage de constipé

Rigaud, 1881 : Mauvais visage, mine allongée et jaune.

Visage de cuir bouilli

Delvau, 1867 : s. m. Figure grotesque.

Visage sans nez

Delvau, 1867 : s. m. Messire Luc. On dit aussi tout simplement Visage, ainsi que le constatent ces vers de Voiture à une dame :

… Ce visage gracieux
Qui peut faire pâlir le nôtre,
Contre moi n’ayant point d’appas,
Vous m’en avez fait voir un autre
Duquel je ne me gardois pas.

Virmaître, 1894 : Le derrière. C’est un visage qui n’est pas désagréable à voir, surtout lorsqu’il est blanc, jeune, dodu et ferme. Voiture était de cet avis :

…Ce visage gracieux
Qui peut faire pâlir le nôtre,
Contre moi n’ayant point d’appas,
Vous m’en avez fait voir un autre
Duquel je ne me gardois pas.


Ce visage a l’avantage sur l’autre de ne pas faire de grimaces (Argot du peuple).

Viscop

Merlin, 1888 : (?) Schako.

Viscope

Delvau, 1867 : s. f. Visière, — dans l’argot des voyous.

Rigaud, 1881 : Visière ; casquette.

La Rue, 1894 : Visière. Casquette.

Virmaître, 1894 : Casquette à longue visière, comme en portent les gens faibles de la vue. Un képi de troupier se nomme également une viscope. On dit aussi un abat-jour (Argot du peuple).

Rossignol, 1901 : Visière de casquette.

Tu en as une viscope à ta bâche.

Hayard, 1907 : Casquette.

Vise au trèfle

Virmaître, 1894 : Infirmier. L’allusion est amusante (Argot du peuple).

Vise-au-tréfle

Rigaud, 1881 : Apothicaire du temps de M. de Pourceaugnac.

Viselot

Rossignol, 1901 : Être malin, vicieux. C’est un madre, il a du viselot.

Viser

d’Hautel, 1808 : Voilà bien visé pour un borgne. Manière ironique de dire qu’une personne s’est bien éloignée du but.

Visiteur

Delvau, 1867 : s. m. Frère qui se présente à une loge qui n’est pas la sienne, — dans l’argot des francs-maçons.

Vison, visu

d’Hautel, 1808 : Mot burlesque, pour dire vis-à-vis, en droiture, face à face.

Visqueux

Fustier, 1889 : Souteneur de bas étage.

Vit

Delvau, 1864 : « La partie qui fait les empereurs et les rois, la garce et le cocu, » dit le vertueux Pierre Richelet. En voici la description, d’après l’auteur du Noviciat d’amour :

Ce tube est le chef-d’œuvre de l’architecture divine qui l’a formé d’un corps spongieux, élastique, traversé dans tous les sens par une ramification de muscles et de vaisseaux spermatiques. Il est, à son extrémité supérieure, surmonté d’une tête rubiconde, sans yeux, sans nez, n’ayant qu’une petite ouverture et deux petites lèvres, couvert d’un prépuce, retenu par un frein délicat qui ne gêne point le mouvement d’action et de rétroaction : au bas de cet instrument précieux sont deux boules ou bloc arrondis, qui sont les réservoirs de la liqueur reproductive, qu’aspire et pompe votre partie dans le mouvement et le frottement du coït, id est, de la conjonction ; ces deux boules enveloppent deux testicules, d’où elles ont pris leur nom, et sont soutenues par le ralphé ; on les nomme plus généralement couilles et couillons…

Mercier De Compiègne.

On dit de quelqu’un qui rougit de chaleur, de honte, de colère, ou pour toute autre cause : il est rouge comme un vit de noce.

(Dicton populaire.)

L’académicien dit : Mon vit.

L. Protat.

Ah ! je n’y tiens plus ! le cul me démange..,
Qu’on m’aille chercher l’Auvergnat du coin…
Car je veux sentir le vit de cet ange
Enfoncer mon con — comme avec un coin.

(Parnasse satyrique.)

Si je quitte le rang de duchesse de Chaulne
Et le siège pompeux qu’on accorde à ce nom,
C’est que Gino a le vit long d’une aune,
Et qu’à mon cul je préfère mon con.

Collé.

De Madeleine ici gisent les os,
Qui fut des vits si friande en sa vie,
Qu’après sa mort tout bon faiseur supplie
Pour l’asperger lui pisser sur le dos.

B. Desperriers

Quand votre vit, à jamais désossé,
Comme un chiffon pendra triste et plissé.

(Chanson d’étudiants.)

Vitelotte

Delvau, 1867 : s. f. Le nez, — du moins le nez de certains buveurs, qui affecte en effet la forme de cette variété de pomme de terre. Argot du peuple.

Virmaître, 1894 : Nez. Quand un individu a bu beaucoup dans sa vie, son nez devient rouge et tuberculeux. Allusion à la pomme de terre que l’on nomme vitelotte, ou plutôt que l’on nommait, car elle a disparu entièrement, au grand désespoir des amateurs de gibelotte. Elle était la sauce du lapin (Argot du peuple). N.

