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W

Wagnérisme

France, 1907 : Maladie imaginaire qui fait préférer la musique de Richard Wagner à toutes les autres.

— Et voulez-vous que je vous le dise ? La musique aussi, unie au cyclisme, tuera la littérature. On sent en musique, on ne pense pas, Richard Wagner, colosse d’ailleurs — les cloches de Parsifal m’ont fait pleurer tout comme un autre — Wagner a détrôné Hugo, Wagner est le Shakespeare vague et nébuleux des snobs qui n’ont pas lu Shakespeare et qui croient que tout date du géant de Bayreuth. Cet allemand a conquis la Gaule par une infiltration lente et sûre. Plus de musique française, de la musique wagnérienne. Plus de cafés où l’on cause, des brasseries où l’on fume. La liqueur verte et le germanisme ; adieu le vin clair et le sang de France !… Aux mythologies scandinaves, le Brocken et le Venusberg, je préfère l’élixir du vieux Pierre de Rouen, le vin de feu Hugo, le vin de Gascogne du père Dumas et le vin tourangeau de Balzac. Voulez-vous que je vous dise ? Ce qui me semble prouver l’infériorité de l’Allemagne, c’est sa supériorité en musique. M. Hugo, oui Victor Hugo nous a dit ça un jour… Ça ne m’a pas, en creusant, paru si bête que ça.

(Jules Claretie, Brichanteau, comédien.)

Wagon

Delvau, 1864 : Femme de mauvaise vie, — de dernière classe. Il y a aussi des wagons de première, réservés aux gandins riches.

Delvau, 1866 : s. m. Femme de mauvaise vie, — de troisième classe. Il y aussi des wagons de première, réservés aux gandins riches.

Delvau, 1866 : s. m. Verre de vin d’une contenance plus grande que l’omnibus.

Rigaud, 1881 : Grand verre de vin de la contenance d’un demi-litre.

La Rue, 1894 : Verre contenant un demi-litre.

Virmaître, 1894 : Chez certains marchands de vin, il y a des buveurs attitrés qui ont des verres qui contiennent une chopine et même un litre de vin. Celui qui ne l’avale pas d’un coup — pas le verre, le vin — perd la tournée. On nomme également ce verre un omnibus (Argot du peuple). N.

Virmaître, 1894 : Vieille femme, usée, avachie. Vieille raccrocheuse de bas étage. Wagon de troisième classe, parce qu’il n’y en a pas de quatrième. On dit aussi vieux compartiment (il y a dix places). On peut entrer chez elle avec une voiture à bras (Argot du peuple).

Hayard, 1907 : Vieille femme usée par la débauche.

France, 1907 : Grand verre de vin ; argot populaire.

France, 1907 : Prostituée ; argot populaire.

Wagon à bestiaux

Rigaud, 1881 : Sale prostituée.

Walk-over

France, 1907 : Promenade sur la piste ; argot des courses, anglicisme.

Wallace

France, 1907 : Fontaine. Eau des fontaines publiques, du nom de sir Richard Wallace, qui fit élever nombre de fontaines dans les rues de Paris.

Fait rien froid… j’ai la gueule en feu
Et les deux arpions à la glace,
Et l’blair qui coul’ comme eun’ wallace…
S’rait bien temps que j’me chauffe un peu.

(Aristide Bruant)

Et comme il faut boire en mangeant,
Comme ils adorent boire à la glace,
Comme ils ne veulent pas dépenser leur argent,
Ils s’ingurgitent du wallace.

(Jean Richepin)

Wallacer

Rigaud, 1881 : Boire de l’eau, — dans le jargon des voyous. Allusion aux fontaines publiques données à la ville de Paris par Richard Wallace.

France, 1907 : Boire de l’eau.

Warrant

France, 1907 : Ce mot anglais a des significations multiples. Il est très usité depuis longtemps dans le commerce pour désigner des dépôts de marchandise.
Il signifie également certificat ; c’est dans ce sens qu’on l’emploie dans les emprunts de cultivateurs, en y ajoutant le mot agricole.
Les warrants agricoles, créés par la loi du 18 juillet 1898, sont donc des certificats agricoles.
Au moyen de ces « certificats », de ces warrants qui lui sont délivrés dans certaines conditions, le cultivateur peut contracter l’emprunt qui lui est nécessaire, en donnant les produits de sa récolte en nantissement, et sans que ces produits ainsi donnés en gage aient besoin d’être sortis de son domaine ni d’être transportés, à grands frais, dans des magasins généraux.
Pouvoir emprunter sur ses récoltes tout en gardant ces récoltes chez lui, tel est, en un mot, le précieux avantage que la loi sur les warrants agricoles apporte au petit cultivateur.
Naturellement l’emprunteur est responsable des produits restés confiés à ses soins et à sa garde.

Warrants

France, 1907 : Objets consignés dans des magasins spéciaux en garantie de sommes que l’on a avancées. En cas de non-remboursement de la somme dans un temps déterminé, les objets sont vendus ; le produit de la vente est partagé entre le prêteur et le magasinier et le surplus, s’il en reste, est remis au consignataire. Le mot est anglais et signifie garantie. Nombre d’industriels ont, sous l’enseigne de warrants, ouvert des magasins qu’ils remplissent d’objets donnés en consignation par d’autres marchands et qu’ils vendent comme des articles de seconde main aussi cher qu’ailleurs, vivant ainsi de liquidations fictives. Le public se laisse toujours attraper.

Water-closet

Delvau, 1866 : s. m. Endroit où, moyennant 15 centimes, tout le monde a le droit d’aller — mais à pied, comme le roi.

France, 1907 : Lieux d’aisances ; néologisme pris aux Anglais, qui, par pruderie, n’osent dire latrines ou urinoir.

On va à Bullier faire un homme ; quelques femmes pratiquent des métiers qui sont cousins germains de l’escroquerie. On exploite les bouquets, en s’entendant avec la marchande. Il n’est rien de plus facile, et, pour peu que la femme soit un peu habile, elle arrive à se faire payer le même bouquet vingt ou trente fois dans la même soirée. L’une court de l’un à l’autre, avec son chapeau à la main et son manteau sur le bras, en demandant à tout le monde : « Vingt centimes pour mon vestiaire. » L’autre fait mieux encore, c’est sur les water-closets qu’elle lève son impôt ; elle monte la garde devant la porte, et, à chaque personne qui passe, elle dit : « Ah ! mon bébé, prête-moi donc quinze centimes pour… tu seras bien gentil. » Si vous êtes naïfs, vous vous laissez prendre à son air câlin, et vous lâchez vos trois sous ; mais si vous repassez quelques instants après, vous la retrouvez au même endroit, répétant la même chanson à un autre naïf. Il parait qu’il est des femmes qui se font de cette façon de fort jolies recettes les jours de bal. Qu’importe la source, n’est-ce pas ? Cet argent-là est bon, beau, sonnant et, comme disait Vespasien qui leur a donné l’exemple : Il ne sent pas plus mauvais que l’autre.

(Eugène Vermersch, Le Latium moderne)

Water-polo

France, 1907 : Jeu de balle dans l’eau. Nom et genre de sport anglais. On connaît le polo, le water-polo est le même exercice, modifié très pittoresquement de façon à s’exécuter dans l’eau.
Il se joue par deux équipes de nageurs qui, ayant chacun un point de départ appelé goal, ont pour but de lancer une balle dans le goal du camp adverse ; les joueurs doivent joindre à l’adresse une énergie et une résistance peu coutumières.
Le water-polo a été adopté en Belgique par le Cercle des régates bruxelloises.

Watering place

France, 1907 : Ville d’eau ; anglicisme.

Waterloo

Delvau, 1866 : s. m. Échec subi ; défaite éprouvée, en amour, en art, en littérature, — par allusion à la néfaste journée du 18 juin 1815.

Rigaud, 1881 : Derrière, — dans le jargon des voyous. — J’te vas secouer le Waterloo.

Virmaître, 1894 : Quand une affaire ne réussit pas, qu’elle rate en un mot, celui qui l’a entreprise ou conçue éprouve une défaite. Allusion à la fameuse bataille du 18 juin 1815. Il en est qui se consolent facilement et s’écrient, comme Cambronne,
— Merde ! (Argot du peuple).

Waterloo (Avoir son)

Fustier, 1889 : « Il (M. Ad. Belot) lui restait à étudier pour la dernière partie de son drame le grec en liberté. Il s’adressa pour cela à un ancien inspecteur du service des jeux… Cet inspecteur lui apprit, entre autre révélations étonnantes, qu’il y avait, à Paris seulement, plus de deux mille grecs, parfaitement connus et classés à la Préfecture et que malgré la vigilance la plus excessive, il y avait bien peu de cercles, même parmi les plus grands, qui n’eussent eu leur Waterloo. Un cercle qui a son Waterloo, en langage technique, est un cercle où l’on prend un grec la main dans le sac. » (Figaro, 1883)

Watrinade

France, 1907 : Assassinat d’un contremaitre ou d’un directeur d’usine, d’un patron d’atelier, d’un chef de fabrique. Voir Watriner.

Watriner

Fustier, 1889 : Tuer, assassiner et, par extension, détruire, renverser par force. Allusion au meurtre que commirent, au mois de février 1886, les mineurs de Decazeville sur la personne de leur sous-directeur, M. Watrin, dont ils prétendaient avoir à se plaindre.

Il ne manque dans ma boutique
Que le tonnerre et les éclairs
Pour watriner toute la clique
Des exploiteurs de l’univers.

(Galette anecdotique, février 1887)

En avant ! et watrinez les obstacles qui entravent votre mouvement.

(Grève sociale, février 1886)

De watriner on a fait watrinade qui, pour les révolutionnaires, est synonyme de vengeance, de représailles et qui, pour les honnêtes gens, signifie tout simplement crime, meurtre, assassinat.

Hier encore, un ouvrier jugeait à propos de tirer sur son patron. Le Cri du Peuple, naturellement, exalte le courage de l’assassin et qualifie de watrinade ce qui est un crime.