Rossignol, 1901 : Nez bourgeonné.

Hayard, 1907 : Nez.

Viticulture

Delvau, 1864 : Culture des vits. Expression mise en usage par les jardinières à-matrices. — Ces dames, se basant sur ce que horticulture signifierait : culture des orties, ont créé la viticulture. Elles s’y livrent, non-seulement sans crainte, mais encore avec le désir ardent d’être souvent piquées. Que la récolte soit bonne ou mauvaise, elles s’aident entes elles, et se prêtent volontiers la main — pour l’amour de l’art.

Vitres

Delvau, 1867 : s. m. pl. Yeux, — dans l’argot des faubouriens, qui ne savent pas se rencontrer si juste avec les gueux anglais, lesquels disent aussi Glaziers. Carreaux de vitres. Lunettes.

Virmaître, 1894 : Les yeux. Vitre : le lorgnon ; Il aide à voir (Argot du peuple).

Vitrier

d’Hautel, 1808 : Tu n’es pas fils de vitrier, on voit pas clair à travers ton corps. Voy. Clair.

Rigaud, 1881 : La couleur carreau d’un jeu de cartes. — Quinte mangeuse dans les vitriers, quinte majeure à carreau, — dans l’argot du peuple qui aime à jouer sur les mots en jouant aux cartes.

Rossignol, 1901 : Chasseurs à pied.

Vitriers

Larchey, 1865 : Chasseurs de Vincennes — Ils portèrent d’abord des sacs en cuir verni reluisant au soleil comme les pièces de verre que les vitriers portent sur leur dos.

Delvau, 1867 : s. m. pl. Les chasseurs de Vincennes, — dans l’argot du peuple, qui a emprunté cette expression aux zouaves, heureux de rendre à leurs rivaux la monnaie de leurs chacals. On croit généralement que cette appellation ironique date de 1851, époque à laquelle les chasseurs de Vincennes dégarnirent à coups de fusil une notable quantité de fenêtres parisiennes. On croit aussi qu’à cette occasion leur fut appliqué le couplet suivant, encadré dans une de leurs sonneries de clairon :

Encore un carreau d’cassé !
V’là l’vitrier qui passe.
Encore un carreau d’cassé !
V’là l’vitrier passé !

On se trompe généralement. L’expression date de 1840, époque de la formation des chasseurs de Vincennes au camp de Saint-Omer, et elle venait du sac de cuir verni que ces soldats portaient sur leur dos à la façon des vitriers leur sellette. Ce qui ajoutait encore à la ressemblance et justifiait le surnom, c’étaient le manteau roulé et le piquet de tente qui formaient la base du sac des chasseurs, comme le mastic et la règle plate la base de la sellette des vitriers.

Virmaître, 1894 : Les chasseurs de Vincennes. — Ils portèrent d’abord des sacs en cuir verni reluisant au soleil comme la pièce de verre que les vitriers portent sur leur dos. L. L. Ce n’est pas cette cause qui a donné à ces soldats le nom de vitriers. En 1848, aux journées de Juin, les gardes mobiles et les chasseurs de Vincennes furent lancés aux endroits les plus périlleux dans les faubourgs, notamment faubourg du Temple. Ils prirent toutes les barricades avec un entrain extraordinaire, mais sans cruauté inutile, la plupart de ces soldats étant des enfants de Paris. Au lieu de tirer sur les insurgés, ils s’amusèrent à casser les carreaux sur tout leur passage. Depuis le boulevard du Temple jusqu’à la Courtille, il ne resta pas une seule vitre aux fenêtres. On fit une chanson à ce sujet : elle est restée très populaire :

Encore un carreau d’cassé,
V’là l’vitrier qui passe.
Encore un carreau d’cassé,
V’là vitrier passé.

(Argot du peuple). N.

Vitriers (les)

Merlin, 1888 : Les chasseurs à pied. Probablement à cause de leur havresac comparé au chevalet du vitrier.

Vitrine

Delvau, 1867 : s. f. Lorgnon, lunettes, — dans le même argot [du peuple].

Vitrine (faire)

Fustier, 1889 : Se parer, se faire beau, s’endimancher.

Vitriol

Merlin, 1888 : Voyez Schnick.

Vivant

d’Hautel, 1808 : Un bon vivant. Un réjoui bon-temps, un homme d’une humeur aimable ; un bout en-train.

Vivoter

d’Hautel, 1808 : Vivre médiocrement, d’une manière chétive.

Vivre

d’Hautel, 1808 : Il vit de l’air du temps. Voy. Air.
Il faut vivre avec les vivans. Pour dire se conformer à leurs caractères, supporter avec indulgence leurs défauts et leurs vices.
Il faut que tout le monde vive, larrons et autres. Se dit pour excuser les pillards, les gens qui vivent du fruit de leur monopole et de leurs exactions.
Bouffer les vivres. Manière basse et populaire, pour dire prendre ses repas ; manger aux heures accoutumées.

Vivre d’amour et d’eau fraîche

Delvau, 1867 : v. n. Se dit ironiquement — dans l’argot de Breda-Street — de l’amour pur, désintéressé, sincère, celui

Qu’on ne voit que dans les romans
Et dans les nids de tourterelles.

Vivre de l’air du temps

Delvau, 1867 : N’avoir pas de quoi vivre. Argot du peuple.

Vivres (taper sur les)

Larchey, 1865 : Manger avec avidité. — Couper les vivres : Supprimer l’envoi d’une pension alimentaire.

Vlan

La Rue, 1894 : Distingué. V. Copurchic.

Vogue

d’Hautel, 1808 : Vogue la galère ! Pour, arrive qui pourra.

Voici

d’Hautel, 1808 : En voici d’une bonne, en voici bien d’une autre. Se dit lorsqu’on ne veut pas ajouter foi à quelque chose que l’on trouve extraordinaire.

Voie

d’Hautel, 1808 : Une voie de bois. Pour dire une volée de coups de bâton.
Cela vaut une voie de bois. Se dit en plaisantant, lorsqu’on s’est employé à quelqu’ouvrage manuel et pénible, qui provoque la sueur.

Voie (ficher une)

La Rue, 1894 : Donner une correction.

Voie de bois (foutre une)

Rigaud, 1881 : Donner des coups, — dans le jargon des chiffonniers. — C’est l’ancien : charger quelqu’un de bois.

Soit, mais gare le bois, si j’apprends quelque chose.

(Molière.)

Voilà le marchand de sable

Virmaître, 1894 : Dans le peuple, quand un enfant s’endort à table, on dit :
— Voilà le marchand de sable qui passe (Argot du peuple).

Voile

Delvau, 1867 : s. m. Nappe, — dans l’argot des francs-maçons. Ils disent aussi Grand drapeau.

La Rue, 1894 : Nappe.

Voile (mettre les)

Hayard, 1907 : Se sauver.

Voir

d’Hautel, 1808 : Voir deux cochers sur un siège. Être ivre.
Il ne voit pas plus loin que son nez. Se dit par raillerie d’une personne bornée, sans jugement et sans prévoyance.
Il faut voir cela avec les yeux de la foi. C’est-à-dire, ne pas l’examiner avec scrupule ; n’y pas mettre une grande attention.
Si vous ne voulez pas le croire, allez-y voir. Se dit à quelqu’un qui fait l’incrédule, qui se refuse à ajouter foi à un discours, à un récit.
Il a vu le loup. Pour, c’est un vieux renard, un rusé compère qui a vu du pays, qui a fait des siennes.
On diroit qu’il n’a jamais rien vu que par le trou d’une bouteille. Se dit par raillerie d’un nigaud, d’un homme qui s’extasie sur des bagatelles, qui n’a pas fréquenté le monde.
Voyons voir. Pléonasme et solécisme très-usités parmi le peuple ; pour dire, permettez que je voye, ou, laissez moi voir.

Delvau, 1864 : Faire l’acte vénérien.

Vous languissez quelquefois
A la cour plus de trois mois,
Sans que l’heure se présente,
Et moi, bienheureux, je vois,
Quand il me plaît ma servante.

(Cabinet satyrique).

Vous avez été pour le moins six mois à la voir journellement.

Ch. Sorel.

Il dit que si je la vois
En un mois plus d’une fois,
Il m’en coûtera la vie.

Saint-Pavin.

Le dernier homme que voit Fulvia, c’est toujours celui qu’elle croit destiné par le ciel à perpétuer sa race.

Diderot.

Delvau, 1867 : v. a. Permolere uxorem quamlibet aliam, — dans l’argot des bourgeois.

Delvau, 1867 : v. n. Se dit de l’indisposition mensuelle des femmes, — dans l’argot des bourgeoises.

Rigaud, 1881 : Avoir ses menstrues, — dans le jargon des bourgeoises. Voir Sophie, — dans celui des ouvrières.

Rigaud, 1881 : Arrêter, — dans le jargon des voleurs. — Se faire voir, se faire arrêter.

Voir (se faire)

La Rue, 1894 : Se faire attraper. Se faire arrêter.

Voir (se)

Delvau, 1867 : Concubare.

Rigaud, 1881 : Se livrer à l’onanisme.

Voir à la chandelle

Delvau, 1867 : Se dit d’une chose que l’on croit ou que l’on dit bonne, mais qu’on n’ose pas déclarer telle trop haut de peur de se tromper. Cette expression de l’argot du peuple, M. J. Duflot la fait venir de l’argot des comédiens.

Avant le règne du gaz, dit-il, avant même que l’huile à quinquet fût en usage, la rampe du théâtre était éclairée par une rangée de chandelles. Quand on répétait une pièce, les comédiens de ce temps-là n’osaient pas affirmer que c’était un chef-d’œuvre qu’ils allaient jouer ; aussi créèrent-ils cette phrase qu’ils nous ont transmise : Il faudra voir cela à la chandelle.

Voir en dedans

Rigaud, 1881 : Dormir.

La Rue, 1894 : Dormir.

Voir la farce (en)

Delvau, 1867 : Satisfaire sa curiosité ou son caprice. Argot du peuple.