(Parti national, mars 1887)

France, 1907 : Assassiner le contremaitre ou le patron ; néologisme créé depuis l’assassinat de l’ingénieur Watrin par ses propres ouvriers aux troubles de Decazeville en 1886. C’est une expression très caractéristique et spéciale à ajouter à celles indiquant l’acte de tuer son prochain et dont voici les principales : abasourdir, buter, capahuter, cônir, couper le sifflet, crever la paillasse, chouriner, décrocher, dégringoler, démolir, descendre, dévisser le trognon, écharper, endormir, entailler, envoyer ad patres, érailler, esbasir, escarper, escoffier, estourbir, estrangouiller, expédier, faire banque, faire flotter, faire passer le goût du pain, faire un macchabée, faire suer un chêne, faire la grande soulasse, faire le pante, foutre à l’ombre, laver son linge dans la saignante, lingrer, moucher le quinquet, rebâtir, rebouisser, refroidir, sabler, saigner, scionner, suager, sonner, suriner, terrer, tortiller le gaviot, tourner la vis, tourlourer, watiner.

J’ai ce qu’il faut dans ma boutique,
J’ai le tonnerre et les éclairs,
Pour watriner toute la clique
Des affameurs de l’univers.

(Chanson anarchique.)

Watrineur

France, 1907 : Assassin.

Watriponner

Delvau, 1866 : v. n. Écrire dans les petits journaux ; en fonder. Expression créée par Firmin Maillard (Hist. anecdot. de la Presse, p. 130), et qui est une allusion à la fécondité journalistique de feu Antonio Watripon.

Watteringhes

France, 1907 :

Une grande partie du département du Nord, situé entre Gravelines et Dunkerque, a été conquise sur la mer et transformée en prairies par des saignées et des endiguements ; ces saignées sont appelées des watergands ; afin d’assurer le bon entretien d’écoulement, on a réuni par groupe les watergands solidaires les uns des autres, et chaque groupe constitue un watteringhe. Cette étendue de territoire déchiquetée par les watergands est connue sous le nom de pays des watteringhes.

(E. Pfeiffer)

Wavre

France, 1907 : Terre fertile.

Welsher

France, 1907 : Bookmaker qui s’esquive du champ de course pour ne pas payer les parieurs. Anglicisme.

Whig

France, 1907 : Parti politique en Angleterre qui répond à notre mot radical. Le parti conservateur est appelé tory.

— Expliquez-moi, je vous prie, dit un jour Louis XV à M. de Vergennes, la différence qu’il y a entre un whig et un tory en Angleterre.
— La différence est absolument dans le nom, reprit le ministre. Les torys sont whigs quand ils ont besoin de places, et les whigs sont torys quand ils les ont obtenues.

N’en est-il pas de même de tous les partis ?

Whiskey, whisky

France, 1907 : Eau-de-vie anglaise, faite d’orge, de sucre ou de différents grains.

Wilsonisme

France, 1907 : Trafic de charges publiques, des décorations ; néologisme créé sous la présidence de M. Grévy, dont Wilson était le gendre.

De Germiny nous avons fait Germinisme et ce mot est accroché comme un écriteau infamant au souvenir du misérable. De Wilson nous ferons Wilsonisme, et nous demanderons au Parlement de combler la lacune de la loi en votant un article ainsi conçu :
« Quiconque se sera rendu coupable de Wilsonisme… »

(Mot d’Ordre)

M. Gilly, on le comprend, était fort embarrassé. Il ne savait que dire. Il avait devant lui un millier d’électeurs qui commençaient à sourire de son attitude décontenancée. C’est alors que, d’un ton bonhomme, il prononça quelques mots pour expliquer et excuser son inaction : « Qu’est-ce que vous voulez que je fasse ? dit-il. Y a moyen de rien faire avec tous ces gens-là ! Ils tripotent tous ensemble ! On ne comprend rien à ce qu’ils font. Ils discutent toujours le budget, de gros volumes où le diable n’y connait goutte ! Dans cette commission du budget, il y a au moins vingt Wilson ! »

(Le Parti Ouvrier.)

Winning-post

France, 1907 : Poteau d’arrivée ; terme de courses ; anglicisme.

Nous avons accueilli avec l’enthousiasme que mettait les romantiques de 1830 à lire Biron, le waterproof, l’ulster, le carrick, et tout dernièrement le smoking jacket, adoptant du même coup le mot et la chose. Nous buvons solennellement des sherry goblers et des cocktails, nous avons des cabs et des dog-carts, te tout l’argot du turf est passé dans la langue courante des habitués des hippodromes et mêmes des journaux qui jouissent en apparence de leur bon sens éprouvent l’impérieux besoin d’appeler le juge du départ un starter et le poteau d’arrivée le winning-post !

(Léon Millot, La Justice)

Wiski

France, 1907 : Voiture légère importée de l’Angleterre ; l’orthographe est whisky.

Plus loin,
Près du discret cousin,
En modeste sapin,
Rentre la financière ;
Quand sa couturière
Sort de Tivoli
Dans le galant wiski
Que prêta son mari.

(Scribe et Poirson)


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