Rigaud, 1881 : En faire l’expérience ; satisfaire sa curiosité.

Voir la feuille à l’envers

Delvau, 1867 : v. a. Le couplet suivant, tiré d’une très vieille chanson reproduite par Restif de la Bretonne dans sa LXXII-CLXXVIIe Contemporaine, expliquera cette expression mieux que je ne le pourrais faire :

Sitôt, par un doux badinage,
Il la jeta sur le gazon.
— Ne fais pas, dit-il, la sauvage,
Jouis de la belle saison.
Pour toi, le tendre amour m’engage
Et pour toi je porte ses fers ;
Ne faut-il pas, dans le jeune âge,
Voir un peu la feuille à l’envers ?

chante le berger Colinet à la bergère Lisette, chapitre des Jolies Crieuses.

Virmaître, 1894 : Pour la voir, il ne faut certes pas être sur le ventre (Argot du peuple). Il existe plusieurs chansons qui célèbrent les joies de voir la feuille à l’envers :

Sitôt, par un doux badinage,
Il la jeta sur le gazon.
— Ne fais pas, dit-il, la sauvage,
Jouis de la belle saison.
Pour toi, le tendre amour m’engage,
Et pour toi je porte ses fers.
Ne faut-il pas, dans le jeune âge.
Voir un peu la feuille à l’envers ?

(Restif de la Bretonne, Les Jolies Crieuses)

Un autre auteur a écrit sur le même sujet :

Oh ! la drôle de chanson
Que chantaient Blaise et Toinon.

Voir la lune

Virmaître, 1894 : Quand une femme a vu cet astre, sa fleur d’oranger n’existe plus. On dit, et c’est plus juste :
— Elle a vu la comète.
Inutile d’insister (Argot du peuple).

Voir le coup de temps

Delvau, 1867 : Deviner à temps les intentions malveillantes de quelqu’un, de façon à être prêt à la riposte, soit qu’il s’agisse d’un coup de poing ou d’une question embarrassante.

Voir les pissenlits pousser par la racine

Virmaître, 1894 : Être sous terre. Dans le peuple, on dit également : Aller dans le royaume des taupes (Argot du peuple).

Voir que du feu (n’y)

Delvau, 1867 : Être trompé par un beau parleur ; être ébloui par des promesses brillantes.

Voir Sophie

Delvau, 1867 : v. a. Avoir ses menses, — dans l’argot des ouvrières.

Virmaître, 1894 : Cette très désagréable Sophie ne rend visite aux femmes qu’à chaque fin de mois. Elle vient sans être annoncée (Argot des filles).

Voir trente-six chandelles

Delvau, 1867 : v. a. Avoir un éblouissement occasionné par un coup sur la tête ou par une émotion subite. Argot du peuple. Faire voir trente-six chandelles. Appliquer un vigoureux coup de poing en plein visage.

Voir venir quelqu’un avec ses gros sabots

Delvau, 1867 : Se dit — dans le même argot [du peuple] — de quelqu’un qui est deviné avant d’avoir parlé ou agi, par son inhabileté ou sa gaucherie.

Voirie

Delvau, 1867 : s. f. Fille ou femme de mauvaise vie, — dans l’argot des faubouriens.

Rigaud, 1881 : Vagabond ; sale individu, sale femme.

Voisin

d’Hautel, 1808 : Bon avocat, mauvais voisin. Signifie que quand on a pour voisin un homme de pratique, on court risque d’être chicané.

Voisiner

d’Hautel, 1808 : Rendre des visites très-fréquentes à ses voisins ; se prend toujours en mauvaise part.

Voite

Delvau, 1867 : s. f. Apocope de Voiture, — dans l’argot des voyous.

Rigaud, 1881 : Voiture.

Voite (une) ou roulante

Halbert, 1849 : Une voiture.

Voiture

d’Hautel, 1808 : Il n’y a pas voiture. Pour dire qu’un verre n’est pas rempli.
Adieu la voiture. Se dit par plaisanterie, en considérant quelque chose qui va tomber.

Voiture à bras

Virmaître, 1894 : Vieille femme. Cette expression est employée pour dire qu’elle est une vieille charrette qui a traîné la moitié du Paris masculin (Argot du peuple).

Voiture à talons (la)

Delvau, 1867 : Les jambes avec lesquelles on se passe de voiture. Argot du peuple.

Voix

d’Hautel, 1808 : Il n’a pas voix au chapitre. Pour, il n’est pas admis, à donner son avis, il n’a aucune prépondérance.

Voix (avoir ou n’avoir pas de)

Delvau, 1864 : Bien ou mal chanter sa partie dans le duo de la fouterie.

Vous avez la courte-haleine :
Parler d’amour une fois,
C’est me donner la migraine !
Monsieur n’a donc pas de voix ?

Collé.

Avec moi que de fois
Il a manqué de voix.

Béranger.

Voix d’en bas

Delvau, 1867 : s. f. Le peditum de Catulle, ou plutôt son leve petitum, — dans l’argot facétieux des faubouriens qui ignorent que Savinien Lapointe a publié sous ce titre un recueil de poésies fort estimables.

Vol-au-vent

La Rue, 1894 : Girouette. Plume.

Volaille

d’Hautel, 1808 : Une volaille. Terme populaire et injurieux, dont on se sert pour désigner une femme de mauvaise vie.

Delvau, 1864 : Femme plus que légère, et même un peu putain.

…. Eh bien, canaille !
Va donc la retrouver ; et que cette volaille
(C’est mon plus cher désir) cède à ta passion.

L. Protat.

Ma danseus’ m’a traité d’ pochard,
Moi j’ l’ai traité d’volaille.

J. Moinaux.

Delvau, 1867 : s. f. Femme ou fille débauchée, — dans l’argot du peuple, qui sait que la plupart des drôlesses sont bêtes comme des oies.

Delvau, 1867 : s. f. Homme sans consistance ; aimable sceptique qui ne croit qu’à lui. Argot des gens de lettres.

Fustier, 1889 : Terme de mépris à l’adresse d’une femme quelconque. — Étudiant, dans le jargon des écoles.

Des collégiens et quelques étudiants ; des volailles, comme on dit sur la montagne Sainte-Geneviève.

(XIXe siècle.)

Volailler

Delvau, 1867 : v. n. Argot des gens de lettres.

Delvau, 1867 : v. n. Courir les gueuses.

Delvau, 1867 : v. n. N’avoir pas de stabilité dans ses affections, se faire l’ami du premier venu.

Volant

Rigaud, 1881 : Oiseau. — Manteau.

Virmaître, 1894 : Manteau. Allusion à ce qu’il vole à tous les vents (Argot des voleurs).

Volante

La Rue, 1894 : Plume. Dépêche télégraphique.

Volante, vol-au-vent

Rigaud, 1881 : Plume.

Volants (les)

Merlin, 1888 : Ce sont les servants à cheval de l’artillerie.

Volé

Virmaître, 1894 : Trompé dans ses espérances.
— Je comptais toucher un grosse somme, rien, je suis volé.
— Je rencontre une femme qui me paraissait dodue, avoir de l’œil, de la dent, des seins et des mollets. Quand le soir, pour nous coucher elle se déshabille, elle met un œil de verre et son râtelier sur la table de nuit, elle retire sa réchauffante, des tétons en caoutchouc garnissaient son corset, elle portait dix gilets de flanelle et six paires de bas.
Ce n’était plus qu’une planche, j’étais volé (Argot du peuple). N.

Volé (être)

Larchey, 1865 : Être trompé ou mystifié sans être pour cela victime d’un vol. Capelle, dans ses Contes (1818) faire dire à Richelieu, près duquel une fille d’opéra s’est fait passer pour une paysanne : Grands dieux ! je suis volé.

On dit qu’un homme vole une femme galante lorsqu’il ne lui donne pas une somme promise. L’homme est au contraire volé lorsque la femme ne lui a laissé que du désanchantement.

Cadol.

Un voleur se dira volé s’il trouve peu de butin.

Nicolas n’est pas volé ! s’écria Calebasse. — Non, répondit le brigand, j’ai fait mes frais.

E. Sue.

Delvau, 1867 : Mystifié, trompé, déçu, — dans l’argot du peuple.

Vole au vent

Larchey, 1865 : Plume (Vidocq).

Vole-au-vent

Delvau, 1867 : s. f. Plume, — dans l’argot des voleurs.

Virmaître, 1894 : Plume (Argot des voleurs).

Volée

d’Hautel, 1808 : C’est de la haute volée. Pour dire d’un rang distingué, d’une charge éminente ; d’un poste important.

Delvau, 1867 : s. f. Coups donnés ou reçus. C’est le Banging des ouvriers anglais.

Rossignol, 1901 : Battre ou être battu est recevoir ou flanquer uné volée.

Volée (en recevoir ou en donner une)

Virmaître, 1894 : Battre ou être battu. Recevoir une volée de bois verts : être fortement grondé. Être éreinté par un article de journal (Argot du peuple).

Voler

d’Hautel, 1808 : On diroit qu’il a volé un coche. Se dit par ironie de quelqu’un qui, d’une condition plus que médiocre, passe tout-à-coup à un état opulent.

Voler à la graisse

Larchey, 1865 : Se faire prêter sur des lingots d’or et sur des diamants qui ne sont que du cuivre et du strass. (Vidocq).

Voler de la fourchette

Larchey, 1865 : Voler à l’aide des deux premiers doigts qui font fourchette et pince, en les introduisant dans la poche.

Volerie

d’Hautel, 1808 : Rapine, monopole, exaction ; synonyme de mangerie.

Voleur

d’Hautel, 1808 : Fait comme un voleur. C’est-à-dire déguenillé, malproprement vêtu ; mal habillé.

Voleur au croquant

Virmaître, 1894 : Voleur qui dévalise les paysans. Ce sont les grinchisseurs de cambrousse. (Argot des voleurs).

Voleurs

Boutmy, 1883 : s. m. pl. Morceaux de papier qui se trouvent collés aux feuilles durant l’impression (Vinçard), et qui produisent des moines sur la feuille imprimée. Momoro les appelle Larrons.

Voleurs d’étiquettes

Merlin, 1888 : Chaque soldat doit être pourvu de deux étiquettes portant son nom et son numéro matricule et destinées à faire reconnaître ses vêtements et son fusil. Les fourriers sont chargés de les en munir ; mais les soldats les accusent souvent de faire du fourbi et de soustraire ces étiquettes, pour avoir, — contre rémunération, bien entendu, — à les remplacer et souvent… par les mêmes.

Volige

Virmaître, 1894 : Femme d’une maigreur telle qu’il est impossible de la toucher sans se couper. Allusion à la planche nommée volige qui est la plus mince connue en menuiserie (Argot du peuple).

Rossignol, 1901 : Une femme grande et mince est une volige, parce qu’elle est plate de partout.

Volontaire de cinq ans

Rigaud, 1881 : Soldat. Par opposition ironique à volontaire d’un an. Le soldat doit cinq ans de service militaire au pays.

Volonté

d’Hautel, 1808 : Il a autant de volontés qu’un chien a de puces. Se dit d’un homme fantasque et capricieux, qui change à tout moment ; en un mot d’une girouette.
Les volontés sont libres. Se dit par raillerie quand quelqu’un refuse de faire ce qu’on lui commande.
La bonne volonté est réputée pout le fait. Quoique cependant la volonté diffère beaucoup du fait.

Volte

La Rue, 1894 : Voiture.

Voltigeante

Delvau, 1867 : s. f. La boue, — dans l’argot des voyous.

Rigaud, 1881 : Boue.

La Rue, 1894 : La boue. Plume.

Voltigeur

Rigaud, 1881 : Apprenti maçon, aide-maçon. Il fait de la voltige d’échelle en échelle.

Voltigeur de 89

Delvau, 1867 : s. m. Prudhomme politique qui a toujours à la bouche les « immortels principes » de la première Révolution.

Voltigeur de la Charte

Delvau, 1867 : s. m. Homme qui croit encore à la Charte-Vérité comme les Juifs croient au Messie. Argot des journalistes.

Voltigeur de Louis XIV

Larchey, 1865 : Émigré rétabli par la Restauration sur les cadres de l’armée.

Cet ennemi personnel de l’égalité, ce détracteur narquois de notre révolution…, ce voltigeur de Louis XIV.

E. Augier.

Voltigeur de Louis XIV, ou de Louis XVIII

Delvau, 1867 : s. m. Emigré, retour de Gand ou de Coblentz. Se dit depuis 1815.

Volupté

Delvau, 1864 : Jouissance suprême obtenue, soit par la masturbation personnelle, soit par le coït. Et ce manège-là, plusieurs fois répété, Au suprême degré porte la volupté.

L. Protat.

Vomir tripes et boyaux

Rigaud, 1881 : Vomir copieusement et avec de grands efforts.

Voué au blanc (être)

Delvau, 1864 : Vaurien qui ne sera jamais qu’un mangeur de blanc : un maquereau.

Delvau, 1867 : Se dit — dans l’argot des faubouriens — d’un apprenti qui n’aime pas à travailler et qui préfère polissonner avec les voyous et les filles du faubourg.

Vouer

d’Hautel, 1808 : Il ne sait plus à quel saint se vouer. Pour dire, il ne sait pas où donner de la tête, quel parti prendre ; il y perd son latin.

Vouet

Raban et Saint-Hilaire, 1829 : Voiture.

Vouloir

d’Hautel, 1808 : Chacun veut avoir le bon bout de son côté. Signifie que chacun veut avoir l’avantage, le bénéfice d’une affaire.
On dit pour se moquer de ceux qui disent, Je le veux, le roi dit : Nous voulons.

Voulu (c’est)

Rigaud, 1881 : C’est une mode, c’est entré dans les mœurs, c’est une chose de convention.

C’est voulu ! ce n’est pas sincère.

(V. Sardou, Daniel Rochat, ac. 1. sc. 2.)

Vous n’avez rien ?

Virmaître, 1894 : Dans le peuple on nomme ainsi les employés d’octroi qui inspectent les passants aux barrières, parce que leur phrase consacrée est celle-ci :
— Vous n’avez rien à déclarer ?
— Si, leur répond quelquefois un passant facétieux, je déclare que j’ai bien déjeuné (Argot du peuple).

Vous-n’avez-rien

Delvau, 1867 : s. m. Employé de l’octroi, — dans l’argot des faubouriens, par allusion à sa phrase habituelle : « Vous n’avez rien à déclarer ? ».

Vousaille

Delvau, 1867 : pron. pers. Vous, — dans l’argot des voleurs.

Virmaître, 1894 : Vous (Argot des voleurs).

Hayard, 1907 : Vous.

Voûte azurée

Delvau, 1867 : s. f. Le ciel, — dans l’argot des académiciens, qui ont des lunettes bleues.

Voûte d’acier

Delvau, 1867 : s. f. Partie du cérémonial maçonnique.

Vouzaille

Raban et Saint-Hilaire, 1829 : Vous.

Halbert, 1849 : Vous.

Vouzaille, Vouzigaud, Vozière, Vozigue

Rigaud, 1881 : Vous. Avec un peu d’imagination, on peut varier la terminaison à l’infini.

Vouzaille, vozière, vozigue

La Rue, 1894 : Vous.

Vouzailles

Larchey, 1865 : Vous. Voir Ravignolé.

Vouzailles, vouzingand, vozière

anon., 1827 : Vous.

Vouzailles, vozière

Bras-de-Fer, 1829 : Vous.

Voyage (le)

Delvau, 1867 : Le tour de France, — dans l’argot des saltimbanques. Se connaître sur le voyage. Pendant la tournée départementale.

Rigaud, 1881 : Le tour de France, — dans le jargon des saltimbanques.

Virmaître, 1894 : Les saltimbanques qui font le tour de France dans leur roulotte voyagent constamment. On dit de ceux qui connaissent parfaitement leur topographie :
— Ils se connaissent en voyage. (Argot des saltimbanques).

Voyage à Cythère (faire un)

Delvau, 1864 : Baiser, l’acte copulatif se faisant d’une ou plusieurs traites, selon la vigueur des deux voyageurs.

Le marquis, qui croit qu’il s’agit d’un petit voyage à Cythère…

Jean Du Boys.

Voyager

d’Hautel, 1808 : On dit en plaisantant, quand on cherche quelque chose, dont on a besoin et qu’on ne le trouve pas sous sa main, qu’il voyage.

Rigaud, 1881 : Terme chorégraphique. Dévier de place en faisant une pirouette.

Dans les ballets de mélodrames une pirouette commence au fond du théâtre et s’achève près de la rampe.

(Petit dict. des coulisses.)

Voyages

Delvau, 1867 : s. m. pl. Épreuves de réception, — dans l’argot des francs-maçons.

Voyageur

Delvau, 1867 : s. m. Insecte parasite, — dans l’argot des faubouriens.

Delvau, 1867 : s. m. Amateur, — dans l’argot des saltimbanques, qui donnent ce nom à celui des spectateurs qui consent à leur servir de compère dans un tour de force ou d’adresse.

Rigaud, 1881 : Voyageur de commerce. — L’illustre Gaudissart a été le Napoléon des voyageurs. (V. Le roman de Balzac.)

Rigaud, 1881 : Saltimbanque. — C’est, par euphémisme, le nom sous lequel les saltimbanques se désignent.

Virmaître, 1894 : L’engayeur qui bat comtois, qui fait le compère à la porte des baraques de lutteurs se nomme le voyageur (Argot des saltimbanques).

Voyageur sec

Fustier, 1889 : Voyageur qui ne fait aucune dépense dans l’hôtel où il est descendu.

Voyageurs

Virmaître, 1894 : Pou, puce, punaise ou morpion. Ces insectes désagréables voyagent sur le corps du pauvre bougre qui en est affligé (Argot du peuple).

Rossignol, 1901 : Marchands forains qui font la province. Ils sont désignés par ceux qui ne font que Paris et la banlieue sous le nom de voyageurs.

Voyageurs à quinze francs le cent

Rigaud, 1881 : Voyageurs d’impériale d’omnibus, — dans le jargon des cochers de fiacre.

Voyageuse

Fustier, 1889 : Femme galante qui travaille (?) sur les paquebots et les lignes de chemin de fer.

Voyante

Fustier, 1889 : « Un autre type amusant (à la roulette de Monaco) c’est la Voyante. Elle indique les numéros qui vont sortir et se loue moyennant 20 francs par heure. »

(Revue politique et littéraire, 1882.)

Voyeurs

Virmaître, 1894 : Il existe des voyeurs pour hommes et pour femmes. Ce sont des trous imperceptibles pratiqués dans une tapisserie, qui permettent aux spectateurs de voir sans être vus. Il y a des maisons de rendez-vous célèbres, où les blasés payent cinq louis pour repaître leurs yeux d’un spectacle ignoble, où toutes les lubricités les plus ordurières s’étalent (Argot des filles). N.

Voyou

Delvau, 1867 : s. m. Gamin de Paris, enfant perdu de la voie publique ; produit incestueux de la boue et du caillou ; fumier sur lequel pousse l’héroïsme : hôpital ambulant de toutes les maladies morales de l’humanité ; laid comme Quasimodo, cruel comme Domitien, spirituel comme Voltaire, cynique comme Diogène, brave comme Jean Bart, athée comme Lalande, — un monstre en un mot. Type vieux — comme les rues. Mais le mot est moderne, quoiqu’on ait voulu le faire remonter jusqu’à Saint-Simon, qui traite de voyous les petits bourgeois de son temps.

Rigaud, 1881 : Gamin de Paris. — Dans les Mystères de Paris, Eug. Sue a doté le voyou, son Tortillard, de tous les vices. — Dans les Misérables, M. Victor Hugo a poétisé le voyou sous le nom de Gavroche.

C’était le même regard pénétrant et astucieux joint à cet air insolent, gouailleur et narquois, particulier au voyou de Paris, ce type alarmant de la dépravation précoce, véritable graine de bagne.

(E. Sue.)

Ses parents l’avaient jeté dans la vie d’un coup de pied. C’était un garçon bruyant, blême, leste, éveillé, goguenard, à l’air vivace et maladif. Il allait, venait, chantait, jouait à la fayousse, grattait les ruisseaux, volait un peu, mais, comme les chats et les passereaux, gaiement, riait quand on l’appelait galopin, se fâchait quand on l’appelait voyou.

(V. Hugo).

C’est le gamin de Paris, l’enfant de la voie publique, le produit de la boue et du caillou, le fumier sur lequel passe l’héroïsme, l’hôpital ambulant de toutes les plaies morales de l’humanité. Laid comme Quasimodo, cruel comme Domitien, spirituel comme Voltaire, cynique comme Diogène, brave comme Jean-Bart, athée comme Lalande, un monstre.

(A. Delvau, La Journée d’un voyou.)

Le voyou, le parisien naturel, ne pleure pas, il pleurniche ; il ne rit pas, il ricane ; il ne plaisante pas, il blague ; il ne danse pas, il chahute ; il n’est pas amoureux, il est libertin.

(L. Veuillot, Les Odeurs de Paris.)

Rigaud, 1881 : Grossier, mal-appris, canaille et crapuleux personnage.

Virmaître, 1894 : Le voyou n’est pas à comparer à l’ancien titi, au gamin, au gavroche. C’est une petite crapule qui a en lui les germes de toutes les passions, de tous les vices et de tous les crimes imaginables. Le gamin de Paris est gouailleur, spirituel, courageux, susceptible de dévouement, il est flâneur, c’est vrai, mais sa flânerie est innocente. Le voyou a un langage à part ; comme le moineau franc, il a les instincts pillards, il est sans cœur, n’aime rien et convoite tout (Argot du peuple).

Voyoucrate

Delvau, 1867 : s. m. Démocrate qui exagère la Démocratie, et dont l’Idéal, au lieu de plonger dans l’éther de l’abbé de Saint-Pierre, barbote dans la fange du sans-culottisme.

Rigaud, 1881 : Qui tient à la canaille, partisan de la canaille.

Voyoucratie

Delvau, 1867 : s. f. Gouvernement de la blouse sale ; tyrannie du ruisseau ; démocratie qui ferait regretter aux républicains sincères « le despotisme de nos rois » — lequel du moins était un despotisme aimable.

Rigaud, 1881 : Prétention de la canaille à primer les autres classes de la société.

Voyoutados

La Rue, 1894 : Cigare d’un sou. On dit aussi crapulos, infectados.

Voyoute

Delvau, 1867 : s. f. Petite drôlesse qui s’accouple avec le voyou avant l’âge de la nubilité, — afin de n’en pas laisser perdre la graine. Fleur fanée qui ne se nouera jamais en fruit, — fille qui ne sera jamais que fille.
J’ai créé le mot il y a quelques années : il est maintenant dans la circulation.

Virmaître, 1894 : La femelle du voyou, seulement, en plus, elle est putain à l’âge où l’on va encore à l’école. À douze ans, la voyoute est déjà une petite marmite qui gagne du pognon à son voyou-souteneur (Argot du peuple).

Voyoutisme

Delvau, 1867 : s. m. État crapuleux, abject, — la satire boueuse de l’humanité.

Vrignole

Fustier, 1889 : Viande.

Vrille

Delvau, 1867 : s. f. Lesbienne, — dans l’argot des souteneurs.

Virmaître, 1894 : Femme pour femme. Pourquoi vrille ? Elle ne perce rien (Argot des souteneurs).

Rossignol, 1901 : Voir gousse.

Hayard, 1907 : Tribade.

Vrille (voleur à la)

Larchey, 1865 : « Voleur pénétrant dans les maisons en pratiquant aux volets une ouverture carrée à l’aide de quatre trous de vrille entre lesquels il fait jouer une scie très-fine. »

Canler.

Vrilleurs

Virmaître, 1894 : Les vrilleurs sont des voleurs de nuit qui dévalisent les boutiques des bijoutiers. Ce vol nécessite une audace extraordinaire. Avec l’avant-courrier (mèche), ils percent la devanture en tôle de plusieurs trous en carré ; avec une scie fine introduite dans l’un des trous, ils scient la tôle et pratiquent une ouverture assez large pour y passer le bras. À l’aide d’un diamant, ils coupent la glace en carré également, pour que les débris ne fassent pas de bruit en tombant ; préalablement, ils appliquent sur la partie coupée un fort tampon de mastic, après quoi, à l’aide d’une tringle d’acier, ils attirent à eux tous les bijoux qu’ils peuvent. Ils en est qui raflent tout un étalage en quelques minutes (Argot des voleurs). N.

Vu (être)

La Rue, 1894 : Être dupé. Être arrêté.

Vue

d’Hautel, 1808 : À vue de pays. Pour dire en gros, par présomption, approximativement.


Argot classique, le livreTelegram

Dictionnaire d’argot classique